Ajouté le: 13 Janvier 2016 L'heure: 15:14

Quatrième Béatitude : Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.

Quelles sont cette faim et cette soif dont il est promis qu’elles seront rassasiées ?

Quelle est cette justice dont nous devons avoir faim et soif ?

Nous connaissons tous la faim et la soif du corps. Nous savons tous aussi que lorsque nous avons faim ou soif, nous ne pensons guère à autre chose qu’à satisfaire ces besoins vitaux. Nous savons aussi que ce sont en quelque sorte des signaux de bonne santé, qui disparaissent dans les maladies graves. Nous savons enfin que nous pouvons dérégler le bon fonctionnement de notre corps avec une nourriture qui ne nous convient pas, mais que si nous sommes attentifs à nos vrais besoins, nous trouverons ce qui nous convient.

Au niveau de l’âme, il en est de même. « Mais divers et variés sont les objets qui s’offrent à nous et exercent une attraction sur notre nature. Il faut du discernement pour distinguer les aliments utiles de ceux qui sont nocifs, et éviter de prendre comme nourriture pour notre âme ce qui lui apporte mort et ruine, au lieu de la vie. (…)

Celui qui a partagé toute notre condition, à l’exception du péché, a éprouvé lui aussi les besoins de notre nature : après avoir jeûné 40 jours dans le désert, Il eut faim (Mt 4, 2). Il a donné à sa nature humaine l’occasion de s’exprimer. Mais le Tentateur lui suggéra de satisfaire sa faim avec des pierres : « Ordonne que ces pierres deviennent du pain » (Mt 4, 3). Peut-on faire un reproche à la culture des champs ? Pourquoi dédaigner la semence au point de refuser la nourriture qu’elle produit ? Pourquoi condamner la sagesse du Créateur, comme si elle n’avait pas pourvu convenablement à la nourriture des hommes ? Si une pierre s’avère désormais plus propre à nourrir, la sagesse de Dieu s’est trompée dans ce qu’elle avait organisé pour conserver la vie humaine. Ordonne que ces pierres deviennent des pains, le Tentateur le dit et le redit à ceux qui écoutent leur convoitise, et il convainc ceux qui cherchent leur nourriture dans les pierres. Quand l’appétit dépasse les besoins, qu’est-il, sinon séduction du diable, qui rejette la nourriture produite par la terre pour désirer ce qui n’est pas de la nature »1.

La nourriture est ici comprise dans un sens très large, il s’agit en fait de tout ce qui s’offre aux organes des sens, on peut convoiter d’innombrables choses, et on peut ajouter que notre société est devenue reine dans l’art de créer nombre de faux-« besoins ».

A cette tentation, Jésus répond : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). Cette parole nous rappelle d’abord et avant tout que nous ne sommes pas qu’un corps, qu’il y a deux faims, une faim naturelle du corps et une faim naturelle de l’âme, et qu’il faut concilier les deux. Mais il ne faut pas oublier non plus qu’il y a une hiérarchie dans les besoins de l’homme. L’esprit doit passer avant la chair, il doit dominer la chair, et non l’inverse. Cette parole nous affirme ensuite que l’âme se nourrit de la parole de Dieu, « de toute parole sortant de la bouche de Dieu » (dont les Béatitudes).

Celui qui désire la justice de Dieu a trouvé ce qui constitue le véritable désir, nous dit saint Grégoire de Nysse. Tous les autres, d’ordre « terrestre », ne sont jamais rassasiés, bien au contraire. « Le fait d’obtenir ce qu’il recherche a-t-il jamais mis un terme à la cupidité de l’avare ? Qui a cessé d’être ambitieux pour avoir atteint l’objet de ses efforts ? (…) Le Seigneur nous apprend cette vérité merveilleuse : seule la vertu demeure et rassasie. Celui qui s’élève jusqu’à un de ces sommets, qui sont la sagesse, la modération, la piété à l’égard de Dieu ou à quelque autre vertu qu’enseigne l’Évangile, n’en tire pas une joie momentanée et éphémère, mais une joie solide et stable, qui l’accompagne tout au long de sa vie. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de temps ou de rythme pour la vertu, parce que la vertu est de toujours, et ne lasse jamais. (…) La possession de la vertu, une fois solidement établie, n’est ni limitée dans le temps, ni bornée par la satiété. A ceux qui règlent leur vie sur elle, elle apporte une sensation pure, sans cesse nouvelle, pleine et profonde, des joies qu’elle fournit. Voilà pourquoi Dieu, le Verbe, promet l’apaisement de leurs désirs à ceux qui ont cette faim-là, un apaisement qui avive la flamme du désir au lieu de l’étouffer »2.

