Ajouté le: 9 Septembre 2022 L'heure: 15:14

Le bien est toujours plus fort que le mal (Saint Grégoire de Nysse)

« La force du mal n’est pas telle, qu’elle puisse l’emporter sur la puissance du bien : l’inconstance de notre nature n’est pas d’une stabilité plus puissante que la sagesse de Dieu. Ce qui est soumis au changement et à l’altération ne peut avoir une stabilité plus puissante que ce qui demeure éternellement identique, et fermement établi dans le bien. Ainsi le dessein de Dieu garde toujours et partout son caractère immuable, tandis que notre nature changeante ne peut se fixer même dans le mal. Le mal étant l’imperfection même, il ne peut être que fini, dans la mesure où l’infini est une qualité de la perfection.

Saint Grégoire de Nysse, La création de l’homme

En observant les phénomènes naturels, nous pouvons mieux comprendre le rapport entre le bien et le mal, car « par le moyen des choses naturelles nous pouvons recevoir des enseignements très clairs sur toutes les choses spirituelles. » (Saint Jean Climaque, « L’Échelle sainte »). Le mal est comparable aux nuages qui glissent dans le ciel et couvrent par moments la lumière du soleil, tandis que derrière les nuages le ciel reste toujours bleu et le soleil du bien brille sans arrêt, jour et nuit, qu’on le voie ou non. Le mal est aussi limité que les ombres qui viennent du monde terrestre, tandis que la lumière qui vient du ciel est sans limites. L’ombre est elle-même une création de la lumière, sans laquelle elle ne pourrait pas exister. C’est pourquoi Dieu a dit : « Je forme la lumière, et je crée les ténèbres » (Esaïe 45, 7). « C’est pour que tu n’ailles pas penser qu’autre est le créateur de la lumière, autre le créateur de l’ombre, qu’il s’est affirmé lui-même comme créateur et artisan d’éléments qui semblent contraires dans la création » mais qui sont eux aussi une manifestation du bien, car « si tout vient de Dieu, comment le mal viendrait-il du Bon ? » (Saint Basile de Césarée – « Dieu n’est pas l’auteur des maux »). Tout étant soumis à la volonté et à la justice de Dieu nous devons accepter tout ce qui nous arrive en ce monde sans nous révolter et sans protester, même si cela nous semble être le contraire du bien et de la justice, tout comme l’ombre nous semble opposée à la lumière. Car les épreuves et les adversités que nous envoie Dieu ne sont pas un mal, mais elles sont destinées à nous ramener dans la voie du Bien : « Heureux l’homme que Dieu châtie ! / Ne méprise pas la correction du Tout-Puissant. / Il fait la plaie, et il la bande ; / Il blesse, et sa main guérit » (Job 5, 17-18). 

Le mal ne peut venir que de l’homme, dans la mesure où il transgresse la volonté de Dieu, source unique et infinie du Bien, hors de laquelle aucun bien ne peut exister. Comme le mal ne peut venir de Dieu, « l’homme ne peut être victime que de lui-même » (Homélie de saint Jean Chrysostome). En effet, en se détournant de Dieu, Adam a fait son propre malheur et s’est donné lui-même la mort. L’esprit du mal n’est rien d’autre que l’esprit de l’homme sans Dieu. Or Dieu étant l’Existence absolue, sans début ni fin, source unique et éternelle de tout ce qui existe, on peut affirmer que le mal n’existe pas, car là où Dieu n’est pas, rien ne peut exister. Le mal est semblable au délire et aux hallucinations d’un fou : il ne vient pas de l’extérieur mais de notre propre esprit enténébré et de notre âme malade : « Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, calomnies. Voilà ce qui rend l’homme impur. » (Matthieu 15, 19-20).

Le mal, en tant que maladie de l’esprit humain, n’a pas d’existence réelle mais il peut faire souffrir réellement en précipitant l’homme dans le néant de l’absence de Dieu, « les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Matthieu 25, 30).

