Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Les Psaumes de David
Colonnes de soutien de la prière de l’Église, les psaumes du Roi David nourrissent la piété des fidèles depuis les premières communautés chrétiennes, et ils n’ont pas cessé d’illuminer le chemin d’espérance et de fidélité des cœurs assoiffés de la vérité de l’Évangile du Christ.
Les versets des psaumes sont chantés ou proclamés au cours des offices et l’Église, dans les prokimena, les antiennes et les graduels qui précédent les lectures. Ils sont analogues à des arches de lumière par lesquelles la Tradition aménage l’entrée de notre cœur dans l’intimité de la parole du Verbe, garante de la divine connaissance qui sauve le monde. Toute l’Écriture sainte est un foyer de lumière et de sagesse divine et l’Ancien Testament annonce, par ses préfigurations, la vie de grâce que le Seigneur Jésus-Christ, dans son économie de salut et de rédemption du monde, a fait descendre du ciel sur la terre. L’Ancien Testament est un porche par lequel est passé le Verbe de Dieu, annoncé jadis par les voix prophétiques, pour illuminer nos vies de la splendeur de la lumière de la vérité. La vie de grâce de l’Évangile reçoit de la parole du Verbe ses colonnes de soutien et elle nous oriente loin des broussailles de l’erreur et des voies d’errance du monde. L’Évangile fait ruisseler pour nous ses flots depuis les hauteurs du ciel, et il nous vivifie, renouvelle nos âmes altérées par l’ardeur accablante des passions qui nous font la guerre.
En ces temps de l’accomplissement de toutes choses en Christ, dans la grâce de l’Esprit, ces temps qui ont inauguré à la Pentecôte, la venue du règne de Dieu, les arches de feu des psaumes du roi-prophète David, brûlant de l’ardeur du feu de son cœur aimant, n’en continuent pas moins de réchauffer notre âme. Ses ondes n’en finissent pas de nous abreuver, son souffle impétueux de nous animer d’une indéfectible espérance et la vigueur de ses paroles de fortifier notre foi. Les versets des psaumes, plus que tout autre livre de l’Ancien Testament, tissent la trame des offices de l’Église. Leurs cris d’imploration, alternant tour à tour, les appels à la miséricorde, les chants d’action de grâces et de glorification du Nom, sont des cantilènes d’interpellation de la bonté de Dieu. Lorsque le divin visage du Seigneur se dérobait aux yeux du Roi David, son cœur n’avait de cesse, au long des nuits et des jours, de scruter l’horizon de l’attente, de guetter l’approche de l’unique Consolateur, Celui dont les flots de bonté n’ont cessé d’irriguer les veines de son âme, d’aimanter d’un doux attrait sa vie de jeune berger élevée par élection divine à la royauté d’Israël. Posté sur la guérite de la citadelle de son cœur, comme un cerf altéré, il chante : « Comme le cerf languit après les eaux vives, ainsi mon âme te désire, ô Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu fort, du Dieu vivant ; quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu. » (Ps 41, 2-3).
Ces perles d’une éclatante beauté, ciselées par la lame brûlante du cœur aimant de David, le chantre du divin amour, à la gloire et à la louange de Dieu, s’offrent à nous pour nourrir notre piété. Les cordes de la harpe de la louange davidique n’étaient jamais au repos, et elles vibraient au moindre souffle de la grâce pour le don de son tribut de gratitude au Seul miséricordieux et compatissant. Devançant l’aurore, David entremêlait, aux premiers rayons du jour, les accents de sa fidélité : « Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt. Je vais chanter et jouer un psaume en ma gloire. Éveille-toi, ma gloire, éveille-toi, ma harpe, et toi, ma cithare, je m’éveillerai à l’aurore. » (Ps 107, 2-3). Elles vibraient sous la violence de l’adversité, sous l’assaut des bataillons ennemis, sous le déferlement de l’ouragan des tentations. Elles vibraient dans la fraîcheur de la brise de la consolation de la grâce. Et l’âme de David est devenue féconde de Dieu, d’une telle fécondité que la lignée issue de lui a fait mûrir et a offert à l’humanité, l’épanouissement de l’insigne fruit de la grâce : la Vierge Marie, la Mère de Dieu. Avant que naisse la Vierge au terme de la durée temporelle des mille ans1 qui la séparait de son ancêtre David, et qui fit advenir la plénitude des temps, la grâce avait apprêté, sur la harpe prophétique du doux roi, des cantiques qui allaient illuminer de leur douce candeur, par des accents de fidélité et de tendresse, l’âme virginale de la Toute-Immaculée, la Toute-Pure, la glorieuse Souveraine et Mère de Dieu.
