Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Le samedi 10 février 2018, à l’initiative de la Métropole Roumaine et en présence de son Métropolite, l’Église Orthodoxe à Paris eut la grâce d’accueillir le Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra (Mont Athos) en la cathédrale roumaine des Saints-Archanges, pour la présentation de son livre Mystagogie du Grand Carême, qui vient de paraître aux éditions Apostolia. La conférence fut introduite par Bernard Le Caro, qui présenta à cette occasion la nouvelle collection d’études liturgiques des Éditions Apostolia, « Doxologie », inaugurée par ce premier volume, et annonça la publication à venir d’autres volumes de différents auteurs. À l’issue de la conférence, une série de questions-réponses permirent d’apporter un éclairage supplémentaire à cette rencontre. (Elle peut être visionnée sur le site orthodoxie.com).
Le lendemain, dimanche 11 février, le Hiéromoine Macaire concélébra la Divine Liturgie avec le Père Razvan Ionescu en la paroisse Sainte-Parascève-et-Sainte-Geneviève, à l’issue de laquelle il tint une parole qui prit la forme d’un échange.
Pénétrés de reconnaissance pour tout ce que nous avons reçu lors de cette lumineuse visite, nous rendons grâce à Dieu de nous avoir accordé la bénédiction d’accueillir le Hiéromoine Macaire.
[…] Les vertus auxquelles appellent les grands hymnographes du Triodion se concentrent essentiellement sur le repentir (métanoia). Elles sont les instruments, ou plutôt les dons de Dieu manifestés par la vie terrestre du Christ, qui permettent à ceux qui se sont éloignés de la grâce du Baptême en retombant dans le péché d’être restaurés, d’être renouvelés totalement à l’image du Christ. Plus qu’une vertu proprement dite, le repentir est un mode d’existence (τρόπος ὑπάρξεως), une condition nouvelle de la personne humaine en quête de sa réelle identité en Christ. Il n’est pas seulement une disposition intérieure de pénitence et de regret de son éloignement de l’intimité avec Dieu, mais il est aussi manifesté extérieurement par une conversion de toute la conduite du chrétien, laquelle sera rythmée pendant la Quarantaine par les règles des jeûnes et des offices. Ce « tropos du repentir », cette conversion radicale de l’être engagé sur la voie de la purification et de la restauration de sa beauté virginale acquise au Baptême, n’est certes encore qu’une préparation à recevoir le Christ dans la communion pascale ; mais, introduisant toutes les autres vertus, il apparaît également comme le moyen de vivre déjà en Christ avant Pâques, d’être introduit dans le procès de « divino-humanisation » de l’humanité selon les modalités spécifiques de l’ascèse librement assumée. Le repentir est semblable au burin du sculpteur dégrossissant la masse informe de la matière terrestre pour y faire paraître les vertus, c’est-à-dire le visage du Christ qui en est le plérôme, car « l’essence de toutes les vertus est notre Seigneur Jésus-Christ », affirmait saint Maxime le Confesseur (Ambigua 7, 21, PG 91).
Le Triodion assume le temps symboliquement concentré dans les Quarante jours pour y révéler une modalité permanente de la conduite du chrétien : le caractère mystagogique, c’est-à-dire « sacramentel », de l’ascèse et des vertus. Le Triode associe l’âme et le corps, par les vertus morales et par le jeûne ou les offices et leur succession quotidienne, pour convertir la personne, pour lui laisser l’occasion de collaborer librement à la formation du Christ en elle et de se préparer à la résurrection mystique avec lui, en anticipant celle-ci par le passage ascétique de la mort à la vie et de la passion à l’impassibilité.
Saint Jean Chrysostome affirmait que l’on est « chrétien dans la mesure où nous imitons le Christ ». Il faut « suivre la trace de Jésus », non pas de manière sentimentale, mais par la transposition dans les conditions actuelles de l’existence humaine de l’abaissement du Verbe, de son humilité et de toutes ses vertus. En se conformant à son humilité, on pourra ainsi avoir accès à sa divinité qui lui est inséparablement unie. Selon saint Maxime, la vocation de celui qui se conforme à l’Évangile est en effet :
Devenir de vivantes images du Christ, ou plutôt devenir une même chose avec lui selon la grâce, voire peut-être même devenir le Seigneur lui-même, si ce dire ne paraît pas trop fort à certains (Maxime Conf., Ambigua 21, 15, PG 91, 1253D).
Greffés au corps du Christ par le Baptême, il reste aux chrétiens à porter cette union à son achèvement, à manifester dans leur hypostase propre la déification de la nature humaine assumée par le Verbe, grâce à l’ascèse, au sacrifice volontaire de leur « moi » limité, et à l’actualisation rituelle de ce mystère. Dans la vie « pratique » que représente la période de préparation à Pâques, il convient de s’approprier volontairement la puissance de la Croix, de la mort, du tombeau et de la Résurrection :
De la Croix, par l’abstention du péché ; de la mort, par le plein rejet du mal ; du tombeau, en déposant les illusions qui montent dans l’âme à propos des choses sensibles ; de la Résurrection, par la richesse des vertus par l’abondance de sa véritable connaissance et par la résurrection de l’intelligence des choses corruptibles vers les hauteurs afin que je devienne d’un même corps et d’une même âme que lui (Maxime Conf. Εp. 25, PG 91, 613C).
C’est précisément dans l’ascèse, dans le retour laborieux à la grâce du Baptême, que les candidats au « second baptême », ayant déjà été initiés, peuvent recevoir les arrhes de la « Pâque de l’éternité ». En effet, dans l’Église, le temps, qui est encore marqué pour un peu (cf. Ap. 6, 11) par la division et la mort, devient temps liturgique, temps qualifié, temps « christifié ». Le Christ est mystériquement présent dans le temps liturgique, et à l’image de la compénétration en Lui des natures divine et humaine, Il assume le temps de la corruption pour le remplir d’éternité, pour le transfigurer, pour le déifier. Actualisé par les fêtes commémorant sa vie terrestre, ainsi que dans les fêtes des saints, le Seigneur reste un et non divisé malgré la diversité de ses manifestations, tout comme Il habite pleinement dans l’hypostase régénérée des saints sans que ceux-ci perdent pour cela leurs caractéristiques personnelles. Les fêtes ou même des périodes comme le Carême, apparaissent par conséquent comme de véritables « énergies » divines, comme des « mystères », des « sacrements du temps » qui culminent dans la fête de Pâques, récapitulation et plérôme de toutes les fêtes.
Hiéromoine Macaire, « Mystagogie du Grand Carême : essai de théologique du temps liturgique », Col. Doxologie,
Ed. Apostolia, Le caractère mystagogique du temps liturgique, p. 511-514
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