Ajouté le: 18 Juillet 2021 L'heure: 15:14

Les arbres s’inclinèrent et les anges se mirent à chanter

Comme tous les matins, Agathe guettait à la porte du Temple, dans l’espoir de voir la Dame. 

Depuis quelques mois, tout allait mal à la maison. Son père n’était pas encore revenu de la caravane partie l’hiver dernier, et sa mère ne cessait de tousser, d’une toux rauque qui déchirait sa poitrine, et le cœur d’Agathe.

La honte dans l’âme, Agathe s’était résolue à mendier à la porte du Temple, en espérant quelque aumône qui lui permettrait d’acheter un remède pour soulager sa mère.  

Un soir, alors que la tristesse semblait écraser son âme comme une pierre trop lourde, elle avait vu la Dame sortir du Temple. 

Accompagnée de plusieurs femmes, elle semblait rayonner au milieu d’elles comme la lune au milieu des étoiles. Son visage était si doux, qu’en le regardant Agathe avait senti les ténèbres s’éloigner de son âme. La Dame alors avait tourné la tête vers elle, et lui avait souri, d’un sourire qui semblait contenir toute la tendresse du monde, comme si elle savait tout, la peur, la maladie, la tristesse et qu’elle prenait tout, dans son cœur avec Agathe. Depuis, chaque jour, Agathe attendait à la sortie du Temple, dans l’espoir de voir seulement son visage, et de recevoir ce sourire qui lui disait que tout irait bien même si tout semblait aller mal.

Aujourd’hui, la Dame est seule et son regard est tout entier tourné en dedans. Elle marche sans regarder personne, un étrange sourire sur les lèvres comme si elle méditait un doux secret. Agathe ne peut résister et la suit dans les rues de Jérusalem, jusqu’au pied du mont des Oliviers. 

Dans la fraicheur et le silence du matin, le jardin respire une paix très douce qui pénètre le cœur. C’est alors qu’Agathe émerveillée voit soudain l’impossible se produire : sur le passage de la Dame, les arbres un à un, s’inclinent comme des serviteurs fidèles, courbant leurs ramures sous ses pas, inclinant leurs feuilles devant son doux visage. Un long moment, la Dame reste là, à prier sous les arbres, dans le silence. 

Puis elle se dirige de nouveau vers Jérusalem, vers la montagne de Sion, où elle pénètre dans une petite maison d’humble apparence. 

Bientôt des larmes et des gémissements se font entendre. Agathe, tout étonnée, s’approche d’une fenêtre. Les femmes qui accompagnent d’habitude la Dame sont agenouillées au sol, imbibant la terre de leurs larmes, et la suppliant de ne pas les laisser.

Les laisser ? La Dame doit-elle donc partir ? Agathe sent son cœur se serrer. 

C’est alors que pour la première fois, elle entend Sa voix. « N’assombrissez pas ma joie mes bien-aimées. Il est enfin temps pour moi de rejoindre mon Fils. Voyez la palme que l’Archange a bien voulu me confier en signe de victoire lorsqu’il est venu m’annoncer la bonne nouvelle. Ne craignez pas que je vous laisse orphelines. Croyez-vous que je cesserai de vous porter dans ma prière, vous et le monde entier, lorsque je serai à Ses côtés ? Au contraire, je ne cesserai d’intercéder pour vous. Réjouissez-vous plutôt de ma joie et préparons mon départ sans crainte. »

Soudain, un bruit de tonnerre ébranla la maison, qui en un instant fut tout entière remplie d’une étrange nuée*. Alors qu’elle se dissipait Agathe vit, se tenant dans la maison, plusieurs hommes qui n’y étaient pas auparavant. Ils semblaient avoir été amenés ici par cette surprenante nuée. Agathe ne pouvait le savoir, ne les ayant jamais vu, mais c’étaient les Apôtres du Seigneur !

Tous, les yeux pleins de larmes se prosternèrent devant la Dame, le cœur lourd de tristesse devant la séparation qui s’annonçait. Mais de nouveau Elle les rassura d’une voix douce : « Ô disciples et amis de mon Fils et mon Dieu, ne transformez pas ma joie en tristesse, mais ensevelissez mon corps ». 

La Dame alors, fit ses adieux à tous, et s’allongea elle-même sur son lit de mort. Tandis qu’elle reposait, Agathe l’entendit prier quelqu’un, qu’elle appelait tantôt son Fils, tantôt son Dieu, Jésus-Christ, le suppliant de garder le monde, et d’y envoyer sa paix. 

