Nous sommes tous responsables de la beauté du monde et de l’homme, mais nous savons que sans celle de l’homme aucune beauté ne peut avoir de sens. La beauté peut se cacher, pendant un certain temps, derrière le péché, l’aveuglement spirituel, et ensuite derrière la mort, qui est le terme de tout ce qui peut être touché par la beauté éphémère. Nous ne devons pas avoir peur si les spectres hideux de la haine de l’homme subjugué par l’acharnement d’imposer aujourd’hui aux autres des formes et des modèles d’une « soi-disant beauté », qui ne sont pas acceptés librement dans le cœur de l’homme, veulent prendre la place de la liberté que Dieu a mise dans son âme. La beauté éternelle triomphe par sa nature, comme lumière de Celui Qui est la Lumière de toute beauté authentique. Le Christ, par la Croix, a rendu la beauté éternelle à l’homme, et par l’homme à toute la création. Pourquoi l’apogée de la beauté du monde se cache dans la Croix du Christ ? Elle nous envoie, par sa verticalité et son horizontalité, à l’avènement du Ciel sur terre, à l’élévation de l’humain au Ciel, à la descente de l’Amour éternel jusqu’à nous, lui qui peut rendre la beauté et l’harmonie du monde, par le Christ. Aucune trace d’égoïsme n’a de place dans la Croix, l’homme ne peut pas s’élever tout seul, mais seulement avec son frère dans l’humanité. La Croix est la confirmation de l’amour éternel que Dieu éprouve pour l’homme, derrière lequel se cache la beauté de toutes choses, jadis perdue, mais perdue aussi à présent par tout un chacun, par tous ceux qui se séparent du Christ.

Pour nous, la beauté se cache derrière la Croix, pour resurgir ensuite des profondeurs cachées dans le Tombeau du Christ, faisant une brèche dans le mur des ténèbres, qui semblait tenir captive la beauté du monde pour l’éternité. Quelle beauté pouvait être cette beauté qui s’éteint, qui meurt, qui finit dans la mort, dans la corruption, dans les ténèbres, qui flétrit avec le temps et disparaît ? Nous découvrons ensuite d’un coup, en la cherchant, que la beauté parfaite se trouve dans le Tombeau où il n’y a plus de mort, dans le Tombeau vide du Christ, car la mort de toute chose a été vaincue, car la beauté peut être retrouvée, éternelle, incorruptible. L’homme n’est plus éphémère, il est éternellement beau en Christ, la beauté trouve son sens dans Sa Résurrection.

L’amour pour la Beauté que nous arrivons à confesser d’une manière si pâle veut nous rappeler que seule la présence de Dieu appelée librement par l’homme est celle qui rend éternelle la beauté de tout. Avec elle, la beauté n’est plus éphémère, n’est pas un accident pur et simple, mais prend le sens et donne le sens de l’éternité de la beauté que nous recherchons.

† Métropolite Joseph