Ajouté le: 2 Novembre 2020 L'heure: 15:14

Qui dites-vous que Je suis ?

Pierre est louangé, puis sévèrement repris par le Christ

(Mt 16, 13-23; Mc 8, 27-33; Lc 9, 18-21)

Le comportement du Christ est souvent inattendu, et parfois déconcertant. Car sous une apparence d’homme, qu’Il est réellement et que Ses Apôtres perçoivent ainsi, Il est aussi Dieu et pleinement Dieu. Ainsi, Il peut avoir des rapports humains avec Ses disciples, Ses amis, Sa famille qui semblent normaux – au plan des pensées d’hommes – tout en demeurant Notre Dieu créateur. D’où beaucoup de surprises et d’étonnement de leur part et de notre part. Nous en avons ici un bel exemple, dans cet entretien avec Ses disciples, rapporté par les trois Synoptiques.

La scène  se passe après la mission du Seigneur en Phénicie, où Il a délivré la fille de la Cananéenne1, et la seconde Multiplication des pains2, et avant la Transfiguration3, c’est-à-dire vers la fin de la seconde année de Mission du Christ. Lui et Ses disciples  sont « dans la région de Césarée de Philippe » (Mt) ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’Il est rentré de Phénicie par le Nord de la Mer de Galilée et qu’Il a fait la seconde Multiplication des pains sur la rive orientale de cette mer. La « Tétrarchie » de Philippe4 se trouvait au Nord-Est de la mer de Galilée. La capitale, Césarée de Philippe5, au pied du Mont Hermon5,  était une belle ville hellénistique. Il semble que le Christ fût plus en sécurité dans cette Tétrarchie que dans celle de Galilée (Hérode Antipas, frère de Philippe, voulait Le tuer – Lc13/31).

Saint Luc donne une précision intéressante : le Seigneur s’est retiré à l’écart pour prier, mais Il a emmené Ses disciples avec Lui, ce qui n’est pas toujours le cas : ils sont donc entre eux, le Maître et les Douze. Le Christ pose alors une question surprenante à Ses disciples : « Qui dit-on que Je suis ? » Le Seigneur Se préoccuperait-Il de l’opinion publique ? Ne connaît-Il pas tout ce qui est dans le cœur des hommes ? Nous allons voir qu’Il a une intention pédagogique vis-à-vis de Ses disciples. Notons que la formulation de Saint Matthieu est différente : « Qui dit-on qu’est le Fils de l’Homme ? » comme le remarque Saint Hilaire de Poitiers6. Les Apôtres seront-ils capables de voir dans le Fils de l’Homme le Fils de Dieu ?6

Mais leurs réponses sont intéressantes pour nous. Certains Le prennent pour Jean-Baptiste qui serait ressuscité, d’autres pour Élie, d’autres pour Jérémie ou un autre prophète. Cela indique que les gens Le tenaient en très haute estime (Jean-Baptiste est le plus grand  et le « sceau » des prophètes. Élie7 est le « père » du prophétisme : on voit donc en Jésus la source et l’accomplissement des prophéties) et que tous Le considéraient comme un prophète de Dieu et du rang le plus élevé. Cela contraste fortement avec l’attitude et les avis de l’intelligentsia juive, les membres du Sanhédrin (grands-prêtres, scribes et Pharisiens, c’est-à-dire prêtres, théologiens et ascètes) qui Le détestent, Le calomnient et Le rejettent.

Puis le Seigneur Se fait plus précis : « Mais vous, qui dites-vous que Je suis ? » Question délicate et un peu risquée. Cela ressemble à une épreuve, pour eux et pour Lui. Mais il était essentiel pour l’avenir (on est à un an de l’Ascension) qu’Il sache s’Il pouvait compter sur eux, et qu’ils puissent s’exprimer en toute liberté sur Lui. N’oublions pas que des disciples L’abandonneront, lorsqu’Il dira qu’il fallait « manger Son Corps et boire Son Sang » (Jn 6/66). C’est un moment grave et important, et le fait qu’ils fussent entre eux et tranquilles, loin des agitations de la Galilée, était propice à la liberté de la parole et à l’ouverture des cœurs. Le Père céleste avait bien choisi le lieu, le moment et les circonstances, juste avant le début de la « montée vers Jérusalem », sacrificielle, de Son Fils unique et bien-aimé.

Pierrerépond spontanément : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Il y a des nuances chez les trois synoptiques. Saint Matthieu dit : Simon-Pierre. Et c’est lui seul qui rapporte le long commentaire du Christ, qui s’adresse à « Simon ». Marc et Luc disent : Pierre. Marc, qui est l’Évangile proclamé à Rome par Saint Pierre, dit seulement : « Tu es le Christ ». Luc donne une précision : « Tu es le Christ de Dieu ».

