Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Jean témoigne du Christ. Le Christ témoigne de Jean.
(Mt 3, 11-12; Mc 1, 7-8; Lc 3, 15-18; In 1, 19-28 et Mt 11, 2-15; Lc 7, 18-30)
Nous avons vu, dans le précédent article, que Saint Jean le Précurseur avait surgi d’une façon inattendue dans le désert de Judée pour crier aux enfants d’Israël « Repentez-vous, car le Royaume céleste est proche »1. Nous allons aborder dans cet article la suite de son œuvre : Il va annoncer explicitement la venue imminente du Messie, le Christ. En fait, nous sommes obligés de prendre deux passages différents, chronologiquement, des Évangiles, notamment synoptiques, ce qui est assez rare dans l’Évangile et un peu difficile : le premier est à sa place normale, au début des trois Synoptiques, complétés par Saint Jean, où Saint Jean-Baptiste annonce expressément le Messie, et le second a lieu beaucoup plus tard alors que Jean-Baptiste a déjà été emprisonné par Hérode Antipas et qu’il envoie des disciples questionner Jésus. Nous allons donc essayer de les traiter l’un après l’autre, mais en soulignant leur complémentarité.
Rappelons d’abord la surprenante apparition de Saint Jean-Baptiste dans le désert de Judée et son extraordinaire popularité dans tout Israël. Jean-Baptiste, qui est de vieille souche judéenne et sacerdotale, et qui est aussi un cousin biologique du Christ, est saisi par l’Esprit et crie à tous : préparez-vous, Le voilà, Il vient [le Messie]. Non seulement, il parle du repentir avec puissance – il « crie » – mais encore il baptise d’un baptême de repentir, dans les eaux du Jourdain, fleuve sacré et symbolique par excellence. Après avoir donné des conseils spirituels inspirés et des avertissements redoutables aux hypocrites, il va révéler ce pour quoi Dieu l’a envoyé. Il y a une telle puissance en lui que les gens se demandent « s’il ne serait pas le Christ » (Lc 3/15).
Saint Jean-Baptiste, sachant bien, en tant que prophète, ce que pensaient beaucoup sur lui, va leur révéler « Celui qui vient derrière moi » et « qui est plus fort que moi », mais sans dire Son nom, et d’une façon spirituelle, parce que la plupart de ces gens étaient venus spontanément vers lui, avec simplicité de cœur, sentant confusément qu’il se passait quelque chose d’important et de grave, venant de Dieu. Le peuple est prophète. Nous verrons plus loin que son langage sera très différent avec les élites religieuses. La phrase capitale est : « Moi, je vous baptise dans l’eau, … mais Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu ». C’est l’annonce du baptême chrétien, qui seul sauvera l’Homme de la mort éternelle et le réconciliera avec Dieu. Les hommes attendaient cette annonce depuis des centaines de milliers d’années… Adam et Ève gémissaient dans leur prison de l’Hadès depuis leur mort. Saint Ambroise de Milan commente : « L’eau nettoie le corps, l’Esprit purifie les fautes de l’âme »2.
Parlons d’abord du baptême dans l’Esprit-Saint, qui est très clair : tous les Chrétiens sont baptisés dans l’Esprit-Saint, car c’est Lui qui pénètre et remplit l’eau du baptistère. En y étant plongés, nous sommes immergés dans l’Esprit : c’est une recréation. Par contre l’apparente redondance de l’Esprit et du feu est difficile à comprendre et aucun Père de l’Église n’en donne une explication claire. Remarquons que les deux seuls évangélistes qui en parlent, Saints Matthieu et Luc, rapportent aussitôt les prophéties de Jean-Baptiste sur le jugement dernier, et les rares Pères qui abordent le sujet, tel que Saint Hilaire de Poitiers3, lient le feu au jugement. C’est juste en soi, mais le baptême en lui-même n’est pas un jugement, puisqu’il est le salut. Nous proposons une explication, sans aucune certitude. On peut y voir une distinction entre la Personne du Saint-Esprit, dont le caractère hypostatique est de remplir tout, et Son don, qui est le feu de la grâce. Et là, nous rejoignons les Pères, car le feu de la transfiguration et celui de l’enfer sont le même et unique Feu, qui déifie ceux qui le reçoivent et brûle ceux qui le rejettent.
