Qu’y a-t-il Là-Haut, dans le Ciel ? La louange vers la Mère de Dieu ! Avez-vous entendu ce qui est dit dans l’Acathiste* de l’Annonciation* ? Il est dit « Réjouis-toi, protectrice du monde, toi plus haute que les nuages ». 

Un nuage peut recouvrir une ville, un pays, mais la Mère de Dieu avec amour et miséricorde pour les hommes, protège tous les peuples ; voilà combien de grâces elle a reçu du Christ ! 

Toute personne, de la plus petite à la plus grande, là où nous sommes, nous pouvons l’appeler, que ce soit dans la forêt, dans notre chambre, dans la ville, dans les champs ou même dans les prisons, elle nous entend. Car elle est la protectrice et la médiatrice du monde entier vers son Fils Jésus-Christ.

Au Mont Athos, dans le Jardin de la Mère de Dieu, avec ses monastères et ses moines qui prient et glorifient sans cesse le Seigneur Dieu, il y a une église appelée Protaton où l’on peut vénérer l’icône Axionita. Ce mot vient du grec « Axion Estin », qui veut dire : «Il est digne en vérité». Ce sont les premières paroles du chant le plus connu envers la Mère de Dieu. Il a été écrit miraculeusement par l’Archange Gabriel, devant cette icône ! 

Un prêtre a raconté l’histoire de cette icône. La voici :

Dans une vallée du Mont Athos, vivait un saint moine avec son jeune disciple. Ils vivaient tous les deux dans une petite cabane au bas de la montagne, dans la forêt. Ils avaient dans leur cellule cette icône de la Mère de Dieu. Un jour, alors que le vieux moine allait partir dans un monastère pour l’office de toute la nuit, il dit à son jeune disciple :

- Je vais à l’office au monastère, reste dans la cellule mon enfant et fais les prières ici afin de ne pas laisser la cellule vide. 

Celui-ci l’interrogea :

- Mais Père, quel office faire ?

Le moine répondit :

- Mon fils, tu ne pourras pas veiller toute la nuit, alors lis simplement deux ou trois cathismes* du psautier et ensuite devant l’icône de la Mère de Dieu, fais quelques métanies* pour que tu ne t’endormes pas. À chaque fois que tu te prosternes, chante ainsi : 

« Plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, Toi qui sans corruption as enfanté Dieu le Verbe, Toi qui es vraiment Mère de Dieu, nous Te magnifions ». 

Mais il faut dire qu’en ce temps-là, il ne connaissait pas encore le début de la prière. Il ne savait pas comment les Anges louent véritablement la Vierge Toute-Sainte ! 

Alors le jeune disciple fit comme son père spirituel lui conseillait ; il lut quelques cathismes du Psautier et devant l’icône de la Toute-Sainte il fit quelques métanies. Il alluma aussi la veilleuse et se mit à chanter : « Plus vénérable que les Chérubins… » 

Il fit cela jusqu’au milieu de la nuit, afin que lui aussi combatte contre le sommeil et ne dorme que trois ou quatre heures, comme les autres moines, pour que le matin, lorsque son Ancien arrive, ils puissent commencer ensemble les prières. 

Or, quand minuit arriva, quelqu’un frappa à la porte. Il savait que le vieil homme n’arrivait jamais à ce moment-là de la nuit, car le monastère était loin d’ici. Mais qui pouvait venir maintenant ? Il n’ouvrit pas la porte. Et voici qu’une voix se fit entendre !

- Bénissez père ! 

Quand il entendit que l’on demandait la bénédiction, ses craintes se dissipèrent. Il répondit :

- Que le Seigneur te bénisse !

Un jeune moine lumineux et beau entra dans la cabane et l’interrogea :

- Que fais-tu ?

- Qu’est-ce que je fais ? Je vais aller me coucher ! Je suis tellement fatigué à cause des veilles ! 

- Et quelles prières as-tu faites jusqu’à maintenant ?

- Avant de partir au monastère, mon père spirituel m’a conseillé de lire deux ou trois cathismes du Psautier et de chanter « Plus vénérable que les Chérubins » et qu’ensuite je fasse des métanies pour combattre mon sommeil.

