Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Celui qui a lu les « Vies des Saints » ressent et comprend de tout son être que ce n'est qu' « avec tous les Saints » qu'il peut connaître le Christ Dieu et tout ce qui est en Lui, autour de Lui et ce qui vient de Lui (cf. Éph. 3, 18-19). Les Saints viennent tous d'Un Seul : du seul Saint (cf. Hébr. 2, 11). L'Esprit Saint leur est donné pour leurs labeurs ascétiques qui témoignent de leur ardent amour du Christ ; l'Esprit Saint qui seul connaît la profondeur Divine, la profondeur du Dieu-homme Christ. C'est par l'Esprit Saint qu'ils nous annoncent le mystère merveilleux du Christ et tous les indicibles biens que le Christ Dieu nous a accordés (cf. 1 Cor. 2, 9-12). Oui, ce n'est que par l'Esprit Saint que se révèle le « mystère du Christ », et ce aux saintes personnes (cf. Éph. 3, 3-5 ; Col. 1, 26). C'est pour cela que les Saints sont les plus parfaits témoins du Christ Dieu notre Seigneur.
Nous savons maintenant – les « Vies des Saints » nous l'ont appris – qui est Dieu et qu'est-ce que Dieu, et encore, qui est l'homme et qu'est-ce que l'homme. Voilà que nous débarquons sur l'autre rivage, celui qui est céleste, et nous contemplons du ciel tout le monde terrestre. Et qu'est-ce que l'on voit le plus sur la terre, du ciel ? Non pas les montagnes, la mer ou, les villes, ni encore les gratte-ciel, mais l'homme, car l'âme humaine à l'image de Dieu est le soleil sur la terre. Autant d'êtres humains, autant de soleils sur la terre. Et chacun d'entre eux est visible du ciel. O merveille bienveillante de Dieu ! La terre minuscule, une étoile insignifiante, a logé des milliards de soleil ! Du corps argileux de l'homme rayonne le soleil. L'homme ? C'est un petit Dieu dans la boue !
C'est un Évangile, une Bonne Nouvelle qui est toute vérité, une Bonne Nouvelle qui ne vient pas de moi, mais des Saints de Dieu : l'homme est un grand mystère, le saint mystère de Dieu ; si grand et si saint que Dieu Lui-même est devenu homme et nous a révélé le mystère de l'homme. Cette vérité, cette vérité qui renferme toutes choses, est Évangélique : Dieu est devenu homme pour faire de l'homme un dieu selon la grâce. Cette Bonne Nouvelle de vérité nous est annoncée d'une voix tonnante par les généralissimes de l’Évangile du Dieu-homme : saint Athanase le Grand, saint Chrysostome le Très Grand, saint Grégoire le Théologien, saint Maxime le Confesseur, saint Jean Damascène, saint Syméon le Nouveau Théologien, saint Grégoire Palamas. Et avec eux et à leur suite, tous les autres saints porteurs de la Bonne Nouvelle – toute l'Église du Christ. Devenu homme de par son incommensurable amour pour l'homme, le Seigneur et Dieu Jésus-Christ a sanctifié l'homme, l'a christifié, l'a divinisé, a vaincu en lui et pour lui tout ce qui n'est pas de Dieu et qui est contre Dieu : le péché, la mort et le diable, et Il a élevé l'homme au-dessus de tous les cieux, jusqu'au Dieu Trinité.
Les témoins de cela ? Tous les Saints, du premier au dernier. Chacun d'entre eux témoigne par sa vie toute entière de cette vérité : dans la Sainte Église du Christ, l'homme est transfiguré à l'aide des Saints Mystères et des saintes vertus en un « dieu selon la grâce », en un dieu-homme selon la grâce.
Transformer, par le Dieu-homme Christ, l'homme en un dieu-homme selon la grâce, c'est, enseignent les Pères, l'art des arts, la science des sciences, la philosophie des philosophies. Pour cette raison, nos saints Docteurs appellent la vie selon l’Évangile « véritable philosophie », véritable sagesse. Quant à saint Macaire le Grand, il appelle les Saints « philosophes du Saint-Esprit ».