Puis Saint Jean-Baptiste prophétise longuement sur le Jugement dernier et il annonce des choses redoutables. Le Christ [innommé] va « nettoyer son aire » qui représente le monde comme le dit Saint Jean Chrysostome4, c’est-à-dire proclamer la vérité, apporter la lumière dans les ténèbres, puis « vanner », c’est-à-dire séparer le grain de la paille (comme l’ivraie et le bon grain dans la parabole du Seigneur), « recueillir le blé dans Son grenier », c’est-à-dire accueillir les âmes justes dans Son Royaume, et enfin « consumer les bales [la paille] au feu qui ne s’éteint pas », c’est-à-dire juger les pécheurs [non repentants] et les plonger dans l’enfer éternel. Ce « feu inextinguible » est le feu de l’amour divin, qui sauve et déifie ceux qui le reçoivent, et qui brûle ceux qui le rejettent5.
Or, dans les versets qui suivent, chez les trois Synoptiques, il est dit que « Jésus arrive, de Galilée, vers Jean pour être baptisé ». La prophétie de Saint Jean-Baptiste était donc très précise et sa réalisation imminente.
Tout cela est arrivé aux oreilles du Sanhédrin qui s’inquiète. Ceux qui ont des pouvoirs dans les structures religieuses se méfient toujours des prophètes, parce qu’ils bousculent l’ordre établi, ce qui leur fait craindre pour leurs pouvoirs. C’était vrai en Israël et c’est souvent vrai aussi dans l’Église…
« Ils envoient de Jérusalem des prêtres et des lévites » (Jn 1/19), dont certains étaient pharisiens (Jn 1/24) pour voir ce qui se passe dans le désert de Judée et questionner Jean-Baptiste. « Toi, qui es-tu ? ». « Il déclara qu’il n’était pas le Christ ». Un prophète de Dieu veille toujours à dissiper au préalable les doutes et les ambiguïtés. Seuls les faux prophètes entretiennent le doute. Es-tu Élie ? (les Juifs attendaient le retour d’Élie en s’appuyant sur une prophétie de Malachie)6. « Non ». « Es-tu LE Prophète ? ». Saint Jean Chrysostome7 rappelle que Dieu avait dit à Moïse : « Le Seigneur ton Dieu te suscitera du milieu de toi un prophète comme Moi…. »8 (Dt 18/15). « Non ». Alors « qui es-tu… ? Que dis-tu de toi-même » ? Et Jean-Baptiste redit ce qu’il ne cessait de dire au peuple, à savoir la prophétie d’Isaïe qui le concernait (« ...Moi, je suis la voix de celui qui crie dans le désert…, comme l’a dit Isaïe… » – Is. 40/3). Ils ne lâchent pas l’affaire : ils poursuivent l’interrogatoire : « Pourquoi donc baptises-tu si tu n’es pas le Christ, ni Élie, ni Le Prophète ? » La question est pertinente et probablement posée par des scribes qui sont aussi pharisiens (Jn 1/24).
Il ne va pas répondre directement à la question, parce que sa personne n’est pas importante : c’est la mission que lui a confiée le Saint-Esprit qui est importante. Il va leur révéler que le Messie est venu, mais sans dire Son nom et dans un langage prophétique, qui s’adressait à des initiés et qui supposait de leur part un effort : « Au milieu de vous se tient Quelqu’un que vous ne connaissez pas, Celui qui vient derrière moi… ». Cela signifiait que le Christ était déjà là [ce que Jean-Baptiste n’avait pas dit au peuple], mais qu’ils ne pouvaient pas le reconnaître, puisqu’Il n’avait pas encore été révélé en tant que Tel (ce qui arrivera le lendemain ou quelques jours après, lors de Son Baptême par Jean-Baptiste), avec deux critères de vérité que seuls des initiés – prêtres, scribes et Pharisiens – pouvaient décrypter : d’abord : « Il vient derrière moi » : cela correspondait à la prophétie d’Isaïe, qu’ils connaissaient tous par cœur ; puis : « je ne suis pas digne de délier la courroie de Sa sandale ». Ce qu’il dit à propos des sandales est très important et aurait dû éveiller en eux un grand intérêt. Délier les sandales d’un grand personnage invité dans une maison était le rôle des esclaves, qui retiraient les sandales, lavaient les pieds, les parfumaient et parfois les baisaient. Qu’un grand prophète comme Jean pût dire qu’il n’était pas digne d’être l’esclave de Celui qui venait après lui, indiquait clairement qu’il s’agissait du Messie, le Fils de Dieu. Comme le dit Saint Jean Chrysostome, cela signifiait : il n’y a aucune commune mesure