Pour aller plus loin dans notre réflexion, cherchons quels sont ceux qui ont été reconnus comme « justes » dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

Abel fut certainement le premier « juste » de l’Ancien Testament, puisque son sacrifice fut agréé par Dieu, mais il fut tué avant de pouvoir laisser une postérité. C’est ensuite Noé qui est nommé comme tel : « Noé, homme juste, fut intègre au milieu des générations de son temps. Il suivit les voies de Dieu… » (Gen. 6, 9), et pour cela le Seigneur établit son alliance avec lui et le bénit (d’après Gen. 9).

Abram semble être le troisième « juste » de l’Ancien Testament, et il fut justifié par sa foi : « Abram eut foi dans le Seigneur, et pour cela le Seigneur le considéra comme juste » (Gen. 15, 6), et pour cette raison le Seigneur conclut avec lui une alliance.

On trouve ensuite les figures d’un certain nombre de patriarches : Abraham donc, Isaac, Jacob, Joseph ,…et bien plus tard Moïse ! mais je voudrais m’attarder un peu plus sur une figure extraordinaire de l’Ancien Testament : Job. « Il y avait, au pays de Ouç, un homme du nom de Job. Il était, cet homme, intègre et droit, craignait Dieu et s’écartait du mal. » (Jb 1, 1) Ce sont les premiers mots du livre de Job. L’histoire de Job est connue : il était comblé sur tous les plans : famille, richesse, amis. Puis, il est éprouvé, il perd ses enfants et tous ses biens. Il ne maudit pas Dieu, bien au contraire : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté : que le nom du Seigneur soit béni ! » (Jb 1, 21). Il est à nouveau éprouvé, cette fois-ci dans sa chair : il est atteint d’une maladie de peau « de la plante des pieds au sommet du crâne ». Sa femme lui conseille de « maudire Dieu et mourir », il lui répond : « Tu parles comme une folle ! Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu. Et le malheur, pourquoi ne l’accepterions-nous pas aussi ? » (Jb 2, 10). Job ne pèche toujours pas, du moins par les lèvres, précise le texte. Viennent ensuite trois amis, et Job va entamer avec eux un long dialogue poétique, et c’est là que les choses se corsent, car Job se considère comme juste, se clame juste devant la face de Dieu, et ne demande finalement qu’une chose : que son innocence soit reconnue, même et surtout par Dieu lui-même. Il souffre d’ailleurs peut-être plus encore du silence divin que de la perte de ses enfants, de ses biens, de l’incompréhension de sa femme et de ses amis. Le livre de Job met en scène un certain nombre de problèmes de différents ordres, mais par rapport au thème qui nous occupe aujourd’hui, le principal est qu’en se déclarant juste et en réclamant du coup « justice » à Dieu par rapport aux malheurs qui l’accablent, Job sous-entend que c’est Dieu qui est injuste. Il finit par prendre Dieu lui-même à témoin de son intégrité et à lui demander des comptes : « Voici donc : j’ai introduit une instance : je sais que c’est moi qui serai justifié ! (…) Appelle, et moi je répliquerai, ou bien si je parle, réponds-moi. Combien ai-je commis de crimes et de fautes ? Ma révolte et ma faute, fais-les moi connaître. » (Jb 13, 18, 22-23). Après l’intervention d’un quatrième ami, c’est Dieu lui-même qui se manifeste (enfin !) à Job, dans une théophanie grandiose : « Qui est celui qui obscurcit mon projet par des discours insensés ? Ceins donc tes reins, comme un brave : je vais t’interroger et tu m’instruiras. Où étais-tu quand je fondais la terre ? » (Jb 38, 2-4). Suivent d’innombrables questions qui font prendre conscience à Job de sa petitesse infinie, et quand Dieu lui demande : « Celui qui dispute avec Shaddaï a-t-il à critiquer ? Celui qui ergote avec Dieu voudrait-il répondre ? » (Jb 40, 2), Job ne peut que dire : « Je ne fais pas le poids, que te répliquerai-je ? Je mets la main sur ma bouche. » (Jb 40, 4). Le Seigneur reprend pour la deuxième fois : « Ceins donc tes reins, comme un brave : je vais t’interroger et tu m’instruiras. Veux-tu vraiment casser mon jugement, me condamner pour te justifier ? » (Jb 40, 7-8). Et après un deuxième défi que lui lance Dieu, Job ne peut que rendre les armes, d’une façon définitive cette fois-ci : « Je sais que tu peux tout et qu’aucun projet n’échappe à tes prises. (…) Eh oui ! J’ai abordé, sans le savoir, des mystères qui me confondent. (…) Je ne te connaissais que par ouï-dire, maintenant mes yeux t’ont vu.3 » (Jb 42, 2-5). Après cela, Job sera effectivement justifié.

