Ajouté le: 1 Décembre 2020 L'heure: 15:14

Parole pour la Nativité du Seigneur

(Fragment de la Lettre Pastorale pour la Nativité du Seigneur, 2019)

La beauté et l’harmonie du monde dans lequel nous vivons, monde où naquit également Dieu Lui-même de la Vierge Marie – même si la beauté et l’harmonie de la terre sont menacées de destruction dès les tout premiers jours de la création par la chute de nos premiers ancêtres Adam et Ève, et de plus en plus aujourd’hui par la négligence et la faiblesse humaines, aussi est-il besoin de beaucoup de modération et d’attention de la part de l’homme pour ne pas en aggraver l’état – nous font penser aujourd’hui davantage à Celui qui l’a forgé à partir de rien – car Il est venu Lui aussi y prendre part corporellement – et nous l’a assigné pour y vivre, y jouir de sa beauté et le gouverner.

La Naissance dans la chair du Fils de Dieu, Jésus Christ, nous révèle que ce ne fut pas uniquement pour nous recevoir que le ciel et la terre furent créés, mais également afin d’accueillir le Créateur Lui-même au sein de la réalité terrestre. Il survient dans la condition terrestre comme le Soleil de justice, afin de nous relever des ténèbres de la chute et de la mort spirituelles et corporelles, mais également afin de jouir Lui-même, en tant que Dieu, de la communion avec l’homme fait à Son image et à Sa ressemblance. Par tous les Prophètes de l’Ancien Testament, Dieu nous a parlé de cette venue de Son Fils, la Nativité du Seigneur s’accomplissant selon leurs dires (Moïse, Isaïe, Michée, le Psalmiste David etc.). Tous les Prophètes exultèrent à la vision prophétique de Celui qui allait sauver le genre humain, de Moïse et jusqu’au saint Prophète Jean le Baptiste qui fut même rendu digne de Le voir et de Le baptiser. Ce dernier parmi les prophètes, « le plus grand parmi ceux qui sont nés d’une femme » (Mt 11, 11 ; Lc 7, 28), trésaille de joie dans les entrailles de sa mère à l’approche de la Vierge Marie, Élisabeth s’exclamant à l’impulsion de son fils qui demeurait en son sein depuis six mois à peine, car il perçoit déjà le Sauveur conçu dans le sein de la Vierge Marie : « d’où advient-il que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » Nous tressaillons à notre tour de joie, nous extasiant aujourd’hui et à jamais à la vue du Christ né dans l’étable : d’où nous advient-il cet honneur, nous qui sommes indignes du Ciel, de voir aujourd’hui le Ciel sur la terre et la terre dans le Ciel ; d’où nous advient-il cet honneur de voir venir à nous le Sauveur Lui-même annoncé par les Prophètes, l’Un de la Sainte-Trinité, le Fils du Père Lui-même ; d’où nous advient-il cet honneur de voir le Paradis aborder notre rivage ?

Quel motif a-t-il bien pu conduire le Fils vers nous, vers le monde qu’Il a créé ? L’amour de la Sainte-Trinité, du Père céleste, du Fils et du Saint-Esprit Eux-mêmes, c’est cela qui a conduit le Fils à se prendre dans la danse de la vie terrestre avec l’homme, pour lui donner la possibilité d’entrer lui aussi dans la danse de la vie céleste, le Christ-Seigneur accomplissant toute l’œuvre de son amour, jusqu’au sacrifice de soi. « Il Lui construisit également un temple saint et par celui-ci introduisit dans notre vie la vie du Ciel », nous dit Saint Jean Chrysostome1. Cela demeure un mystère pour nous que l’incommensurable amour divin qui L’a uni à nous, mais qui a fait de nous pour l’éternité Ses frères célestes, tout comme Il est devenu notre frère terrestre. Il n’a pas voulu vivre sans nous, sans l’homme qu’Il a créé, mais qu’Il laisse libre, afin qu’à son tour celui-ci veuille vivre avec Lui et en Lui, comme Lui a voulu vivre avec l’homme et en l’homme. Les âmes découragées, accablées et asservies aux passions, Il les appelle de la grotte à présent remplie du Ciel dans laquelle Il naît, afin de les soulager. « Venez à Moi, vous qui peinez et ployez, et Je vous soulagerai ; prenez mon joug et mettez-vous à mon école, car Je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger » (Mt 11, 28-30). En effet, quelle âme blessée et meurtrie s’approchant de l’humble enfant de la mangeoire ne reçoit-elle pas guérison et consolation ?

