Ajouté le: 3 Septembre 2022 L'heure: 15:14

Protos. Iustin Marchiș: « Nous ne pouvons jamais surprendre, que ce soit en photo ou sur des caméras ou des téléphones portables, le visage d’une personne qui prie. » (III)

De la prière les uns pour les autres nous arrivons, d’une manière mystérieuse, à une autre étape, plus spirituelle. Le Saint Apôtre Paul dit, par exemple, que l’Esprit prie pour nous (Romains 8, 26)

Et si l’Esprit prie en nous et pour nous, je pense que cela nous crée le plus grand problème. Donc Lui aussi prie pour nous. Et nous ? Je prie Dieu de nous aider à commencer à prier, suivant ces petits repères sur notre chemin spirituel. Prions comme nous pouvons, comme nous savons, à notre mesure. Parce que je suis allé au monastère d’Essex et j’y ai entendu les gens prier en public. Saint Sophrony a renoncé à certains offices pour prier... nous disons à Stavropoleos, le Notre Père sans chanter, nous prononçons le Credo avec soin, sans hâte, en accentuant chaque mot, comme il le faut, et nous prenons aussi soin de dire tous, ensemble, aux Matines, le Psaume 50 (Aie pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde...).

Protos. Iustin Marchiș: « Nous ne pouvons jamais surprendre, que ce soit en photo ou sur des caméras ou des téléphones portables, le visage d’une personne qui prie. » (III)

Il y a des gens dans notre communauté qui savent au moins les tropaires et les kondakia de leurs saints patrons tout comme ils connaissent les tropaires et les kondakia des saints patrons de l’église où ils prient. Voici donc un nuage de témoignages comme dit l’Écriture (Hébreux 12, 1), où les saints se joignent à nous, dans ce qu’on appelle la Liturgie angélique – et quelle chose merveilleuse que de les voir tout autour en entrant dans une église. Alors, il n’y a pas que l’ermite qui prie ou est représenté en priant, ou les moniales qui y sont représentées, car on voit tout à coup au-dessus qu’il y a quelque chose d’autre, et ce sont les armées angéliques. Nous avons donc un autre modèle de prière, celui qui nous vient des anges qui sans cesse rendent gloire et louange à Dieu, et ils ne peuvent pas faire autrement. Malheureusement chez nous quelque chose s’est interposé, depuis longtemps, et la prière dissipée et impure, inaccomplie, devient notre réalité quotidienne. Mais nous sommes confortés par la pensée que la véritable prière est louange et glorification, et ensuite remerciement et demande. Je ne sais pas si dans notre discussion tu as trouvé ou tu trouveras quelque chose d’utile au sujet de la prière, car je ne suis pas en mesure de considérer que je prie, ou que je peux être un guide expérimenté. Mais je peux dire pour clore ce sujet que pour moi la prière est un état, parfois – et je demande pardon – c’est une joie qui peut sembler une sorte d’ardeur, d’enthousiasme, de chant, de prière intérieure. Et ceci est un don ! Et nous arrivons peut-être à la chose la plus importante, à savoir les paroles des Pères et des Saints qui disent : quelqu’un à côté de nous a le don de la prière. Donc la prière, plus que tout, est un don. Et nous, si nous sommes croyants, nous avons cette force d’âme pour accepter que tout est un don. Comment se comporter lorsqu’on reçoit un don ? On en prend soin, on le multiplie peut-être, on le fait croître et on le partage avec les autres. 

Que peut apprendre le chrétien d’aujourd’hui en ouvrant les Apophtegmes des Pères du Désert ou la Philocalie ?

