Le salut n’est pas quelque chose de prescrit dans un livre, ou une réponse du type : « page 37, paragraphe 3 ». Le salut est une parole mystérieuse, divine, destinée à chaque âme née dans ce monde, et pour chacune, il s’agit d’une autre parole.

Voyez dans le Paterikon : un moine vient voir un certain Abba, et lui demande une parole. Et cet Abba lui dit : Garde ta cellule ; mange, bois, dors, fais tout ce que tu veux, mais ne sors pas de ta cellule. Un autre pose la même question : Comment serai-je sauvé, Abba ? Et l’Abba lui dit : Garde le jeûne jusqu’à 6 heures. Il peut sortir de sa cellule, faire ce qu’il veut, mais doit garder le jeûne. Un autre parlait de ses pensées, un autre, d’autre chose ; et comme le disait Père Sophrony, il ne s’agit pas ici de théologie, ni d’une doctrine écrite dans un livre, mais d’une stratégie spirituelle où le père spirituel, l’Esprit faisant naître en son cœur une parole, comprend que la stratégie destinée à cet homme-là est ce point-là : Consolide ton armée sur ce point-là. Si tu es vainqueur sur ce point-là, le reste te sera relativement facile. Si tu consolides tous les points mais que là où il y a un grand trou dans ta cité, tu le laisses béant, c’est par là que les armées de l’ennemi vont se précipiter, et tu n’as pas fait grand-chose pour ton salut. Donc, il s’agit de trouver par quel trou les armées vont pouvoir entrer. C’est pourquoi l’œuvre de la paternité spirituelle nécessite de pénétrer dans l’œuvre de Dieu, de chercher une parole divine. Toutes choses sont utiles : de la psychologie, une préparation, etc., mais même si nous n’en avons pas, cherchons avec crainte et tremblement que Dieu fasse naître en nos cœurs cette parole d’Esprit et de vérité.