Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
De la cosmologie aux neurosciences
À quelques égards, le XXe siècle est le siècle de la physique et de la cosmologie, si nous tenons compte des découvertes scientifiques les plus importantes : l’expansion de l’univers, le modèle cosmologique du Big Bang, l’astrophysique et la physique des trous noirs, la relativité restreinte et la relativité générale formulées par Einstein, la théorie de la mécanique quantique, avec la dualité onde-corpuscule, ayant des propriétés impossibles à traduire dans les termes de l’expérience directe. Nous apercevons un univers gigantesque et dynamique, avec un passé éloigné ; un univers avec des centaines de milliards de galaxies générées avec l’arrière-plan spatio-temporel, par une explosion exponentielle d’un vide primordial. La science nous aide à entrevoir, en plan physique, comment nous, les hommes, nous récapitulons la Création, car dans nos corps il y a des éléments produits par les étoiles dans leur combustion nucléaire. Nous avons découvert de même que l’espace-temps présente des propriétés contre-intuitives, se déformant à des vitesses relativistes ou en voisinage de corps denses, et que l’univers entier, le micro ou le macrocosme, est caractérisé par une profonde et troublante rationalité.
D’autre part, le XXIe siècle est certainement le siècle des sciences de la vie. La médecine et la psychologie, les neurosciences et la génétique sont aujourd’hui des zones d’exploration brûlantes, qui ont fourni des découvertes qui ont révolutionné profondément notre manière de comprendre la vie et l’homme. Nous sommes les témoins de nos capacités biologiques de renouvellement, la neuroplasticité et la neurogénèse constatant en détail la complexité du corps humain et l’impact des expériences culturelles et des cognitions sociales, des pensées et des expériences, de l’ascèse spirituelle et de la vie religieuse sur la santé. À travers les résultats fournis par les sciences médicales, nous savons aujourd’hui que tout ce que nous faisons influence notre manière d’être, l’expérience, les convictions, la foi et les habitudes quotidiennes devenant décisives dans le plan de notre devenir. La manière dont nous vivons et nous agissons se ressent jusque dans les couches les plus profondes de notre biologie, influençant l’expression des gènes et la qualité des fonctions cellulaires (telles que la fonction mitochondriale), la réponse proinflammatrice et antivirale (mise en évidence dans la Réponse Transcrite Conservée à l’Adversité), mais aussi la longueur de la vie (visible dans la longueur des bras télomériques).
Tous ces résultats qui concernent l’Univers, la vie et l’homme sont accessibles aujourd’hui dans le domaine de l’enseignement secondaire et universitaire, dans divers programmes de master, dans de nombreux livres écrits par des auteurs reconnus, et suscitent encore et encore l’émerveillement et la réflexion concernant l’être merveilleux que nous sommes et l’extraordinaire vie que nous vivons dans cet univers formidable.
Eh bien, ces deux fronts extraordinaires de la connaissance rencontrent la réflexion théologique, offrant des occasions excellentes pour un dialogue aux valences édifiantes.
Mais dans le domaine de la philosophie il y a également des éléments qui ont facilité le dialogue avec la théologie et la science. Par exemple, la distinction entre les sciences de la nature et les sciences de l’esprit, inaugurées par Wilhelm Dilthey et Friedrich Schleiermacher. On y clarifie le statut des sciences qui concernent directement l’homme, marquant en même temps le temps et l’espace d’autonomie des sciences de la nature. Un autre exemple est représenté par les approches offertes par la phénoménologie allemande et sa dérivation française. Husserl, par exemple, remet à l’honneur l’intuition, dans le contexte d’une avancée de plus en plus grande des explorations empiriques, logiques-rationnelles et déterministes des sciences. La phénoménologie nous avertit du fait que nous sommes beaucoup trop redevables aux concepts quantitatifs, utilisés dans les sciences de la nature, et place au centre de l’expérience de la connaissance le sujet humain, avec son intentionnalité, avec son équipement sensoriel. Il s’agit d’un sujet qui a accès aux significations et au sens, les significations étant toujours plus qu’un cumul de données empiriques. Aucun autre dispositif technique, quelque performant qu’il soit, ne peut offrir l’accès au sens. Seul le sujet humain a ce privilège, et par là la phénoménologie prépare d’une manière extraordinaire le dialogue de la théologie avec la science.
Il est tout à fait remarquable de voir comment ces contributions se sont synchronisées avec les mutations opérées dans le plan de la connaissance scientifique, dans la cosmologie et les sciences médicales. Nous pouvons ainsi voir la manière dont la distinction entre les sciences de l’esprit et les sciences de la nature, d’un côté, et la réflexion phénoménologique, de l’autre, a offert d’excellents outils d’analyse et des éléments pour établir un dialogue entre la théologie, la philosophie et les sciences.
L’homme, entre le micro et le macrocosme, pénétrant et comprenant les deux, par la compréhension
Par conséquent, d’un côté de ce vaste territoire de la recherche scientifique se trouve l’univers, avec ses dimensions extraordinaires et ses lois fascinantes. De l’autre côté se trouve le territoire mystérieux du microcosme. Entre les deux il y a le monde vivant, avec ses processus particulièrement complexes, avec ses dizaines de millions d’espèces, répandues dans un tableau extrêmement généreux de règnes et espèces, depuis les organismes unicellulaires aux mammifères les plus complexes. Mais dans le champ de la vie, et en quelque sorte au-delà, à mi-chemin entre le macro et le microcosme, se trouve l’homme. Et comme problème universel, accompagnant toujours le fait de la connaissance, sollicitant de manière intense des explorations scientifiques fondamentales, mais surtout des analyses philosophiques et spirituelles, il y a le problème insurmontable des conditions de possibilité de la connaissance. Quelle est la nature des concepts mathématiques ? Comment est possible la compatibilité formidable entre les notions mathématiques et la réalité environnante ? Comment s’explique l’intimité troublante des mathématiques de l’esprit humain avec les patrons des phénomènes physiques du monde environnant, du micro et du macrocosme ? À cet égard, la phénoménologie et les neurosciences constatent sans interruption la merveilleuse structure spirituelle-somatique de l’être humain, qui perçoit le monde dans un spectre sensoriel, étant capable de la réception de la vie, du soi et des semblables, de décoder et signifier ces réalités.
Scientifiquement parlant, le cosmos s’avère être cognoscible, mathématiquement descriptible, tandis que l’esprit humain, l’architecture et la physiologie neuronale du cerveau possède des structures et des mécanismes capables de codifier et d’archiver les expériences de l’univers physique, de leur associer des sens, de développer des réflexions là-dessus, en internalisant d’une manière formidable l’expérience du monde extérieur. Par cette manière d’être de l’homme, dans le fait de la connaissance, nous pouvons associer au monde des sens de plus en plus élevés, en les combinant dans des narrations aux significations de plus en plus amples, unissant la rive proche de l’expérience habituelle de la vie avec la recherche empirique, et plus loin encore, avec la rive plus haute de la compréhension, et attribuant des significations spirituelles à toutes les découvertes.
(À suivre)
Adrian Sorin Mihalache
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