Ajouté le: 5 Octobre 2021 L'heure: 15:14

Apprendre par cœur l'Evangile (54)

Après 9 mois d’ateliers à distance, BILAN des réactions des participants ?

Pour rendre compte de l’activité de mémorisation et des réactions des ‘appreneurs’ après neuf mois de rencontres à distance en ce temps de pandémie, de novembre 2020 à Juin 2021, j’ai choisi la clé de lecture suivante : Par le fait que nous sommes des êtres humains, doués de conscience et de langage, nous sommes acteurs dans des relations de quatre types : avec Dieu, avec nous-même, avec autrui, et avec la création ou cosmos.

C’est en m’appuyant sur ce schéma de pensée que je vais m’efforcer de rendre compte desréactionsdes participants, exprimées soit de vive voix, soit par écrit.

Relation à Dieu –

La mémorisation de l’Évangile s’inscrit dans la relation à Dieu.

1-Elle est prière et louange :parole de Dieu même, offerte à Dieu même ;

2-Elle est aussi obéissance au commandement divin :

Deutéronome 6, 5-7 – Dieu ordonne :

Et tu aimeras le Seigneur ton Dieu

de tout ton cœur et de toute ton âmeet de toute ta force

et d’enchaîner :

Et ces paroles que moi je te commande aujourd’hui,

elles seront dans ton cœur

Tu les enseigneras à tes fils

Tu les feras entendre,(au sens de ‘résonner’)

assis dans ta maison, et marchant sur la route

et te couchant, et te relevant. (Donc en toutes circonstances, d’humeur abattue ou hardie !)

Les paroles doivent résonner, l’air doit vibrer de ces sons qui viennent envelopper la Création comme un murmure doux qui ne cesserait jamais ; et la Parole doitêtre transmise.Telle est la volonté de Dieu, clairement exprimée ici. Elle l’est aussi, par exemple, en Exode 13, 9 ; Josué 1, 8 ; Proverbes 3, 39 ainsi qu’en Jean 14, 231

3-Obéir à cette injonction nous relie à Dieu. Car comme je l’ai dit dans mon article 46 (Apostolia n° 147 de juin 2020) la mémorisation de l’Évangile est une rencontre entre deux êtres qui se désirent réciproquement : Dieu et l’homme. L’homme, qui au plus profond de lui-même désire Dieu, s’approche avec son corps et toutes les capacités de celui-ci ;et le Seigneur qui aime l’homme d’amour fou comme nous savons, désire s’unir à lui, et adéjàréalisécette unionen Jésus-Christ, vrai Dieu – vrai Homme, le Seigneur répond par sa Présence et par le don du Saint Esprit – une parcelle à notre mesure.

 

NOUS –

« Travailler les Évangiles me remplit de joie : Christ est au milieu de nous. »

« Le jeudi soir (date de notre séance de mémorisation) j’ai rendez-vous »… et je ne veux pas le manquer ! « Depuis toute petite, j’ai eu soif de la Parole ; elle est tout ce que je cherche depuis toujours. » « La mémorisation nous plonge, nous enracine dans lesÉcritures. »Et aussi :« Cet enseignement, cestÀconsommer sans modération’ ! »

Donc, c’est la faim de la Parole qui est exprimée : « Pour connaître la parole, intégrer la parole, saisir son sens … pour me rapprocher du Père. »

Pour l’une d’entre nous, le fait de participer à nos séances et de s’efforcer d’apprendre par cœur, c’est comme de se jeter dans les ténèbres avec foi, pour y rencontrer le Seigneur : « Des amis me disent : Mais à quoi bon apprendre par cœur ? Mais moi, je pratique lamémorisation del’Évangile comme un acte de foi. Il y a un mystère qui me dépasse, que je ne comprendrai peut-être jamais, … mais qui va se dévoiler aussi, au fil du temps, car je pense que l’Esprit-Saint agit. »

Et cette jeune femme s’émerveille – comme beaucoup – de ce que, ayant répété presque mécaniquement la parole enseignée, avec la lourdeur de sa chair fatiguée et soucieuse, le lendemain, ou dans la nuit ou à un autre moment, la Parole lui revienne avec fraîcheur, de façon imprévue et inattendue, accompagnée du chant qui lui est assorti. Cet évènement, assez fréquent, est toujours vécu comme une récompense-surprise qui rend le cœur très joyeux ! « Sur le moment, on na pas limpression davoir retenu, mais le travail fastidieux porte ses fruits, etçà’ surgit de façon spontanée, non maîtrisée … » Et de conclure : « Il y a quelque chose qui nous dépasse, ‘dans la mémo’ ! »

Relation à soi-même –

Nous sommes corps, âme, esprit, mais concentrons-nous sur ce qui est frappant dans ce type de prière : la participation essentielle du corps.

