Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Le Métropolite Athanassios de Limassol partage ses souvenirs de sa rencontre avec l’Ancien (canonisé depuis) Sophrony (Sakharov) et les conseils du Saint sur plusieurs sujets.
Saint Sophrony : un homme parfait en Christ
Évènement qui arriva en hiver, juste avant Noël selon le calendrier julien aux alentours de 1970.
« J’avais déjà lu le livre de St Sophrony d’Essex, Voir Dieu Tel qu’Il est, livre qui appartenait au Geronda Dionysios du monastère de Dionysiou – homme spirituel et saint qui a vécu non loin de l’Ancien Sophrony. Je lui ai emprunté le livre et l’ai donné à Geronda Joseph1 et nous l’avons lu ensemble. Quand nous avons eu fini de le lire, Geronda Joseph a dit : « C’est un grand Saint ! » – il était impressionné par la dimension de profondeur des récits théologiques, spirituels mais non académiques, et par l’incroyable expérience de St Sophrony. Profitant de cet état d’’exaltation spirituelle’, je lui ai dit : « Geronda, pourquoi n’irions-nous pas recevoir une bénédiction de l’Ancien Sophrony quand il est encore en vie ? » – Geronda Joseph m’a répondu : « Bien, mais comment irons-nous en Angleterre ? Penses-tu mon enfant, que ce soit si facile ? » – J’ai suggéré : ‘Donnez-moi votre bénédiction et je m’en soucierai’. Il fut d’accord. J’étais plus jeune et rempli de vie à ce moment-là, que je le suis maintenant ; ainsi ai-je arrangé notre voyage en Angleterre. Et nous voilà, Geronda et moi-même, qui avons fait ce court voyage en Angleterre, et notre rencontre avec Saint Sophrony arrangée par l’un de nos amis.
St Sophrony nous attendait aux portes du monastère, à côté de la clôture, en s’inclinant et se signant…
Nous sommes allés directement de l’aéroport au monastère et y sommes arrivés le soir aux environs de onze heures. Il faisait terriblement froid. St Sophrony nous attendait aux portes du monastère, à côté de la clôture. Il nous attendait dans ce froid mordant, avec quelques frères et sœurs. Aussitôt que Geronda Joseph est sorti du taxi, l’Ancien Sophrony a commencé à s’incliner. Il se signait et s’inclinait. Il s’inclinait aussi bas que ses forces le lui permettaient car il était déjà avancé en âge. Nous nous en sentions confus. Il nous a serrés dans ses bras et embrassés, et a dit : ‘Bienvenue en Angleterre ! Allons à l’église prier.’ Nous sommes allés prier à l’église. Il a commémoré nos noms d’une manière très cordiale et chaleureuse.
Nous sommes restés au monastère deux jours et deux nuits. Pendant ce laps de temps, nous avons eu des rencontres et des entretiens avec l’Ancien Sophrony. Il a partagé ses souvenirs de la Sainte Montagne, de St Joseph l’Hésychaste, de St Silouane et nous a parlé de son expérience de concélébration de la Divine Liturgie avec lui. Nous avons parlé de divers sujets spirituels. Ce qui nous a grandement impressionné était la perception-même de l’Ancien Sophrony. C’était un homme qui était parfait en Christ. Geronda Joseph disait de lui : « Si vous souhaitez savoir comment l’Évangile transforme un homme, regardez-le – il est en vérité un homme parfait en Christ ». Telle était notre impression.
L’Ancien Joseph était comme un petit enfant ou un élève d’école primaire. Quand il a vu St Sophrony, il a dit : ‘Geronda, nous sommes venus entendre votre Parole’. Il écoutait St Sophrony, rivé, suspendu à chacune de ses paroles. Et quand St Sophrony, autre géant spirituel de notre temps, lui a dit le jour suivant : ‘Geronda, nous sommes en train d’organiser une rencontre monastique demain afin que vous puissiez parler avec les frères et les sœurs du monastère’. Père Joseph a dit : ‘Geronda, comment oserai-je parler en votre présence ? Je ne le puis’. Ainsi, St Sophrony n’est-il pas venu à cette rencontre, afin de ne pas gêner l’Ancien Joseph de Vatopédi. Ce fut l’occasion où les deux apprirent l’un de l’autre…
Ensuite, l’Ancien Sophrony nous a bénis avec toute sa bonté, à la fois spirituelle et humaine, nous parlant avec tout son sérieux et sa sublimité, nous accueillant avec humilité et amour. L’image de sa sainteté nous restera toujours.
