Ajouté le: 12 Novembre 2015 L'heure: 15:14

Situation de la catéchèse

Information, connaissance, expérience, conscience, présence. Cette séquence semble idéale, qui mène d’une saine et judicieuse information à l’approfondissement par une connaissance intériorisée, valorisée par les confirmations de l’expérience, débouchant sur une transformation de la conscience où, dans l’intime de l’intériorité, se donne peu à peu à reconnaître, à vivre et à célébrer la poésie de la présence à soi de l’Esprit divin, que la prière appelle alors constamment et dont elle vient soutenir l’évidence. Cette vision idyllique, qu’épouse généralement les projets pédagogiques de catéchèse conçus par des hommes de foi, engagés dans l’Église, clercs ou laïcs, est-elle, aujourd’hui, encore de mise ? Et, si oui, de quelle manière ?

État des lieux

D'un point de vue abstrait et intellectuel a priori, dans le domaine religieux, comme en tout et pour tout, tout commence, ou devrait théoriquement commencer, par l’information. Mais, en réalité dans le domaine de la croyance et de la confiance comme dans tout ce qui est existentiel, l’information est toujours précédée par un ensemble d’expériences et de préjugés qui contribuent à former ou à déformer l’image que l’on a de ce vers quoi l’on se dirige. Cette image est également nourrie de diverses supputations que l’on se fait à propos des finalités de ce que l’on aborde ou de ce qui nous sollicite. Et c’est vrai, aussi, sinon même surtout, pour ce qui est religieux, la dimension religieuse étant, a priori, celle qui est censée tout englober et rendre raison de tout. Que l’on soit né dans un contexte religieux ou non, la vie en soi et les vicissitudes qui la traversent, dès la vie de famille et, plus largement encore ensuite, dans la société, impose à chacun, explicitement ou non, l’évidence du mystère sous-jacent à toute interrogation existentielle : pourquoi1 y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? comment se fait-il que ce quelque chose existe ? quelles sont les lois qui régissent cette manière d’être de ce qui est ? pourquoi l’homme dans tout cela ? comment doit-il agir, qu’a-t-il à faire de tout cela, dans tout cela, pour cela et pour lui-même ? si tout cela et l’existence humaine de chacun comme de tous répondent à un pourquoi, quel est le sens du comment, sa finalité ? Comment faire donc que le comment corresponde et réponde au pourquoi ? Toutes ces questions se posent, en général, à tout âge, à toute époque, dans toute société, et trouvent toujours des échos, parfois des réponses, dans les diverses cohérences de la sagesse humaine, le plus souvent coiffées par les totalisations symboliques et sémantiques des religions établies.

Cette évidence de situation est inhérente à la condition humaine et résiste à tout. Elle résume et caractérise ce qu’un grand nombre de traditions religieuses, de sagesses ou de théologies attestent et que la tradition chrétienne appelle la « Chute ». La permanence, le caractère ontologique de cette condition fait en sorte qu’à aucun moment de l’existence l’homme n’échappe aux défis que lui pose ce mystère, et à la nécessité de lui donner la réplique qui lui semble appropriée. Les défis de la « Chute » doivent être constamment relevés, les tentations que l’homme subit constamment de se résigner au règne du déchu doivent être affrontées et rejetées. La vie est, ainsi, un combat permanent contre l’obscurité qui couvre la condition humaine et opacifie toute réponse au pourquoi.