De tout temps l’homme a désiré, dans son orgueil, avoir des droits sur son Créateur, et que Celui-ci se conforme à sa vision humaine de la justice. Le livre de Job remet les choses à leur « juste » place en nous rappelant finalement que le seul Juste, c’est Dieu Lui-même. « N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car nul vivant ne sera trouvé juste devant toi » (Ps 142, 2), dira le roi David.

Le Nouveau Testament nous livre également quelques figures de justes. Du vieillard Syméon, qui reçut Jésus enfant dans ses bras, il est dit : « Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël » (Lc 2, 25). Le juste est donc maintenant celui qui attend la consolation d’Israël, c’est-à-dire le Messie, comme le vieillard Syméon, comme la prophétesse Anne, comme Joseph d’Arimathie. Le dernier juste auquel le Christ Lui-même rendra témoignage est Jean le Baptiste : « Jean est venu à vous dans le chemin de la justice, et vous ne l’avez pas cru » dira-t-il aux grands prêtres (Mt 21, 32). L’expression « chemin de la justice » est traditionnelle dans le langage biblique. Partout, il s’agit d’exprimer la pratique effective de la justice, un comportement du croyant réellement conforme à ses exigences. Le Précurseur venu « dans le chemin de la justice » témoignait en prophète authentique de l’ensemble des exigences de la parole de Dieu et les mettait lui-même en pratique. Le Précurseur est ainsi situé par Jésus Lui-même dans la perspective de Celui qu’il annonçait. Et à Jean lui-même, quand Jésus vint auprès de lui pour être baptisé par lui, et que Jean voulut s’y opposer, Jésus dira : « Laisse faire maintenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice. » Ce qui signifie qu’il convient de ne laisser inaccompli aucun commandement divin, aucun projet divin. Saint Grégoire Palamas précise : « Il me convient [à Jésus, c’est-à-dire à Dieu] de ne laisser inaccompli aucun commandement divin, de justifier ainsi parfaitement la nature humaine et de l’emplir plus manifestement encore de la grâce divine et éternelle : car en recevant de toi le baptême, j’attirerai visiblement d’en-haut, sur la nature humaine, l’Esprit d’adoption »4.

Le Christ Lui-même dira encore : « Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). La justice de Dieu, c’est tout ce qui caractérise la vie du Royaume, avoir faim et soif de cette justice, c’est avoir faim et soif du Seigneur, selon le cri d’Isaïe : « Écoutez,vous tous qui êtes en quête de justice, qui cherchez le Seigneur ! » (Is. 51, 1).