Par les facultés que Dieu a mises en lui,

1-le corps perçoitce qui lui est extérieur. Àpartir des informations venues des cinq sens, le corps par le moyen du cerveau fabrique des représentations mentales supportées par de la matière charnelle : les neurones. Ceux-ci créent des connexions spécifiques pour chaque information reçue, ainsi que pour lier les informations entre elles, formant réceptacle :comme un berceau, un moule, pour accueillir et conserver l’information, en l’occurrence l’Évangile. Mon corps se configure spécialement pour recevoir l’Évangile, ô merveille ! Il offre un contenant, ou plutôt un écrin, c’est la mémoire de l’homme.

C’est une faculté physiologique, qui se déploie dans letemps. Il faut du temps pour apprendre, il faut dormir sur ce qu’on a appris, il faut oublier (7 fois dit la tradition juive) et réapprendre, réévoquer, chercher dans sa mémoire, réactiver les canaux neurologiques. Ainsi on parviendra à du solide et à du fiable.

NOUS –

- Le rythme d’apprentissage proposé tient compte de cette réalité physiologique, « Et on retient ! » dit quelqu’un. D’autres auraient besoin de répéter encore davantage …
- Cette lenteur est un bienfait. Quelqu’un dit : « Apprendre lentement (et gestuer) ma donnéune profondeur dans lapproche del’Évangile, … considérable. »
- Il ne faut pas se décourager : « Jai eu beaucoup de mal, car avoir à mémoriser texte, musique et gestes ne me faisait pas entrer dans quoi que ce soit. (Elle restait à l’extérieur, frustrée). J’ai persévéré … et maintenant, je suis passionnée ! »

2-Si d’une part, l’homme perçoit et met en mémoire, d’autre part, il peut aussi rejouer, restituer, et créer à partir des informations engrangées.

L’homme est un ‘mimeur’. Ce qu’il a reçu par ses cinq sens, il le rejoue, il l’extériorise dans l’espace-temps. Paradoxalement, c’est par cette extériorisation qu’il intériorise, et fait sien le monde qui l’entoure. Marcel Jousse insiste beaucoup sur ce rejeu intégratif2, bien visible chez l’enfant, et toujours présent chez l’adulte, en moins extériorisé. En rejouant, en faisant comme papa, comme maman, l’enfant rencontre et découvre ces personnes chères. Il les connaît dans son intérieur à lui. Il partage leurs sensations, et va ressentir leurs émotions, leurs désirs, leurs projets. Il y a identification.

C’est ce qu’on fait quand on mémorise l’Évangile, on cherche à connaître Jésus-Christ :

On va à la rencontre de cehéros, on reçoit sesgestes, ses paroles, ses actions, les évènements dans lesquels il se met en scène avec des protagonistes. En les mimant, on s’identifie, on ressent en soi ce qui est narré, on l’intègre. On en arrive à connaître.

Mémoriser demande un engagement de soi :il faut s’engager, et donner vie à ces mots, à ces situations, ou plutôt rejoindre la vie qu’ils contiennent.

NOUS –

« Je suis sensible aux gestes, jai besoin que mon corps participeàla prière ».

Les gestes que nous faisons ne sont pas gratuits ni décoratifs. Ils soutiennent le sens des mots, les intentions des phrases. Parfois ils expriment la foi : par exemple la posture de la main du Pantocrator (2 doigts, 3 doigts) que nous reproduisons chaque fois qu’il est question de Jésus Christ, nous rappelle sans cesse qu’il est à la fois Dieu et Homme (deux doigts), l’un de la Sainte Trinité (trois doigts). Autre exemple : le geste de ‘sauver’ mime le Salut de façon symbolique : le Christ nous tire de lenfer (en basàgauche) pour nous emmener vers Dieu et la lumière (en haut à droite). Notre corps d’abord recroquevillé se déploie le long de cette diagonale, décrivant ainsi notre vocation d’homme.

