La sollicitude envers les personnes âgées, les enfants et les pauvres montre le degré de civilisation et la profondeur de vie chrétienne d’un peuple. De ce point de vue, nous sommes préoccupés tout particulièrement par l’état d’abandon social et le désintérêt envers les personnes âgées (parents et grands-parents), que nous constatons souvent dans la société d’aujourd’hui.

La communauté humaine traditionnelle s’est préoccupée depuis toujours des personnes âgées, en les considérant non pas comme un fardeau, mais comme une source de bénédiction et de sagesse, ainsi que d’amour miséricordieux, par leur participation à l’éducation des enfants et des jeunes.

Les Saintes Écritures nous parlent à ce propos du respect que la communauté juive accordait aux aînés. Dans l’Ancien Testament, le respect pour les aînés a pris la forme d’un commandement que tous avaient le devoir d’accomplir : « Honore ton père et ta mère » (Exode 20, 12), ou bien : « Tu te lèveras devant les cheveux blancs, et tu honoreras la personne du vieillard. Tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel. » (Lévitique, 19, 32).

Celui qui ne respectait pas ses parents âgés était vu comme un blasphémateur : « Abandonner son père, c’est comme insulter le Seigneur ; le Seigneur maudit celui qui a fait le malheur de sa mère. » (Ecclésiastique 3, 16).

Le Nouveau Testament nous montre clairement que la sagesse des aînés tient de leur proximité avec Dieu par la prière et par leur vie vertueuse. Ainsi, le Juste Siméon n’était pas seulement un savant, mais aussi un homme de prière, illuminé par le Saint Esprit afin de reconnaître le Messie dans l’Enfant Jésus : « Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. » (Luc2, 25).

Le Juste Siméon pourra porter dans ses bras le Verbe de Dieu fait homme et Le présenter comme « Lumière qui se révèle aux nations et gloire de Son peuple, Israël » (Luc2, 32).

Nous comprenons ainsi pourquoi le Juste Siméon devient un modèle et un protecteur des personnes âgées : il était savant, juste, ayant la crainte de Dieu, patient, plein de foi et d’espoir.

La fragilité corporelle de la vieillesse est compensée par la force de la sagesse, la richesse de la connaissance, la beauté de la douceur et de la bonté. En ce sens, Saint Jean Chrysostome dit : « La fragilité du corps n’endommage en rien la force de la foi. Les cheveux blancs et le dos courbé, unis à la foi ailée, sont une parure de l’Église, qui s’en réjouit tout particulièrement »¹. La vieillesse doit être comprise aussi comme étant l’âge où nous nous approchons de la fin de notre voyage terrestre, et où le Seigneur Jésus Christ nous guide vers la maison du Père céleste (cf. Jean14, 2).

Malheureusement, de nos jours, il y a beaucoup de personnes âgées qui vivent dans une complète solitude, isolées de la communauté, se sentant en quelque sorte inutiles à celle-ci, ou plus encore, traumatisées par leur propre vieillissement, elles sombrent dans le désespoir.

C’est pourquoi l’Église est appelée à trouver de nouvelles formes et méthodes pastorales actuelles, pour s’approcher plus des besoins et des attentes des personnes âgées. En même temps, nous devons aussi travailler pour élever et éduquer les jeunes afin qu’ils ne marginalisent pas les personnes âgées, qu’ils ne les abandonnent pas et qu’ils ne les isolent pas dans des centres d’assistance sociale, parce que les jeunes et les aînés ont besoin les uns des autres. Plus précisément, les aînés ont besoin d’une consolation et d’une parole encourageante, et les jeunes ont besoin de la sagesse, la patience et la force de la prière des aînés.

Les aînés, par leur maturité spirituelle, peuvent aider beaucoup à garder les valeurs chrétiennes dans notre culture, pour l’harmonie de la société et de la famille. Par conséquent, l’Église va aider les personnes âgées à dépasser le manque de confiance, la tristesse et l’isolement qui les empêchent de participer activement et avec espoir à la vie de la communauté.