Mais l’homme n’est pas seul, – il ne l’a jamais été –, et sa conscience individuelle est puissamment soutenue par la conscience collective dans laquelle il est né et qui l’élève. Dans la culture accumulée et, aujourd’hui, dans l’univers globalisé d’une humanité de plus en plus planétaire, ce sont les consciences collectives les plus englobantes, c’est-à-dire les religions ou les philosophies, –d’origine familiale, locale, régionale, nationale, sociale, ancestrale, ou de grande diffusion –, qui, plus que jamais2, répondent au pourquoi et permettent à chacun d’adhérer ou non à leurs propositions de sens (les diffractions du pourquoi sur le réel) et de vie (les modes et les modalités du comment de l’être et de l’agir). Dans le meilleur des cas, les individus sont appelés à mûrir les raisons de maintenir dans leur vie l’entraînement où leur milieu les a engagés, mais la concurrence de la « modernité », celle des spiritualités syncrétistes ou des philosophies à bon marché, la propagande rationaliste, scientiste et matérialiste distillée béatement par l’instruction laïque et les études « scientifiques » que tout le monde doit faire sous peine de relative exclusion sociale, sans parler des concurrences du prosélytisme religieux et du laïcisme ouvertement anti-religieux, mettent à mal la possibilité de se régler sur la considération première et essentielle de la condition humaine : les questions essentielles.

Si la famille, ou la société, s’est trouvée dans une situation telle qu’elle n’a pu assurer un environnement cohérent à la formulation de ces questions et de leurs réponses, si des individus ont été confrontés directement, violemment, tragiquement, à la nudité et à la crudité des énigmes ou des drames de l’existence, si l’apariement des questions et des réponses d’évidence collective a été déjoué par les violentes contradictions, les traumatismes ou les scandales qui ont bouleversé la conscience individuelle, la situation de la conscience sera chaotique. Généralement, le caractère censément englobant des croyances religieuses et de la confiance sociale sera considéré comme oppressif, illusoire, mensonger, trompeur et ne suscitera que défiance, hostilité, révolte, détestation, haine ou toute autre forme de ce qu’induisent les frustrations existentielles, les ruptures sociales, les outrages affectifs ou les instabilités ontologiques.

Aujourd’hui, en Occident surtout, – mais le monde s’occidentalise –, la crise des institutions religieuses, déstabilisées par la concurrence des évidences, des cohérences et des pertinences que viennent apporter aux questions existentielles le cartel idéologiquement triomphant de l’économie, des sciences et des technologies, a tendance à faire que, quelles que soient les structures de référence de la conscience collective, – familiale, locale, régionale, nationale, ancestrale, mais aussi, religieuse, théologique, philosophique, spirituelle –, les consciences individuelles sont, plus ou moins toutes, dans une certaine déréliction. Chacun, plus ou moins, se retrouve dans une position qui, tributaire, à son bénéfice ou à son détriment, de la dominance économique, scientifique et technologique, est amené à épouser ou, à tout le moins, à ne pas refuser la relégation du religieux dans l’univers subjectif, voire à le considérer comme relevant des aliénations ou des concessions faites à la faiblesse humaine. La liberté théorique concédée par les pouvoirs publics des démocraties à l’enseignement religieux est loin de pouvoir contrer la dominance des présupposés « modernes ». L’information publique en matière religieuse, elle-même imprégnée des évidences impliquées par l’idéal du bien-être et tributaire des pouvoirs politique et médiatique, ne suffit évidemment pas à contrebalancer, et le plus souvent vient confirmer les évidences, les références, les cohérences, les pertinences et les connivences que construisent, dans le bien-être obtenu ou espéré, jalousement conservé ou violemment revendiqué, le dynamisme économique, scientifique et technologique.

Comment donc toucher ?