Agathe avait déjà entendu les prêtres du Temple prier Dieu, mais elle n’avait jamais rien entendu de semblable à cette voix qui s’élevait vers le Ciel avec une si douce ardeur*, un amour si confiant, si plein d’humble assurance.

Une grande lumière envahit alors la maison, et Agathe, éblouie, dut détourner les yeux. Il ne lui était pas donné de contempler le grand mystère qui s’accomplit alors. 

Lorsqu’elle put regarder à nouveau dans la pièce, elle vit que la Dame était morte, son visage toujours éclairé du même sourire mystérieux.

Une voix d’homme entonna alors l’hymne funèbre*

Quelques instants plus tard, une des jeunes femmes sortit de la maison et trouva Agathe, assise contre le mur, sanglotant de tout son cœur. Elle s’approcha d’elle et lui demanda : « Enfant pourquoi pleures-tu ? » 

Entre deux sanglots, Agathe lui répondit : « la Dame est morte, elle n’est plus là, et je ne sais même pas son nom. » 

La jeune femme lui sourit tendrement et lui dit : « ne pleure plus, je te le dirai moi, Son nom. Elle s’appelle Marie, la toujours Vierge, elle est la Mère de notre Dieu. Viens avec moi, je vais te raconter, et tu ne seras plus jamais triste ».

Ce mystère dont Agathe avait dû détourner les yeux, ce sont les Apôtres qui nous l’ont raconté. C’est ainsi que nous savons que le Christ est venu Lui-même recevoir l’âme de sa Mère très Pure, escorté par l’archange Michel et toute une armée d’anges resplendissants.

Pierre et les autres Apôtres, chantant l’hymne funèbre, se dirigèrent vers le jardin de Gethsémani*, où ils déposèrent le corps de la Toute Sainte, avec grand amour et respect, dans un tombeau de pierre. 

Pendant trois jours ils demeurèrent là, faisant monter leurs prières vers le Ciel. Parfois, il semblait à Agathe que d’autres chants, le chant des anges, se mêlaient à leurs voix.

Le troisième jour, arriva l’un des Apôtres, appelé Thomas. Agathe l’entendit pleurer son chagrin de n’avoir pas été là pour le départ de la Mère de Dieu. Les Apôtres décidèrent de rouler la pierre de devant le tombeau pour lui permettre au moins de se prosterner devant son corps. Mais une fois le tombeau ouvert, tous furent saisis de stupeur.

Vide ! Le tombeau était vide ! Seul le suaire* restait là, témoin de l’ensevelissement*

Les Apôtres se mirent alors à chanter et à louer Dieu qui avait permis à la Mère de Dieu d’être transférée* au Ciel, avec son corps.

Ainsi la Mère de Dieu a-t-elle rejoint le Seigneur dans la mort, puis dans la Vie éternelle. Et nous chantons comme les Apôtres la joie qui est la sienne et aussi la nôtre de la savoir auprès du Christ, d’où elle intercède pour chacun d’entre nous, nuit et jour avec amour.

Par son ensevelissement de trois jours, elle sanctifia* la Terre qui l’a reçue et durant ces jours, plusieurs malades recouvrèrent miraculeusement la santé. Sans doute la mère d’Agathe fut-elle de ceux-là.

Élise Nicolaou (les éléments du récit relatifs à la Dormition de la Mère de Dieu sont inspirés du Synaxaire – Vie des Saints de l’Église Orthodoxe, par le Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra, T.6, Juillet-août, Éditions Indiktos.)

 

Découverte des mots nouveaux

Nuée : lorsque ce mot est utilisé dans la Bible, il est un signe de la présence de Dieu ; il est décrit comme une sorte de vapeur, de nuage lumineux, quelquefois sous forme de colonne.

Ardeur : l’ardeur est une chaleur, une énergie, une force. Prier avec ardeur c’est prier de tout son cœur, avec amour et chaleur.

Hymne funèbre : chant composé spécialement pour les défunts.

Gethsémani : jardin situé au pied du mont des Oliviers à Jérusalem, où notre Seigneur Jésus Christ a prié toute la nuit avant sa crucifixion.

Suaire : utilisé surtout dans des temps anciens, c’est un tissu ou un drap dans lequel était enveloppée une personne morte.

Ensevelissement : pour les morts, c’est le fait d’être mis dans un tombeau ou enterré.

Transféré : c’est l’action d’être déplacé, transporté d’un lieu à un autre.

Sanctifia : La Mère de Dieu, par sa grande pureté, a purifié et béni la terre dans laquelle elle a reposé pendant trois jours.

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