Ajouté le: 1 Avril 2021 L'heure: 15:14

État d’urgence spirituelle

Saint Jean Baptiste, en annonçant que le Royaume de Dieu approchait, a tiré un signal d’alarme : Repentez‑vous. Il appelait les foules au Jourdain, les baptisait en les recouvrant entièrement d’eau et, sortant de là, chacun devenait un autre homme. « Produisez donc un fruit digne du repentir » (Mt 3, 8) – les encourageait le Baptiste. En effet le repentir a comme conséquence le changement de vie, de la manière de vivre. Le repentir est le signe qu’on a compris autrement la vie, le sens de la vie, la naissance et la mort, le but de la vie, le sens des œuvres que nous menons, les relations – qu’elles soient avec le prochain, avec notre milieu environnant, y compris la nature et toute la création, ou encore avec le Créateur de tous et de tout. Tout change pour celui qui a rencontré la Vérité et désire en changer sa vie.

Quoi qu’il se passe, lorsque le Seigneur se tient proche ou que le Royaume de Dieu s’approche de nous, il nous incite au repentir, change notre regard sur la vie, nous fait voir toute chose autrement, comme cela s’est produit pour Zachée (Lc 19, 1‑10), pour la femme adultère (Jn 8, 3‑11), pour Saint Paul (autrefois Saül qui persécutait les chrétiens, devenus lui‑même martyr‑confesseur du Christ qu’il poursuivait – voir Ac 9) et pour tant d’autres à travers l’histoire humaine. Tel est aujourd’hui l’état d’urgence spirituelle : changer notre vie, notre regard sur la vie, nous repentir.

Il s’est produit depuis une année déjà des faits qui sont pour nous des signaux d’alarme. On se rend compte de plus en plus que nous pouvons tous mourir d’un jour à l’autre, que les pandémies décrites dans l’histoire de l’humanité ne sont pas des mensonges, même si aujourd’hui nous avons du mal à y croire et à les accepter. Et cela s’est produit ainsi : énormément furent infectés par ce funeste virus qui circule sans pouvoir être arrêté, et beaucoup sont morts. Or si nous avions vécu à une autre époque, beaucoup plus de personnes auraient trouvé la mort, peut‑être des dizaines de millions. Le progrès et les connaissances que l’humanité a acquises à travers les siècles font que ce qui aurait pu autrefois être beaucoup plus dommageable pour l’homme l’est aujourd’hui beaucoup moins. Néanmoins, chaque moment de crise pour l’homme ou pour l’humanité peut nous servir comme occasion pour repenser notre vie, notre avenir, notre manière de voir et de faire les choses.

Nous sommes‑nous repentis ? Avons‑nous mis en doute notre manière de vivre et de nous regarder nous‑même et tout ce qui nous entoure ? « Voici le temps favorable, voici le jour du salut : montrons les fruits du repentir, et nous obtiendrons la vie », lit‑on dans le Triode1. Il est temps de le faire, car nos jours sont entre les mains de Dieu, qui nous aime et nous protège, qui nous a montré son amour infini à travers son Fils bien‑aimé crucifié et ressuscité pour nous, mais qui ne fait pas les choses à notre place, qui finalement ne transgresse pas notre liberté. C’est ainsi que se repentir signifie également voir la vie, notre propre vie, par les yeux du Christ qui s’est repenti Lui‑même pour nous en priant son Père Céleste de nous pardonner, inconscients que nous sommes du mal que nous faisons (Lc 23, 34).

La période du grand Carême que nous vivons maintenant nous invite au repentir et nous aide à le trouver, nous ouvrant la voie permettant d’entrer nous‑même, avec le Saint‑Esprit, dans le jeûne du Seigneur Jésus Christ – Lui qui le premier jeûna pour nous quarante jours au désert (Lc 4, 1‑14), suivant pour nous le chemin de l’obéissance au Père, se repentant pour nous comme le Nouvel Adam (Rm 5), afin de nous montrer ce qu’est la vie en Dieu, dans l’obéissance à Dieu, dans l’amour de Dieu, dans le repentir, car le repentir et l’amour sont indissociables : « je suis parce que je suis aimé [de Dieu]. Et l’amour répond à l’amour. Cette conscience d’être aimé et cette réponse qu’elle déclenche sont le seul critère du repentir », écrit Olivier Clément2. À travers son repentir pour nous qui s’accomplit sur la Croix, son regard sur nous se change en regard de compassion et d’amour, et ainsi se change alors notre propre regard sur Lui, sur la vie qu’Il nous a donnée, sur le sens de la souffrance et de la mort.

Les temps sont mauvais et nul ne sait ce que le jour qui vient nous réservera, mais une chose est sûre et très actuelle (malgré le fait qu’elle était déjà annoncée par Saint Jean Baptiste il y a fort longtemps) : notre urgence, c’est le repentir. Lui seul nous mettra à l’écoute de Dieu et de Sa volonté pour nous et pour notre vie !  

† Le Métropolite Joseph

Notes :

1. Matines du mercredi de la 2e semaine de Carême.
2. Olivier Clément, Questions sur l’homme, Stock, 1972.

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