Tu es le Christ : « Christos » est le terme grec traduisant l’hébreu : Mâchiah qui signifie « oint », oint de l’huile de consécration des rois et des prêtres, signe visible du choix divin et de la grâce divine qui descend sur la personne consacrée. Cette huile est un symbole du Saint-Esprit, dont le caractère hypostatique – au sein de la Divine Trinité – est de désigner, pénétrer, remplir, demeurer, sanctifier. Jésus a effectivement été désigné comme étant le Messie par l’Esprit-Saint, apparu sous la forme d’une colombe, lors de Son baptême. Mais Il n’est pas seulement « oint » comme le fut le roi David, Il est oint en tant que Fils de Dieu incarné : ceci est précisé par Pierre en Matthieu et Luc. Et le fait d’ajouter « Dieu vivant » signifie qu’il ne s’agit pas d’un simple concept, d’une pensée humaine, mais d’une réalité vraie, divine, Fils d’une personne divine qui est le Père céleste.

Pierre a parlé au nom des Douze, sans leur laisser le temps d’ouvrir la bouche, parce que c’est son tempérament : il est fougueux, entier, « carré » ; c’est un fonceur. Mais il le sera de la même façon pour renier publiquement Jésus, avec force, dans la cour du Grand-prêtre (« Je ne connais pas cet homme »). Dans tous les groupes humains, il y a toujours ce que les Anglais appellent un « leader », quelqu’un qui a le charisme de prendre la parole et de parler au nom des autres : Pierre avait ce charisme. De plus, cela correspondait à sa fonction civile : il était le patron de la petite entreprise artisanale de pêche réunissant son frère André et leurs deux associés, Jacques et Jean. Personne ne lui a jamais contesté ce charisme au sein du collège apostolique. Les Apôtres n’ont rien ajouté, parce qu’ils sont entièrement d’accord. Saint Jean Chrysostome8 fait remarquer qu’ils l’ont dit à leur Maître à plusieurs reprises, notamment lors de de la 1re pêche Miraculeuse ou de la Tempête apaisée. Saint Ambroise de Milan9 dit très clairement : « Bien que les autres Apôtres le sachent [que Jésus est le Christ], Pierre répond ».

Le Christ fait aussitôt un commentaire : « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas »10, parce que ce que tu as dit n’est pas une pensée d’homme, maisune pensée divine, qui t’a été révélée par Mon Père céleste, que nous pouvons traduire, après la révélation de la Pentecôte  par : le Saint Esprit envoyé par Mon Père. Le Christ a protégé Pierre de s’enorgueillir. Il est intéressant de noter que le discours du Christ ne se trouve pas dans l’Évangile de Pierre, rapporté par Saint Marc, et en particulier la phrase qui semble – selon l’Église romaine – mettre l’Apôtre Pierre sur un piédestal, au-dessus des autres Apôtres11. Marc rapporte simplement : « Tu es le Christ ».

Par contre, chez Saint Matthieu, nous avons le discours complet du Christ, qui constitue une pomme de discorde entre l’Église orthodoxe et l’Église romaine11, depuis la fin du 11e siècle. Le Christ continue : « Tu es Pierre et sur cette pierre, Je bâtirai Mon Église. » Cette pierre est la confession de foi de Simon, qui est le fondement de l’Église du Christ, comme l’affirment Saint Ambroise de Milan (« La pierre c’est la foi ; la foi est le fondement de l’Église »), et Saint Jean Chrysostome (« Sur cette pierre, c’est-à-dire sur cette foi et cette confession ». C’est précisément parce que le Christ savait que l’Esprit-Saint inspirerait cette belle confession de foi à Simon, qu’Il lui a donné prophétiquement le surnom de Pierre, qui signifie, roc, solidité. Mais, pendant la Passion du Christ ce roc a été englouti par les eaux de la lâcheté. Et Jésus ajoute : cette Église que Je suis en train de construire, avec vous, Mes 12 Apôtres, « les portes de l’Enfer ne tiendront pas contre elle ». Alléluia ! L’Église ne pourra jamais être détruite par Satan, même si elle a des déficiences et si parfois, elle pêche grandement.

