De nos jours, en tous lieux, se déroule un combat pour la liberté et l’indépendance, mais à peine trouverait-on un homme auquel le mystère de la divine liberté des enfants du Père céleste a été révélé. Les paroles sont impuissantes à décrire l’excellence de cet état : on ne le connaît que par un don d’En-haut. Et de nouveau, je ne puis m’empêcher de me souvenir de l’apôtre Paul qui, sans le moindre doute, connaissait cette liberté divinement royale : « La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu, car elle a été assujettie à la vanité, non de son gré... » (Rom. 8, 19-20). 

« C’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Donc tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage » (Gal. 5, 1). Il est facile à comprendre que la passion de dominer notre frère a pour conséquence immédiate la perte de notre indépendance ; de plus, ce qui est terrible, le Dieu d’amour s’éloigne de nous, la grâce du Saint-Esprit nous abandonne. Dans les profondeurs de l’âme de l’asservisseur se prépare une chute dans le vide du non-être. La ressemblance au Seigneur des seigneurs exclut l’esclavage, dans lequel il n’y a pas de vie éternelle, ni même temporelle. La domination s’établit habituellement par la violence et par des massacres. Au Jugement dernier, ceux qui n’auront pas fait preuve de miséricorde seront jugés selon le principe : « On vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez », et encore : « Le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde » (Matth. 7, 2 ; Jac. 2, 13). 

« Où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (77 Cor. 3, 17). Dans sa forme absolue, la liberté n’est propre qu’à Dieu seul. Mais à l’homme est donnée la bénédiction de la connaître en partie dans la prière unie à une vie selon les commandements. Don inestimable du Ciel, la prière exige du « loisir ». Pour pouvoir rencontrer le Christ Vivant, il n’est pas trop onéreux de renoncer aux plaisirs qui attirent l’homme, et de préférer à tout de converser avec Lui.

Archimandrite Sophrony,
La félicité de connaître la voie, Labor et Fides, 1988.