entre moi et Lui9. Il y a un autre sens, plus fort : dénouer les sandales signifiait accueillir dans une maison. En fait Jean-Baptiste dit : je ne suis pas digne de L’accueillir, c’est Lui qui m’accueille chez Lui, car tout Lui appartient. Cela correspond à ce qu’Il dira au Christ venant Se faire baptiser : ce n’est pas à moi de Te baptiser, c’est à Toi de me baptiser. On peut ajouter que les envoyés du Sanhédrin ne sont pas venus demander le baptême de repentance, et que Jean ne leur a pas annoncé le baptême nouveau dans l’Esprit-Saint, parce que, en tant que prophète, il lisait dans leurs cœurs et savait qu’ils rejetteraient Jésus. Il ne leur a rien dit de plus parce qu’ils ne voulaient pas en savoir plus. La suite lui donnera raison : le Christ sera détesté par le Sanhédrin dès le début de Son apostolat, sans raison.
La seconde partiede ces péricopes évangéliques sur Saint Jean-Baptiste est remarquable, parce que c’est Jésus Lui-même qui va confirmer tout ce que Jean avait dit. Entretemps, il s’est passé quelque chose de grave, qui est l’arrestation de Jean-Baptiste par Hérode Antipas10 et son incarcération dans la prison de Machéronte11.
Nous savons par Saint Matthieu et Saint Marc que Jean a été arrêté aussitôt après la tentation du Christ au désert, qui avait suivi Son baptême par Jean : cette arrestation a donc eu lieu dès le début de la vie publique du Seigneur. Pour plus de détails, nous renvoyons le lecteur à notre article sur le martyre de Saint Jean-Baptiste12.
Saint Jean « a entendu parler dans sa prison des œuvres du Christ » et a envoyé deux de ses disciples auprès de Jésus (Lc 7/18). D’après Saint Luc cela s’est passé après la résurrection du fils de la veuve de Naïm, dont Jean a entendu parler et qui l’a décidé à envoyer une mission auprès de Jésus. Nous sommes donc au début de la première année de mission du Seigneur. La question que fait poser Jean au Christ est simple : « Es-Tu Celui qui vient [qui doit venir]ou devons-nous en attendre un autre ? » Cela peut paraître surprenant, parce qu’il est évident, à travers le récit évangélique du baptême du Christ, que Jean savait que Jésus était le Messie, d’autant plus qu’il dira à certains de ses disciples, en montrant Jésus du doigt : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».
Les Pères de l’Église, et en particulier Saint Éphrem le Syrien13, Saint Hilaire, Saint Ambroise et Saint Jean Chrysostome ont très bien décrypté le sens de cette démarche. Saint Éphrem13 dit que « Jean savait qu’il précèderait le Sauveur parmi les morts comme il L’avait précédé parmi les vivants... » et qu’il voulait amener ses disciples à passer au Christ. En fait, les paroles qu’il leur fait dire leur sont destinées. Saint Jean Chrysostome ajoute que Jésus lisait dans leurs pensées les doutes qu’ils avaient sur Lui, car plusieurs disciples de Jean pensaient que leur maître était le Christ. Le Seigneur n’a pas dit qu’Il était le Messie, car ils auraient pu Lui reprocher de Se rendre témoignage à Lui-même, comme le feront les Pharisiens (Jn 8/13). Mais Saint Luc précise opportunément que « à cette heure-là, Jésus guérit beaucoup de maladies et infirmités et esprits mauvais et accorda la vue à beaucoup d’aveugles ». Ainsi les disciples de Jean ont vu et entendu ce qu’accomplissait Jésus. Puis le Seigneur leur répond en citant ce que Isaïe avait prophétisé de Lui, huit siècles auparavant : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Is 26/19). « Partez annoncer à Jean ce que vous avez vu et entendu ». Le Seigneur ne dit pas cela pour Jean, mais pour eux, car la prophétie d’Isaïe attestait qu’Il était le Messie. Et Il ajouta une parole, qui peut sembler mystérieuse en cette circonstance : « Et heureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet ». Le Seigneur connaissant leurs doutes s’adresse directement à eux : ne vous scandalisez pas lorsque vous Me verrez dans l’horreur de Ma Passion. Le Christ sait que plusieurs L’abandonneront14 (Jn 6/60 et 66), et qu’Il devra reprendre sévèrement Simon-Pierre lors de la première annonce de Sa Passion (« arrière Satan »).
