Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
La cosmologie affirme que l’univers où nous vivons est étroitement lié à la vie. À première vue, cette affirmation paraît audacieuse, puisque, comme nous le savons, l’univers est immense, et la terre semble insignifiante. Cependant toute une série de résultats, qui se réfèrent à l’intensité des interactions fondamentales et à leurs rapports, indiquent le fait que les structures les plus amples et les plus profondes du micro et du macrocosme sont calibrées de telle manière à permettre les structures spécifiques au monde vivant.
Toute une collection de résultats qui se réfèrent à l’interaction forte, qui lie les nucléons au sein du noyau atomique, et qui concernent l’interaction faible, responsable de la désintégration du noyau, prouvent que ces forces ont des intensités parfaitement convenables pour la constitution et la stabilité des atomes du monde vivant. Des appréciations de même type sont formulées concernant les interactions électromagnétique et gravitationnelle. Pour que la Terre où nous vivons puisse exister, avec toutes ses conditions physiques et climatiques, beaucoup de conditions sont nécessaires. La plupart de ces conditions concernent directement ou indirectement l’intensité de ces deux forces. Celles-ci règlent les caractéristiques de la Terre et de l’atmosphère, la température, le circuit de l’eau et beaucoup d’autres conditions nécessaires à la vie. Si ces forces avaient eu d’autres caractéristiques, certainement une autre Terre et un autre Soleil auraient existé. Il y aurait eu trop de radiation lumineuse, d’une étoile trop grande, ou une Terre trop petite, avec une attraction gravitationnelle incapable de garder l’enveloppe atmosphérique qui protège la vie de la radiation et des météorites. Des résultats de ce type, sur lesquels on a beaucoup écrit, a conduit certains cosmologues à affirmer que l’univers est si bien structuré et a des intensités si convenables à la Terre et à ses structures vivantes, qu’on pourrait le considérer comme biophile (ayant donc une disposition pour la vie)1.
La vie est indispensablement liee a la lumiere
La biologie et la physique nous persuadent aujourd’hui, avec des données validées, que la vie du monde terrestre dépend d’une manière décisive de la lumière. Le monde végétal dans toute sa diversité est possible seulement dans les conditions d’un processus miraculeux : la photosynthèse. La lumière du soleil, plus précisément les photons qui arrivent au niveau du sol, est miraculeusement captée par le monde vivant, étant utilisée par les cellules vivantes en tant que source d’énergie pour tous les processus qui entretiennent la vie. La lumière aide le monde vivant à croître, à se nourrir, à métaboliser les substances nutritives, mettant en mouvement toute une chaîne trophique qui entraîne des milliards d’exemplaires appartenant à des dizaines de millions d’espèces. La reproduction et la nourriture, la survie et la migration des espèces, mais aussi la configuration de tout un environnement de la vie, comme le sont les zones étendues qui se dégèlent au printemps, à divers endroits du globe, tout dépend de la lumière. Les arbres, par exemple, ont des processus internes sensibles à la quantité de lumière qui existe durant une journée, une caractéristique qui leur offre la chance de bien choisir le moment de la floraison. De cette façon, ils évitent de bourgeonner au premier jour chaud du printemps, leur horloge intérieure tenant compte de la longueur de la journée. De nombreuses espèces se mettent en mouvement dès que la lumière et la chaleur du soleil commencent à croître, en prouvant l’étendue des effets de la lumière dans le plan du monde vivant.
Mais la lumière est également constitutive de la vie, parce que les processus les plus fins, qui ont lieu à l’intérieur des cellules, qui relèvent de l’excitabilité, du métabolisme cellulaire ou de la préservation des mécanismes d’équilibre, sont entretenus par la lumière, par des courants électriques qui déclenchent ou arrêtent, selon le cas, la chaîne de processus biochimiques qui participent à la vie.
La lumiere devoile le monde entier
À partir des données de l’astrophysique nous apprenons que le monde est également étroitement lié à la lumière. La gravitation a un mot décisif à dire dans la configuration du cosmos, à une très grande échelle. Les dimensions des structures cosmiques gigantesques comme les clusters et les galaxies, mais aussi des étoiles et des planètes, sont décidées, dans une large mesure, par l’intensité gravitationnelle. Si elle dispose de matière suffisante, de gaz et de poussière cosmique, la gravitation va comprimer le matériel dans des corps massifs qui arrivent à accumuler dans leur noyau des pressions et des températures assez élevées pour déclencher l’action de la force nucléaire forte, mettant en mouvement des réactions de fusion. Et dans le processus de combustion nucléaire des étoiles, produit par la gravitation, la matière de leur noyau produit toute une famille de noyaux lourds, qui ont assuré la diversité atomique du monde, avec ses éléments et ses substances, mais aussi beaucoup de lumière. De cette manière, mobilisée par la gravitation, l’interaction forte produit à partir de la matière cosmique de la radiation électromagnétique, mettant en évidence le lien extraordinaire entre le monde et la lumière.
