Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Marc 4, 1-20 - Grande Comparaison de Celui Qui Sème - 1
Dans notre lente progression à travers l’Évangile selon Saint Marc, nous en sommes à ce que Bernard Frinking a défini comme la 2è étape, celle au cours de laquelle il appelle ses 12 disciples et commence leur formation. Après leur avoir montré qu’ils ont du prix à ses yeux, plus que sa propre mère et que la famille qui l’a élevé, il commence un enseignement verbal déroutant, concernant son Royaume et les moyens d’y accéder. Il va parler en paraboles.
Tout le monde connaît cette ‘comparaison’ ou ‘parabole’ des quatre terrains différents dans lesquels tombe la semence. Elle est très longue. Nous n’en étudierons aujourd’hui que la première partie (Mc 4, 1-9) :
Qu’est-ce qu’une comparaison ?
On le voit, la ‘comparaison’ (plus communément nommée ‘parabole’) est l’outil pédagogique utilisé au bord de la mer, devant des foules. Et on ne comprend pas ce que veut direJésus. C’est voulu de sa part.1
Parabole vient du grec ‘parabolè – comparaison’, et est de lamêmefamille que le verbe ‘paraballô’ lequel signifie ‘para – le long de’, et ‘ballô – jeter’. Donc, ‘jeter le long de’.
La parabole réfère donc à deux réalités différentes, qui présentent des similitudes et se présentent comme deux trajectoires parallèles :
L’une – qui nous est racontée – parle de la réalité tangible, et elle figure l’autre. Cette autre réalité relève de l’immatériel, il n’en est pas parlé, elle se trouve dans le silence du texte !
Donc Jésus s’appuie sur des objets concrets, familiers pour ses compatriotes, paysans galiléens, (semence, lampe, mesure, levain, figuier…), pour les introduire jusqu’aux réalités spirituelles, au moins ceux qui voudront bien chercher, car le discours est crypté, et c’est un choix pédagogique de la part de Jésus.
Dans la vie réelle, une fois semé le grain de blé se développeselon une trajectoire définie, toujours la même. Tombé en terre, il s’imbibe d’humidité, gonfle et s’ouvre, faisant paraître un germe, qui s’enfonce en se transformant en radicelles et en racines, tandis qu’apparaissent aussi, se dressant vers le haut, vers la lumière, tigelle et tige – plus tard porteuse du fruit, de l’épi dont les grains seront transformés en farine, puis en ce pain dont se nourrit l’être humain pour vivre. Donc une réalité dynamique et non statique, un développement, une trajectoire, pour aboutir à un fruit que l’homme mange pour entretenir sa vie.
Penchons-nous sur l’histoire concrète que Jésus nous raconte, avec des arrière-pensées deréalitéspirituelleàlaquelle il veut nouséveiller ?
Oui, au bord de la route la terre est dure et tassée ; la graine ne peut donc pas s’imbiber d’eau et croître. Elle devient alors la proie des prédateurs. Résultat : rendement zéro.
Oui, s’il y a très peu de terre, la graine ne pourra pas développer un bon réseau de racines ; la plante commencera à se développer, mais quand il fera sec et soleil, elle manquera d’eau, car incapable d’aller la capter en profondeur. Résultat, pas de fruit : rendement zéro.
Cette fois la terre était profonde, la plante s’est développée, mais du fait de la concurrence de mauvaises herbes vigoureuses, l’air et l’espace lui ont manqué … Résultat : rendement zéro.
Ah, cette fois, voilà du rendement, dans la belle terre : trente, soixante et cent …
Mais qu’est-ce à dire … ? Un rendement de cent, ou de soixante … cela ne pouvait pas exister en ce temps-là, ni même peut-être de nos jours … et même trente, ce devait être à peine possible …
Et dans la même terre, trois rendements différents … ? On a eu trois terrains sans aucun rendement, et maintenant unemêmeterre avec trois rendements différents … et plutôt fantaisistes … Il y a de quoi se poser des questions.
Alors deux attitudes sont possibles pour l’auditeur : soit il se dit ‘Je ne comprends rien à ce qu’il raconte, je m’en vais’, soit il se dit : ‘Je ne comprends rien mais il me fascine. Je suis sûr qu’il y a quelque chose derrière. Je reste pour continuer à l’écouter, dans l’espoir que m’adviennent ‘des oreilles pour écouter’. Je persévère !’
Et maintenant, il faut raconter l’histoire de la princesse dans sa tour.
Bernard Frinking la racontait ainsi : Deux rabbis – deux spécialistes de l’Écriture Sainte ou Torah – discutent chemin faisant, rejoints par un troisième : Comment fonctionne la Torah ? Qu’en dire pour la présenter ?
Et voilà : elle ressemble à une jeune princesse que son père a enfermée dans une tour – située sur la place du marché, où circule une multitude de gens affairés : on se rencontre, on vend et on achète, on est très occupé des choses de la terre. Or, voici ce qui arrive : la princesse fait un trou dans le mur qui la cerne, et l’espace d’un instant, elle montre son visage.
Personne ne l’a vue ? Si, une personne l’a vue. C’est l’amoureux.
Il approche, et commence à l’appeler. Elle se montre, d’abord couverte d’un voile épais qui ne permet pas de distinguer ses traits – c’est le premier degré de la connaissance ; s’il insiste et revient souvent, elle portera un voile plus fin et commencera à lui parler – deuxième degré. S’il se montre suffisamment assidu et patient, si sa quête est véritablement ardente et persévérante, s’il franchit les obstacles, ils en viendront à l’étreinte, il la connaîtra. C’est le troisième degré.
Àce stade, l’homme sera devenu ce que l’Évangile appelle ‘un Maître de maison’ (Mt 13, 52), connaissant les secrets du roi, ayant accès aux plus hauts degrés de la connaissance, au mystère du Royaume … et responsable ... On est responsable de ce qu’on connaît, et c’est très lourd … Si le Seigneur cache son mystère, c’est par miséricorde, pour ne pas nous accabler car il connaît notre faiblesse.
L’enseignement commence donc par la ‘comparaison’, c’est-à-dire par la jeune fille qui a montré un instant son visage. C’est cette vision furtive qui a fait venir les disciples. Ils sont l’amoureux, ils se disent : Là, il y a la vie. Et ils restent.2
Pour progresser, ils vont marcher avec le Christ. Comment Le connaître autrement qu’en marchant avec Lui ?
Nous aussi, dans l’Église, participons au mystère du Corps et du Sang du Christ, et mangeons, ruminons sa Parole, son enseignement. Avec lenteur, humilité et persévérance.
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