Le monde d’aujourd’hui, comme celui dans lequel naissait le Christ Dieu jadis, ne sait plus recevoir et chercher la Lumière, parce qu’il aime les ténèbres plus que la Lumière, car ses œuvres sont mauvaises. Car quiconque fait le mal hait la Lumière et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées (cf. Jn. 3. 19-20). Malgré cela, même dans ce monde qui se trouve aujourd’hui dans les ténèbres de la méconnaissance du Vrai Dieu, luit la même lumière que celle qui a éclairé les pasteurs, pendant la nuit, à Bethléem, et que celle qui a guidé les mages d’Orient et les a menés de l’adoration des étoiles à adorer le Seigneur, comme Soleil de Justice, et à Le (re)connaître comme Orient d’en haut, comme nous le chantons dans le tropaire de la Fête.

L’une des raisons pour laquelle le monde où nous vivons ne connait et ne reconnait plus Jésus, né dans la crèche de Bethléem, comme son Seigneur, son Dieu et son Sauveur, et ne croit plus en Lui, c’est que nous, qui nous disons « chrétiens » – ce qui veut dire ceux qui appartiennent au Christ – nous ne savons plus vraiment ce qu’apporte le fait que Dieu s’est fait homme. Nous ne profitons plus pleinement de ce que le Dieu-Homme, Jésus Christ, nous partage sa venue au monde. Et, parce que nous ne vivons pas la plénitude de la grâce (cf. Jn. 1, 16) qu’a apportée le Christ Seigneur, Il n’est plus formé en nous (cf. Gal. 4, 19) de façon visible, pour que ceux qui nous entourent Le voient et Le reconnaissent en nous. Nos sens ne sont plus disposés à goûter et à témoigner des biens divins, étant attirés plutôt par les beautés éphémères, terrestres. Voilà pourquoi ce que les Saintes Écritures et les Saints Pères appellent la Sainte Tradition en vient aujourd’hui à se réduire à des « traditions et coutumes », qui concernent plutôt le boire et le manger que les biens du Royaume des Cieux (cf. 1. Pr. 2, 9). La Loi de Dieu a été remplacée par nos « coutumes », qui parfois n’ont plus rien à voir avec le Mystère de l’incarnation du Fils de Dieu.

Dans ce contexte, la Solennité de la Nativité du Seigneur constitue, d’autant plus, un temps propice pour faire une trêve dans la course quotidienne et nous calmer un peu, pour pénétrer plus profondément le Mystère du salut. Cela nous permet de nous rappeler quel est réellement le contenu de la vraie Tradition, à savoir ce qu’apporte à l’homme et au monde en général l’incarnation de Dieu le Verbe : le fait que Dieu s’est fait homme. Nous avons en effet la responsabilité de nous approprier le contenu de la Tradition qui nous vient des Apôtres, pour le vivre et le transmettre à notre tour à nos enfants et pour rendre témoignage au monde de son Sauveur et annoncer à ceux qui nous entourent le Royaume de Dieu.

Que la joie et la paix de la lumineuse Fête de la Nativité du Seigneur remplissent vos âmes et votre vie et se répandent sur vos familles, sur ceux qui vous entourent et ceux qui sont loin, sur les grands et les enfants, sur les jeunes et les plus âgés, sur les parents et les grands-parents, sur celles qui attendent un enfant et celles qui prient pour recevoir le don d’engendrer, sur les veuves et les orphelins, sur les migrants et les nécessiteux, sur ceux qui sont mis à l’épreuve et sur tous nos frères qui ont souffert du tremblement de terre ou sont restés sans lieu de culte, sur ceux qui sont seuls et attristés, sur les malades et les souffrants, sur ceux qui veillent sur eux et les soignent, sur les persécutés et les prisonniers, sur ceux qui sont encore parmi nous et ceux qui ne le sont plus, sur tous ceux qui subissent le deuil, sur tout Homme et sur ce monde si tourmenté et séparé dans l'époque où nous vivons ! Annonçons à tous que le Christ est né pour tout Homme qui est dans le monde, pour l’Adam entier, aussi bien pour nos contemporains que pour ceux qui nous ont quittés pour rejoindre l’éternité, pour ceux d’aujourd’hui et ceux d’hier, et pour tous ceux qui se sont endormis depuis des siècles, nos pères et nos frères, nos mères et nos sœurs, qui reposent ici et en tout lieu.

Et que toute âme chrétienne sache, en cette lumineuse Solennité, que le monde entier a besoin, plus que jamais, de la prière de chacun d’entre nous, petit ou grand, et a besoin que nous sanctifiions notre vie, pour le salut de tous ! Car un peu de levain fait lever toute la pâte (cf. Gal. 5, 9).

Seigneur, Toi qui es venu, en toute humilité, et es né dans la grotte de Bethléem, répands ta paix, ta miséricorde et ta bénédiction sur le monde que Tu as façonné, sur ton peuple et sur tous les « fils de l’homme », en touchant les cœurs de chacun de ta Grâce pacificatrice et pleine de pardon, qui purifie et renouvelle la vie, en nous appelant à ta connaissance, pour notre salut à tous, maintenant et à jamais. Amen.

En vous souhaitant des Fêtes remplies de joie et de paix, et en vous envoyant nos paternelles bénédictions,

† Évêque Silouane de l’Évêché Orthodoxe Roumain d’Italie