« Spontanément et sansque ce soit une décision consciente, je me suis mis à faire avec mes avant-bras un geste d’accueil quand je dis : ‘Viens et fais ta demeure en nous’, dans la prière à l’Esprit Saint. Le geste m’ancre dans la prière, j’adhère mieux à ce que je dis. »

« Le fait de gestuer fait que je vis plus profondément ce que je dis ; çaprend du sens, je fais des découvertes, des détails m’apparaissent. L’Évangile gestué me parle et m’enrichit beaucoup plus que nu et sans gestes. »

Et allant plus loin :

« Apprendre avec le corps, oui : quand tu fais le geste de manger, on a l’impression que ça rentre dans le corps … j’ai commencé à ressentir ce qu’était boire ou manger les paroles du Christ. Avec les gestes, elles entrent dans le corps, les paroles. »

« Lanalyse des gestes que tu donnes parfois : pourquoi comme-ci ou commeça, fait queçacesse dêtre une chorégraphie, mais que les gestes s’intègrent au texte, et que les trois : musique, texte et gestes deviennent un ; il n’y a plus de séparation, c’est un tout. »

« Tu ne nous fais pas des catéchèses, mais tu nous ouvres des portes. »

Plus loin encore :

« Lorsque je gestue la péricope de la ‘Tempête apaisée’ par exemple (Marc 4, 35-41), le grand tourbillon de vent, les vagues qui se jettent dans la barque, l’affolement des disciples : nous sommes perdus !j’ai le cœur qui bat ; puis avec lintervention du Christ, advient un grand calme, et je le ressens. Çadevient du vécu. »

« En rencontrant la mémorisation de l’Évangile, j’ai découvert qu’en chantant et en gestuant, on est amené à se concentrer sur ce qu’on dit, et on découvre que la Parole est réellement vivante. Au catéchisme, je disais aux enfants, venez on va aller retrouver Jésus, des scènes de sa vie, et les enfants retrouvaient vraiment Jésus en chantant et en gestuant. »

Une autre disait, dans un autre groupe :

« La Parole devient notre corps. Elle rentre en nous, et elle devient nous-mêmes. J’ai l’impression de participer à la scène comme si j’y étais : par exemple dans la péricope de l’Hémoroïsse (Mar 5, 25-34), quand la femme dit : Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée’ et que nous le récitons-jouons, j’ai l’impression de ressentir la présence de Jésus à côté de moi, et je veux toucher son vêtement pour qu’il me prenne avec lui ! Ànos séances, je ne viens plus pour apprendre, mais par envie de suivre Jésus ! »

Pour parvenir à s’intégrer dans ces saynètes que sont les péricopes évangéliques, l’apprenant aura besoin qu’on lui fournisse des éléments culturels, qu’on plante le décor, l’espace-temps, les us et coutumes afférents, la situation sociale et politique, le sens des noms, toutes précisions qui l’aident à entrer dans la situation, à éviter le piège du ‘vague et abstrait, qui ne me concerne pas’ !

« Tu nous donnes beaucoup dexplications générales, tu nous expliques les mots grecs et araméens ; cest trèsintéressant », est une remarque qui revient très souvent.

Voilà la couleur que le corps peut donner à notre relation avec Dieu. Nous saisissant de la faculté d’identification que le Seigneur a mise en nous, nous donnons corps à la Parole ; elles’incarne et se répand en ondes matérielles sur l’univers ! Cela plaît au Seigneur qui a enjoint : tu les feras entendre/résonner (Deut.6, 7), comme j’ai dit plus haut.

Relation avec autrui –

Un travail qui se fait en groupe. La Parole se vit en Église.

Échangesdans le groupe, interférences. Colères, frustrations, réconfort, partage de la joie de découvrir, confidences … Le Seigneur nous réunit, en vue de nous faire nous aimer les uns les autres, comme nous le chantons à chaque début de séance : D’un cœur pur aimons-nous les uns les autres. (1 Pi 1, 22)

Il y a aussi des rivalités et des incompatibilités ;des mécontents quitteront le groupe. Il est bon de parler desdésaccordsinévitables, avant de seséparer avec ou sans bruit.