Après, Il va faire un panégyrique extraordinaire de Saint Jean-Baptiste, mais pas devant eux, pour ne pas les conditionner et les laisser libres de choisir. Mais ce panégyrique étonnant va se présenter sous la forme d’une « colère de Dieu ». Le Christ va fustiger le peuple en utilisant même une ironie mordante. Pourquoi ? Parce que les Juifs allaient voir Jean-Baptiste comme on va à un spectacle, nous dirions à notre époque faire du tourisme religieux. Car Jean était tellement extraordinaire qu’il était devenu un « phénomène de mode ».
« Qu’êtes-vous allez voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? » Un roseau est vide et creux, sans richesse intérieure, et il ploie au gré des vents : cela représente « l’esprit charnel qui s’incline d’un côté ou de l’autre dès qu’il est touché par la flatterie ou la critique, oscillant entre les deux » (Saint Grégoire le Grand)15. Jean est exactement l’inverse : il est un roc, un chêne immense, planté solidement dans la terre et qui va jusqu’au Ciel. Il est la droiture incarnée, ce qu’il enseignera. Il tient bon contre vents et marées (il tiendra tête à Hérode Antipas, ce qui lui vaudra la mort). Imitez-le. Ne soyez pas, vous, comme des roseaux agités par les vents du monde. Nous pouvons tirer de cette comparaison entre un roseau et Jean-Baptiste un précepte spirituel : ne pas s’enorgueillir des compliments et ne pas désespérer des critiques.
Qu’êtes-vous allés voir ? Un homme habillé richement et vivant dans le luxe ? Mais ces gens-là vivent dans les palais des rois de ce monde. Lui a choisi la voie royale de l’ascèse, il s’est dépouillé de tout pour Dieu et il vit dans un dénuement total. Rejetez la mollesse des plaisirs et ayez le courage de l’ascèse et du combat spirituel. La colère du Christ s’enflamme parce que les foules étaient allées voir Jean-Baptiste, mais qu’elles ne croyaient pas en Lui, Dieu, le Messie. D’ailleurs dans la péricope suivante, Il va invectiver les villes des bords du Lac de Tibériade et leur prédire l’Enfer (Mt 11/20-24).
Qu’êtes-vous allezvoir ? Un prophète ? « Oui et plus qu’un prophète », car les prophètes, depuis Élie, M’ont seulement annoncé. Lui, Jean, M’a vu, comme le soulignent Saint Hilaire16 et Saint Ambroise17, et M’a montré au peuple, à tous, comme étant le Messie, le Fils de Dieu incarné, le « seul Sauveur du monde ». Les temps sont accomplis.
Le Christ ajoute : « Amen, Je vous le dis [Logion divin, Parole éternelle] : il n’y a pas de plus grand que Jean parmi les enfants nés de femmes ». C’est une des paroles les plus difficiles de cette péricope et de tout l’Évangile. Si cette parole était compréhensible pour les Juifs du 1er siècle et les premiers chrétiens, elle est difficile pour nous, car la tradition chrétienne, depuis le 3è Concile œcuménique (Éphèse 431) proclame que Marie la Mère de Dieu est la plus grande des personnes humaines, et même la plus grande de toutes les créatures. Il est étonnant que les Pères de l’Église, au moins jusqu’au 7è siècle n’y fassent pas allusion et ne semblent pas se poser la question. En imitant la prudence des Pères de l’Église lorsqu’ils se trouvent face à des passages incompréhensibles de l’Écriture et qui disent : il semble que…, nous osons avancer quelques arguments, sans certitude :
- Le Christ a toujours veillé à ce que Sa mission ne soit pas perçue comme une « affaire de famille » : on le voit assez sévère avec Sa famille biologique, et même avec Sa mère (cf. à Cana).