En matière religieuse comme pour tout enseignement à visée existentielle, il convient d’en revenir à l’exemple de tous les maîtres de sagesse, et du Christ lui-même, qui partent de l’expérience et des conditions du monde tel qu’il est, en leur temps comme de tout temps. C’est par l’expérience du Christ rapportée à l’expérience des hommes que l’on pourra éveiller l’attention à sa personne et entrer en procédure d’information à son propos. Tout va évidemment dépendre du degré de conscience et d’expérience de chacun, mais il s’agit de discerner individuellement ce qui chez chacun est susceptible d’être sensible au Christ et de le rencontrer réellement. Pour les uns, ce sera corporel et élémentaire, pour les autres, ce sera intellectuel et spéculatif, et cela à tous les degrés. Au catéchète de discerner le lieu du levier. Ses enseignements, qui sont d’abord une mise en relation de confiance, dans un esprit d’ouverture, sont et doivent être constamment fondés sur la sympathie et la bienveillance, sur le respect de l’autonomie des consciences et se sentir assurés par la certitude que la conscience humaine, en son fond, possède inaliénablement une mesure de discernement de la vérité, ce qu’on appelle le bon sens, qui est la motion première, principielle à vrai dire, de la conscience juste pressentant le sens du sens des choses et anticipant leur cohérence globale. Certes, ce discernement n’est ni absolu, ni universellement réparti de la même manière chez chacun. Il n’est pas, non plus, indépendant des conditions et des conditionnements de la conscience collective. Il peut être très restreint, voire occulté par les préjugés et les passions. Il est ainsi toujours relatif à l’indépendance d’esprit de chacun, cette indépendance qui est le lieu de la liberté. La confiance des témoins de la vérité et l’efficacité de leur enseignement tient au fait qu’elle est fondée sur le dialogue de la liberté et qu’elle part de situations et de questionnements concrets à propos desquels on cherche une réponse humainement satisfaisante, d’abord, et compatible avec les vérités spirituelles que l’on propose.

Cette relation de confiance, qui se fonde sur la satisfaction de la liberté interrogative, donne la possibilité, suscite et nécessite même la curiosité de l’information, autant pour l’interrogeant que pour l’interrogé. C’est à partir de ce moment de confiance-là seulement que l’on entre dans le dynamisme catéchétique, –comme dans toute pédagogie –, un dynamisme qui ne peut se fonder solidement que sur des consciences libérées par le respect mutuel éprouvé. Pas de catéchèse, donc, sans sympathie, sans amitié, sans entraide, sans respect de l’altérité. Ce qui est recherché, c’est la conviction intérieure, non l’application aveugle de consignes, et pour parvenir à cette conviction il faut toucher ce qui, au cœur de l’intériorité de chacun, est le lieu de la liberté, ce lieu où chacun trouve l’irréductible identité de soi et la dimension universelle de sa propre unicité. Si les convictions sont ainsi enracinées, il ne sera possible de s’en dédire qu’en se reniant soi-même, au prix donc d’une crise ontologique où se pose la question, à propos du fondement de soi, de l’être et du néant, une question qui, sincèrement posée, ne peut conduire qu’à la conviction de son appartenance au néant, définition du désespoir total, de ce désespoir qui a conduit Judas au suicide.

Cette épreuve de la sympathie première, ce lien de confiance et de connivence, cet accompagnement de l’autre dans sa démarche (cf. « quelqu ‘un […] te requiert-il pour une course d’un mille, fais-en deux avec lui », Matthieu, 5, 41) implique, au moins dans un certaine mesure, un laps de temps partagé. Ce laps de temps est toujours concret, – du temps de l’horloge –, mais il sera aussi, fictionnel, –le temps de la theo-ria, celui du déroulement de l’être dans ce lieu où les personnages et les événements sont partagés jusqu’à l’identification universelle de chacun avec chacun, prémices de la personne-hypostase, et jusqu’à l’assimilation événementielle, ce qui arrive à chacun arrive à tous, chacun à chacun. C’est une des raisons pour lesquelles, avec les enfants et les adolescents surtout, mais aussi, le plus souvent, avec les adultes (excepté des intellectuels formés ou déformés par les études supérieures, et encore), la catéchèse préférera le narratif au discursif et le descriptif au spéculatif, exactement, par parenthèse, comme le fit Jésus lui-même. Car, dans les paraboles comme dans les miracles, le temps de l’agir et de l’efficacité, l’identité des personnes, des situations et des actions opérées, est immédiatement assumé par chacun. Celui qui est dans la parabole, c’est toujours moi aussi, et celui qui est touché par le miracle, c’est moi aussi, ce qui fait du miracle une annonce aussi forte, – identique à vrai dire –, que celle de la parole ou de la motion spirituelle pure (le Christ avec le paralytique l’indique : « Quel est donc le plus facile de dire : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? », Matthieu 9, 5).