Toutes les découvertes majeures de la cosmologie et de l’astrophysique des derniers siècles ont été faites par l’intermédiaire de la lumière. Cette radiation, douée de la possibilité d’enregistrer et de transporter fidèlement, à des distances pratiquement illimitées, des données sur les processus physiques des étoiles et sur la structure de l’espace qu’elle traverse, raconte à l’humanité l’histoire impressionnante de l’univers. Et, d’une manière qui privilégie l’homme, en appuyant ses explorations, ces données provenant des lointains inimaginables du cosmos ne nécessitent pas des voyages de milliers d’années pour être collectées. La lumière est le facteur qui transporte l’histoire de l’univers, de partout, et l’apporte devant notre maison, au-dessus de nos têtes et dans la lumière du télescope.
Sans ce messager lumineux, qui aide à la collecte des données cosmologiques et astrophysiques, nous n’aurions rien su aujourd’hui sur le cosmos situé en dehors du système solaire, parce que nous aurions été obligés d’organiser des expéditions cosmiques pour chaque découverte ! La lumière apporte, à des distances de milliards de milliards de kilomètres, des données essentielles sur les phénomènes physiques de l’univers, sur des lieux où l’humanité ne pourrait jamais arriver. Enfin, par la lumière ce ne sont pas seulement les lointains des espaces du monde qui arrivent à notre proximité, mais même le passé de l’univers s’ouvre, puisque dans la radiation cosmique qui nous vient de loin nous trouvons des informations sur le passé de l’univers, sur des époques historiques lointaines, lorsque nous n’existions même pas. En ceci on peut voir que la lumière ouvre le monde vers les yeux humains.
Le monde, la lumiere et l’intelligence
Tout ceci peut être compris aujourd’hui parce que dans l’homme existe une autre lumière qui peut le saisir. Non seulement les yeux humains saisissent les choses, leur forme et leur position, à travers la lumière physique ou des dispositifs qui reçoivent la lumière du monde d’une manière de plus en plus raffinée. De cette manière, la connaissance est possible aussi parce que l’homme est un être intelligent, capable de percevoir et de réunir toutes ces données, comprenant leurs miracles. Les sens du monde dévoilés par la lumière physique, la manière dont celle-ci entretient la vie et montre le lien étroit entre l’univers et la vie sont reçus par l’homme comme des raisons, à la lumière de l’intelligence, « la lumière de la connaissance »2. Dans toute l’étendue du monde sensible, seul l’homme est l’être intelligent qui réunit les sens portés par la lumière, depuis des milliards de milliards de kilomètres et de l’abysse sous-atomique. Ce n’est que dans l’esprit de l’homme, être capable d’étonnement et de frisson poétique, que peuvent être gardés ces sens ; ce n’est que son esprit, avec son pouvoir de compréhension, qui dévoile ces sens cachés du monde. Ce n’est que dans l’homme, en tant que sujet qui reçoit et réfléchit sur tout, que les choses sensibles engendrent la joie et l’étonnement, en faisant croître, par leurs sens, le chant et la poésie, la gloire apportée à Dieu par un sujet créé. C’est seulement dans les tréfonds de l’homme que peuvent s’accumuler les sens du monde, depuis les lointains ou les profondeurs, de maintenant ou de son histoire lointaine, dans un contour qui en dévoile la diversité et l’unité, l’harmonie et la pertinence spirituelle.
Et, d’une manière significative, le processus même de la compréhension humaine, dans son côté physiologique, relève toujours de la lumière physique. Ceci parce que c’est à la lumière qu’est étroitement liée la propriété essentielle de l’équipement sensoriel humain, l’excitabilité cellulaire et le fonctionnement des neurones, où les courants électriques transmettent les impulsions nerveuses, et les canaux électrosensibles rendent possibles ces processus.
La chaleur de l’amour − la comprehension la plus ample de la personne
Par conséquent, l’univers se dévoile à travers la lumière, en mettant en évidence un fond favorable et des structures cosmiques adéquates à la Terre et à la vie. En même temps, la lumière s’avère vitale pour la vie dans son ensemble, pour ses processus, pour le mouvement et la vie des espèces. Enfin, la compréhension humaine, le pouvoir de l’homme de voir avec son esprit les sens des choses sensibles comme des lumières intelligibles met ensemble toutes ces situations, les plaçant sous un sens plus élevé. De la sorte, le monde étroitement lié à la vie, la vie étroitement liée à la lumière et la lumière qui dévoile le monde sont unis aux sens éclairants, dans l’esprit de l’homme.
Mais la compréhension de l’homme dépasse le monde et son étendue. La profondeur de son esprit, sa raison et son cœur peuvent recevoir des sens et des révélations qui dépassent les largeurs et les profondeurs du monde. Le cœur de l’homme peut recevoir en lui quelque chose qui est au-delà du monde et de ses sens, plus profond que son abysse quantique, plus vaste que son étendue cosmique, à savoir les profondeurs uniques et inépuisables de la personne. L’homme peut recevoir en lui un autre être personnel et peut faire don de soi, dans l’amour, envers un autre, faisant l’expérience des profondeurs de l’autre, dans une communion d’amour qui éclaire leur vie, les faisant s’élever au-delà des choses du monde, de la distance spatiale et du temps.