Pour l’expliquer plus avant, écoutons saint Jean de Kronstadt : « revenons au commencement, à la création de l’homme par Dieu, et à l’histoire de sa chute. L’homme fut créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et comme dit l’Apôtre, « dans une justice et une sainteté véritable » (Eph. 4, 24), c’est-à-dire qu’il fut créé juste, sans péché, saint, et qu’en lui coulaient des sources d’eau vivifiante, parce qu’il était en union avec Dieu. La vérité ou l’éternelle Source de Vérité – le Seigneur Dieu – constituait alors sa nourriture et sa boisson spirituelle. Voilà la patrie de l’âme, voilà sa nourriture et sa boisson ! Dans l’union avec Dieu, l’homme ignorait tout de la faim et de la soif de la justice, car il en était rassasié avec surabondance. Ainsi, ceux qui vivent dans la plénitude de l’abondance ne peuvent comprendre la faim et la soif. L’homme n’a connu la faim et la soif que lorsque, par le péché, il fut privé de justice et détaché de la source de vérité – Dieu – qui lui pouvait prodiguer une satiété éternelle. Lorsqu’il se détourna de la simplicité vers l’astuce, de la bienveillance vers la méchanceté, de l’humilité vers l’orgueil, de la douceur vers la colère, de la sainteté vers la souillure, de l’amour de Dieu vers celui du monde et de lui-même, de l’amour céleste et spirituel vers les passions corporelles et terrestres. Par le péché, l’âme perdit la vérité, et commença à ressentir la privation, la faim et la soif, l’affliction et le confinement par manque de cette nourriture tant essentielle. S’empoisonnant ainsi par négligence ou par légèreté d’esprit, l’homme a faim et soif de médecine salvatrice et de contrepoison »5

Le péché empoisonne l’âme et l’endort spirituellement, ainsi dans le pire des cas, le pécheur ne connaît même plus la faim et la soif, il ne se sait même pas malade. C’est pourquoi sont bienheureux ceux qui sont affamés et assoiffés de la justice ! Ils sont au moins conscients de leur maladie et désirent et recherchent la guérison.

Qu’est-ce qui a constitué la « nourriture » du Christ ? Il le dit lui-même à ses disciples après son dialogue avec la Samaritaine : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. (…) Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jn 4, 32-34). Or, quelle est la volonté du Père ? L’Apôtre Paul répondra à cette question : « Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4).

Nous devons donc avoir faim et soif de notre propre salut, c’est-à-dire de notre propre guérison. Or qui nous sauve ? Jésus Lui-même, c’est le sens de son Nom. Le Seigneur nous appelle à avoir faim et soif de vérité, c'est-à-dire avoir un fort désir d'être juste devant Dieu par notre foi dans le Christ comme Sauveur du monde. Car, dit le psaume 22, 3 : « Il a fait revenir mon âme, il m’a guidé dans les sentiers de la justice, à cause de son Nom ». C’est ainsi que sont justes ceux qui ont foi dans le Seigneur, qui « marchent dans ses voies », c’est-à-dire dans ses préceptes, qui accomplissent ses commandements, qui cherchent à faire Sa volonté. « Avoir faim de la justice, c’est désirer vivre selon la justice divine. Avoir soif de la justice, c’est en désirer la science » (Saint Jean Chrysostome).

« L’homme humble et doux, l’homme-agneau, celui qui pleure ses péchés, le paradis perdu et la cité de Dieu, rien de terrestre, de précaire ou de périssable ne peut le rassasier. Il regarde le monde avec les yeux de Dieu, il pense avec l’intelligence de Dieu, et il recherche la justice de Dieu. On entend ici par justice la vérité et l’ordre, selon la révélation et l’injonction de Dieu. La vérité sur le Créateur, sur le monde, sur l’homme, sur le but, sur le chemin. Et, dans tout, l’ordre conforme à la vérité. Tout ce que l’homme doit connaître et accomplir pour se rapprocher de Dieu porte un seul nom : justice. Affamés de justice, les pharisiens ne l’étaient pas, car ils pensaient détenir la justice. Affamé de justice, Pilate ne l’était pas davantage, bien qu’il eut demandé incidemment au Christ : Qu’est-ce que la vérité ? (…) Car le Christ est toute la plénitude de la justice, toute la vérité, et tout l’ordre. Lui qui disait pour Lui-même : « Je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14, 6)6. » Son incarnation est d’ailleurs annoncée dans le psaume 84 dans les termes suivants : « La miséricorde et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont embrassées. La vérité s’est levée de la terre, et la justice a regardé depuis le ciel » (Ps. 84, 11-12). Le Seigneur est le seul Juste et sera lui-même reconnu comme tel par certains païens : la femme de Pilate, par exemple, qui dira à son mari : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste ! » (Mt 27, 19) ; le centurion au pied de la Croix : « Vraiment celui-ci était Fils de Dieu » (Mt 27, 54). Et nos textes liturgiques de la fête de la Nativité parlent du Christ comme du « Soleil de Justice ».