L’esprit prophétique que Dieu avait départi à David, transparaît en plusieurs de ses Psaumes que l’Église a reçu comme la dot insigne consentie, à celle qui, Vierge et Mère, allait rendre sa beauté première à la nature humaine disgraciée par le péché. L’Église la célèbre ainsi dans l’un de ses Théotokia dogmatiques :
David le Prophète, qui grâce à toi est l’ancêtre de Dieu, a annoncé dans ses chants à Celui qui a fait de grandes choses pour toi. Voici la reine se tient à ta droite. Il t’a révélée Mère et médiatrice de la vie, le Dieu qui a bien voulu s’incarner de toi sans Père, pour renouveler son image corrompue par les passions et retrouver la brebis égarée dans la montagne. L’ayant prise sur ses épaules, Il la porte à son Père. Et par sa propre volonté, la réunit aux Puissances célestes, et sauve le monde, ô Mère de Dieu, Lui, le Christ qui possède la grande et abondante miséricorde. (Théotokion dogmatique, ton 4)
Le psaume 117
Les 176 versets du Psaume 117, nous offrent 176 modalités par lesquelles se déclinait dans le cœur de David, l’idiome de la fidélité et de l’amour. Les versets de ce psaume rendent témoignage de l’esprit de la grâce prophétique que le Seigneur avait donné à David. Ces versets sont les stances d’un chant nuptial jaillissant d’un cœur pur et virginal qui est assurément celui de la Vierge. Les fibres de la fidélité et de l’amour qui assurent le tissage de ces versets, on ne saurait s’y tromper, sont celui du cœur de l’Épouse du Cantique des cantiques, qui « monte du désert aride du monde, raviné par le péché (cf., Cant 8, 5) et animée de l’ardent désir d’étreindre l’Époux céleste. « Comme j’ai aimé ta loi Seigneur, tout le jour elle est ma méditation. » (Ps 118, 97) « Que tes paroles sont douces à mon palais, plus que le miel à ma bouche. » (Ps 118, 103) Les 176 versets sont autant de modulations d’une ritournelle, dont les brillantes perles, enchâssées sur la corde sensible de l’âme éprise de Dieu, nous offrent le doux reflet du visage de l’Époux. Ce psaume est assurément le chant de la Vierge Marie, fille de David et Épouse de Dieu.
L’entree au temple de la vierge
À l’âge de trois ans, la Vierge consentit à franchir le seuil de la maison paternelle, à délier de ses chevilles le lien d’attache à ses parents et à devenir, elle-même, une offrande dans l’offrande d’Anne et de Joachim. « En grande joie, la jeune fille entra dans la Maison du Seigneur comme dans une chambre nuptiale. Quoique très jeune, âgée de trois ans, elle était parfaite dans la grâce de Dieu, car avant la création du monde [le Seigneur] avait prévu qu’elle devait devenir Sa Mère et l’avait par avance ordonnée pour Le porter dans son sein.2 »
Les paroles du Roi David avait enlacé de leur doux attrait l’âme d’enfant de la Vierge : « Écoute ma fille, regarde et incline l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père, alors le Roi, désirera ta beauté, car Il est ton Seigneur. À Lui convient l’adoration. » (Ps 44, 11-12) Elle reçut en digne présent, à un âge où les paupières de l’âme commencent à peine à s’ouvrir à la lumière de la vie, le diadème d’une insigne élection. Prédestinée avant tous les siècles à devenir la Mère de son Seigneur, elle se voit confier la Nef de la traversée de la mer houleuse et agitée des passions du monde pour toute la race humaine. Elle brida le tumulte des vagues du péché et fit aborder notre nature au port de la liberté. A-t-on jamais vu sur terre, une jeune fille de trois ans, recevoir les insignes d’une souveraineté royale ? « Malheur à la nation dont le Roi est un enfant ! » s’écrie l’Ecclésiaste. (Qo 10, 16). La Vierge fut, dès son entrée au Temple, en possession de la panoplie de la guerrière intrépide. Étrangère au péché, Sanctuaire de la pureté, Trône de la divine Sagesse, « Demeure où se plaît la volonté du Dieu incréé3 », elle reçoit la souveraineté sur tout l’Univers. La Hiérarchie angélique, les Esprits de feu des célestes hauteurs l’entourent de leurs soins empressés et obéissent à la moindre directive de son âme réglée sur les desseins de la divine Sagesse.
