Ajouté le: 1 Avril 2017 L'heure: 15:14

Sur la Résurrection du Seigneur

La Croix, la mort et la Résurrection du Christ – Mystère de notre salut

Le Christ est ressuscité !

 

Avec l’écoulement de plus en plus rapide du temps, nous voilà arrivés cette année encore, préparés ou moins préparés, à la Solennité de la Résurrection de Notre Seigneur.

Mais le rythme toujours plus précipité de notre vie quotidienne menace justement notre capacité de goûter à l’Essentiel, de vivre dans l’Essentiel et nous pousse à vivre à la hâte même les moments les plus importants de notre vie personnelle, familiale, ecclésiale ou sociale… Cela peut se passer aussi avec la Lumineuse Solennité d’aujourd’hui, si l’on ne réussit pas à identifier la modalité pour freiner la course quotidienne et réduire le tourbillon dans lequel nous entraînent les soucis de tous les jours. Mais heureusement pour nous, avec la perspective de Dieu qui demeure dans l’Éternité, toutes les imperfections et les échecs qui caractérisent notre temps limité peuvent être récupérés, à tout moment, si l’on se tourne vers Lui pour confier toute notre vie et notre espérance en Ses mains.

C'est à vous qu'a été donné le Mystère du Royaume de Dieu, nous dit le Seigneur (cf. Mc. 4, 11). Et tout d’abord, ce Mystère a été implanté dans notre âme par la grande Grâce reçue au Baptême, et confirmée par le Saint Chrême, et multipliée par la communion avec le Saint Corps et Sang du Christ, par laquelle nous sommes devenus, tout comme le sarment greffé sur la vigne, membres du Corps du Christ crucifié, mort et ressuscité (cf. Jn. 15, 5). C’est le Mystère de l’Église, comme Corps du Christ (cf. 1 Cor. 12, 27), composé de tous ceux qui Lui ont promis au Baptême foi et fidélité et se sont prosternés devant le Père, le Fils et le Saint Esprit, la Trinité consubstantielle et inséparable, en se considérant (serfs) serviteurs de Celle-ci.

Quelle merveille ! Mais alors, pourquoi se voit-on, jour après jour, plutôt vieillir dans les mauvais penchants au lieu de se renouveler à l’image et la ressemblance de Christ ? La réponse est que, en dépit de la grande Grâce du Baptême, à laquelle s’ajoute pour certains la grâce du Mariage ou de la Profession Monastique, ou même celle de l’ordination diaconale, sacerdotale ou épiscopale, le fait de transformer le vieil homme (cf. Rom. 6, 6 ; Col. 3, 9) en homme nouveau (cf. Col. 3, 10 ; Éph. 4, 24), à l’image restaurée en Christ, ne s’accomplit pas par lui-même, sans que nous coopérions avec la Grâce qui nous a été donnée. Et cela parce que notre Dieu ne peut pas transgresser en ceux qu’Il a créés à Son image justement, Son attribut le plus important, c’est-à-dire la liberté. Notre Dieu ne nous impose ni Son amour, ni les moyens par lesquels nous pouvons Lui ressembler, ni le salut. Par contre, notre Seigneur Jésus Christ a accompli tout ce qui dépendait de Lui pour que le monde ait la vie et qu’il l’ait en abondance (cf. Jn. 10, 10) et il se tient à la porte de l’âme et il frappe (Apoc. 3, 20), doux et humble (cf. Mt. 11, 29), en attendant que chacun d’entre nous Lui ouvre. Il nous dit aujourd’hui et à chaque Sainte Liturgie, à chacun d’entre nous : Mon Temps est proche, je ferai chez toi la Pâque (cf. Mt. 26, 18).

De ce choix, devant lequel nous sommes tous mis, de jour en jour et d'heure en heure, jusqu’à notre dernier souffle, d’ouvrir ou non la porte au Seigneur, de vouloir ou de ne pas vouloir faire la Pâque avec Lui, dépend si en nous commence ou non à agir la Grâce divine douée de la force de guérir nos impuissances et de suppléer aux carences que nous avons héritées de nos ancêtres.

Alors, nous qui sommes arrivés à cette Solennité bénie, rejetons tout ce qui nous appesantit et le péché qui nous enveloppe et courons avec persévérance dans le combat qui nous attend, les yeux fixés sur Jésus – crucifié et mis au tombeau et ressuscité –, l’auteur et le consommateur de la foi (cf. Héb. 12, 1-2). Déposons devant Lui tout ce qui est digne d’être rejeté et consigné à la mort – en pensée, en parole et par action –, non seulement aujourd’hui, mais toujours, pour faire en sorte qu’en nous agisse la force guérissante et renouvelante de Sa mort et Résurrection. À condition de consentir dans notre cœur, par le repentir, à crucifier et à donner à la mort tout ce qui, en nous, s’oppose aux commandements du Christ, nous verrons alors agir en nous la Grâce de Sa Résurrection, source de vie nouvelle, non seulement à Pâques, mais à chaque repentir, confession et communion, et même lorsque, paternellement et pédagogiquement, Dieu met à l’épreuve notre patience et notre confiance en Lui, permettant que nous nous confrontions à des problèmes et des difficultés.

Et lorsque nous consentons à mourir au péché pour ressusciter avec le Christ,  ne le faisons pas uniquement pour nous-mêmes ; mais nous, le clergé, faisons-le, toujours, pour nous-mêmes et pour tout le peuple qui nous est confié pour en être pasteurs, pour les veuves et les orphelins, pour les malades et les errants, pour les persécutés et pour les emprisonnés ; que les époux le fassent l’un pour l’autre ; que les chefs de famille le fassent pour toute leur maison ; que celles qui portent dans le ventre ou dans les bras des enfants le fassent pour eux aussi ; que les parrains et les marraines le fassent pour les filleuls ; que les enfants le fassent aussi pour leurs parents ; et nous tous faisons-le, chaque fois, pour ceux qui nous aiment comme pour ceux qui nous haïssent, pour ceux qui nous font du bien comme pour ceux qui nous font du mal, pour tous nos chers vivants et endormis, et pour le monde entier. Ainsi, nous aussi, nous pourrons accomplir le nouveau commandement de Dieu (cf. Jn.13, 34), aimer tous les autres comme Il nous a aimés, endurer crucifixion et mort, et être ressuscités pour le salut de nous tous. Car, par la Croix, la joie est venue dans le monde entier.

Que cette joie authentique et éternelle remplisse les cœurs et les maisons de vous tous et qu’elle marque un nouveau départ salutaire de votre vie, pour la gloire de Dieu loué en Trinité, aux siècles des siècles. Amen.

† L’Évêque Silouane d’Italie,
(Fragment de la Lettre Pastorale à la Résurrection du Seigneur 2016)

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