Paroles de Saint Sophrony l’Athonite
« Être une personne compliquée est une torture »
Comment peut-on apprendre la simplicité ?
C’est une bonne question, mais il est difficile d’y donner une réponse pratique. Non que ce soit difficile ; mais, malheureusement, nous sommes des gens compliqués, surtout ceux qui sont plus jeunes. La complexité est un tourment, être une personne compliquée est une torture. La complexité est aussi le résultat de l’environnement dans lequel nous avons grandi, et de la manière dont nous avons été habitués à penser. C’est aussi le résultat de notre vie loin de la Grâce divine. Un homme simple est pure douceur ! Il est rempli de grâce – vous le voyez et il vous apporte la joie, ainsi la seule chose que vous désirez est d’être près de lui. Un tel homme est aimable de cœur et libre. Une personne compliquée est malheureuse, épuisée, elle vous fatigue, et toujours vous lasse.
Comment acquérir la simplicité ? La manière la plus simple est d’être proche des gens simples. Les gens simples enseignent la simplicité. S’il y a de telles personnes autour de nous – nos grands-parents ou d’autres gens simples – vivons proches d’eux et observons comment ils pensent et se conduisent. Essayons de suivre leur exemple et ainsi apprenons à être simples.
Nous pouvons aussi acquérir la simplicité par des moyens spirituels – en purifiant notre âme de ses passions. Si nous évitons les passions et les péchés, nous en repentons et pleurons amèrement, nos pleurs, comme notre observance des saints commandements, en nous tenant loin de la connaissance pécheresse du monde, en ne voulant pas mitonner des pensées pécheresses et devenir des personnes mauvaises, en lisant et étudiant les Saintes Écritures et les vies des Saints – tout ceci nous aidera à atteindre la simplicité bénie. La simplicité bénie, comme don du Saint-Esprit, est accordée à l’homme qui cultive la prière, qui vit dans et par les Saints Mystères, et qui garde un esprit pur, s’abstenant de la manière de penser du monde.
« Que dois-je faire avec quelqu’un de méchant? »
Si quelqu’un m’offense constamment quelle est la manière propre au Chrétien d’y répondre ?
La qualité qui distingue le Chrétien est l’humilité. Si nous nous humilions, nous en bénéficierons grandement. Par conséquent, celui qui nous humilie est notre bienfaiteur. Mais nous devrions aussi exercer notre raisonnement. Par exemple, un enseignant, ou un parent, à savoir quelqu’un qui éduque les enfants, peut s’humilier quand les enfants lui désobéissent et se conduisent mal, mais c’est au détriment des enfants eux-mêmes. Pour leur propre bien, nous devrons les ramener à la raison en employant des méthodes spécifiques à l’instruction. Dans une telle situation, nous ne pouvons simplement dire ‘avec humilité’ : « C’est entendu, laissons la salle de classe ou une salle devenir une écurie d’Augias, et tout sera dans un désordre complet. C’est pour mon humilité ! » Faux ! Cela ne fera aucun bien si vous permettez aux enfants méchants de continuer à causer des dégâts.
Si un frère nous attriste et nous offense par ses mauvaises dispositions, nous ne pouvons rien y faire, et nous devrions le supporter et prier. Et cela nous aidera spirituellement. Mais si nous sommes responsables de ce frère, si nous sommes enseignants, parents, employés, alors, bien sûr, en usant de raisonnement, nous devrions calmement mettre les choses au point – de manière à ce que le travail que nous devons accomplir se fasse et aussi, pour ne pas faire de mal à notre frère. Car, au bout du compte, c’est le frère qui se conduit mal envers nous qui aboutit dans la voie du malin.
« La meilleure manière de contrôler nos pensées est de les ignorer »
Comment pouvons-nous différencier nos pensées ?
Les pensées proviennent de trois origines : Dieu, le diable et l’homme. Les pensées bonnes et saintes viennent de Dieu ; elles apportent paix et joie au cœur de l’homme. Les mauvaises pensées viennent du diable : elles apportent confusion, ténèbres, impiété et méchanceté. Les pensées humaines viennent de l’homme et de son environnement, mais comme nous sommes vaincus, hélas, par les passions, nous produisons souvent de mauvaises pensées.
Ce que nous dit la pensée : ‘Y-a-t-il quelque chose de bon ?’ Si elle nous dit de bonnes choses, en harmonie avec les commandements de Dieu et du Saint Évangile, nous devrions la garder. Si une pensée nous dit des choses opposées à la loi de Dieu et du Saint Évangile, nous devrions la regarder avec indifférence.
