Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
La fête la plus ancienne et la plus importante de toutes est sans aucun doute la Résurrection de notre Seigneur ! Dès l’époque de l’Église Primitive les chrétiens ont eu la conscience de la fête Pascale et ils ont établi une période de préparation convenable, une période d’intense repentir, pendant laquelle ils puissent s’approprier la Passion du Seigneur, et mourir avec Lui pour pouvoir ensuite ressusciter avec Lui du tombeau du péché !
Cette période de préparation pour la fête de la Résurrection dure dix semaines et porte le nom de période du Triode.
Étymologiquement, le mot triode provient du grec ΤΡΙΩΔΙΟΝ, formé des mots τρία et ώδή, à savoir trois odes ou chants en trois strophes. Dans un sens plus large, dans la vie liturgique, le Triode a deux interprétations :
a) Le Triode est l’une des trois grandes périodes de l’année liturgique.
Appelée aussi la période pré-pascale, le Triode précède la période du Pentecostaire (les huit semaines après Pâques) et suit la période la plus longue, l’Octoèque. Le temps du Triode s’étend du Dimanche du Publicain et du Pharisien jusqu’au Samedi Saint (avant Pâques), en tout 10 semaines qui nous préparent et nous provoquent à un retour sincère sur soi et à une démarche sérieuse de notre être tout entier, pour notre rencontre, notre vie et notre mort avec et dans le Christ crucifié et ressuscité. Les trois premières semaines avaient un rôle préparateur pour le carême, les six suivantes représentaient le Grand Carême, et la dernière était la Semaine de la Passion. Le temps de la préparation des catéchumènes pour le Baptême durait également 40 jours. Ainsi, plus tard, ces périodes (de préparation pour le Baptême et d’intense repentir pour la Résurrection du Christ), ont fusionné et ont formé la période du Triode.
b) le Triode est ensuite le livre de culte qui comprend les chants, les lectures et les règles canoniques de la période de l’année qui porte ce nom. Le titre du livre provient du nombre des odes (chants/péans) des canons des matines de cette période. À la différence des canons que l’on trouve dans l’Octoèque et les Ménées, dans le Triode ceux-ci ne sont pas formés de huit (neuf) odes, mais habituellement de trois seulement. La plupart des canons du Triode ont été composés par saint Théodore le Studite (†826) et par son frère, Joseph le Studite (†830) du monastère du Studion de Constantinople, qui ont complété les chants plus anciens des saints Côme de Maïouma et André de Crète, qui ont accompli leur ascèse au monastère Saint Sabbas de Jérusalem au VIIIe siècle. La structure du livre témoigne en quelque sorte aussi de son ancienneté. Les premières compositions du Triode ont été faites à une époque où cette forme de l’hymnographie, le canon, n’était pas encore cristallisée. C’est pourquoi nous avons des canons formés de trois chants, et non pas de huit. Les saints hymnographes du Monastère du Studion ont continué le travail de leurs prédécesseurs dans cette direction, en respectant en tout le format des canons. Nous trouvons dans le Triode d’autres auteurs comme : saint Jean Damascène, Clément le Studite et un moine de Jérusalem, auxquels s’ajoute saint Sophrone, le patriarche de Jérusalem (†638) qui a composé un nombre important de chants qui auraient couvert, s’ils avaient été conservés, tout le Grand Carême. Même si au Xesiècle ceux-ci étaient entrés dans l’usage liturgique, aucun de ses triodes (trois-chants) composés par lui n’est arrivé jusqu’à nous.
Saint Théodore a eu aussi le mérite de trouver un équilibre en ce qui concerne l’existence bipolaire des chrétiens d’Orient : le pôle monacal/ascétique et le pôle cathédral. Aux IX-Xe siècles, au monastère de Studion, a eu lieu ce phénomène de fusion entre les deux typikons, monacal et laïque, ayant pour résultat le typikon mixte. Justement, dans ce contexte, le Triode représente pratiquement cette unité distincte entre le monacal et le cathédral, entre l’austère et l’éclat du faste liturgique.
Même si nous avons plusieurs auteurs pour un même livre, nous remarquons l’existence d’une structure intérieure unitaire du Triode. Il vise d’une part des sens théologiques multiples, et d’autre part une montée spirituelle intérieure de l’Église toute entière vers la Résurrection du Christ. C’est l’Esprit Saint qui donne cette unité de l’Église, en faisant que tous soient un. Nous voyons la même chose dans les Saintes Écritures qui comprennent des auteurs différents, mais un Même Esprit, dans les chants qui ont été gardés intacts à travers les siècles et dans les œuvres sanctificatrices de tous les jours.
La période du Triode est une école ascétique de la Résurrection où l’hymnographie en est l’abécédaire.
Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Le site internet www.apostolia.eu est financé par le gouvernement roumain, par le Departement pour les roumains à l'étranger
Conținutul acestui website nu reprezintă poziția oficială a Departamentului pentru Românii de Pretutindeni
Copyright @ 2008 - 2023 Apostolia. Tous les droits réservés
Publication implementaée par GWP Team