La justice dans la pensée biblique est donc la conformité à la parole de Dieu,conformité aux attentes, aux exigences, aux promesses, aux désirs de Dieu. Elle est atteinte dans sa plénitude dès lors que tous les hommes conforment leur existence à la volonté divine, au projet divin.

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés

C’est le Seigneur qui se propose Lui-même au désir de ceux qui L’écoutent, « lui qui s’est fait pour nous sagesse venue de Dieu, justice, sanctification, rédemption, mais aussi pain descendu du ciel et eau vive »7. David a soif de cette eau, quand il dit : « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu fort, du Dieu vivant ; quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Ps. 41, 3), et aussi : « Mon âme est devant toi comme une terre sans eau » (Ps 142, 6). Il semble qu’instruit par l’Esprit, il s’est annoncé à lui-même qu’un tel désir serait comblé : « Et moi, dans la justice je paraîtrai devant ta face ; je serai rassasié quand paraîtra devant moi ta gloire » (Ps 16, 15).

 « A ceux qui sont affamés et assoiffés de Christ en tant que perfection de la justice, il a été promis qu’ils seraient rassasiés. Ayant foi en cette promesse, de nombreux chrétiens ont méprisé la faim et la soif du monde et de ce qui est du monde, et sont partis à la recherche d’un apaisement de leur faim et de leur soif spirituelle. Leur faim est la seule qui sera comblée, suivant ce que notre Créateur dit par les prophètes : « Voici que mes serviteurs mangeront, et vous, vous endurerez la faim ; voici que mes serviteurs boiront, et vous, vous endurerez la soif ; voici que mes serviteurs jubileront, et vous, vous aurez honte » (Is. 65, 13) »8.

A la foule qui le questionne, Jésus dira : « C’est moi qui suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura pas faim ; celui qui croit en moi jamais n’aura soif » (Jn 6, 35). Il est le pain descendu du ciel (cf Jn 6, 32-33), celui que nous demandons dans la prière qu’Il nous a Lui-même donnée (le Notre Père : donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour). Il est le pain Eucharistique, le banquet du Royaume auquel sont conviés « les pauvres, les estropiés, les aveugles, les boiteux » (Lc 14, 21).

 A la Samaritaine enfin, Jésus dira : « Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. (…) Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle» (Lc 4, 10-14).

Celui qui recherche et accueille en lui le Seigneur est comblé de ce dont il avait faim et soif, selon la promesse : « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure » (Jn, 14, 23). Ainsi, nous dit saint Grégoire de Nysse, « si nous avons faim de la justice de Dieu, nous en serons rassasiés dans le Christ Jésus [j’ai envie d’ajouter : dans et par le Christ Jésus], notre Seigneur, dont la gloire est établie pour les siècles des siècles9. »

À suivre …

Marie-Thérèse GOURDIER,
Catéchèse donnée en l’église Saint Séraphin à Paris, 2012
Notes :

1. Grégoire de Nysse, Les Béatitudes, Ed. Migne, coll. Les Pères dans la foi, p. 60-61.
2. Saint Grégoire de Nysse, Les Béatitudes, Ed Migne, coll. Les Pères dans la foi, p. 65-66.
3. A noter que dans la terminologie de l’Ancien Testament, « voir » signifie « prendre part », « connaître ».
4. Grégoire Palamas, Homélies, YMCA-PRESS, p. 63.
5. Saint Jean de Kronstadt, Dix homélies sur les béatitudes, La Pierre angulaire, p. 21.
6. Mgr Nicolas Vélimirovitch, La foi et la vie selon l’Évangile, L'Âge d'Homme, p. 145.
7. Saint Grégoire de Nysse, Les Béatitudes, Ed Migne, coll. Les Pères dans la foi, p. 67.
8. D’après Mgr Nicolas Vélimirovitch, La foi et la vie selon l’Évangile, L'Âge d'Homme, p. 144-146.
9. Saint Grégoire de Nysse, Les Béatitudes, Ed Migne, coll. Les Pères dans la foi, p. 68.

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