21 – On était dans la bonne terre qui rendait 30, 60 ou 100 pour un … Que vient faire lampe ? Qu’est-ce quele boisseau, et que vient faire le lit ?

La ‘comparaison’, on l’a dit, s’appuie sur des évènements visibles et concrets pour nous enseigner àpropos d’évènements invisibleset spirituels.

Concrètement, la lampe, le boisseau, le lit sont des objets qui se trouvent dans la maison.

Au temps de Jésus, la maison villageoise était très rudimentaire et pauvre : Quatre murs, un trou pour la porte en bois – qu’on emportait quand on déménageait ;pas de fenêtre. Au sol, la terre battue. Le toit en terrasse était de grosses branches recouvertes de petites branches et de terre. Dans cette pièce unique, tout le monde dort ensemble par terre, sur des nattes ou des matelas très minces, enroulé dans son manteau. De mobilier, il n’y en a pas.

La lampe est indispensable ; elle est en argile, ronde et plate, avec un pincement pour la mèche, alimentée à l’huile, et posée sur un support – souvent une simple niche dans le mur. Elle reste allumée le jour et la nuit, source de feu et de lumière dans la maison obscure.

Le boisseau – mesure de capacité – contient la réserve de grain, qui sert à confectionner chaque jour le pain familial. C’est une boîte sans couvercle de 20 sur 30 centimètres, haute de 30 centimètres environ. Si elle est vide et qu’on la retourne, elle peut servir de petite table.¹

Elle peut aussi servir d’éteignoir, et mettra tout le monde dans le noir, si on en recouvre la lampe – ce qui signifierait que la vie a cessé dans la maison !

Quant au lit, ou ce qui en tient lieu, si je mets la lampe en dessous, il va prendre feu, et moi avec !

Donc, il est de bon sens de ne pas mettre la lampe sous le lit ni sous le boisseau, mais bien sur son support, appelé justement ici lampadaire.

Et dans l’invisible, qu’est-ce que cela signifie ?

Il faut se reporter au Psaume 17 – qui reprend 2 Samuel 22, 29, où David dit : C’est toi qui es ma lampe, Seigneur ; le Seigneur illumine mes ténèbres.Et aussi au Ps 118, 105 – Ta parole est une lampe pour mes pas, une lumière pour mon sentier. De même, en Proverbes 6, 23, on lit : Car le précepte est une lampe, et l’enseignement une lumière.

Il est donc clair que la lampe, c’est la parole de Dieu, l’enseignement de Jésus.

L’enseignement/lampe m’est destiné, mais aussi aux autres. S’il est en moi, je ne dois pas l’éteindre, mais au contraire le faire rayonner, le transmettre. Si je le laisse s’éteindre, il n’y a plus de vie dans la maison-église ! Si, paresseux et négligent, je m’endors dessus, je serai brûlé intérieurement !

C’est ce qui est dit aux disciples, et à nous :Il faut transmettre ce message, lumière destinée à tous. C’est pourquoi Jésus dit à ses disciples : Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes (Mc 1, 17), et : Étant allésdans le monde entier, clamez l’Annonce heureuseàtoute la création ; celui qui aura foi sera sauvé (Mc 16,15) – mission de tout chrétien.

22 –Car la Parole annoncée d’abord sous les voiles de la parabole, de façon cryptée – comme la princesse de la tour qui est d’abordcachéepour mieux se révéler à l’amoureux² – doit être manifestée et remplir le monde entier.

Le verbe ‘manifester’ est employé une fois au passif, ce qui signifie qu’il s’agit de l’action de Dieu, et une fois à l’actif – action de l’homme.

De cette collaboration entre Dieu et l’homme en vue de la manifestation de la lumière de la lampe, nous trouvons le modèle chez les Saints, en premier chez les apôtres – eux qui ont reçu clairement la mission de propager le message. Vivant au contact de la lampe divine, ils ont été eux-mêmes illuminés par la connaissance, puis ont transmis, comme ils en avaient reçu l’ordre.

Ainsi, par exemple, voici l’Ikos de la fête du Saint Apôtre Philippe³ :

Tu écoutas les salutaires et vivifiantes paroles du Christ ; tu vis ses œuvres et ses miracles, et c’est ainsi que tu fus illuminé par la lumière de la Vérité ;

Tu l’annonças aux autres, Bienheureux (…) :« Le salut des mortels est apparu, le Soleil de justice s’est levé. »

Pour un grand nombre tu devins la lampe, le flambeau les guidant vers la connaissance de Dieu, vers la foi ; etpour ceux des ténèbres tu fus la clarté.

La lampe, c’est donc d’abord le Christ : il est le Soleil de justice, la source de la lumière, et il illumine par sa Parole ceux à qui il se fait connaître ; ensuite, le rayonnement gagne les apôtres et les saints, quideviennent lumineux à leur tour, et transmettent la Parole de la connaissance … à ceux qui, la recevant dans la foi en sont illuminés eux aussi, et auront à transmettre.

L’Églisechante cette illumination, en particulier aux Fêtes de l’Incarnation :

Noël– Ta naissance, ô Christ notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de l’intelligence … toi le Soleil de justice … Orient venant des hauteurs.

Théophanie– (…) Christ Dieu qui as illuminé le monde, gloire à Toi, et :

Tu es venu, tu t’es manifesté, Lumière inaccessible. Par exemple.

Sainte Rencontre– Lumière sans déclin, revient de multiples fois, et aussi : Lumière dissipant les ténèbres des nations, comme Soleil de justice tu es venu, Seigneur, pour mettre fin à l’obscurité de la Loi (Laudes, 2^e strophe).

23 –Qui a des oreilles pour écouter, qu’il écoute !

Encore faut-il avoir l’oreille ouverte, comme l’Apôtre Philippe dont on nous dit qu’il écoutales salutaires et vivifiantes paroles du Christ.

Dieu miséricordieux ouvre nos oreilles si nous le lui demandons, comme le raconte Saint Marc (Mc 7, 31-37) dans le récit de la dixième guérison, celle du sourd-muet : des gens ont demandé au Christ d’imposer les mains à l’homme, et quand il est guéri, ils clament stupéfaits : Il a fait belle toute chose ! Il fait et entendre les sourds, et parler les sans-parole.

Que dit le ‘sans-parole’ guéri ? Il loue et bénit Dieu, bien sûr !

Nous aussi, ne faisons pas autre chose. Amen.