Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Après les quatre éditions du Festival « Pour l’amour de la beauté » organisées entièrement à Paris et dans la région parisienne, à Limours, au siège de la Métropole, voici maintenant une cinquième édition qui arrive jusqu’à Bruxelles, dans le désir d’intégrer chaque année un autre pays où la diaspora roumaine est nombreuse et assoiffée de culture véritable. A partir du 15 mai en fin de journée, jusqu’au soir du 17 mai, ont eu lieu dans la capitale de la Belgique et siège de l’Union Européenne une série de manifestations culturelles et théologiques placées sous le signe de l’alliance entre le culte et la culture, entre le liturgique et l’artistique, autour de la beauté, de cette Beauté qui, selon la prophétie de Fiodor Dostoïevski, va sauver le monde.
Le festival a accueilli, cette fois encore, des personnalités de la vie culturelle roumaine, parmi lesquelles des personnes renommées, des noms sonores, des têtes d’affiche, et d’autres plus discrètes, moins visibles, mais avec autant de substance, ainsi que quelques invités étrangers. Ont été présents des conférenciers et des artistes plus ou moins attachés à une continuité liturgique, et en tout cas ayant un profond respect pour l’Église et par son service au sein du peuple.
Presque tous les arts yont été représentés, en particulier la musique. La musique folklorique, parfois dans les interprétations symphoniques, à travers le célèbre Gheorghe Zamfir, accompagné au piano par Alberta Alexandrescu, « la plus grande pianiste au monde à l’heure actuelle », selon la présentation faite par le maître en toute connaissance de cause. La musique de facture paysanne, représentée par deux excellents violonistes paysans de Gherla, Emil Mihaiu et Zenu Oliver Zanc, illustrait, en partie, la conférence de l’ethnomusicologue du Musée du Paysan Roumain, Dr. Costin Moisil. C’est ici que s’intègre également la prestation du maître Dr. Grigore Leșe, avec son spectacle de type « one man show », un spectacle mis au point au cours des dernières années, par lequel il arrive à communiquer étroitement avec le public et à lui transmettre son propre message musical, de manière à le conquérir entièrement. La musique byzantine a été représentée par l’archidiacre Mihai Bucă du Patriarchat de Roumanie et son groupe de chantres, à savoir par des représentants de pointe de ce domaine. Il a été aussi présenté une musique plus légère, un style de jazz combiné avec des rythmes latino, à travers Tcha Limberger et son groupe "Les Violons de Bruxelles". Il y a eu également beaucoup de poésie mise en scène, représentée par l’actrice Maria Ploae, toujours belle et émouvante, qui a récité surtout des poèmes écrits dans les prisons communistes, ainsi que par l’acteur de Bessarabie Vasile Butnaru, avec un spectacle intitulé « Les larmes de la Bessarabie », construit exclusivement sur des vers signés par Grigore Vieru. Madame Anne Marie Velu, une très distinguée catholique belge de rite orthodoxe, a su représenter le domaine de l’iconographie à travers sa conférence « L’icône ou la Parole qui s’adresse aux yeux », durant laquelle elle a beaucoup parlé, entre autres, de la lumière dans les icônes. Il y a eu aussi du cinéma. Le réalisateur Nicolae Mărgineanu a présenté un film documentaire sur son père, Nicolae Mărgineanu, un psychologue renommé, qui a été emprisonné pendant 16 ans dans les prisons communistes. Dans le domaine de la littérature, le festival a profité de la contribution de l’ACAD. Eugen Simion, qui a présenté un exposé sur la foi et le manque de foi chez Emil Cioran et Eugen Ionescu. Etaient également présents les arts visuels, avec le vernissage de deux excellentes expositions, une exposition de peinture et de sculpture appartenant à Madame Silvia Radu (« Le jardin avec des anges ») et l’exposition de peinture de Madame Milița Sion (« Ciel et terre »). Enfin, en parallèle avec le plan du spectacle, il y a eu en matinée, le samedi 16 mai, une petite session théologique. Costion Nicolescu et le père Cyrille du monastère de Chevetogne sont intervenus autour du thème du culte et de la culture, dans le contexte de la beauté. Mais les contributions théologiques les plus substantielles reviennent, dans le cadre de plusieurs interventions inspirées, au Métropolite Joseph Pop.
La liturgie pontificale du dimanche 17 mai, présidée par Son Eminence le père Métropolite Joseph Pop, avait pour concélébrant un autre hiérarque, à savoir Son Excellence Porfirios de Neapolis, représentant de l’Église Orthodoxe du Chypre auprès des institutions européennes, qui d’ailleurs a effectué le sermon. Les réponses étaient données d’une manière admirable par le protochantre l’archidiacre Mihai Bucă, avec son groupe de chantres. Un moment impressionnant à la fin de l’office fut l’interprétation tout à fait exceptionnelle du « Chant de Constantin Brâncoveanu », qui a particulièrement ému l’audience. C’était l’un des moments les plus forts du Festival.
