Ajouté le: 18 Juin 2018 L'heure: 15:14

L’éternel est le soutien de ma vie : de qui aurais-je peur ? (Ps. 27, 1)

« Puisque Dieu est continuellement présent, pourquoi s’inquiéter ? Nous vivons et nous nous mouvons en Lui (Ac. 17, 28). Nous sommes portés par Ses bras, nous respirons Dieu, nous sommes entourés par Dieu ; nous touchons Dieu ; nous mangeons Dieu lors du sacrement de la communion. Où que l’on se tourne, où que l’on regarde, partout Se trouve Dieu ; aux cieux, sur terre, dans les abysses, dans les arbres, dans les pierres, dans ton esprit, dans ton cœur » 

Joseph l’Hésychaste, « Lettres spirituelles »

L’homme moderne ne cesse d’améliorer ses conditions de vie, son confort, son bien-être matériel, ses soins de santé etc., et pourtant son esprit est toujours inquiet et la peur l’accompagne partout et à tout moment. L’homme d’aujourd’hui a peur de tout : de l’air qu’il respire, qui pourrait être pollué, des aliments qu’il consomme, qui contiennent peut-être trop de sucre, trop de graisse, des hormones, des substances toxiques ou cancérigènes ; il a peur des appareils qu’il a inventés lui-même, qui pourraient émettre des radiations nocives ; il a peur du soleil trop fort, de la pluie trop abondante, de la sécheresse, des inondations – la nature s’obstine à ne pas se soumettre à la volonté de l’homme –, il a peur des accidents de la route, des attentats terroristes, des maladies mortelles, peur de perdre son emploi, son argent, ses êtres chers et sa propre vie, bref il a peur de tout perdre, ce qui arrivera bien un jour ou l’autre, à l’heure de sa mort. Si bien que toute vie humaine, même la plus heureuse, la plus prospère, la plus divertissante, est en fin de compte une tragédie : « Le dernier acte est sanglant quelque belle que soit la comédie en tout le reste. On jette enfin de la terre sur la tête et en voilà pour jamais » (Pascal, « Pensées »). 

La société de consommation emploie toutes ses industries, ses techniques et ses moyens de séduction pour multiplier les liens qui nous attachent à ce monde et nous faire oublier notre condition mortelle. Mais lorsqu’on essaie de la camoufler, de l’occulter ou de l’étouffer, l’angoisse de la mort – indissociable de la créature humaine – ressurgit à l’arrière plan de notre conscience, sous forme de névroses, phobies, détresse, anxiété, et autres troubles nerveux, qui ont pris des proportions de masse dans le monde moderne: « Le bien-être mondain, le bonheur mondain engendrent l’anxiété mondaine. La formation extérieure, l’éducation mondaine, par l’angoisse qu’elle leur cause, conduit chaque jour des centaines d’hommes (et même des bébés qui ont de l’angoisse) chez les psychanalystes et les psychiatres (…) – alors que la plupart des psychiatres ne croient ni en Dieu ni à l’existence de l’âme. En conséquence, comment peuvent-ils aider les âmes, vu qu’eux-mêmes sont pleins d’angoisse ? Comment l’homme trouverait-il la vraie consolation s’il ne croit ni en Dieu, ni à la vraie vie, la Vie éternelle après la mort ? » (Païssios l’Athonite, « Paroles (1) »). 

L’angoisse, quelle que soit sa cause apparente, est la conséquence du manque de foi ou d’une foi chancelante. Car, qu’il soit croyant ou non, l’homme sait bien qu’aucune créature humaine, ni aucune puissance de ce monde, ne pourront le défendre contre la mort, qui est le terme inévitable de toute existence humaine. Pour les athées, la mort est partout présente, puisqu’elle a remplacé Dieu et la vie éternelle. Le non-être se cache derrière tous les êtres, l’existence n’est que la face visible du néant, car pour les athées « les choses sont tout entières ce qu’elles paraissent – et derrière elles… il n’y a rien » (Jean-Paul Sartre, « La nausée »). Comment ne pas éprouver de l’angoisse et du désespoir lorsque le néant est la destination unique de toute existence humaine et de tout ce qui existe ? 

Plus on s’éloigne de Dieu, plus le néant s’élargit et la peur grandit, et lorsque la lumière divine n’éclaire plus notre âme, nous nous trouvons plongés « dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Mt. 25, 30).

La peur est la conséquence immédiate de notre éloignement de Dieu, autrement dit la conséquence du péché, car « tout ce qui ne résulte pas de la foi est péché » (Rom. 14, 23).