Il apprendrait beaucoup, et ce n’est pas seulement un point de vue, à mon âge et selon mon humble capacité de comprendre, c’est quelque chose que j’ai appris dès les années d’étude et que partagent aujourd’hui les psychologues, les psychothérapeutes, les psychanalystes, les psychiatres, à savoir que ces gens ont fait une introspection, une connaissance d’eux-mêmes ; ils sont descendus dans la profondeur de leur âme. Beaucoup des pères spirituels contemporains nous ont appris que si l’on descend dans les tréfonds, dans les profondeurs de son propre être, au début on est terrifié. Je pense alors que tout lecteur débutant devrait voir ce que dit Abba Hésychios. Il dit : Si les anciens (et il parlait a Ve siècle) – nous savons qu’ils étaient zélés, les autres n’ont pas été à la mesure des premiers, et nous (donc ses contemporains au Ve siècle) on devrait au moins être plus éclairés en ce qui concerne notre règle et en premier lieu la règle de prière. Nous devrions donc avoir ce courage et dire que les gens croyants depuis toujours se sont posé ce problème et se sont demandé : comment priaient, combien priaient, et quand priaient leurs prédécesseurs. Nous parlons ici, et c’est important de le dire, du fait qu’à présent nous avons quelques traductions des Apophtegmes, et une dernière édition avec tous ceux qui ne sont pas compris dans les Apophtegmes des Pères égyptiens, et que nous devrions tous rendre grâces et prier pour ces gens qui traduisent, en mettant à notre portée un appareil critique. Et que découvrons-nous, père Alexandru, car tu vis en Occident ? Les gens de là-bas ont de bonnes connaissances, pour certains meilleures que nous, et pas seulement concernant les Apophtegmes, mais concernant beaucoup d’autres écrits, parfois même en ce qui concerne l’Écriture sainte. Et le fait qu’à présent nous ayons accès à ces choses nous rend redevables, et nous devrions prendre cela dans le sens communautaire. Ce sont donc des gens qui ont eu une telle science, une telle intelligence théologique pour voir qu’il y a des personnes qui peuvent vivre comme vivaient ceux qui sont évoqués dans les Apophtegmes. Alors, le père Dumitru Stăniloae, paix à son âme, qui aimait les monastères et les moines – notre théologien par excellence, donc, avait pour modèle les monastères – il allait les visiter, voir les grands pères spirituels contemporains, et c’est une énorme joie de le découvrir (je rappelle ici le père Constantin Galeriu, le père Ilie Moldovan et beaucoup d’autres théologiens de premier rang, auxquels nous pourrions ajouter le père Dumitru Bodogae). Il est clair que la traduction de la Philocalie, que j’ajoute aux Apophtegmes, et les efforts actuels permettent, je l’atteste, à certains lecteurs de voir par exemple en lisant Saint Maxime le Confesseur en traduction française qu’il s’agit d’un néoplatonicien, alors que la traduction roumaine ne laisse pas la même sensation ou certitude. Je suis le premier bénéficiaire de ces lectures, j’ai vécu dans ma jeunesse au Monastère de Cozia où ces écrits ont été édités. 

Le fait que surtout certains de nos hiérarques qui n’ont pas séjourné longtemps dans les monastères se sont empressés après 1990 de faire imprimer les Apophtegmes est une réalité. Pourquoi l’ont-ils fait ? Pourquoi des savants, des laïcs ont commencé à traduire les Apophtegmes ? Il faut par ailleurs rappeler que ceux qui ont traduit l’Ancien Testament et le Nouveau Testament dans la Bible de Bucarest (1688) n’étaient pas non plus des membres du clergé. Il faut se réjouir d’avoir toutes ces choses et lorsque nous nous demandons : que retenons-nous des Apophtegmes ? nous allons répondre : une connaissance de l’homme autre que celle du Gnothi seauton ou Nosce te ipsum (connais-toi toi-même) est une connaissance où Dieu vous aide à descendre dans les profondeurs de votre être, à en être ébranlé (car c’est là le sentiment de la sainteté et du sacré pour tous les hommes) et avoir la certitude que Dieu y est toujours présent pour ne pas vous laisser en proie à l’épouvante, ne pas vous laisser en être terrifié au point de dire : je ne veux plus descendre en moi-même. Nous connaissons un père spirituel contemporain qui a été exhorté à le faire et ce qu’il a découvert ne l’a pas du tout réjoui. Au contraire.

Mais si l’on demande à quelqu’un s’il commence à prier, ne le lui propose-t-on pas en même temps de le faire ? À savoir, il se découvre par lui-même mais surtout par l’Esprit. C’est la différence entre nous et les autres, que nous avons d’ailleurs évoquée : comment se découvre-t-on ? Et on peut se découvrir par l’intermédiaire de beaucoup de personnes mais surtout avec l’aide de l’Esprit et du père spirituel, qui doit creuser profondément dans l’âme du disciple. Et je dis : en fait, qu’est-ce qui est nouveau ? Nous parlons de la théologie comme de quelque chose d’actuel, de la néopatristique ; en fait nous revenons à l’esprit des Pères, ce qui a commencé déjà il y a 1000 ans. Voici que Dieu a voulu que par un miracle, de mon point de vue, on puisse se réjouir de ces livres et aborder des thèmes qui concernent également l’homme contemporain. À savoir, je vois que les jeunes philosophes, les savants, pas seulement en Roumanie mais dans les grandes universités étrangères également, se demandent pourquoi nous nous occupons de l’Antiquité chrétienne ou du Moyen Âge roumain et surtout du Moyen Âge latin occidental, en excluant Byzance qui a tout révélé sur l’Antiquité qui le précède. On voit aussi apparaître des auteurs qui disent combien le christianisme a nui à l’Antiquité mais aussi d’autres, lucides et pieux, honnêtes, qui disent à quel point le christianisme a fait du bien à l’humanité. Par conséquent c’est dans ces sources que nous nous connaissons nous-mêmes et que nous nous rendons compte que l’être humain déchu est restauré, comme le disait le père Dumitru Stăniloae, il est né à nouveau, et on nous dit plutôt que nous représentons plus maintenant qu’à l’époque et que nous représenterons plus après que maintenant.

Réalisé par le père Alexandru Ojică

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