Ajouté le: 16 Novembre 2015 L'heure: 15:14

L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt. 4, 4)

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. (...) Cette lumière était la véritable lumière qui en venant dans le monde éclaire tout homme. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a pas connue. (...)

Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père » (Jean 1, 1-14).

Nous employons les mêmes mots, des mots humains, venus de ce monde, pour parler de l’homme et de Dieu. Cependant la réalité à laquelle renvoient ces mots est toute différente selon qu’il s’agit du Père éternel ou de la créature mortelle. L’esprit de ce monde ne pourra jamais parvenir à la connaissance de Dieu, puisque « l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont folie pour lui » (I Cor. 2, 14). C’est pourquoi aucun philosophe, aucun savant, aucun anthropologue, aucun historien des religions ne pourra connaître et nous faire connaître Dieu : « Celui qui croit pouvoir connaître les mystères de Dieu au moyen de la théorie scientifique extérieure est semblable à l’insensé qui veut voir le paradis avec un télescope » (Saint Païssios l’Hagiorite, « Correspondance »).

« La sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (I Cor. 3, 19), car il est impossible pour l’homme de chair de connaître la vérité de Dieu sans l’aide du Saint-Esprit, qui vient de Dieu : « Qui donc , parmi les hommes, sait ce qui concerne l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme ? De même, personne ne connaît ce qui concerne Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu » (1 Cor. 2, 11).

Si l’esprit de ce monde et l’Esprit de Dieu sont à ce point différents que ce qui est sagesse pour l’un est folie pour l’autre, comment l’homme mortel, qui vit dans ce monde et ne connaît que ce monde, pourrait-il espérer connaître Dieu ?... Le principal instrument de connaissance de l’homme est la raison, et l’instrument de la raison est le langage. Or la raison et le langage sont non seulement insuffisants, mais souvent trompeurs, lorsqu’il s’agit de connaître ce qui n’est pas de ce monde. Au lieu de nous rapprocher de Dieu, la connaissance rationnelle et les mots humains nous entraînent bien souvent loin de Lui. La confusion entre la parole de l’homme et la Parole de Dieu, peut nous faire prendre pour Dieu nos propres idées, notre propre volonté, notre propre imagination. Nous nous prosternons alors devant une idole faite à notre propre image, que nous appelons Dieu. C’est là l’origine de toutes les hérésies, de toutes les sectes et de tous les prédicateurs « illuminés » qui prétendent incarner et enseigner la Parole de Dieu, alors qu’il prêchent leurs propres idées : « Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, et diront : C’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens » (Mt. 24, 4).

Toute parole, vraie ou fausse, qui sort de la bouche d’un homme, n’est pas la Parole de Dieu mais la parole d’un homme qui parle de Dieu ou au nom de Dieu. Par conséquent, « le premier pas vers Dieu c’est d’accepter que nous sommes des menteurs » (Mère Silouana). Le langage de Dieu n’est pas fait de mots, qui ne sont que des représentations abstraites et imaginaires de la chose réelle : on peut manger une pomme mais pas le mot « pomme ». La Parole de Dieu n’est pas une invention fictive de l’esprit, mais la réalité elle-même sans laquelle rien ne pourrait exister, car « tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle ».

La Parole de Dieu est la Vie elle-même, la vie de chacun de nous et l’existence de tout ce qui

existe : « Les existences dépendent de celui qui existe et il n’y a aucune existence qui n’ait son existence en celui qui existe » (Saint Jean Damascène, « La dogmatique »).

Dieu est avec nous à chaque instant et nous parle chaque fois que nous respirons et à chaque battement du cœur : « Rien n’est aussi près de moi que Dieu, j’en suis aussi sûr que je vis » (Maître Eckhart – « Sermons »). Vivre c’est connaître Dieu, de manière aussi immédiate et certaine que nous connaissons l’air et la lumière, non par ouï-dire, ni pour l’avoir lu dans un livre, mais parce que nous respirons et nous voyons : « Si Dieu est Vie, (...) nous savons ce qu’est Dieu. Nous le savons non pas par notre pensée (...). Nous le savons parce que nous sommes des vivants et qu’aucun vivant n’est vivant s’il ne porte en lui la Vie, non comme un secret inconnu de lui mais comme cela même qu’il éprouve sans cesse (...), comme sa propre essence et sa réalité même. Si Dieu est Vie, alors, comme le dira Maître Eckhart, l’homme – ce vivant dans la vie que nous sommes tous – est un homme qui connaît Dieu » (Michel Henry, « Paroles du Christ »).

De même que nos parents terrestres existent à la fois à l’extérieur de nous et en nous-mêmes, car tout ce que nous sommes vient d’eux, de la même façon notre Père qui est au ciel, est aussi en chacun de nous et nous accompagne à chaque instant, que nous le sachions ou non. Son royaume qui n’a pas de début, ni fin, ni frontières, comme un pays terrestre, se trouve dès maintenant en nous et parmi nous : «Le royaume de Dieu ne vient pas de telle sorte qu’on puisse l’observer. On ne dira pas : Voyez, il est ici, ou : il est là. Car voyez, le royaume de Dieu est au milieu de vous » (Luc 17, 20-21).

