Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
L’offrande agréable à Dieu est celle du cœur
(Mc 12/41‑44; Lc 21/1‑4)
La circonstance est fortuite, mais il n’y a pas de hasard pour Dieu, et elle pourrait sembler insignifiante. Mais le Christ, qui observe attentivement les comportements des hommes qui l’environnent, et qui, en tant que Dieu, « sonde les reins et les cœurs »1, saisit toutes les occasions pour donner un enseignement spirituel à Ses Apôtres, qui devront évangéliser le monde entier, ainsi qu’à nous, par l’Évangile.
Seuls Saint Marc et Saint Luc rapportent l’évènement, mais la version de Saint Marc est plus complète (Saint Pierre, dont Saint Marc a consigné par écrit l’Évangile qu’il proclamait à Rome, en est un témoin oculaire).
La scène se passe après l’Entrée du Christ à Jérusalem (les Rameaux) et avant la prophétie du Seigneur sur la destruction du Temple et la Fin des temps, et donc peu de temps avant Sa Passion. Le Seigneur est dans un moment terrible, parce que l’antagonisme entre « les Juifs » et Lui est à son comble : Il vit une véritable Passion morale. Il se trouve dans le Temple de Jérusalem, et il Lui faut un grand courage pour continuer à s’y rendre et à y enseigner, car la haine des sanhédrites, qui L’ont déjà condamné à mort, est palpable. Nous savons précisément où cela se passe : c’est dans le parvis2 des femmes3, accessible à tous les Israëlites, hommes, femmes et enfants. Il était immense (pouvant contenir 6 000 personnes) et était au cœur de la religion juive publique, là où se passaient tous les actes rituels publics. C’est probablement pour cette raison que le « Trésor du Temple » s’y trouvait :il y avait 13 « troncs » en forme de chofar (trompette rituelle) où les pèlerins versaient des offrandes en espèces4. Ce trésor était considérable5 parce que, lors des trois grandes fêtes de pèlerinage6 (Pâques, Pentecôte, Soukkot [les Tentes]), il pouvait y avoir de 100 000 à 200 000 pèlerins venant de tout Israël et de la diaspora.
Le Christ est assis7 en face d’un des troncs et observe ce qui se passe : Il voit que la foule vient jeter des monnaies dans le Trésor, dont beaucoup de riches, qui donnent beaucoup d’argent. Comment sait-Il qu’ils sont riches ? Certainement en raison de leurs vêtements luxueux (agrémentés de parures et de bijoux) et de leur comportement. Puis Il voit une « veuve pauvre »8 qui s’approche. Il est probable que les veuves en Israël eussent portés un costume particulier, indiquant leur état de veuve. Quant à la pauvreté, elle se voit d’elle-même. La situation des femmes dans l’Antiquité gréco-romaine, et notamment en Israël, n’était pas enviable : une femme passait de la tutelle de son père à celle de son mari, puis, devenue veuve, à celle de son fils aîné lorsqu’elle avait la chance d’en avoir un. L’Évangile en témoigne dans la résurrection du fils de la veuve de Naïm ; elle pleure tellement qu’elle ne voit pas le Christ. C’est Lui qui la console. Et le Seigneur observe que cette femme pauvre met une offrande très petite dans le tronc : « deux leptes, c’est-à-dire un quart d’as9 » Le lepte était la plus petite monnaie grecque et romaine de bronze, et qui avait très peu de valeur10. Le Christ, qui, par Sa puissance divine, lit dans les cœurs, appelle Ses disciples pour leur donner un enseignement spirituel : Elle a donné plus que tous les autres, car eux ont donné de leur superflu, tandis qu’elle a donné de son nécessaire, « de sa subsistance ».
Quelle leçon spirituelle magnifique donnée aux Apôtres et à toute l’humanité ! Ce n’est pas la valeur numérique du don qui importe, mais l’esprit dans lequel il est fait et ce qu’il représente pour la personne qui le fait. Ici, en l’occurrence, cette veuve pauvre se privait du nécessaire pour le donner à Dieu. C’est un peu comme si elle Lui donnait sa vie. Tandis que les autres ne se privaient de rien en donnant, cela ne leur coûtait pas d’effort. Mais c’est le don de la femme pauvre qui a été agréable à Dieu.
Presque aussitôt après, le Christ va prophétiser la ruine du Temple, qui avait été construit pour L’accueillir, mais qui L’avait rejeté, et qui était donc devenu inutile. Le cœur de cette veuve était devenu le temple de Dieu : il ne sera jamais détruit.
Le Christ n’a pas dit un mot à la veuve, et Il ne s’est pas révélé à elle, parce qu’elle accomplissait la Loi en esprit et qu’elle faisait, sans le savoir, ce que Lui-même enseignait. Son cœur était pur et prêt à recevoir Dieu. Mais, lors de son jugement, après sa mort, le Juste Juge lui a dit : viens à Ma droite avec les justes ; entre dans le Royaume de Mon Père.
P. Noël TANAZACQ, Paris
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