Ajouté le: 1 Décembre 2013 L'heure: 15:14

Parole pour la Nativité du Seigneur

Bien aimés frères et sœurs en Christ,

La fête de l’incarnation du Seigneur et du commencement de Son séjour dans ce monde constitue pour nous, au-delà de la joie et de la paix qu’elle nous apporte, des présents que nous recevons et de bonnes choses auxquelles nous goûtons, une occasion bénie d’approfondir notre foi, nous qui confessons dans le Crédo, concernant le seul Seigneur Jésus-Christ, qu’Il est descendu des cieux et S’est incarné, du Saint Esprit et de la Vierge Marie, et S’est fait homme. De la mesure dont nous pénétrons et nous nous laissons pénétrer par ce Mystère de l’Incarnation de Dieu, dépend comment nous allons tirer profit, des dons qu’Il nous a apportés et que nous sommes appelés à faire nôtres, en vue de notre salut. 

Voici que le Fils de Dieu prend chair, et ce pour une raison, qui dépasse de beaucoup la simple occasion, chaque année, de festoyer et de bien manger, ou de recevoir et d’offrir des cadeaux. Comme nous le dit l’Evangile, Il vient nous apporter la Grâce divine et, bien plus, grâce sur grâce.

Deux mille ans après l’incarnation du Seigneur, l’atmosphère spirituelle et de conscience de la présence et même de l’existence du Dieu Vivant, ressemble d’une façon frappante à celle d’avant l’incarnation de notre Sauveur. L’aveuglement spirituel et la « surdité » par rapport à la Parole de Vérité sont les mêmes; l’indifférence aux choses célestes et la préoccupation exclusive pour les choses terrestres, qui peuvent être goûtées dans l’immédiat, ici et maintenant, caractérisent la plupart des chrétiens, et, encore  plus, tous les autres habitants de la terre.

Voilà  la réalité présente, déchristianisée, dans laquelle nous sommes appelés à accueillir la Naissance du Seigneur. Et c’est justement pourquoi, il est si important, il est même ESSENTIEL, de comprendre de quelle façon le Fils de Dieu devient le Fils de l’Homme, pour nous – TOUS – et pour notre salut.  De comprendre de quelle manière Il s’approprie et assume la nature déchue  de l’Homme (d’Adam) .

Le Fils de Dieu ne prend pas sur lui une humanité impersonnelle, générale, mais s’approprie, en assumant la nature humaine, chaque porteur de celle-ci, chaque individu (en grec, atomos), afin de lui conférer le statut de personne (hypostase de la nature humaine,  assumée par Lui). Cela me concerne donc aussi, et concerne chaque moi parmi nous. Cela nous concerne tous, en tant que fils de l’homme, car IL nous a restitué  non seulement la conciliation et l’unité de notre être intérieur, mais aussi la réconciliation entre nous. En fait, la fête de la Naissance du Seigneur devient, pour chacun d’entre nous, la célébration de notre propre incarnation dans le corps du Nouvel Adam. Contrairement au vieil Adam, qui nous a contaminés par sa chute et par  ses conséquences néfastes, cette fête nous rend, telle la greffe qui partage la sève du tronc d’arbre, participants à Sa vie propre, à Son Corps et à Son Sang purifiés du péché et de la mort, et qui, à partir de maintenant, nous transmettent la sainteté et la vie éternelle (cf. 1 Corinthiens, 15, 45). Ce MIRACLE s’est passé avec chacun d’entre nous par le Baptême, lorsque nous nous sommes dépouillés du vieil homme et nous avons revêtu le nouveau (cf. Colossiens, 3, 9; Ephésiens, 4, 22; Romains, 6, 6), en devenant non seulement un seul corps avec le Christ, mais aussi les fils, par la Grâce, du Père Céleste et, par conséquent, héritiers de Son Royaume, dont Il attend, à la fin notre passage sur terre, que nous en prenions possession.

C’est pourquoi, comprenant pleinement quelle est la part de Dieu dans l’œuvre de notre salut, réjouissons-nous du Seigneur Qui vient vers nous, non pas dans des visions effrayantes, mais comme un petit enfant, tendant ses mains délicates vers nous, attendant que nous L’accueillions, sans crainte, dans les bras de notre cœur, croyant à Sa puissance salvatrice, car, lorsqu’Il a pris l’apparence d’un esclave et s’est fait en tout semblable à nous (cf. Philippiens 2,7), Il a assumé notre nature, Y COMPRIS ses impuissances, ses manques, ses craintes, ses penchants à glisser vers le mal, bref ce qui mène à la perdition et au châtiment. Parce qu’Il savait que les dépasser et les guérir était impossible pour nous seuls : il nous reste seulement de les assumer et nous en repentir avec courage et les Lui apporter, pour  la guérison, en bravant la tentation de les cacher, dans les broussailles comme Adam, ou encore de les laisser s’imposer comme si elles étaient normales, sous prétexte que c’est ce que tout le monde fait …

En agissant ainsi, nous allons entendre résonner aussi dans nos cœurs, le chant des anges annonçant la Naissance du Seigneur, nous remplissant d’une paix et d’une bienveillance, qui vont se répandre sur ceux qui nous entourent, sur notre prochain (parents, mari, femme, enfants, frères et sœurs), que nous avons  souvent tendance à ignorer, à expédier ou à blesser, et apporter dans nos maisons, une grande joie… Et ainsi, en faisant nôtre la Grâce de l’Incarnation du Seigneur, nous reconstruisons l’émiettement apporté en nous et entre nous, par l’individualisme et par l’égoïsme, fruits de la séparation de Dieu.

Ayant donc plus clairs dans notre conscience chrétienne la grandeur des dons que nous apporte l’incarnation du Fils de Dieu, chantons nous aussi, avec le saint et grand Hiérarque Grégoire, le Théologien:

Le Christ est né! Glorifiez-Le!
Le Christ descend des Cieux! Venez à Sa rencontre!
Le Christ est sur la terre! Elevez-vous!
Que toute la terre chante le Seigneur!
Et dans l’allégresse, peuples, glorifiez-Le, car Il S’est couvert de gloire!

Que la Naissance de notre Seigneur Jésus-Christ vous apporte à tous joie et édification!

Et que la Nouvelle Année calendaire qui s’approche, soit pour vous l’occasion d’un nouveau début,  sur la voie salvatrice,  à la suite de Celui Qui S’est fait notre semblable, pour nous rendre Sa ressemblance, que nous avons perdue!

Votre père et guide sur le chemin du salut, dans ces temps d’épreuve et de difficultés, avec l’espoir inébranlable dans la miséricorde et l’aide de notre Dieu,  Qui aime les hommes,

† Evêque SILOUANE, de l’Evêché Orthodoxe Roumain d’Italie

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