Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Avant la moitié du XIXe1 siècle, l’iconographe avait une relation spéciale avec l’Église puisqu’il était « consacré » par le prêtre, lors d’une chirothésie, afin qu’il puisse recevoir le don de peindre correctement la face du Sauveur, de la Mère de Dieu et des Saints, après une période d’apprentissage, aux côtés d’un maître qui connaissait les « modèles » des anciens iconographes2. La tradition de la chirothésie des iconographes a continué de manière de plus en plus isolée, dans certaines zones de Roumanie, pour quasiment disparaitre pendant l’époque du communisme athéiste. Actuellement, l’Église réintègre dans ses ordres les iconographes et le rituel de leur chirothésie est rétabli dans certains Évêchés.
En conformité avec la Tradition3, la chirothésie de l’iconographe avait lieu le jour de Pâques4, après les Vêpres (nommées aussi Seconde Résurrection), devant l’icône de la Mère de Dieu5 (en souvenir de la Tradition selon laquelle les premières icônes ont été celles de la Mère de Dieu peintes par le Saint Apôtre Luc), après la période de prières du Carême, la confession des péchés et la Sainte Communion.
Le rituel proprement dit consistait dans la petite Bénédiction, les Prières initiales, le chant du tropaire, « Les orateurs bavards sont muets » et celui de la Transfiguration. Après quoi, le prêtre faisait le signe de la croix au-dessus de la tête de l’apprenti iconographe en disant, « Seigneur miséricorde » et lisait la prière de consécration. Suivait une ecténie et la prière finale.
Le choix des tropaires n’est pas fortuit. Le premier se trouve à la fin de l’Hymne Acathiste de la Mère de Dieu et semble avoir comme auteur Saint Teostirict, défenseur des saintes icônes, qui a vécu au VIIIe et IXe siècles et qui a souffert atrocement pour sa foi, car on lui coupa la langue, le nez, les oreilles et le bout des doigts, sous le règne de l’empereur Constantin V « Copronyme » (741-775), car il avait refusé la signature d’un document condamnant les icônes6. Le tropaire de la Transfiguration, quant à lui, exprime le plus clairement possible le fondement de la peinture des icônes, c’est-à-dire la vue en gloire du Fils de Dieu Incarné. En même temps, à travers le tropaire, l’iconographe et tous ceux présents prient afin « que luise pour nous aussi Ta lumière éternelle », en montrant ainsi qu’il ne peut peindre Sa7 face que s’il est lui-même rempli de la lumière du prototype et de l’inspiration divine. C’est pourquoi dans la consécration de certains monastères ou églises on trouve la formule : « La peinture de cette église a été accomplie en l’an de grâce X, par la main des peintres indignes… ».
La prière de chirothésie (voir plus loin) est une synthèse de la théologie de l’icône et des raisons qui la fondent : le fait que le Fils de Dieu S’est incarné « en la période finale où nous sommes » et « nous a parlé à nous par un Fils » (Heb 1, 2). Elle nous rappelle la tradition selon laquelle le visage du Christ Sauveur s’est imprimé, par Sa volonté, sur le linge envoyé au roi Abgar d’Édesse, pour sa guérison et pour témoigner qu’Il est le vrai Dieu ; on montre que l’iconographie est inaugurée par le Saint Apôtre Luc qui, sous inspiration divine, a peint la Mère de Dieu avec l’Enfant. Saint Luc a reçu la bénédiction de la Vierge elle-même, et c’est pour cela qu’on invoque la grâce du Saint Esprit pour l’iconographe consacré, afin qu’il reçoive lumière et intelligence (Dieu et Maître de toutes choses, donne l’illumination et la sagesse à l’âme, au cœur et à l’intelligence de ton serviteur) pour pouvoir peindre le visage de Dieu Fils, de Sa Mèreet de Ses saints, pour la gloire de Dieu, pour l’embellissement de la sainte Église et pour la rémission des péchés de ceux qui honorent cette image. Enfin, le prêtre prie pour que l’iconographe soit délivré de toute blessure infligée par le démon, c’est-à-dire la vaine gloire et l’amour de l’argent.
« Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, Toi qu’on ne peut dans ta divine nature circonscrire, Tu t’es, par Marie la Vierge Mère de Dieu, et dans les derniers temps, incarné pour le salut de l’Homme de façon inexprimable : Tu as ainsi permis qu’on te circonscrive. Tu as imprimé le caractère sacré de ta Face immaculée sur le saint voile, et, en secourant la maladie du gouverneur Abgar, Tu l’as amené par l’illumination de son âme à la pleine connaissance du vrai Dieu. Tu as, par ton Saint-Esprit, donné la sagesse au saint apôtre et évangéliste Luc afin qu’il peigne la forme divinisée de ta toute-innocente Mère qui t’a porté dans ses bras comme un enfant et t’a dit : « Que la grâce de celui qui est né de moi leur soit donnée par moi ».
Toi-même, ô Dieu et Maître de toutes choses, donne l’illumination et la sagesse à l’âme, au cœur et à l’intelligence de ton serviteur (servante) N… Guide ses mains que voici pour peindre de façon irréprochable et parfaite la forme de ta personne, celle de ta Mère immaculée et celle de tous tes saints, pour ta gloire, et pour la splendeur et l’embellissement de ta sainte Église, et pour la rémission des péchés de ceux qui honorent cette image, lui donnent pieusement un baiser et vénèrent ainsi son prototype. Délivre ton serviteur (ta servante) de toute blessure infligée par le démon, puisqu’il (elle) suit avec diligence les préceptes des serviteurs de ta Mère immaculée, du saint et illustre apôtre et évangéliste Luc et tous tes saints. Amen ! »
Père Daniel STÎNGĂ
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