Notre vie quotidienne dans la société donne de plus en plus l’impression que la fête de la Nativité du Christ se déroule sans Celui-ci, que c’est précisément Celui que nous célébrons que nous oublions. En Sa fête, en laquelle nous devrions exulter du fait que le Père céleste nous envoie le Sauveur, n’oublions pas Celui que nous célébrons, ne profitons pas égoïstement de Sa fête, sans Lui. Jamais une personne dont nous célébrons la fête ne peut manquer de sa propre solennité, autrement ce n’est plus elle que nous célébrons. Enfouis dans nos soucis de chaque jour, nous pouvons être, nous les chrétiens, dominés par le sentiment que le Christ attend trop de nous, que ce qu’Il nous encourage à vivre est inconfortable et malaisé : la vérité, qui n’est que Lui, l’amour du prochain et de Dieu, le jeûne, la prière, les œuvres et les pensées de bien, la miséricorde, le pardon, la foi, l’espoir en Lui, la joie de vivre, la reconnaissance de la vie comme don de Dieu et tous les charismes dont Dieu nous a pourvus ou peut nous pourvoir si nous le Lui demandons, Lui, le Dispensateur de tout bien. Tous dons avec lesquels Il vient à nous, et bien d’autres encore, nous couvrant de Sa grâce. La lumière de la grâce divine abondamment déversée sur nous par l’Incarnation et la demeure parmi les hommes, le pardon éternel de tout péché nous asservissant, l’amour pour ceux qui ne nous aiment point, la beauté de l’âme surpassant toute beauté, la communion avec Dieu le Père ici et dans les Siècles – c’est le Paradis tout entier dont Il nous fait don par son Incarnation. D’un bout à l’autre du monde, par tous les continents, scintillent les ornements lumineux de Noël quelques bonnes semaines à l’avance, on parle de « l’esprit de Noël », mais il est très rare que nous entendions prononcer explicitement le nom du Christ. Les sociétés dans lesquelles nous vivons se laissent assujettir à une sorte d’euphorie de la fête, mais perdent de vue Celui qu’elles célèbrent, elles oublient Jésus. Efforçons-nous impétueusement de ne prendre nulle part à cet oubli du Christ, mais que Son nom, au contraire, effleure continuellement nos lèvres, en ces jours plus que jamais encore, relatant son amour pour nous, la majestueuse beauté dont Il nous a ornés et qu’Il tâche de faire grandir en nous par des œuvres bienveillantes, rappelant qu’Il  attend dans sa divine patience que nous revenions à Lui, Lui qui ôte le péché du monde.

Je prie le Christ-Seigneur né à Bethléem de vous bénir et vous souhaite à tous de célébrer la Nativité du Seigneur et Son Baptême dans les eaux du Jourdain dans la paix, la santé et la hardiesse spirituelle, aspirant toujours de tout cœur et remplis d’amour à accomplir l’œuvre plaisant à Dieu, sachant que « Dieu ne regarde pas seulement les œuvres, mais l’amour avec lequel elles sont accomplies »2.

† Joseph,
Archevêque d’Europe Occidentale
et Métropolite d’Europe Occidentale et Méridionale
Notes :

1Première Homélie pour la Nativité du Seigneur, PG 49, 360.
2. Saint Basile le Grand.

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