Comment devrions-nous guider nos pensées ? Les Saints Pères nous conseillent d’exercer l’ignorance. La meilleure manière de gérer les pensées est de les ignorer, de ne pas tenir compte d’elles. Si vous voyez que vous avez une mauvaise pensée et qu’elle vous dérange et vous met dans la confusion, que votre esprit s’assombrit, ou qu’elle vous oppresse, chassez-la, ne vous y attardez pas. N’y attachez aucune importance. Que votre esprit ne s’en préoccupe pas. Sinon vous perdrez votre temps, votre humeur, et votre force.
Guider nos pensées est en vérité un sujet de connaissance spirituelle avancée. Les ignorer est le remède le plus efficace. Si vous n’apprenez pas à ignorer vos pensées, vous souffrirez tout le temps.
« L’orgueil et le désespoir sont les deux faces de la même pièce »
Je pense, et c’est ainsi que les Saints Pères nous l’enseignent, que ce sont les deux faces de la même pièce appelée égoïsme. L’égoïste pense que lui, et personne d’autre, est un saint et un ange qui ne fait jamais le mal. Cependant qu’en réalité il est imparfait et commet des fautes exactement comme chacun, en étant la personne la plus ordinaire mais quelqu’un qui tombe dans le désespoir à cause de son égoïsme. Le désespoir n’est pas bon. C’est une expression de l’égoïsme. Une personne humble, même si elle commet un péché, dira : « Bien, d’accord, je suis humain, après tout ! » Il se repent de son péché, en s’humiliant, en se confessant, en s’humiliant et se redressant. Il appelle Dieu à son aide pour ne pas tomber dans le désespoir.
Le désespoir est une grande chute et un grand péché. L’homme humble ne perd pas courage, il se confie dans le Seigneur, Lui demande pardon et invoque Sa grâce. Notre salut réside dans l’humilité. Mais l’homme orgueilleux se crée de fausses images, et quand la réalité lui révèle que tout n’est pas selon ce qu’il pense, il se désespère et perd tout désir d’agir. C’est pourquoi le désespoir et l’orgueil sont les deux faces de la même pièce.
« Comment nous confesser correctement »
La confession est comme un bain spirituel qui nous purifie de nos péchés. En confession, il est nécessaire que nous mettions le doigt avec précision sur nos péchés et mauvaises actions, mais que nous en omettions ce qui en est spécifique. Nous ne devrions pas les décrire – en particulier les péchés charnels – en grand détail, mais plutôt les nommer en termes concrets, par leur nom, afin que notre Père confesseur puisse déterminer notre maladie spirituelle et nous offrir la médecine adéquate, qui pourra tourner à notre bénéfice. Nous devrions nous confesser avec un cœur contrit. En ce qui concerne le sentiment de honte, c’est une question d’humilité et de repentir.
« L’humilité préserve le trésor de l’esprit »
L’Évangile de St Matthieu nous dit comment le Christ guérit le lépreux et lui dit : « N’en parle à personne. » Pourquoi ? Le Seigneur accomplit ces miracles non seulement pour ces gens, mais aussi pour beaucoup d’autres !
Ce que le Seigneur fit, Il le fit pour nous, en désirant nous montrer la voie du salut. Il n’en avait pas besoin Lui-même, Lui Dieu parfait et homme parfait. Il nous a montré un modèle d’action : nous devrions vivre humblement, dans l’obscurité, en ne nous attribuant pas la gloire à nous-mêmes, mais au Dieu Un et notre Père.
Il y des cas où le Christ a dit : « Va en parler à tous », et ceux où Il a dit : « N’en parle à personne ». Tout dépendait de l’état spirituel de celui qui était guéri et était témoin du miracle. Nous aussi nous conseillons souvent les autres : ‘Ne dites jamais ce que vous venez de voir et ce qui vient de vous arriver‘. Car, une fois que vous avez partagé avec les autres, vous vous serez rendu un mauvais service. Vous serez incapable d’utiliser cette connaissance sagement mais à la place vous en gonflerez d’orgueil et de vanité. Le plus important : tout doit être guidé par l’humilité. L’humilité préserve le trésor de l’esprit.
Extraits de souvenirs du Métropolite Athanasios de Limassol,
Pravoslavie.ru – compilé & trad. de l’Américain par Anne Monney
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