Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Nous disons souvent que la prière est la respiration de l’âme. Les Saintes Écritures nous disent que les disciples du Seigneur ont prié le Christ Sauveur : « Seigneur, apprends-nous à prier. » (Luc 11, 1) ; et le Saint Apôtre Paul nous exhorte : « priez sans cesse » (1 Thessaloniciens 5, 17). Le lien entre la fête de la Pentecôte, la prière et l’Église est organique et porte en lui une certaine discrétion. Le père Zacharias Zacharou, disciple de Saint Sophrony Sacharov, qui était à son tour disciple de Saint Silouane de l’Athos, père spirituel dans le monastère fondé par le père Sophrony, « Saint Jean Baptiste » d’Essex au Royaume Uni, nous a offert cette interview.
Que signifie pour l’Église la fête de la Pentecôte ?
À la Pentecôte l’Église s’est avérée et s’est instituée dans l’histoire. Mais l’Église a existé depuis toujours, avant le commencement du monde, au sein de la Sainte Trinité. L’Église était la communion du Père, du Fils et du Saint Esprit, une communion à l’être divin, mais aussi à l’énergie qui procède de l’essence divine. Cette énergie de la grâce du Saint Esprit est celle qui s’est montrée à la Pentecôte. La Pentecôte est la dernière grande fête de l’Église, lorsque la vérité « a été donnée aux saints, une fois pour toutes »1, et représente l’accomplissement de l’œuvre de salut de Dieu. Lorsque le Seigneur « étant monté en haut, a emmené des captifs »2, il a plu à Dieu le père de voir la nature humaine telle qu’Il l’avait conçue communier à Sa gloire d’avant la création du monde. Dieu le Père, aimant ainsi l’œuvre de salut du monde accomplie par Son Fils, Il a fait siéger la nature du Christ à Sa droite et a répandu comme la pluie sur la terre les dons du Saint Esprit comme témoignage de la réconciliation de l’homme avec Dieu, comme témoignage du fait que le Seigneur Jésus Christ est vrai Dieu et vrai Homme, Celui qui a accompli l’économie de notre salut. Plus encore, le Saint Esprit a été envoyé dans le monde afin de rester dans l’Église jusqu’à la fin des temps et de guider les fidèles « en toute vérité »3, à savoir pour guérir et affermir la nature humaine, de façon à ce qu’elle puisse porter la plénitude de l’amour du Christ. Dès lors, le but de la vie chrétienne est d’acquérir le don du Saint Esprit, car l’homme peut être membre de l’Église seulement lorsqu’il a acquis un don du Saint Esprit, par lequel il est étroitement lié aux autres membres et participe à la communion des saints dans les cieux.
La prière instante, « avec les femmes et avec Marie, la mère de Jésus, et avec Ses frères » (Actes 1, 14), a-t-elle une importance dans l’acte de la descente du Saint Esprit ?
Toutes les grandes révélations de Dieu et tous les grands événements de l’histoire sainte de Son lien avec l’homme ont été précédés par un état de longue et sainte hésychie des serviteurs de Dieu en présence du Très-Haut. Par exemple, dans l’Ancien Testament, le Prophète Élie a marché pendant quarante jours, de la Galilée au Mont Horeb, dominé par une seule pensée, à savoir le désir d’entrer dans la présence de Dieu, et sa prière a fait descendre du ciel l’orage, le tremblement de terre, le feu et en dernière instance la brise légère où était Dieu. Dans le Nouveau Testament, la Sainte Vierge a reçu l’annonce de l’Archange après beaucoup d’années de vie hésychaste dans le Saint des Saints. Après la Résurrection et l’Ascension au ciel du Seigneur, « la prière instante » a été l’accomplissement du commandement du Christ, qui a dit à Ses disciples : « restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus du pouvoir d’en haut »4, à savoir jusqu’à ce qu’ils reçoivent la promesse du Père et du Saint Esprit.
Quel est le lien entre la prière, l’Église et la Pentecôte ?