Des témoignages personnels surgissent, en groupe ou en privé, concernant l’action de la Parole :

-De l’accueil les uns des autres :

« Dans le partage, on senrichit des richesses des autres, de leur perception de la Parole ; « La Parole est vivante, elle nous rassemble. »

-Ou bien, témoignages de vie personnelle, bienfaits de la Parole dans la vie intime :

« Connaître la Parole, la partager, la ressasser pour soi, çanous aideàvivre notre vie / Ça me porte dans ma vie de tous les jours / Quand ça ne va pas, la Parole me revient. Toujours elle me soutient. »

-Ou bien :

« L’Évangile n’est pas à recevoir sur un mode intellectuel, mais avec le cœur ;

« Oui, le Royaume de Dieu, comme le grain de sénevé, s’accroît en nous, et finalement nous protège discrètement en silence. Et quand on s’en aperçoit, on est déjà abrité sous sa protection ! (Marc 4, 30-32)L’Esprit-Saint vient et demeure en nous !

« Cest trèsintéressant : il fautêtre dépouillédes fardeaux, et avec humilitéen se baissant, on arrivera peut-êtreàpasser cette porte !(Marc 10, 17-27 – L’entrée dans le Royaume, le chameau et la porte étroite)

-Plusieurs se sentent responsables de transmettre à leur tour,à des adultes et surtout à des enfants. Ce n’est pas facile et nous nous entraidons par le partage de nos expériences. C’est très difficile en paroisse (pas toujours de lieu, pas d’horaire commode, pas de régularité) ; largement plus aisé dans des classes car les enfants ont l’habitude d’adopter ce que l’école propose, et il y a un lieu, un horaire et des enfants régulièrement présents. Mais il n’y a pas beaucoup d’écoles confessionnelles …

Pour s’imposer, le transmetteur de la mémorisation devra être soutenu par l’institution, par les parents, par le prêtre et les responsables de la paroisse, sinon les jeunes déconcertés par la méthode risquent de refuser d’y entrer. La peur du regard de l’autre est particulièrement marquée chez les adolescents.

Certains enfants porteurs de troubles de la motricité sont en difficulté et reculent, entraînant éventuellementleurs camarades dans leur morosité ... (D’autres au contraire, à l’aise dans leur corps, se régalent et sont des locomotives !)

Dans un de nos groupes, une personne gauchère, d’aborddéconcertéepar nos gestes conçus pour les droitiers, a persévéréet en a tirédu bienfait : une rééducation pour sa latéralité, dit-elle !

Relation au Cosmos –

Toute prière fait du bienàla création– que le Seigneur a confiée à Adam –, et ce ‘murmure vibrant’ enveloppe la création qui, comme le dit St Paul (Ro 8, 22) attend avec impatience la révélation des fils de Dieu (…) Elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu (…) La création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement. Elle et nous sommes liés. Elle nous remercie !

De même en ce qui concerne le temps :

Notre apprentissage-récitation sanctifie le temps que nous lui consacrons. Et, je l’ai dit, il faut du temps pour s’imprégner et adhérer à ce qu’on dit, pour ne pas être un auditeur oublieux, mais au contraire tendre vers la réalisation de la Parole. (Jacques 1, 25).

Il faut du temps, « mais le temps est donné pour cela », disait Bernard Frinking.

Conclusion – Récitons, récitons. Faisons vibrer lair. Et rendons gloire à Dieu.

