Ce n’est pas sain d’être excessivement abattu à cause de vos péchés et de vous tourner avec une telle répulsion envers la part mauvaise de vous‑mêmes que finalement vous finissez par en être désespérés. Le découragement est la pire des choses. C’est un serpent introduit par le diable dans une personne pour lui faire perdre son appétit pour les choses spirituelles et l’amener à un état de désespoir, d’inactivité et de négligence. Dans pareil état cette personne est incapable de faire quoi que ce soit, elle est rendue inutile. Elle dit : « Je suis pécheresse et misérable. Je suis ceci, je suis cela, Je n’ai pas fait ci, je n’ai pas fait çà… j’aurais dû faire çà à tel moment, maintenant c’est trop tard, rien ne peut être fait… j’ai perdu ma vie, je suis indigne… » Il est ainsi amené à un complexe d’infériorité et se consume dans une auto accusation stérile. Savez‑vous à quel point c’est destructeur ? C’est la pseudo‑humilité.

Ce sont les symptômes‑mêmes d’une personne dans le désespoir que Satan a mise sous sa domination. Une telle personne en arrive au point de ne même plus désirer recevoir la Communion car elle se considère comme indigne de tout. Elle essaie d’être négative en tout ce qui la concerne, se rendant inutile. C’est ce serpent que le diable introduit dans une personne pour lui faire perdre son espoir en l’amour de Dieu. Tout cela est vraiment terrible et contraire à l’Esprit de Dieu.

Moi aussi je pense que je suis pécheur et que je ne vis pas comme je le devrais. Néanmoins, tout ce qui peut me désoler en moi, je le transforme en prière. Je ne m’enferme pas en moi‑même. Je vais vers mon père spirituel, je me confesse et c’en est fini avec cela. Ne retournons pas en arrière en récriminant et en disant ce que nous n’avons pas fait. Ce qui est important est ce que nous allons faire maintenant, à partir de ce moment – comme le dit Saint Paul : « Oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant » (Ph. III, 13).

L’esprit de lâcheté chercha à briser le zèle de Saint Paul pour le Christ, mais il prit courage et dit : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Gal. II, 20). Et aussi : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Sera‑ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ? » Selon qu’il est écrit : « C’est à cause de Toi qu’on nous met à mort tout le jour, qu’on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie » (Ro. VIII, 34‑36). Et David le prophète et roi dit : « Je ne mourrai pas mais je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur » (Ps. CXVII, 17). Lisez les Écritures. Souvenez‑vous de ces belles paroles : « J’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui me cherchent trouveront la grâce » (Pr. VIII, 17).

Extrait de « Wounded By Love », The Life and the Wisdom of Elder Porphyrios, Holy Convent of the Life‑giving Spring, Chrysopigi, 2005, Ed. Denise Harvey, Greece.

Trad. de l’Anglais, Anne Monney