Ajouté le: 2 Juillet 2021 L'heure: 15:14

Jésus délivre un possédé à Capharnaüm

La Vérité ne peut pas être proclamée par le Menteur

(Mc 1/ 21‑28 ; Lc 4/31‑37)

La mission d’évangélisation du Christ a été soigneusement préparée et rigoureusement accomplie. Si le Christ a commencé par proclamer : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est proche » (Mt 4/17 et Mc 1/15), pour manifester qu’Il était bien Celui annoncé par Jean Baptiste – le Messie –, Il a aussitôt accompli des actes thaumaturgiques pour attester qu’Il était le Christ, le Fils de Dieu. C’est après ces préliminaires indispensables qu’Il va révéler l’Évangile, c’est-à-dire les pensées divines – celles de Son Père céleste – dans Son discours inaugural, puis dans Ses nombreux discours théologiques (jusqu’au « sommet », qui est Son « dernier discours », la plus haute révélation faite par Dieu Lui-même, à l’Homme).

Les actes thaumaturgiques du Seigneur, Ses miracles », furent de deux types : des guérisons (physiques, psychiques et spirituelles), et des exorcismes (la délivrance des possédés). Les guérisons touchent le cœur des hommes, parce qu’ils sont tous confrontés à la maladie. Mais il y avait déjà dans le monde antique des guérisons inexpliquées, qui étaient en fait miraculeuses sans qu’on le sache, car l’Esprit-Saint œuvre sans cesse, comme le Père et le Fils, mais mystérieusement1. Par contre les exorcismes révélaient plus encore la puissance divine du Christ, car ils révélaient à tous que Jésus avait pouvoir sur les esprits sous-le-Ciel – les démons – ce qui est proprement divin. Nous en avons ici un bel exemple, d’autant plus intéressant qu’il se passe dans une synagogue, lieu spirituel par excellence, et un jour de sabbat, le plus sacré des 7 jours de la semaine pour les Juifs. Cet exorcisme est rapporté par Saint Marc (c’est-à-dire par Saint Pierre2) et Saint Luc, et à peu près dans les mêmes termes.

Le Seigneur est tout à fait au début de Sa mission, en Galilée. Chez Saint Marc, c’est aussitôt après l’appel des quatre premiers disciples, au bord de la mer de Galilée, et avant la guérison de la belle-mère de Pierre3 ; chez Saint Luc, c’est après que le Christ eut été chassé de Nazareth, à la suite de Son sermon à la synagogue, ce qui entraîna Son installation à Capharnaüm, non loin de Tibériade, au cœur de la « Galilée des nations » (symbole du monde déchu), et avant la guérison de la belle-mère de Pierre3.

Capharnaüm4 était un lieu stratégique pour l’évangélisation de la Galilée, qui servira de terrain d’expérience pour l’ensemble d’Israël (et même pour le monde entier, parce que lieu de rencontre entre les Juifs et les païens), puisqu’il était en plein cœur de la Galilée (dont la mer était le centre), et proche de la capitale, Tibériade5.

Dès le premier sabbat, le Christ se rend à la synagogue6, parce qu’Il est un Juif pieux, et que c’est là où se trouvent les « poissons-hommes » qu’il va falloir tirer de la mer du monde déchu par les filets de l’Évangile7. Seuls les Juifs (dans le monde entier, en cet an 30 du salut) attendaient le Messie et pouvaient recevoir Jésus comme Messie-Christ. C’est l’intelligence divine que d’être venu, en premier lieu, prêcher l’Évangile dans les synagogues, qui annonçaient et préfiguraient l’Église et les églises. Et dans la synagogue, Il prêche. C’était normal : après la lecture de la Loi et des prophètes, le chef de la synagogue demandait à un « rabbi » (un maître) de faire l’exégèse des textes bibliques lus. Or, nous voyons dans l’Évangile que Jésus a toujours été considéré comme un maître, un « rabbi », sans que personne ne sache d’où Lui venait Sa sagesse, ni de qui Il avait été le disciple8. Et les Juifs, pieux, « étaient frappés de Son enseignement », « parce qu’Il les enseignait avec autorité et non pas comme les scribes ». C’est une révélation très importante. Le peuple, qui est prophète, ressentait instinctivement que les paroles de Jésus étaient vraies, parce que provenant de Son cœur, de Son être intérieur, de Son expérience spirituelle et donc de Dieu, et non d’un apprentissage académique, intellectuel, comme le faisaient les scribes, professionnels de l’Écriture sainte (qui condamneront Jésus à mort). Nous pouvons faire cette expérience avec des saints, comme j’ai eu la chance de le faire : on n’a aucun doute sur la véracité de leurs paroles, on sait instinctivement qu’elles viennent de Dieu.

Surgit dans la synagogue un possédé (« ayant l’esprit d’un démon impur »). Il y en avait beaucoup dans l’Antiquité et même en Israël, car le peuple juif avait mis longtemps à rejeter les idoles, et parce qu’il y avait eu l’invasion de peuples païens (les Assyriens et néo-Babyloniens, du 8è au 6è siècle av. J-C), qui avaient « contaminé » Israël. La possession existe parce que les démons sont errants, ne se tenant pas à leur place, dans l’obéissance à Dieu, cherchant des lieux et des personnes à phagocyter (leur servant de « refuges » en attendant le jugement divin ultime, et parce que les hommes trafiquent avec eux, par les rites païens et surtout par la magie et la sorcellerie. Lorsqu’on invoque les démons, par intérêt ou par peur, ils arrivent vite, mais ils s’incrustent.

