Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Confortablement installé dans son fauteuil, Grand-père Jacques regardait les enfants jouer autour de lui. Grégoire et ses trois amis, Jean, Antoine et Elena avaient l’air de bien s’amuser avec leurs jouets.
– Grand-père, demanda Elena, est-ce que c’est vrai que Grégoire est le garçon le plus intelligent que tu connaisses ? D’après lui, c’est ce que tu as dit. Grand-père demeurait pensif.
– Je sais que Grégoire est très dégourdi, finit-il par répondre. Et il se débrouille bien à l’école. Mais je ne me rappelle pas avoir dit qu’il était le garçon le plus intelligent que je connaisse.
Grégoire leva les yeux :
– Mais je suis très intelligent et je connais des tas de choses !
– Certainement tu connais beaucoup de choses et tu es intelligent, comme tes amis d’ailleurs, mais il est aussi très important d’avoir des amis qui t’aiment et que tu aimes, rectifia Grand-père en souriant. Cela me rappelle l’histoire d’une certaine étoile de mer : elle pensait qu’il lui fallait être meilleure que les autres pour mériter l’amitié de ses amis.
– Oh, Grand-père, raconte-nous cette histoire, implorèrent les enfants, tous en chœur. Les quatre enfants s’installèrent sur le plancher pendant que Grand-père allait chercher son livre d’histoires. Enfin, il l’ouvrit et commença :
Il était une fois un hippocampe nommé Hubert et une étoile de mer appelée Léonie. Ils regardaient les étoiles scintiller dans le ciel, et Hubert récita un poème que sa mère lui avait appris.
– Quel beau poème ! dit la petite Léonie. Sais-tu qu’avant j’étais une étoile ?
– Une étoile dans le ciel ? demanda Hubert. Léonie hocha la tête en souriant.
– Vraiment ? Mais alors, que t’est-il arrivé ? Le sourire de Léonie se figea. Elle avait menti pour impressionner Hubert.
Si maintenant, je lui dis la vérité, se dit-elle, il pensera que je suis comme tout le monde et il ne m’aimera peut-être plus ! Il faut que j’invente une histoire.
– Hum, avant de te rencontrer, commença-t-elle, je vivais dans le ciel, tout là-haut. J’étais une étoile. Une étoile pas comme les autres, à vrai dire, car je pouvais changer de couleur.
– Incroyable ! s’exclama Hubert.
– Mais les autres étoiles étaient jalouses, poursuivit Léonie, parce qu’elles ne pouvaient pas, comme moi, changer de couleur. Alors elles décidèrent de se débarrasser de moi. Un jour, elles m’ont poussée et je suis tombée dans l’océan. J’ai coulé à pic, jusqu’au fond. Si bien qu’aujourd’hui, au lieu d’être une belle étoile aux couleurs chatoyantes, je suis devenue une vilaine étoile de mer, comme toutes les autres.
– Que c’est triste ! s’écria Hubert. Mais pour moi, tu n’es pas une vilaine étoile de mer. Je t’ai toujours aimée comme une amie. Léonie, soulagée, retrouva son sourire. Mais ce soir-là, au moment de s’endormir, elle se sentit troublée : Je n’aurais jamais dû inventer pareille histoire, se dit-elle amèrement. Maintenant, Hubert va croire que c’est une histoire vraie.
Et s’il allait la raconter à quelqu’un ? Qu’est-ce qu’on va penser de moi ?
Ce qu’elle redoutait arriva. Le lendemain, Hubert répéta l’histoire à deux poissons, le vieux Mondéo et Gobie. Ce dernier devint perplexe :
– Mais ma mère m’a toujours dit que les étoiles de mer n’avaient rien à voir avec les étoiles qui sont dans le ciel.
– Tu pourrais toi-même lui poser la question, suggéra Hubert.
Ils allèrent donc trouver Léonie. Celle-ci semblait très mal à l’aise.
– Est-ce que c’est vrai Léonie ? Parce que nous, on n’a jamais entendu parler d’une étoile qui s‘est transformée en étoile de mer. Ils étaient tous là autour d’elle à attendre sa réponse…
L’anxiété se lisait sur son visage. Qu’est-ce que je dois faire ? pensa-t-elle. Continuer de mentir, ou dire la vérité ? Elle comprit ce qu’elle devait faire.
– Pardonnez-moi, dit-elle, je n’ai jamais été une étoile du ciel.
J’ai toujours été une simple étoile de mer, terne et sans couleurs.
– Mais alors, pourquoi m’as-tu menti ? demanda Hubert, avec la même gentillesse.
– Parce que je voulais te faire croire que je n’étais pas comme les autres, pour que tu m’aimes davantage, répondit Léonie.
– Mais je t’aime déjà comme tu es ! s’écria Hubert. Tu es mon amie et c’est tout ce qui compte !
– C’est vrai, approuva Gobie le poisson.
– On est tous différents, remarqua Mondéo. Et c’est pour ça que chacun de nous est unique !
– Tu as raison, soupira Léonie. Je suis désolée. Je ne mentirai plus et je n’inventerai plus jamais ce genre d’histoires. Je suis très heureuse d’avoir des amis comme vous ! Ils pardonnèrent tous à Léonie d’avoir menti, et leur amitié s’en trouva fortifiée. Sur ce, nos quatre amis s’en allèrent, en bande joyeuse, vers de nouvelles aventures.
Grand-père referma son livre au moment même où l’on sonnait à la porte.
– Ce doit être vos parents, fit-il remarquer.
– Merci pour l’histoire, Grand-père ! lancèrent Jean et Antoine.
– Tes histoires nous apprennent toujours à être de meilleurs amis, ajouta Elena.
– J’en suis ravi, dit Grand-père en souriant.
J’ai plaisir à vous lire ces histoires, car elles sont très instructives.
– Je suis content que mes amis m’aiment tel que je suis, conclut Grégoire.
– C’est vrai ! approuva Grand-père, tout en lui ébouriffant les cheveux.
Au revoir, les enfants ! Revenez bientôt !
– Oh oui, grand-père, au revoir !
Chacun de nous est absolument unique, c’est merveilleux, car c’est ainsi que Dieu nous a faits.
Les histoires de grand-père Jacques
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