Ajouté le: 13 Juin 2021 L'heure: 15:14

Un pain venu du ciel

Il y a bien longtemps, dans un des plus grands monastères de Thébaïde, en Égypte, vivait un petit garçon, appelé Onuphre. Alors qu’il n’était encore qu’un nouveau-né, son père le Roi de Perse l’avait amené au monastère, après en avoir reçu la révélation d’un ange de Dieu.

Le petit Onuphre vivait parmi les autres frères, participant à la vie de prière et de travail du monastère. À ses yeux d’enfant, tout cela apparaissait comme un jeu merveilleux et sans fin. La douce lumière des veilleuses, les couleurs des icônes, les chants des offices et les merveilles qu’ils racontaient, l’odeur de l’encens, les histoires des saints, des martyrs et des ermites qu’on entendait pendant les repas. Chaque jour de nouvelles aventures l’attendaient dans le royaume du Christ.

Onuphre était tendrement aimé par les pères du monastère, et l’higoumène* avait demandé au cuisinier, Père Euloge, de lui donner à manger autant de fois qu’il le demanderait, car n’étant qu’un enfant il avait besoin de forces pour grandir.

Lorsqu’il en avait besoin, le petit Onuphre allait donc en toute simplicité à la cuisine, demander un peu de nourriture. Parfois on lui donnait des fruits, parfois des olives, souvent du pain, et de temps en temps, du miel qu’il aimait beaucoup.

Cependant, les jours passant, Père Euloge commença à s’interroger. En effet, les visites d’Onuphre se faisaient de plus en plus fréquentes, et les quantités de pain qu’il demandait, de plus en plus importantes. 

Ce n’est pas possible, se dit le cuisinier, il doit donner à manger à quelque petit animal… 

Décidé à en avoir le cœur net, la prochaine fois où Onuphre vint prendre son morceau de pain quotidien à la cuisine, Père Euloge le suivit.

Quelle ne fut pas sa surprise en le voyant entrer dans l’église, et fermer soigneusement la porte derrière lui. Sans perdre de temps, et sans un bruit, père Euloge grimpa sur un petit escabeau pour regarder par la fenêtre. 

Il vit alors Onuphre s’approcher de l’iconostase et, debout devant l’icône de la Mère de Dieu, étendre la main en disant au Christ-enfant qu’elle tenait dans ses bras :

Tiens, je t’ai amené un peu de pain aujourd’hui encore puisque personne ne pense à te donner à manger. 

Le cœur du Père Euloge se mit à battre très fort dans sa poitrine, et ses yeux s’ouvrirent comme des soucoupes en voyant soudain le Christ tendre la main, prendre le pain, et le ramener dans l’icône où il disparut. 

C’est tout tremblant et des larmes pleins les yeux que le Père Euloge se précipita vers son higoumène pour tout lui raconter.

Écoute bien ce que tu vas faire, lui dit l’higoumène en souriant. À partir d’aujourd’hui tu ne donneras plus de pain à Onuphre. Et s’il t’en demande, tu lui diras d’aller en demander à Celui qu’il a nourri durant tout ce temps. 

Le lendemain, lorsqu’Onuphre vint à la cuisine pour demander un peu de pain, le cuisinier fit comme le lui avait ordonné l’higoumène. 

Deux ou trois jours passèrent et Onuphre comprit qu›on ne lui donnerait plus de pain. Il vint alors à l’église et tout triste se mit devant l’icône de la Mère de Dieu. Plein de componction*, il s’adressa au Christ qu’elle portait dans ses bras :

Mon Christ, voilà plusieurs jours que le cuisinier ne me donne plus de pain. Il m’a dit de venir demander du pain à celui que je nourrissais pendant tout ce temps. C’est pourquoi je suis venu…

À peine eut-il achevé ces paroles que le Christ étendit sa main depuis l’icône, et tendit à l’enfant une grande miche de pain chaud. 

En voyant cela, Père Euloge, qui selon l’ordre de l’higoumène avait suivi une nouvelle fois Onuphre, faillit tomber de son tabouret. 

Onuphre plein de joie prit dans ses bras la miche de pain. Elle sentait si bon que tous les moines sortirent de leurs cellules pour voir d’où venait cette bonne odeur. Avec surprise, ils virent Onuphre sortant de l'église et tenant dans ses bras un gros pain doré, qui était si grand qu’il pouvait à peine le soulever. Aussitôt, deux Pères coururent pour l’aider et l’amener au réfectoire et pendant des jours, le monastère se régala de ce pain béni, venu du ciel.

Devenu adulte, saint Onuphre quitta le monastère pour être encore plus près de Dieu. Accompagné de son Ange gardien, il partit vivre au milieu du désert, sans vêtement ni nourriture, se confiant en tout, par la prière, en Celui qui depuis son enfance le nourrissait chaque fois qu’il en avait besoin. 

Notre saint Père Onuphre est fêté le 12 juin et à cette occasion nous chantons son tropaire :

« Le désert fut ta cité, dans la chair tu fus un Ange, tes miracles te signalèrent, Père Onuphre porteur-de-Dieu, par le jeûne, les veilles et l’oraison*, tu as reçu les charismes du ciel pour guérir les malades et les âmes des fidèles qui accourent vers toi. Gloire à celui qui t’a donné ce pouvoir, gloire à celui qui t’a couronné, gloire à celui qui opère en tous, par tes prières, le salut. ».

Élise Nicolaou : texte librement adapté du livre grec Όταν γελάει ο ουρανός (Quand le ciel rit)
d‘Anna Iakovou (Éditions Athos, Athènes, 2017)

 

Découverte des mots nouveaux

Higoumène : un higoumène est un moine qui est choisi parmi les autres pour être responsable de tous les moines, et prendre les décisions pour le monastère.

Componction : la componction est le sentiment de se tenir tout petit devant Dieu, lorsque la grandeur de son amour fait trembler notre cœur et nous rend silencieux.

Oraison : un autre mot pour dire « prière ».

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