L’étranger répondit :

- On ne chante pas seulement « Plus vénérable que les chérubins … »

- Mais si ! C’est comme cela que nous chantons sur toute la Sainte Montagne, dans tous les monastères !

- Non ! Écoute comment nous chantons : « Il est digne en vérité de Te proclamer bienheureuse, Mère de Dieu, toujours bienheureuse et tout-irréprochable et Mère de notre Dieu » et ensuite on ajoute « Plus vénérable que les chérubins... » jusqu’à la fin de la prière.

Le jeune moine, avec humilité et saisi d’émerveillement, ajouta :

- Je n’ai jamais entendu cette version. S’il te plaît, écris-la pour moi ! Je veux aussi l’apprendre. 

- As-tu un crayon et un papier ? 

- Nous n’en avons pas mais je veux tellement l’apprendre ! 

- Sors à l’extérieur et apporte-moi un morceau de pierre plate.

Le jeune disciple sortit vite, trouva la pierre et en la nettoyant il se demandait comment écrire dessus et avec quel instrument. Il commença à chercher ce qui pouvait convenir pour graver la pierre. 

Le jeune homme l’interrogea :

- Que cherches-tu ? 

- Je cherche de quoi graver sur cette pierre. 

- Tu n’en auras pas besoin, laisse-moi m’en occuper.

Et chose étrange, voilà qu’il commença à écrire la prière sur la pierre, avec son doigt, comme si c’était de la cire molle ! Le jeune disciple fut pris de crainte quand il vit que celui-ci écrivait sur la pierre facilement et avec une si belle écriture. Il pensa : « mais comment un homme comme lui peut-il écrire sur le marbre avec son doigt ? ». Il écrivit le chant en entier avec une telle beauté !

Lorsque la prière fut entièrement écrite, le jeune homme signa : « j’ai écrit ceci, moi Gabriel, Archange des puissances célestes ». Et soudain, il disparut de devant lui !

Le jeune novice ne dormit plus de la nuit ! Quand son père spirituel revint au matin, il lui raconta tout ce qui s’était passé avec l’Archange Gabriel et lui montra la pierre gravée. Bientôt, tout le Mont Athos prit connaissance du miracle* et depuis dans toutes les églises et monastères orthodoxes du monde entier, dans les maisons et dans nos cœurs, nous chantons ce chant : 

« Il est digne en vérité de te proclamer bienheureuse, Mère de Dieu, toujours bienheureuse et tout-irréprochable et Mère de notre Dieu. Plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, toi qui sans corruption as enfanté Dieu le Verbe. Toi qui es vraiment Mère de Dieu, nous te magnifions ». 

Réjouis-toi, Merveille qui sans cesse fait jaillir les chants des Anges !

Texte adapté du livre : Contes Povestirii de Père Cleopa Ilie (Père spirituel en Roumanie)

Découverte de mots nouveaux

* Acathiste : c’est une prière sous forme d’hymne adressée principalement à la Mère de Dieu, mais également au Christ, à tel ou tel saint, à la vivifiante Croix. Il existe également des acathistes pour les défunts ou pour exprimer l’action de grâces.

* Annonciation : c’est un grand évènement (fêté le 25 mars), le jour où l’Archange Gabriel est apparu à la Vierge Marie et lui dit qu’elle allait concevoir un fils, qu’elle appellerait Jésus, ce qui signifie Sauveur, le Fils de Dieu. 

* Cathisme : groupe de plusieurs psaumes bibliques. Le psautier de l’Église orthodoxe, psaumes de David, est divisé en 20 cathismes.

* Métanie : La métanie consiste à faire une inclination du buste jusqu’à toucher le sol avec sa main droite. Nous le faisons lorsque nous vénérons les icônes, quand nous demandons la bénédiction au prêtre ou au père spirituel. Nous faisons le signe de croix avant ou après la métanie.

On peut faire une grande métanie en s’inclinant complètement jusqu’à toucher le sol de son front.

* Ce miracle est fêté le 11 juin, lors de la Synaxe de la Mère de Dieu, en mémoire de la révélation de l’hymne : « Axion Estin » par le saint Archange Gabriel