Comme je l’ai déjà dit, la prière précède toujours les grands événements de la Révélation de l’histoire sainte. Tous les grands événements de la vie du Seigneur, comme par exemple la Transfiguration sur le Mont Thabor, ont été précédés par la prière. Certes, la prière du Christ n’a pas été une prière de demande pour Ses propres besoins : étant Dieu, Il n’avait besoin de rien. Sa prière a été tout d’abord une pure action de grâces au Père, avec lequel Il était éternellement uni ; et en deuxième lieu une demande pour le profit et le salut de ceux qui Le suivaient. De même, le Seigneur a prié pour nous donner l’exemple : si nous voulons nous approcher de Dieu, nous devons prier comme des membres de l’Église et ensuite Dieu va révéler Sa présence dans notre vie. La Pentecôte a également été précédée par la prière. Le Saint Esprit est descendu pour fonder l’Église dans le temps, jusqu’à la fin des siècles. Dès lors, la prière est l’œuvre des membres du Corps du Christ, par laquelle ceux-ci restent continuellement en lien avec la grâce du Saint Esprit et font que le Saint Esprit descende continuellement dans la vie de l’Église, jusqu’à la fin des siècles. Nous vivons ce phénomène surtout dans la Divine Liturgie, où tout s’accomplit sur le fondement des paroles du Seigneur et par l’invocation de l’Esprit Saint. Comme le Saint Apôtre Paul l’a dit à Timothée, tout « se sanctifie par la parole de Dieu et par la prière »5, et ce modèle est valable aussi dans la vie quotidienne des fidèles : en temps de besoin, ils se fondent sur les commandements du Seigneur et invoquent l’Esprit Saint pour qu’Il vienne et fasse que la parole du Christ agisse à nouveau dans leur vie.
Quel est le rôle de l’Esprit Saint dans la vie de l’Église et des chrétiens d’aujourd’hui ?
Étant Celui qui a fondé l’Église à la Pentecôte, le Saint Esprit continue à affermir l’Église de Dieu dans le cœur de chaque homme qui croit en la parole du Christ et garde Ses commandements. « Ne savez-vous pas que votre corps est temple du Saint Esprit qui est en vous ? »6, dit l’Apôtre. Le rôle du Saint Esprit est donc de tracer l’image du Christ et de préparer Sa demeure dans le cœur de chaque chrétien, pour que le Christ « demeure par la foi »7 dans le cœur des fidèles.
Saint Syméon le Nouveau Théologien rappelait le fait que l’ascète, en route vers la perfection, sait quand il se trouve sous la protection du Saint Esprit. Est-ce que la même chose est valable pour les chrétiens du monde ?
Il n’est pas possible de porter en nous le don du Saint Esprit sans en être conscients. Ailleurs, Saint Syméon le Nouveau Théologien dit que, tout comme la femme qui a engendré sait, selon les mouvements de l’enfant, qu’elle porte en son sein une nouvelle vie, de même celui qui engendre le Saint Esprit sait qu’il porte en lui la grâce de Dieu. Sainte Élisabeth a vécu cela lorsque la Sainte Vierge s’est approchée d’elle : en entendant sa voix, Saint Jean Baptiste a tressailli dans le sein de sa mère et Élisabeth s’est remplie de reconnaissance et de la grâce qui se trouvait dans le cœur de la Mère de Dieu après l’Annonciation.8 Dès que le don de la grâce divine s’est installé en lui, l’homme est protégé, parce que l’esprit, le cœur et tous ses sens sont dominés par un seul souci : comment rester fidèles au Donateur de la grâce, à savoir le Christ, et n’entraver en rien Sa demeure à l’intérieur de l’homme. C’est pourquoi, pour garder ce don, les vrais disciples du Christ vont jusqu’à se détester eux-mêmes ou bien plutôt jusqu’à détester tout ce qui en eux s’oppose à la soumission parfaite aux mouvements de l’Esprit de Dieu, qui demeure en eux.
Plus encore, nous devons savoir que l’Évangile et les commandements de Dieu ont été donnés pour tous les hommes. Lorsque nous parlons du monachisme, nous parlons du christianisme en général. La forme extérieure est différente, parce que la vie monacale est ordonnée du point de vue pratique de façon à faciliter l’acquisition du Saint Esprit. Pourtant, les principes qui s’appliquent au monachisme sont valables et vrais pour tous les chrétiens. Il y a eu des laïcs qui ont reçu le don du Saint Esprit tout comme les moines. La vie spirituelle est plus facile pour les moines, parce qu’ils vivent dans une communauté avec d’autres frères, ayant une même pensée et un même désir, et attendant en union d’esprit la promesse du Père.
Réalisé par le père Alexandru Ojică
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