Certes, au-delà de la pastoration des aînés, l’Église Orthodoxe Roumaine faitdéjàdes efforts importants pour les aider, àtravers les divers centres sociaux et des actions et programmes de charité.

En ce moment, au niveau du Patriarcat Roumain fonctionnent 21 centres de jour, 54 établissementsrésidentiels et 52 services d’aide à domicile, tous destinés aux personnes âgées.

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De même, le Saint Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine a proclamé l’année 2023 comme Année commémorative des hymnographes et des chantres d’église. Si l’année 2022 a été consacré à la prière et à l’hésychasme, comme œuvre spirituelle prêchant la prière perpétuelle de l’esprit et du cœur, cette année 2023 nous allons regarder la prière accompagnée ou soutenue par le chant d’église, la psalmodie elle-même devenant prière communautaire.

Ceci trouve son origine dans les Psaumes de l’Ancien Testament, comme l’affirme Saint André de Crète, l’un des grands hymnographes de l’Église, qui dit : « David, jadis, a consigné le chant, l’écrivant comme dans une icône »².

Les chants compris dans les livres de culte de notre Église sont les créations d’hymnographes inspirés par le Saint Esprit et nous aident à comprendre le texte de l’Écriture, comme partie de la Sainte Tradition. Les textes des hymnographes qui sont chantés dans les offices de l’Église Orthodoxe approfondissent et expliquent la richesse théologique de la Parole de Dieu. La musique d’église est l’Évangile chanté.

En ce sens, le Père Dumitru Stăniloae disait à propos du langage hymnographique que : « Dieu est si grand, que seule la poésie est capable de L’exprimer »³. La profondeur théologique et spirituelle des textes liturgiques est donnée par le fait qu’ils s’abreuvent en permanence aux Saintes Écritures et aux écrits des Saints Pères de l’Église qui ont médité longuement et profondément la Parole de Dieu.

La théologie exprimée dans l’hymnographie ecclésiale est l’une des plus riches de sens et en même temps éclairante pour les fidèles de notre Église, c’est pourquoi elle doit être plus mise en valeur dans les homélies et les catéchèses de nos jours.

Des hymnographes comme Saint Romain le Mélode, Saint Jean Damascène, Saint André de Crète, Saint Côme de Maïouma, Théophane le Confesseur et Joseph l’Hymnographe, Cassienne et d’autres ont élaboré des chants ecclésiaux d’une grande beauté du point de vue de la forme, mais aussi d’une grande profondeur théologique.

Les hymnes liturgiques ont été chantés sur le territoire de notre pays dès le début du christianisme, et l’art ou la science du chant ont été enseignés par de grands enseignants et compositeurs aussi bien dans les écoles princières comme l’école Saint Sabasde Bucarest, ou dans des écoles monastiques, comme l’école du Monastère de Putna.

Nous ne pouvons pas ignorer non plus les chantres ou les compositeurs de chants liturgiques de notre Église, qui n’ont pas été de simples compositeurs ou interprètes, mais de véritables créateurs de culture et de langue nationale, comme : FilothéeSin Aga Jipei, Macaire le Hiéromoine, Anton Pann, ȘtefanachePopescu, Ioan Popescu-Pasărea et d’autres.

L’année commémorative des hymnographes et des chantres d’églisedevient ainsi une occasion de commémorer ceux qui ont œuvré par leur travail, inspirés de Dieu, pour composer des chants d’église et les interpréter, afin que nous puissions avancer dans la connaissance de Dieu.

Et L’année hommagiale de la pastoration des personnes âgéesnous exhorte à multiplier nos activités pour aider nos grands-parents, en leur offrant un appui concret en signe de leur appréciation et de la communion entre les générations, entre les jeunes et les parents ou entre les petits-enfants et les grands-parents.

† Daniel, Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine

Source : basilica.ro (https://basilica.ro/cuvantul-rostit-de-patriarhul-romaniei-la-proclamarea-anului-omagial-si-comemorativ-2023-text-integral/)