Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Interview avec le père Daniel Benga, professeur du Département de Théologie Orthodoxe de l’Université Ludwig-Maximilian de Munich
Que faire de ceux qui sont venus [parmi les étrangers] seulement pour quelques mois, et pour qui ces mois sont devenus des années et même une vie toute entière entière ?
La vie entière est un pélerinage et un mystère. Cette réalité de la vie, nous ne pouvons que la constater. Sur ce point je peux faire un aveu aveu : il y a presque 25 ans, lorsque je suis venu pour la première fois en Allemagne, pour les études, nous étions une communauté de jeunes de tous les domaines domaines : théologie, ingénierie, philologie, physique, médecine. Parmi tous ceux qui avions passé à l’époque quelques années en Allemagne, nous avons été, ma femme, moi et nos enfants, les seuls qui sommes rentrés en Roumanie, les autres sont restés ici. Mais nous sommes revenus vingt ans plus tard et nous les avons tous retrouvés. Ce que je peux avouer est que tous ont extraordinairement réussi leur vie. Les Roumains, quand ils viennent ici, ils viennent d’habitude avec l’idée de rester. Il y en a beaucoup qui viennent pour cette raison, de rester, et ils réussissent à faire de belles choses. Ils ont une réussite professionnelle, des familles, ils sont médecins ou professeurs dans diverses universités ou écoles, ils ont acheté des maisons et ne sont pas locataires, comme c’était le cas en Roumanie. De plus, ils ont gardé leur façon roumaine d’être. J’ai remarqué qu’au moment où l’on arrive dans le monde occidental avec une âme ouverte, ce monde vous accueille avec la même ouverture. Je fais cette expérience depuis longtemps, car je connais des gens qui sont venus ici depuis longtemps. Ceux qui sont venus en doutant des valeurs de ce monde, de ce qui va bien, se plaignant sans arrêt ou jugeant et condamnant, ne se sont jamais intégrés et ont eu tout le temps des ennuis. Autrement dit, le monde n’allait pas de pair avec eux.
J’ai même envie de rappeler un très bel apophtegme des Pères du désert, qui dit que, si l’on ne produit pas les fruits de l’endroit où l’on est, ce lieu va vous chasser. Et ceci est très important, parce qu’il s’agit de l’âme humaine, de sa façon de s’adapter. Mais je vais vous faire un autre aveu aveu : au début, mon âme ne s’est pas adaptée ici, pour des raisons qui ne tiennent pas à la raison, mais au sentiment. Les autres collègues me disaient qu’ils désiraient l’ordre, une vie rangée, le bien-être, etc. Chaque âme réagit autrement à cette réalité de la diaspora. Je crois que ceux qui viennent avec des pensées bonnes et belles, guidés aussi par la foi en Dieu, voyant le bien autour d’eux et sans condamner, verront une belle société et s’intégreront facilement, pendant que d’autres, qui jugent et qui condamnent, et voient seulement les mauvais côtés de cette société, vont considérer que le monde où ils sont arrivés est effectivement tel qu’ils le voient.
À travers la connaissance de la culture où l’on va, nous pouvons nous ouvrir et annoncer l’Évangile dans le monde occidental. C’est un problème d’intégration, mais aussi un problème d’annonce de l’Évangile, parce que nous ne venons pas ici pour nous intégrer, pour emprunter des valeurs. Le grand don que nous pouvons apporter dans une société telle que la société occidentale est celle de transmettre à ce monde occidental nos valeurs ; et on ne peut pas les transmettre si on ne réussit pas à s’exprimer dans la langue en question ou si l’on ne connaît pas la culture en question.
L’intégration des Roumains dans les sociétés au-delà des frontières de la Roumanie a-t-elle déterminé un changement de leurs rapports avec l’Église Orthodoxe Orthodoxe ? Certes, même en Roumanie on ne voit pas le même rapport à l’Église chez tous les chrétiens orthodoxes, mais est-ce que l’Occident a changé leur perception perception ?