L’ascese formatrice de la vierge
Tous les âges la disent bienheureuse et l’honorent comme l’Épouse du Roi des siècles, l’Intendante du puits des divines grâces. Nous l’honorons et la vénérons comme il sied à celle qui, née de la terre, surpasse en splendeur, la magnificence des hauteurs célestes. D’aucuns lui attribuent la maturité d’une Souveraine mûrie par l’expérience dans la lumière de la vie du monde. Un tel honneur ne sied pas à celle dont la volonté et le désir ne connurent nul autre point d’attache que l’ancre ferme et solide de l’amour de l’Unique désirable et aimable, notre Dieu sauveur, l’Époux de notre âme. Elle s’est soumise, avant la Croix de son Fils, par une ascèse formatrice à l’éducation ardue du Bois des outrages, et elle s’est présentée au Père, sur l’autel de l’amour, comme une offrande sacerdotale « comme une agnelle sans tache, – victime pure revêtue des boucles de sa toison ; non pour être égorgée sous le coup du couteau mais pour proposer en holocauste les austérités de sa vie.4 » La Mère de Dieu s’est adonnée, dès son jeune âge à l’ascèse, et elle en a fait la respiration de sa vie. Elle a ouvert, par sa vie austère, la bouche de son âme et attiré l’Esprit. L’Archimandrite Aimilianos appelle l’ascèse : « la respiration et l’activité cardiaque de l’âme5 » : « J’ai ouvert la bouche et j’ai attiré l’Esprit ». (Ps 118, 131). « L’ascèse est une voix qui crie vers Dieu pour attirer son amour6 ». « C’est le labeur et le langage que Dieu comprend, la voix que Dieu entend, la voix qu’Il reconnaît7». Elle est la gardienne de la pureté, de l’humilité et de toutes les vertus8».
L’humilite de la vierge
Le port d’attache du cœur de la Vierge, le puits aux ondes pures qui désaltèrent son âme assoiffée, les pierres vives qui pavent la route sur laquelle s’engagent ses pas, l’ombre dont la fraîcheur lui procure le repos à l’heure de la chaleur accablante de midi, (cf., Cant 1, 7) la vêture de son cœur chaste, pur et virginal, n’est autre que l’humilité : la vertu sans âge où plutôt, la vertu qui surpasse en beauté et en saveur, les fruits dont la croissance est soumise à l’alternance des saisons de l’âme. L’humilité n’est pas une vertu qui s’acquiert par une conquête, ni qui résulte d’une tension vertueuse de l’âme. L’humilité n’est pas un bien qui nous advient du dehors mais elle est une dépossession de soi.
L’ame de « trois ans » de la vierge
L’ascèse à laquelle nous nous adonnons, ne saurait nous procurer le renouveau de notre vie et le rajeunissement de l’âme, que si nous abordons, « au cœur de notre cœur » à ce havre de pureté et de virginité, abrité des assauts étrangers, de tous vices et malices et qui est le havre de notre âme de « trois ans ». Notre âme de trois ans demeure, toute notre vie, lotie au cœur de notre cœur, et elle porte en elle la graine de toutes les Béatitudes. « Si vous ne retournez pas à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. » (Mt 18, 3) Le monde ignore le trésor enfoui en ce lieu, car il ne rime avec aucun des esprits de possession dont aime s’éprendre l’âme adonnée au péché. Il ne rime pas avec les esprits d’acquisition des biens terrestres ou d’abondance matérielle. C’est au cœur de ce havre, en son centre le plus intérieur que réside le Paradis, le fruit béni de suavité exquise que l’Eden nous tend librement, sans nul besoin pour nous de rivaliser de prouesse ou de monter au sommet des arbres.
Retrouvons notre âme d’enfant de trois ans en veillant à la préserver de la rouille du vieillissement. La Mère de Dieu nous en montre le chemin.
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