La peur a été, en effet, la première réaction d’Adam après avoir transgressé la volonté de Dieu : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché » (Gen. 3, 9). 

Dès qu’il se sépare de son Créateur, l’homme se retrouve seul et impuissant face au néant infini, intérieur et extérieur, qui a pris la place de Dieu. Les choses de ce monde sont insuffisantes pour combler cet abîme car elles sont toutes éphémères et périssables, comme la créature humaine elle-même : « Les choses de la terre sont comme un songe (…) Seuls les biens de l’âme sont sûrs et inviolables » (Saint Antoine le Grand, « Exhortations » – « La philocalie »). 

De même que l’homme réel n’est pas notre corps de chair, la réalité du monde n’est pas le monde matériel, mais Dieu qui est présent dans tout ce qui existe : « Il n’est pas visible lui-même, mais il est tout à fait manifeste dans le visible, comme l’âme dans le corps. Et s’il est impossible que le corps tienne sans l’âme, de même il est impossible que tout le visible, tout ce qui est, tienne sans Dieu. (…) C’est la providence de Dieu qui dirige le monde. Aucun lieu n’est privé d’elle. La providence est la raison absolue qui a modelé la matière pour en faire le monde. Elle est le créateur et l’artisan de tout ce qui est » (Saint Antoine le Grand, ibid.). 

Si la providence de Dieu est partout présente et a fait toute chose, cela veut dire que le Bien se trouve dans toutes les choses créées, puisque la volonté de Dieu est toujours bonne et source du Bien sous toutes ses formes : « Le bien est le mode de la connaissance de Dieu. (…) La volonté de Dieu est le salut des hommes, dès lors que Dieu est pour les hommes la cause de tous les biens et la source de la béatitude éternelle ». (Saint Antoine le Grand, ibid.). 

Le mal, la souffrance et la mort n’ont pas été créés par Dieu, mais sont la conséquence du péché qui nous a éloignés de notre Créateur, source de toute vie et de tout bien : « Dieu n’a pas fait la mort et il ne se réjouit pas non plus de la perte des vivants. La mort a été introduite plutôt par l’homme, c’est-à-dire par la transgression d’Adam ; de même, pour les autres punitions. Mais tout le reste, nous devons l’attribuer à Dieu » (Saint Jean Damascène, « La dogmatique »). N’ayant pas été créé par Dieu le péché « est non-être » (Saint Nectaire d’Égine), c’est pourquoi il a été dit que « le salaire du péché, c’est la mort » (Rom. 6, 23). 

Ce qu’on appelle la mort est pour les chrétiens l’immortalité, le mode d’existence de Dieu, qui n’a pas créé la mort mais la vie éternelle. Par conséquent la mort non plus n’a pas d’existence propre, elle est le non-être qui survient lorsque l’homme se sépare de l’Être de Dieu : « La mort, si l’homme sait la comprendre, est immortalité. Mais pour les ignorants, qui ne la comprennent pas, elle est vraiment la mort. Ce n’est pas cette mort-là qu’il faut craindre, mais la perdition de l’âme, laquelle est dans l’ignorance de Dieu. C’est cela qui, pour l’âme est redoutable » (Saint Antoine le Grand, ibid.).

Si Dieu est partout et que sa Volonté est toujours bonne, celui qui croit en Lui et se soumet entièrement à Sa volonté, pourra surmonter l’amertume, la détresse et la peur, puisqu’il sait que les épreuves, les peines et les adversités qu’il aura à affronter dans le monde sont bonnes et utiles pour le salut de son âme, car elles ont été envoyées avec la permission de Dieu, qui est le Bien absolu et ne peut vouloir que le bien : « La providence est la volonté de Dieu, conformément à laquelle toutes les existences sont gouvernées de la manière qui leur convient. (…) Sachant cela, nous devons admirer toutes les œuvres de la providence, toutes nous devons les louer, et les recevoir toutes sans examen, même si elles peuvent paraître injustes aux yeux de beaucoup de gens. (…) Nous devons savoir que tous les événements qui nous affligent conduisent au salut de ceux qui les reçoivent de bon cœur, et sont sans doute utiles. Nous devons savoir que Dieu veut le salut de tous (1 Tim. 2, 4) et qu’ils puissent entrer dans Son royaume » (Saint Jean Damascène, op. cit.). 

Dans nos moments de détresse, de trouble, d’angoisse, rappelons-nous les paroles du Christ et gardons-les au fond de notre cœur en toute circonstance : « Je vous laisse la paix, je vous donne la paix qui est la mienne. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne s’effraie pas » (Jn. 14, 27).

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