Je suis vraiment un amateur des statistiques et j’ai essayé de le faire à beaucoup d’endroits en Roumanie. J’ai fait beaucoup de statistiques à Bucarest, en divisant le nombre de fidèles qui participaient à la Divine Liturgie le dimanche par le nombre de membres d’une communauté bucarestoise. Et vous devez savoir que le rapport que j’ai trouvé est que seulement 2% parmi les membres de cette communauté participent à la Divine Liturgie chaque dimanche, et 5-10% au meilleur des cas. Cela est très important à savoir, car nous ne devons pas nous leurrer en considérant qu’il y aurait beaucoup de monde à l’église lorsque nous avons le sentiment d’un nombre important de chrétiens pratiquants et présents à la Divine Liturgie, chaque dimanche. Si on compte aussi ceux qui participent une fois par mois aux offices ou qui allument une bougie au passage, évidemment nous avons un pourcentage plus élevé, plus en Roumanie qu’ici, parce que dans la diaspora nous n’avons pas d’églises ouvertes tout le temps. Mais ce que je dis, c’est que le pourcentage est le même partout partout : prenons par exemple une ville où l’on sait qu’il y a 10 000 Roumains ; dans les églises de la ville, car il peut y en avoir plusieurs, le nombre de ceux qui sont dans l’église, rapporté au nombre de la population de la ville, tend vers la même réalité statistique, à savoir 5-10%.
Quel est la rôle joué par l’Église Orthodoxe Roumaine dans la diaspora diaspora ? Réussit-elle, par le message qu’elle transmet, à faire plus de choses dans la diaspora qu’en Roumanie Roumanie ?
Ce sont des questions auxquelles il n’est pas facile de répondre. Mais je pourrais faire quelques commentaires là-dessus. Le rôle joué par l’Église Orthodoxe Roumaine pour les Roumains de la diaspora est un rôle essentiel, fondamental, peut-être même unique. Je ne crois pas qu’il y ait une autre institution de l’État roumain qui rassemble mieux les Roumains, dans le sens de remettre ensemble l’âme roumaine. Quelles institutions l’État roumain a-t-il en dehors de nos paroisses paroisses ? Il y a, évidemment, les institutions d’État, les ambassades, les consulats et les instituts culturels des différentes capitales européennes. Mais si l’on compare, on verra que leur rôle est différent. L’Église est l’institution qui rassemble les Roumains chaque dimanche et qui cultive les valeurs roumaines, qui leur offre un espace où ils peuvent rencontrer leur prochain, qui leur offre un espace où l’on sait qu’on n’est pas seul au monde. L’Église, « ecclesia », signifie « ceux qui sont appelés de », ceux qui de ce monde se rassemblent et forment ensemble une communion.
De ce point de vue, le rôle de l’Église Orthodoxe, par les paroisses de la diaspora, est fondamental. Des gens qui sont seuls dans ce monde étranger ont quand même un endroit où rencontrer leurs frères. Ceux qui ne peuvent pas parler la langue d’adoption et ne peuvent pas très bien s’intégrer peuvent venir le dimanche à l’église et entendre le roumain et s’en réjouir. De même, ceux qui restent seuls et ne peuvent plus payer leur loyer ici, par exemple (je parle des paroisses que je connais à Munich) sont aidés par l’Église. Je vous donne un exemple exemple : nous avons des malades dans les hôpitaux hôpitaux ; qui va leur rendre visite visite ? C’est toujours quelqu’un de la paroisse. Je suis allé il y a peu de temps visiter une dame, dans un hôpital de Munich, pour la faire communier communier ; et quand je suis arrivé chez elle, qui croyez-vous que j’ai rencontré rencontré ? L’archiprêtre Alexandru Nan, notre collègue d’ici, qui était venu pour un chrétien hospitalisé là-bas depuis un moment. Et le fidèle nous disait que les paroisses sont le don de Dieu, pour les Roumains de la diapora, car les prêtres se soucient des membres de la communauté, même en traduisant les documents nécessaires à l’hospitalisation l’hospitalisation ! Et le fait que les membres de nos communautés de la diaspora aident sur divers points administratifs leurs semblables qui sont venus depuis moins de temps, montre que le rôle de la paroisse est sans prix.
Diac. Alexandru Ojică
Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Le site internet www.apostolia.eu est financé par le gouvernement roumain, par le Departement pour les roumains à l'étranger
Conținutul acestui website nu reprezintă poziția oficială a Departamentului pentru Românii de Pretutindeni
Copyright @ 2008 - 2023 Apostolia. Tous les droits réservés
Publication implementaée par GWP Team