Cependant, l’homme n’est pas et ne sera jamais entièrement assujetti à l’esprit du mal, car s’il a succombé à la tentation, il l’a fait par sa propre volonté, et c’est toujours par sa volonté qu’il peut revenir à tout moment vers Dieu. Car le mal, n’ayant pas été créé par Dieu, n’a pas de substance propre et ne peut exister qu’à travers la créature humaine, qui a reçu de Dieu l’être et la vie. Ainsi, même celui qui commet le mal porte en lui, qu’il en soit conscient ou non, l’image de Dieu, plus forte que le mal et impérissable : « Ne confonds pas l’homme, cette image de Dieu, avec le mal qui est en lui, car le mal est accidentel, c’est un malheur, une maladie, une tromperie du démon, mais son être véritable – l’image de Dieu – demeure toujours en lui. » (Saint Jean de Cronstadt, « Ma vie en Christ »). 

Le démon se montre souvent à nos yeux sous l’apparence du bien, « car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice » (2 Cor. 11, 14-15). C’est là une inversion des valeurs propre au monde moderne qui place les valeurs matérielles – l’argent, la réussite sociale, les biens de ce monde, les plaisirs de la chair – au-dessus des valeurs spirituelles. C’est l’homme sans Dieu des temps modernes qui semble parler par la bouche du prophète Esaïe lorsque celui-ci affirme : « nous avons la fausseté pour refuge et le mensonge pour abri » (28, 15). Or le mensonge étant un bien irréel et trompeur, tout ce qui est construit sur le mensonge s’effondre tôt ou tard et c’est le mal caché qui remonte à la surface et se manifeste dans le monde et dans notre vie privée : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal / 

Qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres » (Esaïe 5, 20). 

Ne nous laissons pas éblouis et séduits par les lumières technico-scientifiques des temps modernes, car les lumières d’un monde sans Dieu ne sont que ténèbres et ne peuvent nous apporter que du malheur, sous une apparence faussement bénéfique. Car « le secours de l’homme n’est que vanité » (Ps. 60, 13) et « la sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Cor. 3, 19).

L’inversion des valeurs du monde moderne nous fait croire que ce sont nos biens extérieurs qui déterminent et mesurent notre valeur, alors que la véritable valeur d’un être humain réside non pas en ce qu’il a mais en ce qu’il est : « Dis-moi, en effet, celui qui a perdu tous ses biens, victime de calomniateurs, de voleurs ou de serviteurs malhonnêtes, en quoi subit-il un dommage qui touche à la valeur même de l’homme ? » (Saint Jean Chrysostome, op. cit.)

La véritable valeur de l’homme c’est l’Esprit de Dieu qui réside en lui et lui donne l’être et la vie : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Cor. 3, 16). Et comme l’Esprit de Dieu est éternel et tout-puissant, le Bien est et sera toujours infiniment plus fort que le mal, impérissable et infini comme Dieu lui-même : « Si profondément qu’il nous blesse, le mal est seulement un épisode, et en dernière analyse, il n’a pas tellement d’importance. (…) Le mal est toujours relatif, car même le péché le plus grave n’atteint ni le principe ni la fin de l’homme. (…) Son principe divin et sa fin théocentrique le font plus grand que le mal et que le péché, plus fort que le diable. » (Panayotis Nellas, « Le vivant divinisé »).

Souvent le problème du mal fournit un argument aux incroyants pour justifier leur rejet de la foi en Dieu : car, disent-ils, soit Dieu permet le mal, qui existe par sa volonté, et il est dans ce cas un Dieu mauvais ; soit il ne peut pas empêcher le mal, et il est alors un Dieu impuissant. L’erreur de ce raisonnement provient du fait que l’on accorde au mal une importance démesurée. S’il est vrai que Dieu permet l’existence du mal, ce n’est pas par faiblesse, mais bien au contraire, parce qu’Il est infiniment plus puissant que le mal, qui n’est qu’une ombre terrestre limitée et sans substance réelle, alors que la lumière divine du Bien est infinie et éternelle. Dès lors « quand nous aurons franchi la limite du mal, si nous arrivons au point extrême de l’ombre du péché, nous vivrons à nouveau dans la lumière, car la nature du bien, comparée à la grandeur du mal, est infiniment plus grande qu’elle. Nous retrouverons le paradis, nous retrouverons l’arbre de la vie, nous retrouverons notre beauté d’image de Dieu et notre dignité royale. » (Saint Grégoire de Nysse, op. cit.).

Viorel Ștefăneanu, Paris

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