Cependant, il y a une différence fondamentale entre la vie qui vient de nos parents de chair et la Vie qui vient de Dieu : la première est éphémère, destructible et mortelle, tandis que la seconde est incorruptible et éternelle : « L’homme est véritablement engendré non quand sa mère le met au monde, mais quand il croit au Christ Sauveur ressuscité, parce qu’il est alors engendré à la vie immortelle et éternelle, alors que la mère engendre son enfant pour la mort, pour le tombeau » (Saint Justin Popovitch, « L’homme et le Dieu-homme »).

Ce qui meurt lorsque nous mourons, n’est pas la vie, puisqu’il n’y a pas d’autre vie que celle qui vient de Dieu, et cette vie-là est éternelle, comme Celui qui nous l’a donnée. Notre existence mortelle n’est pas réelle précisément parce qu’elle est mortelle, car, comme le dit une parole de la sagesse orientale, « ce qui n’existait pas hier et n’existera plus demain, n’existe pas aujourd’hui non plus » : « Tout ce qui est soumis au changement n’est pas Dieu, car tout ce qui est soumis au changement selon sa nature propre, est soumis à la corruption » (Saint Jean Damascène, op. cit.).

Dieu étant la Vérité suprême et l’Existence absolue, d’où découlent toutes les autres vérités et existences, lorsqu’il se détache de L’Être éternel, l’esprit humain ne peut trouver aucun fondement réel ni en lui-même ni dans le monde extérieur. Car la disparition de Dieu de l’existence humaine entraîne inévitablement la disparition de la vérité et du sens de la vie. C’est l’illusion de la vie corporelle, corruptible et mortelle, qui remplace alors la Vie réelle : « Considère que ce sont des rêves tous les biens et les maux qui arrivent à la chair » (Saint Isaac le Syrien, « Discours ascétiques »).

Lorsque l’homme se détourne de Dieu, aucune science, aucune philosophie, aucun système social, aucune idéologie politique, rien de ce que l’homme peut connaître, inventer et créer ne peut le préserver de la mort et du néant. Situation tragique et sans issue qui a été mise en évidence par les auteurs du théâtre de l’absurde : « Les livres que j’ai lus, de littérature et de philosophie, (...) les livres, les paroles des autres, les monuments et œuvres d’art, l’agitation politique, n’ont jamais fait que renforcer, appuyer, ce que j’ai su depuis presque toujours : on ne peut rien savoir sauf que la mort est là, qui guette ma mère, ma famille et moi. (...) Toutes les philosophies, toutes les sciences n’ont pas pu nous donner les clefs du mystère » (E. Ionesco, « Journal en miettes » ). Dès lors qu’il n’y a aucune vérité définitive et éternelle sur laquelle fonder notre esprit et notre savoir, « la science n’est pas la connaissance, les rhétoriques et les philosophies ne sont que des mots, des suites de mots, des chaînes de mots, mais les mots ne sont pas la parole. (...) Le mot ne montre plus. Le mot bavarde. (...) Le mot est une fuite. Le mot empêche le silence de parler. Le mot assourdit. (...) Le mot use la pensée. Il la détériore. (...) Quelle civilisation ! » (E. Ionesco, op. cit.).

La Vérité de Dieu étant absente aujourd’hui de l’espace public, absente de nos écoles et de nos universités, tout ce que l’homme moderne peut apprendre, connaître, savoir, penser et dire n’est que du bavardage dénué de sens, « car sans le souvenir de Dieu, il n’est pas de connaissance vraie » (Saint Marc l’Ascète, « Sur la loi spirituelle »).

Nous vivons à l’époque du bavardage généralisé. On bavarde au téléphone – fixe et mobile –, on bavarde sur Internet, on bavarde à la télévision, on bavarde dans les meetings politiques... et on bavarde quelquefois même à l’église !... Tout le monde parle, et personne ne dit la vérité, personne n’a rien à dire, car là où Dieu n’est pas, il n’y a que le néant – un néant bavard : « Le bavardage est la chaire sur laquelle la vaine gloire aime à se faire voir avec ostentation. C’est la marque de l’ignorance, la porte de la médisance, l’introducteur de la bouffonnerie, le serviteur du mensonge (...) ; la dissipation du recueillement, l’anéantissement de la vigilance ; le refroidissement de la ferveur et l’obscurcissement de la prière. (...) L’ami du silence s’approche de Dieu, et en s’entretenant avec lui dans le secret, il reçoit sa lumière » (Saint Jean Climaque, « L’échelle sainte – Onzième degré : Du silence »).

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