Ajouté le: 1 Avril 2022 L'heure: 15:14

La Pâque du Seigneur – le retour à la vie selon Dieu

Dans le tumulte du monde harcelé, depuis plus d’un an, par un ennemi aussi petit qu’effrayant, dans le va-et-vient de l’attente de nouveaux commencements, dans le fracas assourdissant des véhicules et des engins qui reprennent leur activité, se fait entendre aussi cette année la bonne nouvelle des chrétiens orthodoxes : « Le Christ est ressuscité ! En vérité Il est ressuscité ! » Même si nous ne pouvons pas célébrer entièrement dans les conditions habituelles, nous devons pourtant rendre grâces et remercier Dieu parce qu’Il nous a permis de pouvoir nous rassembler à l’église et accomplir ce qui convient pour la Fête de la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

Si durant ces jours les pensées de ce monde sont surtout concentrées sur le fait de retrouver les habitudes de vie d’avant le début de la pandémie, la pensée du chrétien se plonge dans le mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu, qui par amour des hommes, est devenu (aussi) Fils de l’Homme, pour nous et pour notre salut, et est venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance (cf. Jean 10, 10). Mais ce monde semble se contenter de sa propre manière de vivre et ne peut pas s’imaginer une autre « vie » que celle qu’il connaît : course, travail pour se nourrir et la maigre récompense de quelques jours de congés par an... Et après, on recommence... Le monde semble vouloir ignorer la souffrance, et surtout la mort qu’il cherche à camoufler et à cosmétiser le mieux qu’il peut. (...)

La voie par laquelle l’homme se détourne de la tromperie de ce monde et de celui qui la trompe et peut embrasser la vraie vie, c’est le Mystère du Saint Baptême. C’est pourquoi le Saint Apôtre Paul nous dit : Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. (Romains 6, 3-4). (...)

Si quelqu’un est en Christ, il est un être nouveau ; ce qui est ancien est passé, voilà que tout est renouvelé (2 Corinthiens 5, 17), nous rappelle l’Apôtre. C’est ainsi que la vie intérieure du chrétien est orientée, mystérieusement, vers d’autres horizons que l’horizon – et l’horizontale – de ce monde, suivant l’exhortation du même Apôtre : Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. (Colossiens 3, 1-3). (...)

Par Sa mort et Sa résurrection, le Christ Sauveur nous met devant un choix : celui de commencer une vie nouvelle, fondée sur Ses commandements et qui tire sa sève de Ses Saints Sacrements, ou de continuer de vivre selon le monde, fondé sur des « estimations » et des « promesses » humaines et sur la stimulation et la cultivation des passions et des plaisirs. En celui qui choisit la vie nouvelle, le Christ Lui-même œuvre, par Sa grâce, et souffre avec lui, et selon la mesure du zèle et de la confiance que l’homme Lui montre, il le rend participant aux fruits spirituels et de Sa mort et de Sa résurrection. En Christ, plus personne n’est seul ! Le Christ partage avec chacun tout ce qu’il vit, toutes les peines et les joies, à l’exception du péché. Et tout comme, par Sa propre mort, Il a triomphé dans Son corps du péché et de la mort, le Christ triomphe, par la grâce, du péché et de la mort, aussi dans chacun de ceux qui L’accueillent et croient en Son Nom (cf. Jean 1, 12), en les rendant participants à Sa vie infinie.

Le cœur de celui qui s’abreuve à la vie nouvelle en Christ souffre avec ceux qui accueillent la Fête de la Résurrection sur le lit de souffrance et avec ceux qui les soignent et leur rendent service ; il se sent proche des nécessiteux ou des vaincus de la vie et qui ne voient plus aucune issue au point mort où ils sont arrivés... Il porte dans sa prière et dans son affection tous ceux qui sont loin et ceux qui ont déjà quitté ce monde, en se réjouissant avec eux de la Résurrection du Maître – espoir de toutes les extrémités de la terre et de ceux qui sont loin sur la mer, des vivants et des défunts. (...)

Avec tout l’espoir inébranlable dans la sollicitude de Dieu envers chacun d’entre nous et en vous embrassant sans distanciation dans le Christ Ressuscité,

† Évêque Silouane de l’Évêché Orthodoxe Roumain d’Italie

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