Nous savons maintenant – les « Vies des Saints » nous l'ont appris – que l'homme est un être aux plus grandes dimensions : il s'étend du diable à Dieu, et il peut devenir dieu par la grâce et diable par son libre arbitre. Par l'amour du péché et par la persistance librement consentie dans le péché, l'homme se diabolise peu à peu, se transforme peu à peu en diable-homme, et se construit volontairement un enfer. Car chaque péché est un petit enfer. Au contraire, dans l’Église du Christ, à l'aide des Saints Mystères et des saintes vertus, l'homme se remplit du Seigneur Dieu, il revêt le Christ, et se transforme peu à peu en homme qui porte le Christ et en reflète l'image, en « cet homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ » (Éph. 4, 13 ; cf. Col. 1, 28). Cet homme devient peu à peu dieu-homme selon la grâce et atteint ainsi le paradis dans l'âme. Car chaque sainte vertu est un petit paradis pour l'âme (cf. Mt. 5, 3-12 ; Lc 6, 20-23 ; Jacq. 1, 25 ; Jn. 13, 17).
Les « Vies des Saints » nous montrent avec évidence que les Saints connaissent tout le mystère de l'homme, vraiment tout le mystère, le mien et le tien et celui de chacun, car ils ont connu le mystère du Seul Homme Parfait – le Dieu-homme Christ – et ont résolu parfaitement et définitivement par Lui le problème de l'homme, et ainsi le problème de toutes les créatures. Car, dans l'essence, tous les problèmes sont contenus dans le problème de l'homme et toutes les solutions se trouvent dans la solution du problème de l'homme. En dehors du Dieu-homme et sans le Dieu- homme, l'homme est toujours un sous-homme et un non-homme, c'est-à-dire que ce n'est plus un homme dans le sens essentiel du terme.
Cherche-toi dans les « Vies des Saints ». Tu t'y trouveras sûrement. Mais tu trouveras aussi les remèdes à l'aide desquels tu pourras te guérir des maladies spirituelles et devenir sain pour toujours, dans les deux mondes, de telle façon qu'aucune mort ne puisse jamais te nuire. Tu y trouveras encore tout ce qui est nécessaire pour que tu puisses vivre dans les deux mondes : tout ce qui est nécessaire à toi, homme, à toi qui es immortel, à toi qui es éternel, à toi qui es théandrique, homme ! Homme ! Homme !
Dans notre monde terrestre, seul le Dieu-homme, Christ est une réalité indestructible, incorruptible, sainte et immortelle ; nous, hommes, le sommes aussi, mais seulement en Lui, seulement si nous vivons en Lui. Et nous sommes avec Lui et en Lui par les Saints Mystères et les saintes vertus. Sans Lui, les hommes sont des spectres, des mythes, des ombres, des rêves, que dispersent chaque péché, chaque mort, chaque diable. C'est seulement avec Lui que nous, hommes, sommes plus forts que chaque mort, que chaque péché, que chaque diable. Nous voyons ainsi que dans chaque Saint, tout est plus fort que le péché, plus fort que la mort, plus fort que le diable. Car dans chaque Saint, le Christ est « tout en tout » : la réalité, l'immortalité, l'éternité.
Encore quelques paroles, à moi-même, à toi, lecteur, ainsi qu'à chaque ami du Christ : Les saintes vies de ceux qui furent agréables à Dieu se présentent à nous. Les Saints ont parcouru le chemin le plus long que l'être humain puisse parcourir : celui qui va de l'enfer jusqu'au paradis ; et un chemin plus long encore que ce long chemin : celui qui va du diable jusqu'à Dieu. Étreints par le Dieu ressuscité et monté aux cieux, les Saints sont ressuscités et montés aux cieux avec Lui. Mais auparavant : ils se sont crucifiés avec Lui et sont devenus semblables à Lui dans la mort. De même, ils furent semblables à Lui dans la vie avant la Résurrection et l'Ascension. De cette façon, ils ont répété la vie du Christ, ils ont renouvelé en eux le Vainqueur du péché, de la mort et du diable. Ils ont renouvelé en eux le Dieu-homme : ils se sont incorporés au Christ et se sont christifiés. Ainsi, ils sont parvenus au but que Dieu a assigné à l'existence humaine : ils sont devenus des « dieux selon la grâce », des dieu-hommes selon la grâce et des « christ » selon la grâce, comme l'annonce joyeusement et d'une manière si expressive saint Syméon le Nouveau Théologien1.