Ce possédé hurle et crie contre Jésus qu’il n’a jamais vu ni rencontré. Mais le démon (ou les démons) qui est en lui, a vu que Jésus de Nazareth était le Messie, le Fils de Dieu incarné. Alors il hurle pour faire peur aux gens : « Que nous veux-Tu Jésus le Nazarénien ? Es-Tu venu pour nous perdre ? Je sais qui Tu es : le Saint de Dieu ». Le démon ne s’y trompe pas, car, même s’il rejette l’incarnation du Verbe, il ne peut pas faire autrement – parce qu’il est un « esprit » –que de voir en Jésus le Fils du Père céleste, Dieu. Il est significatif qu’il dise « Jésus » car c’est « le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Phi 2/9) et qui est la terreur des démons ; et « nazarénien »9, car Jésus était connu en tant que rabbi de Nazareth10, terme de mépris pour les « grands » de Jérusalem (les scribes et les Pharisiens du Sanhédrin).

Le Christ, aussitôt, commande à l’esprit impur : « Silence [tais-toi] et sors de lui ». Pars, Je te chasse. Et le démon s’enfuit en hurlant. On peut être étonné par ce comportement du Christ et même se dire, à courte vue : c’est bien, le démoniaque confesse le Christ publiquement. Mais les démons sont menteurs : le Christ appelle Satan « menteur et père, Père du mensonge11. Car, effectivement, déguisé dans le Serpent antique [symbole de sagesse] il a trompé Ève, en lui mentant, et a été ainsi la cause initiale de la chute de l’Homme. Le Christ ne peut surtout pas que la Vérité soit confessée par des menteurs, parce qu’elle perdrait tout crédit : les hommes seraient dans une confusion totale, incapables de discerner ce qui vient de Dieu de ce qui vient de Satan. C’est pourquoi, à chaque exorcisme, Il imposera le silence aux démons. La Vérité ne peut être proclamée que par Celui qui « est la Vérité » (« Je suis le chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14/6)).

Les gens sont « effrayés ». Et ils se disent : « Il ordonne même aux esprits impurs, qui lui obéissent ». Ils ont compris qu’Il était vraiment le Messie, le Fils de Dieu. Ce jour-là, le Pêcheur divin a tiré de l’abîme beaucoup de « poissons ». Les Apôtres présents (au moins les quatre premiers) ont vu et compris ce qu’ils devraient faire, après le Maître.

Cet exorcisme a eu un retentissement énorme. Toute la Galilée l’a su, par le bouche-à-oreilles. Saint Marc conclut : « Et Sa renommée se répandit partout en toute la région à l’entour de la Galilée ».

Après avoir guéri de nombreux malades incurables et exorcisé des possédés, ce qui était la preuve incontestable de Sa divinité, Jésus va entreprendre Son évangélisation stricto sensu, en proclamant la Nouvelle Loi, dans Son discours inaugural, la Loi de la Vérité, de la Vie et de l’Amour, qui conduit à la sainteté, la déification.

Laus Tibi Christe !

P. Noël TANAZACQ, Paris

Notes :


1. Parce que ce n’est pas Son caractère hypostatique que de révéler Dieu : c’est celui du Verbe, le Fils.
2. C’est l’Évangile que Pierre prêchait à Rome, pris en sténo et remis en forme par Saint Marc.
3. Qui, chez Saint Matthieu, suit le discours inaugural (le Sermon sur la montagne).
4. Capharnaüm (ville de nahum, c’est-à-dire de la consolation) : petite ville de la rive Nord de la mer de Galilée, située entre Bethsaïde et Gennésareth, à l’Ouest du débouché du Jourdain dans le lac.
5. Mais, étant la résidence d’Hérode Antipas, le tétrarque de Galilée et de Pérée, Tibériade eut été trop risquée pour le Christ.
6. Ses ruines existent toujours. J’y suis allé en pèlerinage avec mon épouse.
7. C’est exactement ce que le Christ vient de dire à Ses 4 premiers disciples, Pierre, André, Jacques et Jean (« Suivez-Moi et Je vous ferai pêcheurs d’hommes » – Mt 4/19, Mc 1/17).
8. Lorsqu’Il parla à la synagogue de Nazareth, les gens dirent : «… d’où Lui vient cette sagesse et les miracles : n’est-Il pas le fils du charpentier… ? » (Mc 6/2-3 ; Lc 4/22 ; Mt 13/54-55). En fait Son Maître unique était Son Père céleste, comme Il le dira Lui-même : « Je ne fais rien de Moi-même, mais Je parle selon ce que le Père M’a enseigné » (Jn 8/28) et : « Les choses que Je dis, Je les dis comme le Père Me les a dites » (Jn 12/50).
9. On trouve dans l’Évangile 2 graphies : Nazarénien (du grec et du latin : Nazarêné) et Nazoréen (du grec Nazôraios), mais qui sera transcrit en latin par « Nazareus » et sera traduit en français par Nazaréen ; chacune est citée 6 fois dans les Évangiles.
10. Nazareth, la ville de Marie et Jésus, était une toute petite bourgade de Galilée, même pas mentionnée dans l’Ancien Testament, et assez éloignée du « centre » de la Galilée, le Lac de Tibériade. C’était la volonté du Père céleste que Son Fils incarné habitât dans une petite bourgade inconnue pour manifester Son humilité. Les « grands » rabbis de Jérusalem n’avaient que mépris pour le « petit » rabbi de Nazareth. Mais la vérité et le salut viendront de Nazareth, alors que le Messie sera tué à Jérusalem.
11. Le Christ répond aux Juifs qui L’agressent : « Vous avez pour père le diable…il est menteur et père du mensonge… » Jn 8/44.

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