Le temps de l’information

Vient alors l’information qui, comme les autres étapes de la séquence idéale, se défiera de la polémique et de la controverse, mais se situera au plan de l’exposé et de la proposition. La controverse est toujours en-deçà de la sagesse, ne fût-ce que parce qu’elle est intrinsèquement liée aux relativités de la science, toujours en recherche de la définition ultime de son objet, aux variations des méthodes de la connaissance et des validations du savoir qu’elles permettent. La meilleure façon d’enseigner étant de raconter l’Évangile, ou de le lire, car il est lui-même mise en œuvre des intentions catéchétiques telles qu’on cherche à les exprimer ici.

Cette Information est, déjà, potentiellement, à même de conduire à l’achèvement catéchétique, la Parole de Dieu ayant, précisément, cette puissance de mobilisation de la conscience et cette capacité d’éveil du discernement susceptibles de souder l’Esprit, l’Action et l’Intériorité et, ainsi, en remplissant de joie la liberté, de susciter en soi les puissances de l’amour.

Croire en Dieu est une chose, le connaître en est une autre

Mais être informé n’est pas encore exactement connaître. Une fois informé de l’Évangile, il faut encore entrer de plain pied dans l’Église, c’est-à-dire dans le mystère historique de l’Incarnation du Christ dans l’Humanité tout entière. Le Fils de Dieu s’est incarné dans un être humain individualisé et a, dans sa personne divino-humaine, assumé la totalité de l’Humanité et, à travers elle, de la Création. Il reste, pour l’Humanité, à réaliser ou, à tout le moins, à manifester, dans et par l’Histoire, par l’action de l’Esprit Saint que le Christ a envoyé, et à l’exemple du Christ, définitivement présent à l’Humanité, la promesse de sa destinée humano-divine, à savoir sa sainteté. Pour cela, il faut mûrir et approfondir l’information évangélique, en assumer les développements dogmatiques, en pratiquer les déclinaisons sacramentelles, en partager les richesses, en rayonner la lumière, et témoigner concrètement, constamment, de la promesse faite à l’Humanité de sa promotion à la vie divine. C’est ce que fait l’Église et qu’elle réalise dans la liturgie eucharistique, une liturgie qui est, dans l’Église orthodoxe plus que dans toute autre, une synthèse catéchétique, initiatique et opérative du mystère chrétien. Passer de l’Information à la Connaissance se fait, bien entendu, de toutes les manières possibles, notamment par l’approfondissement de la culture chrétienne et par l’ouverture de l’intériorité à la contemplation du mystère chrétien, mais rien ne surpasse, à ce propos, la divine Liturgie eucharistique. Elle conjoint en effet aux aspects formels de l’intellectualisation, de la symbolisation et de la dramatisation du sens des choses dites, montrées et effectuées, le réalisme on ne peut plus vital, –boire et manger –, de la participation à la divino-humanité du Christ et à l’espérance d’unité humano-divine de l’Humanité par la communion de bouche de tous au corps et au sang du Christ rendu présent par le mystère de l’Église qui continue d’incarner sa promesse.

Épreuves et endurance

Cette connaissance est, aussitôt, expérience, certes, mais avant qu’elle le soit décidément et irréversiblement, il lui faut longueur de temps, diversité des événements, mutations des circonstances favorables et défavorables, bref, des épreuves surmontées, ce qui permet, en vérité, de parler d’expérience. La vie procure son lot d’épreuves, mais l’Église en fournit de fortes, de fines et de subtiles, qui mesurent, à son corps défendant quelquefois, hors de propos souvent, la part de résistance spirituelle de la foi à la part humaine, trop humaine, de sa réalité. Conflits et abus d’autorité, intégrisme ou laxisme des théologiens, cléricalisme des hiérarchies, carriérisme des clercs, opportunisme et anarchisme des laïcs, intérêts d’argent, de pouvoir, d’influence, obstination des volontés, indurations des opinions, bref, toutes les passions de l’homme déchu, des loups couverts de toisons de brebis (cf. Matthieu 7, 15). Dans et pour l’expérience, l’ascèse est nécessaire, elle est le point nodal, le tournant, le levier, la condition sine qua non de l’accès à l’expérience. Certes l’ascèse est multiforme, – elle est, en fait, l’aspect général du repentir assumé et incarné jusque dans les pratiques corporelles –, et elle est permanente, tout au long de la vie et, spécialement, intentionnellement, tout au long de la maturation spirituelle et de l’attente de Dieu, de l’Esprit Saint.