Puis le Seigneur dit à Pierre : « Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux et ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les Cieux, et ce que délieras sur la terre sera délié dans les Cieux ». Il s’agit du pouvoir divin de remettre les péchés, qui est une des deux composantes du sacerdoce (avec le pouvoir de consacrer le pain et le vin). Mais le Christ a dit : Je te donnerai, et non pas : Je te donne maintenant. Quand va-t-Il donner ce pouvoir divin, où, et à qui ? Nous le savons très bien : le soir de Pâques, dans le Cénacle à Jérusalem, et collectivement aux 10 Apôtres présents (les 12, moins Judas, le traître, et Thomas qui était absent). Il souffle sur eux tous, en disant : « Recevez le Saint-Esprit : ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20/22-23). C’est le collège des Douze qui a reçu le pouvoir divin de pardonner les péchés, ainsi que « les clés du Royaume des Cieux », qui sont l’enseignement du Christ – l’Évangile – qui permet, seul, de devenir parfait comme notre Père céleste est parfait. Ceci est confirmé par deux faits : Thomas n’était pas là le soir de Pâques, ni encore moins Matthias, qui sera élu après l’Ascension pour remplacer Judas. Or nulle part dans l’Évangile, ni dans les Actes, il n’est dit qu’ils reçurent un « complément sacramentel », après les autres. Le simple fait d’être membres du collège apostolique leur accordait de facto le pouvoir divin accordé par le Christ à Ses 12 Apôtres.

Après cette admirable confession de foi, aucun Apôtre n’a contesté les propos de Pierre : cela signifie qu’ils étaient tous d’accord, y compris Judas.

Aussitôt après, le Christ leur « enjoignit de ne dire à personne qu’Il est le Christ ». Pourquoi ? Parce qu’Il voulait être cru sur parole, en fonction de son contenu divin, et aussi des extraordinaires miracles qu’Il faisait constamment pour prouver la véracité de Ses paroles, montrer qu’Il était Dieu, Fils de Dieu. Il n’appartenait pas aux hommes de Le révéler, mais à Dieu Lui-même. Ce n’est qu’après le départ du Christ pour le Trône divin que les Apôtres recevront le commandement de témoigner de Lui dans le monde entier. Nous pouvons néanmoins ajouter une chose : l’enthousiasme des foules était tel que, parfois, Jésus ne pouvait plus bouger, ni circuler. Nous en avons au moins deux exemples dans l’Évangile : lors de la guérison du Paralytique de Capharnaüm, où les porteurs de la civière ne pouvaient pas passer (Mc 2/1-2), et au retour de mission des Apôtres qu’Il a envoyés (Il les emmène à l’écart dans un lieu désert, parce qu’ils ne peuvent plus se reposer, ni manger – Mc 6/30-32). Un certain anonymat lui laissait plus de liberté pour aller là où Son Père céleste le lui avait demandé. Si le Christ revenait maintenant, physiquement et visiblement, Il aurait en permanence un milliard d’hommes autour de Lui, car Il était, Il est et Il sera le seul « homme » capable de guérir toutes les maladies et infirmités, sans rien demander en échange, et de ressusciter les morts : Il ne pourrait plus sortir de Sa maison ni circuler…   

Puis le Seigneur va commencer à initier Ses Apôtres au mystère de Sa mort et de Sa résurrection, difficile à comprendre pour Ses disciples : Il va faire la première annonce de Sa Passion, de Sa mort et de Sa résurrection12. Les circonstances étaient propices, puisqu’ils venaient de confesser, avec Pierre, que Jésus était le Messie et qu’ils se trouvaient tous ensemble dans un lieu tranquille, loin de « l’arène » de la Galilée. Le Christ leur a tout dit, en quelques mots : Il ne leur a rien caché. Le Seigneur – Verbe du Père – dit toujours la vérité et Il ne dit jamais rien « pour faire plaisir ». Son discours terrible s’achève par : « le troisième jour, Il ressuscitera ». Les Apôtres sont anéantis. Ils n’ont pas entendu la fin, qui dépasse l’intelligence humaine. Ils restent sans voix, écrasés, prostrés.

Pierre va, à nouveau, faire preuve d’audace et intervenir.  Il prend le Christ à part, Le « réprimande », et Lui dit : jamais ! Il n’est pas question de ça ! Tu ne vas pas laisser faire ça, c’est impossible. C’est probablement ce que pensaient aussi tous les Apôtres. La réponse que fait le Christ à tous (Mc 8/33) est la plus cinglante de l’Évangile : « Arrière Satan. Tes paroles Me scandalisent, car elles sont des pensées d’homme et non de Dieu ». Comment pourrais-je ne pas obéir à Mon Père céleste ? Seul Satan peut t’inspirer cela. Saint Éphrem le Syrien fait dire au Christ : « Qui ne veut pas que Je monte sur la Croix et libère les créatures, sinon Satan ? »13