- La place de la femme dans l’Antiquité était petite, et il eût été probablement inconcevable qu’Il pût mettre en exergue une femme au-dessus des hommes, même s’Il a eu une audace étonnante en la matière (avec la Samaritaine, avec Marie de Magdala et d’autres).
- Les termes grec, gennêtois et latin natos, qui sont des participes passés de « naître », sont au masculin : il s’agit donc d’enfants mâles, de garçons. D’ailleurs les Pères de l’Église en prennent acte. Cela pourrait résoudre la difficulté puisque Marie est une fille.
Nous devons reconnaître que nous ne pouvons pas en dire plus. Le Christ-Dieu révèle ce qu’Il juge bon [en fonction de notre capacité à le recevoir], lorsqu’Il le juge bon, à qui Il le juge bon et dans les formes qu’Il juge bonnes. Qu’Il soit béni, dans notre connaissance et dans notre inconnaissance !
La parole suivante qu’Il prononce est aussi difficile : « mais le plus petit dans le Royaume céleste est plus grand que lui [Jean-Baptiste]. Là, les Pères et notamment Saint Éphrem, nous apportent des éclairages. Ils estiment que le Christ souligne la différence considérable qui existe entre recevoir sur terre l’enseignement de Dieu, même lorsqu’on est inspiré par le Saint-Esprit, et le fait d’être déifié dans le Royaume céleste, qui est une communion ineffable à Dieu. Il n’en demeure pas moins que c’est une phrase difficile.
Le discours final – qui n’est pas rapporté que par Saint Matthieu – est un peu moins hermétique, mais néanmoins difficile. Pourquoi le Seigneur dit-Il que, maintenant [« depuis les jours de Jean jusqu’à présent », ce qui signifie : depuis que Je suis là, parmi vous, incarné] « ce sont les violents qui ravissent le Royaume des Cieux » ? La formulation peut surprendre mais Jésus est le Verbe, « l’Épée à deux tranchants », Sa parole est vérité, car Il est la Vérité. Dès qu’Il est apparu, qu’Il eût révélé aux Juifs et au monde les pensées de Son Père céleste et qu’Il eût manifesté la Bonté de Son Père par d’innombrables guérisons gratuites, le peuple souffrant s’est agglutiné à Lui, Juifs et païens, comme des naufragés s’agrippant à une Bouée de sauvetage. Et, alors que les « grands », les intelligents, les religieux professionnels Le rejetaient avec mépris, les publicains, les prostituées, les brigands, les braves gens Lui ont « forcé la main » : prends-moi, emmène-moi, sauve-moi, et ils sont entrés dans le Royaume de Dieu. Saint Jean Chrysostome fait dire au Christ : « ceux qui viennent vers Moi, M’arrachent leurs guérisons et entrent avec violence [dans le Royaume des Cieux] ». Les plus beaux exemples seront Matthieu le publicain, le Centurion de Capharnaüm, Marie de Magdala, la Cananéenne, Zachée et le Bon Larron.C’est probablement le sens de cette parole mystérieuse. Nous pouvons aussi y voir un aspect essentiel de la théologie et de la spiritualité chrétienne, qu’on trouve déjà dans le comportement du Patriarche Jacob, lorsqu’il « lutta avec Dieu » (Ge 32/26) 1700 ans avant l’Incarnation du Verbe, puis dans la doctrine orthodoxe de la Synergie, l’union libre des deux volontés18. L’Homme doit conquérir Dieu, conquérir ce qui lui est offert gratuitement. Dieu ne nous considère pas comme des mendiants, mais comme des dieux.
Cette péricope s’achève par un logion divin : « Et si vous voulez M’en croire... » [vous n’êtes pas obligés de Me croire, mais Je vous demande de Me croire, Moi votre Dieu] c’est lui [Jean-Baptiste] l’Élie qui devait venir ». Comme le disent les Pères, il n’était pas la personne d’Élie, mais il avait reçu l’esprit d’Élie. L’Évangile n’est pas formaliste, mais spirituel. La Vérité est en Esprit – selon l’Esprit-Saint – et non dans la forme extérieure.
Que Saint Jean-Baptiste nous conduise à la grotte de Bethléem et que nous puissions, avec lui, avec les Bergers et les Mages, adorer le Messie, Jésus-Christ.
P. Noël TANAZACQ, Paris
Notes :
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