Les « Vies des Saints » montrent et démontrent clairement que chaque Saint est le Christ « répété ». Chaque chrétien l'est également, dans la réalité, mais « selon la mesure de sa foi». Toute la vie de l’Église, tous ses services liturgiques quotidiens, ne sont rien d'autre qu'un appel continuel, qui nous est adressé, à « répéter » nous aussi la vie du Christ avec le Saint dont nous célébrons chaque jour la mémoire, à vivre nous aussi dans la prière et dans la grâce la vie et les œuvres des Saints comme ceux-ci vécurent la vie et les œuvres du Christ. « Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ » (I Cor. 11, 1 ; 4, 16). C'est ce que le saint Apôtre ordonne, à moi, à toi, et à chacun d'entre nous. Car nous sommes tous appelés à la sainteté, à la vie sainte, à la sainte conduite (cf. I Thess, 4, 3, 7). Le divin commandement de l'Apôtre protocoryphée jaillit tout droit du Christ : « À l'exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit : soyez saints, car Je suis saint » (I Pierre 1, 15-16). Cependant, nous ne pouvons vivre seuls cette sainte vie, nous ne pouvons la vivre qu' « AVEC TOUS LES SAINTS », aidés et guidés par eux, au moyen des Saints Mystères et des saintes vertus, dans l’Église. « Faisant mémoire de notre très sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, et de tous les Saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu ». Amen ! Amen ! Amen !
Le Père Justin Popovitch est né le 25 mars 1894. Tonsuré moine en 1916, il prépare ensuite son doctorat en théologie à Oxford (1917-1919), puis est ordonné prêtre en 1922. Après l'instauration du pouvoir communiste, en 1945, le père Justin est chassé de l'université. Exclu de l'enseignement et privé de tous ses droits, après avoir résidé dans divers monastères, il a vécu jusqu'à la fin de ses jours (1948-1979), pratiquement en réclusion, (et toujours malmené par les communistes) dans le petit monastère féminin de Tchélié, près de Valjevo, dédié à l'Archange Michel. Archimandrite et père spirituel, le Père Justin s’est endormi le jour anniversaire de sa naissance, en la fête de l’Annonciation le 25 mars1979.
Il a été canonisé par l'Église orthodoxe serbe le 29 avril 2010, il porte désormais le titre de saint Justin de Tchélié. Il est fêté le 1er juin.
Il est aujourd’hui largement reconnu dans l’ensemble du monde orthodoxe comme un nouveau Père de l’Église. C'est un des plus importants théologiens orthodoxes de notre époque. Son activité de professeur au séminaire de Sremski-Karlovci puis sa relégation de plusieurs décennies, par le régime de Tito, au monastère de Tchélié, lui ont permis d’écrire une œuvre monumentale que les éditions L’Âge d’Homme ont déjà partiellement publiée.
L'Archimandrite Justin Popovitch a rédigé douze tomes consacrés aux « Vies des saints », chaque tome correspondant à un mois de l’année. Chacun de ces tomes comporte plusieurs centaines de pages et constitue la synthèse de sources nombreuses et diverses, systématiquement rassemblées et mises en ordre. En dehors de ces « Vies des saints », les œuvres complètes du Père Justin Popovitch couvrent une quarantaine de publications. Lui-même parlait couramment quatre langues étrangères : le grec, le russe, l’allemand et l’anglais et a traduit en serbe plusieurs ouvrages étrangers.
Biographie réalisée à partir d'extraits tirés de : Wikipédia, Orthodoxie.com : recension Jean-Claude Larchet,
« Le Synaxaire, Vie des Saints de l’Église Orthodoxe », par le Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra,
Tome 5 (mai, juin), Éditions Indiktos.
1. Catéchèse IX : « Ceux qui se sont ainsi habillés du Christ, c'est le Christ qu'ils habillent : car ils sont des « christ » eux aussi, en. tant que fils de Dieu depuis le divin baptême» (Éd. Sources Chrétiennes, n° 104, p. 116).
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