Le Christ nous donne ici un enseignement théologique et spirituel exceptionnel sur Satan, sur le péché et sur notre chemin spirituel. Il venait de dire à Pierre et aux onze des choses divines, des révélations réservées aux initiés («n’en parlez pas »). Pierre, peut-être enhardi par l’agrément du Christ pour ses paroles, a exprimé des pensées humaines, celles que nous aurions probablement tous. Or celles-ci correspondent exactement à celles de Satan, qui dit au Fils de Dieu : Tu es trop grand, Tu es trop beau, Tu es trop puissant ; Tu n’as pas le droit de faire ça, de devenir « poussière du sol », homme. C’est une déchéance indigne de Toi. Toi, la Lumière incréée, Tu n’as pas le droit de T’unir à de la boue créée.  Satan ne supporte pas l’humilité divine. Et il est jaloux de l’Homme, qui, bien qu’ayant été façonné par le Christ avec de la boue cosmique, a reçu le souffle du Saint Esprit et est devenu image de Dieu. Pierre avait été inspiré par l’Esprit Saint ; presqu’aussitôt après, il sera inspiré par Satan. L’hypothèse d’une Église édifiée sur Pierre, ou sur tout autre Apôtre, est bien fragile… L’Église ne peut être édifiée que sur son Fondateur divin, Jésus-Christ.

Veillons sur nous-même, lorsque le Saint-Esprit nous révèle une vérité divine et nous permet de l’exprimer : ne pensons pas que nous en sommes les auteurs, ne nous enorgueillissons pas. Et, lorsque nous ne comprenons pas une pensée divine, taisons-nous, faisons silence.

P. Noël TANAZACQ, Paris

Notes :

1. Voir Apostolia n° 66 de septembre 2013.
2. Voir Apostolia n° 127 d’octobre 2018.
3. Voir Apostolia n° 40-41 de juillet-août 2011.
4. Philippe, appelé parfois Hérode-Philippe, était le dernier fils d’Hérode dit « le Grand » et le frère d’Hérode Antipas qui régnait sur la Galilée (à ne pas confondre avec un de ses demi-frères aînés, du même nom, déshérité par leur père et dont la femme Hérodiade partit vivre avec Hérode-Antipas [ce qui provoquera le meurtre de Saint Jean Baptiste]. Il régnait sur la Gaulanitide,  l’Iturée, La Batanée, la Trachonitide  et l’Auranitide, pays qui sont théoriquement dans la Syrie actuelle, mais annexés par Israël (le Golan). On ne parle jamais de lui dans l’Évangile en relation avec Jésus.
5. Césarée de Philippe était proche de la source principale du Jourdain. Elle se trouve à 40 km au Nord de la Mer de Galilée. Initialement, elle était grecque. Les Arabes musulmans conquérants lui ont rendu son nom grec de « Banias » [grec : Panéas]. L’Hermon est la plus haute montagne de la région (2814 m).
6Sur Matthieu II, p.55, Sources Chrétiennes n°258. Il ajoutera que Pierre a vu dans l’homme le Fils de Dieu.
7. Élie avait été enlevé par Dieu sur un char de feu, c’est-à-dire par les anges, et n’a donc pas connu la 1re mort. Nous savons que les Juifs attendaient son retour, en s’appuyant sur une prophétie de Malachie (3/23-24), comme le dit Saint Ambroise (« Les uns pensaient à Élie qu’ils pensaient devoir venir [revenir] »). D’ailleurs les disciples y font allusion après la Transfiguration (Mt 17/10). Mais le Christ leur répondra que l’Élie qui devait venir est Jean-Baptiste, qui marchait avec l’esprit d’Élie. Lc 1/17].
8Commentaire sur l’Évangile selon Saint Matthieu, homélie 54, p. 263. Éd. Artège.
9Traité sur l’Évangile de Saint Luc, I, p.263. Sources Chrétiennes n° 45 bis.
10. Jésus le  nomme avec son nom humain, et non avec son nom d’Apôtre (Pierre) qu’Il lui a Lui-même donné.
11. Cela résulte de deux confusions, l’une sur le rôle de Pierre dans le collège apostolique, qui fut important, mais non exclusif (la doctrine de Paul l’emporta sur celle de Pierre à Antioche, et c’est Jacques qui présida le concile des Apôtres), et l’autre sur le fait que Pierre aurait été le 1er évêque de Rome (mais aucun Apôtre ne fut évêque d’une ville : ils furent la source des évêques) et que les évêques de Rome devaient obligatoirement hériter d’un statut privilégié, censé avoir été celui de Pierre. D’ailleurs le 34è canon apostolique, qui est le fondement de l’ecclésiologie de l’Église indivise du 1er millénaire est conciliaire et non monarchique.
12. Il y en aura trois.
13Commentaire du Diatessaron, p. 243,  Sources Chrétiennes, n° 121.

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