Notes :

1. Exode13, 9 – Afin que la Loi du Seigneur soit toujours sur tes lèvres.
Josué 1, 8 – Que le livre de cette Loi soit toujours sur tes lèvres : médite-le jour et nuit, afin de veiller à agir selon ce qui y est écrit.
Prov. 3, 39 (Lecture du Triode de Carême, lundi de la 2ème semaine, p.182). L’auteur sacré met en scène des parents s’adressant à leur fils : « Que ton cœur retienne nos paroles, observe nos préceptes, ne les oublie pas ; ne méprise pas les paroles de ma bouche, ne t’en écarte pas ; ne les abandonne pas, elles te garderont ; aime-les, elles veilleront sur toi. »
Jean 14, 23 – Le Christ parle : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole … et mon Père l’aimera. Et nous viendrons vers lui, et nous ferons notre demeure en lui.
2. Marcel Jousse (1886-1961) – est le père de la Mémorisation de l’Évangile, qu’on a appelée d’abord ‘Rythmo-catéchèse’. Doué de brillantes capacités intellectuelles, ce petit paysan de la Sarthe, que sa mère avait bercé en lui chantant les péricopes évangéliques des dimanches, qu’elle connaissait par cœur dans son patois, ce jeune Marcel devint jésuite et anthropologue-chercheur. Depuis l’enfance il était habité par ce questionnement : Comment le Christ avait-il fait pour transmettre à des disciples illettrés un enseignement révolutionnaire pour la culture de ce temps ? Il découvrit les règles de transmission orale des savoirs, qui se développe dans les civilisationsoùla culture se transmet sans livres. Il a appelécette pédagogie :le ‘style oral global palestinien’. L’enseignement, uniquement oral, est mémorisé par les disciples : il est fractionné, et répétéjusquàinscription stable dans la mémoire. Il utilise un vocabulaireformulaire, en fait des mots du vocabulaire courant, mais qui ont une histoire au sein du réservoir culturel(ici l’Ancien Testament), et peuvent receler du sens implicite, c’est le ‘formulisme’ ; l’enseignement est volontiers enchâssé dans des saynètes racontées ou vécues, dont le thème s’enracine dans la vie quotidienne des auditeurs et dont la narration fait appel à toutes les facultés perceptives du corps (c’est le ‘globalisme’) ainsi qu’à ses facultés de rejeu, intériorisé ou extériorisé (c’est le ‘mimisme’). Les deux combinés permettent à l’appreneur d’intégrer ce qu’on veut lui enseigner (c’est l’‘intussusception’). On est alors en dehors du mode intellectuel, dans un mode de connaissance qui engage le corps et s’inscrit globalement, laissant une trace durable et quasi ineffaçable dans la mémoire.
Jousse a pu retrouver ces caractéristiques de la transmission ‘orale’ encore vivantes chez les indiens d’Amérique, chez les africains et bien d’autres, en cette première moitié du XXe siècle. Et d’affirmer : « C’est un fait que Rabbi Iéshoua de Nazareth n’a rien écrit ; c’est donc qu’il a cru que le mécanisme oral global de son milieu était quelque chose qui pouvait recevoir tout le poids de sa divinité. » (Marcel Jousse. Cité in ‘Rabbi Iéshoua de Nazareth, une pédagogie globale’, de Yves Beaupérin – Éditions DésIris, 2000, page 91)
Pour transmettre la foi à notre tour, Jousse nous recommande ce type de pédagogie fondée sur la répétition du texte évangélique, porté par une mélodie simple et rythmée, et accompagné de gestes ‘mimants’, favorisant la participation de l’apprenant, son identification àl’enseignement offert : donc, un enseignement global.
Après avoir connu un grand succès dans les années 1925-35 (à Rome, le Pape lui avait dit : Vous êtes un génie :C’est comme cela que désormais il faut enseigner la foi), Jousse vit sa notoriété décliner, balayée par la nouvelle Critique Biblique. C’est vers 1965, après sa mort, qu’on commençaà le publier grâce à la vigilance et aux efforts de sa très fidèle Gabrielle Baron ;et Maxime Kovalevski, d’origine russe, compositeur de musique liturgique et Maître de chapelle dans l’orthodoxie occidentale, en faisait grand cas auprès de ses étudiants, dont je fus. Pour M. Kovalevski les textes lus et chantés à l’Églisedevaient l’être de façon telle que les fidèles puissent les retenir assez rapidement, puisrépéterpour eux-mêmes ces paroles qui confessent la vraie foi, la nourrissent et permettent de l’approfondir au fil du temps liturgique. La Liturgie se doit d’être enseignante de façon très pratique. Avec Maxime elle l’était en effet, et nous tous, nouveaux convertis issus du ‘paganisme’ propre à la société occidentale du XXe siècle, nous y courions pour y être abreuvés.

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