La lumière et la chaleur de l’amour, saisies par l’esprit de l’homme, montrent que celui-ci n’est pas seulement l’être capable de saisir le monde et ses choses, qui peut comprendre les structures cosmiques et l’abysse quantique. L’esprit de l’homme est encore plus compréhensif. Il peut recevoir en lui, plus fort et plus profondément que les choses de ce monde, la vie d’une ou de plusieurs personnes, l’amour, la lumière et la chaleur des personnes, à qui il peut confier l’amour, la chaleur et les lumières de sa propre compréhension. Et l’amour pour autrui est l’état où la compréhension humaine est portée à son étendue la plus vaste, lorsque le soi d’autrui devient, avec sa vie, intérieur à notre propre soi.
Mais, plus que tout, l’homme peut recevoir en soi, dans son esprit et dans son cœur, Celui qui est la source de toutes ces lumières et aussi de l’amour, Celui qui a donné à l’homme la lumière de la vue, la lumière de la compréhension et le pouvoir de faire don de soi et de recevoir l’autre en état de sacrifice dans son propre soi, à savoir Dieu Lui-même.
Par la resurrection, le Christ a rempli tout de lumiere !
Pour tout ce qui vient d’être dit, cela fait sens d’observer qu’en latin lumen signifie « monde », « lumière » et « vie »3. Nous pouvons voir ici comment le sens de la lumière comprend le monde, la vie des formes vivantes et la vie spirituelle de l’homme − personne qui vit une vie plénière en communion avec Dieu. Tout cela est corrélé avec la vérité de la Révélation, à savoir que le Christ est la Lumière du monde et sa Vie. C’est pourquoi, la lumière, en tant qu’énergie créée, qui fait partie du monde visible, qui soutient la vie et sa connaissance, peut être le symbole de la lumière incréée. Le monde a été fait par le Verbe de Dieu, Qui a dit de Lui-même : « Je suis la Lumière du monde ». La lumière s’entrevoit, de manière iconique, comme le lien entre le monde créé et la lumière incréée, celle-ci étant depuis le commencement l’œuvre et la préoccupation de Dieu (la Providence), qui traverse et entretient l’existence du monde. De cette manière, la vie du monde, mais aussi la vie spirituelle de l’homme sont récapitulées dans le Christ, en Qui, par Qui et pour Qui tout a été fait (Romains 1, 16).
Par ailleurs, le latin lumen signifie aussi « ouverture » ou « fenêtre », mais aussi « parure ». En Christ, le Fils de Dieu Incarné, nous voyons l’œuvre de la Sainte Trinité, ceux qui ont vu le Christ ont vu Dieu le Père, et ceux qui se baptisent avec Son Baptême deviennent des temples vivants de la Sainte Trinité. En outre, le Christ est le Dieu-Homme, la parure de l’humanité, puisqu’en assumant la nature humaine, à travers Son Sacrifice et Sa Résurrection, Il a restauré la dignité humaine, en donnant à l’homme la possibilité de l’adoption dans l’Esprit Saint. Le Christ est la Voie de l’édification et de la déification de la nature humaine.
Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi seulement dans la Révélation tous les autres sens s’éclairent d’une manière spirituelle. Le Christ Lui-même est la Lumière du monde, et la connaissance humaine est lumière, donnée par Celui qui a tout fait, de sorte que par elles puisse transparaître la lumière de Sa sagesse et de Sa sollicitude envers nous, afin que tout puisse être connu par nous et que par tout nous puissions monter vers Celui qui nous a créés en tant qu’êtres intelligents. C’est pourquoi Dieu Lui-même Se révèle à travers la lumière de la connaissance humaine.
Tout particulièrement, à la lumière de la Résurrection du Christ, l’Orthodoxie voit dans tout cela le sens du cosmos entier et de toute l’histoire : « Maintenant, tout est rempli de lumière, le ciel et la terre et le fond des enfers ; que toute le création célèbre la Résurrection du Christ en qui elle s’est affermie ». (Le Canon de la Résurrection, 3è ode). En la Résurrection, « est déjà anticipée la transfiguration de la création qui aspire à la libération de la corruption » (cf. Romains 8, 19-24), de sorte que par la Résurrection du Seigneur on comprend « les sens divins et ultimes de toute la création concernant l’espace et le temps, l’esprit et la matière, l’histoire et tout l’univers »4.
Par conséquent, pour ceux qui s’évertuent à suivre le chemin de la spiritualité, les paroles des Saintes Écritures : « Dieu est amour » (1 Jean4, 8) ou « Dieu est lumière » (1 Jean1, 5) sont une « réalité partagée »5, unissant la lumière de la connaissance, l’amour et la vie, puisque Dieu comme Vie plénière, veut bien Se révéler à ceux qui L’aiment (cf. 1 Corinthiens 2, 12). De sorte que tout ce qui a été créé se dévoile dans la lumière incréée et est appelé à devenir transparent pour le Dieu-Trinité.
Diacre Adrian Sorin Mihalache
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