Le concert du premier soir s’est tenu dans une belle église gothique, qui gardait une atmosphère romantique. Celle-ci avait d’abord appartenu à un vieux monastère catholique, l’Abbaye de la Cambre, située dans le quartier résidentiel d’Ixelles. Devenue maintenant église paroissiale, elle est louée pour des manifestations culturelles et artistiques semblables à notre Festival. Les manifestations du second jour ont eu lieu dans une salle de la Bibliothèque Wittockiana, où se trouve également un musée de reliures de livres. L’église Saint Nicolas était le lieu réservé à la Divine Liturgie dominicale, et deux des salles attenantes ont abrité les deux expositions d’arts visuels. Le soir du même jour, les spectacles ont été accueillis par le théâtre Marni, toujours à Ixelles, un ancien cinéma rénové et sauvé de la destruction par un groupe de jeunes, un lieu agréable, préparé d’une manière intelligente et professionnelle.
Le Festival a atteint un niveau des plus élevés et a représenté sans aucun doute une très belle réussite. Derrière cette réussite se cache un travail de titan, un travail conséquent, de longue durée et intense, mené en premier lieu par Madame Simona Ivanciu. Le tout a commencé à l’été de l’année dernière par la prospection des invités potentiels, cela a continué par une communication soutenue avec ceux-ci, par la recherche de locaux adéquats, et enfin par la mise en place et l’assurance d’un bon déroulement d’un point de vue logistique de cet événement si complexe. Des situations imprévues apparaissent sans cesse, et il s’agit de les maintenir sous contrôle et les résoudre promptement. Même si, pour un invité non averti, Simona Ivanciu se cachait derrière la présentatrice en français des invités, les participants impliqués de manière directe savaient qu’elle était en fait le protos de ce service. Je pense que ce Festival était aussi un pari avec elle-même, en ce qui concerne sa capacité à réunir des noms d’excellence et d’organiser l’ensemble. On peut maintenant dire, à juste titre, que ce pari a été gagné haut la main. Ceci parce qu’on a pu voir tout le monde, invités et spectateurs, partir avec un air ravi, en souhaitant voir se répéter de tels événements culturels.
Nous devons aussi des paroles de reconnaissance et d’appréciation au père Patriciu Vlaicu, recteur de l’Église Saint Nicolas de Bruxelles, qui était très présent, toujours souriant, avenant, attentif aux détails de l’organisation, à la communication avec les invités et les participants. Enfin, et non pas en dernier lieu, nous remercions les jeunes orthodoxes de la Métropole, de l’association Nepsis, à qui nous devons le bon déroulement des agapes. Les mets, préparés avec amour et savoir-faire, étaient délicieux ; on peut dire la même chose des vins qui les accompagnaient.
Nos remerciements vont également au monastère de la Protection de la Mère de Dieu, de Védrin près de Namur, pour leur contribution. C’est là que j’ai été hébergé, avec d’autres invités, considérés probablement comme proches de la catégorie... des étudiants. C’est aussi là que j’ai eu la très agréable surprise de rencontrer à nouveau, cette fois-ci en qualité d’higoumène, mère Mariami Samoilă, que je connaissais déjà pour l’avoir vue au monastère de Râmeți, d’où elle est venue il y a quatre ans. Notons aussi la présence remarquable de mère Iosifia, une moniale un peu atypique par sa manière naturellement enthousiaste de communiquer avec les autres, excellente conductrice, chantant admirablement la musique byzantine ou folklorique, avec un humour incroyable, amicale et enfantine à la fois. Une belle épouse du Christ. C’est un endroit où nous avons été traités avec tant de fraternité et d’amitié, que nous nous sommes proposé de revenir.
L’implication de son excellence, Monsieur l’ambassadeur Ștefan Tinca, était digne d’être remarquée, il a assisté à la plupart des manifestations, y compris à la liturgie pontificale du dimanche. Le samedi soir, il a offert à tous les participants une chaleureuse réception dans les élégants salons de l’ambassade, une « maison de maître » construite en 1912 par le célèbre architecte belge Alban Chambon, devenue propriété de l’État roumain en 1932.
Pour moi, à chaque fois que je me trouve à proximité de Monseigneur Joseph, c’est une fête. On ressent, sans aucune hésitation et contrainte, le désir de le suivre dans le vécu liturgique, que ce soit à l’intérieur de l’église ou à l’extérieur, dans ce qu’on a appelé de manière si inspirée « la liturgie d’après la liturgie ». Il était présent à tous les événements, sans exception. Ceux qui ne le connaissent pas pourraient être étonnés de cette humilité sacrificielle. Le Festival a été parsemé en toute beauté des interventions de Son Eminence, à plusieurs moments, de l’ouverture jusqu’à la clôture. Sa parole est limpide, directe, et désaltérante pour l’esprit. L’existence de ce Festival, tout comme la réussite remarquable de ses cinq éditions sont dues en grande mesure aussi aux prières du bon Hiérarque et à son accompagnement attentif et impliqué, en bon pasteur.
Il est prévu que lors de l’édition de 2016, une section du Festival ait lieu à Londres ; tout en maintenant, de préférence, une section dans les villes organisatrices des éditions passées.
Costion Nicolescu
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