Poésie de la présence de Dieu

Une fois la fermeté dans la foi acquise, à travers les épreuves et au-delà d’elles, la conscience se trouve, en effet, bien orientée et, face à chaque situation, se positionne dans le sens chrétien du vrai bon sens.

Ce sens-là, bien loin de se complaire dans les phases pédagogiques initiales de la catéchèse et dans ses étapes initiatiques, en vient ou en revient bientôt au fondamental : la rencontre, première et dernière, de la personne du Christ, où les questions existentielles et les réponses chrétiennes se correspondent. Il n’est personne au monde, en effet, qui ne puisse trouver dans la profondeur de la vie du Christ quelque aspect ou quelque événement, quelque réflexion ou quelque attitude qui ne soit profondément sienne, aussi. Il n’est pas, dans la vie du Christ, d’élément qui ne puisse apporter à tout homme, quel qu’il soit, la reconnaissance du sens de son existence, et une consolation dans ses propres drames. Présence qui est celle du Consolateur, que le Christ a envoyé dans le monde afin d’assurer sa présence définitive. C’est là, dans cette présence, intime et ecclésiale, que la force du témoignage trouve sa source et ses ressources, c’est à partir de là que tout témoignage prend forme, y compris et surtout le témoignage catéchétique, car la catéchèse est d’abord témoignage existentiel, vérités vécues et expérimentées à la suite de l’Évangile, éclairée par l’Évangile et mettant l’Évangile en lumière. C’est là que trouve sa pertinence l’aller et retour des faits de la vie quotidienne, autrement désespérément banale, et de la dimension spirituelle de la vie, c’est là que toute chose trouve son rapport à la vie du Christ, à la vie en Christ, et ainsi à l’expérience eucharistique qui fait l’Église, sans laquelle l’Église se réduit à son abstraction institutionnelle, humaine, trop humaine, et son enseignement à une « matière » comme une autre. C’est là que la catéchèse resplendit, dans la joie de l’humilité, dans la gloire de Dieu, « doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29).

Conclusion

Le point d’aboutissement de la conversion et du témoignage, c’est le point de départ et le point d’appui de la catéchèse. C’est aussi son aboutissement, son couronnement, sa récompense et la joie du catéchète qui voit s’épanouir dans ceux à qui il s’est adressé la présence de l’Esprit Saint. Tout l’enseignement, toute l’information, toute la formation, toute la réflexion, toute la spéculation, inhérentes à l’initiation catéchétique, ne doit jamais se départir de cette énergie première et dernière, de ce mouvement, qui est celui-là même de l’Amour de Dieu pour les hommes et de l’amour des hommes entre eux, où s’accomplit l’œuvre du Christ.

Jean-Claude Polet

Notes :

1. Les enfants, à tout propos, demandent, spontanément métaphysiciens, pourquoi. Les adultes, plus volontiers physiciens, leur répondent en leur disant comment. On ne peut pas mieux noyer le poisson, mais rari nantes in gurgite vasto (“ils sont peu nombreux ceux qui nagent dans la gorge profonde”).
2. Depuis toujours aussi, mais de plus en plus largement aujourd’hui, le refus de ce qui échappe à la rationalité démonstrative a été érigé en norme de vérité. Inutile de dire que les grandes questions inhérentes au pourquoi sont donc à tout le moins éludées, voire franchement évacuées par cette attitude que l’on a qualifiée de « moderne » et qui, promue désormais au statut d’exclusivité scientifique, semble le terme ultime au-delà duquel ne règne plus que l’imaginaire. Les plus libéraux des “scientifiques” concèdent cependant à l’imaginaire d’être le réservoir d’hypothèses scientifiques potentielles.

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