Ajouté le: 15 Décembre 2014 L'heure: 15:14

Deux séminaires de Mère Rafaela (Paris - Limours, 24-28 octobre 2014)

Du retour vers soi-même

Les séminaires des moniales de Iaşi sont loin d’être anodins ou fastidieux. Ils sont vivants. bouleversants. Ils nous arrachent à la torpeur de l’habitude, à la souillure intérieure, ils tirent le tapis du confort spirituel de dessous de nos pieds, provoquant une crise qui nous place devant un choix : soit, en préférant la commodité, entasser à nouveau maladroitement ces malpropretés sous le tapis, soit assumer l’effort (et surtout le risque !) de les éliminer à jamais. Prendre le risque de la guérison. Car la joie, le bonheur, la paix, pour le moi habitué à se nourrir d’inquiétudes, sont « très dangereuses », dit Mère Rafaela en hochant la tête et en souriant sagement.

Deux séminaires de Mère Rafaela (Paris - Limours, 24-28 octobre 2014)

Après le choc d’un premier séminaire, il y a deux ans, j’ai pris la résolution de participer à ceux-ci, malgré l’opposition intérieure de toutes mes cellules, tourmentée par une soif tenace et rebelle de repères autres. Et c’est bien autrement, en effet, que je les ai vécus. Notamment sous la forme d’un refrain : « Eh bien ! C’était donc cela ! », comme le dit Mère Siluana, d’une connaissance de soi plus en profondeur, d’une identification des souillures ayant prospéré selon des formes et des contours divers, et se nichant au-dedans de moi.

Intitulé, de manière suggestive et limpide, « La Dépendance émotionnelle », l’atelier de Limours était basé sur un exercice étonnant, celui du retour vers soi-même : de il ou elle, à moi. Du jugement stérile et des attentes que je projette sur l’autre, au retour lucide vers les faiblesses et les blessures qui les ont engendrés.

Mes réactions négatives, mes états de tristesse, de frustration, de malheur, sont la conséquence de ces attentes injustifiées. Le rôle de mon prochain n’est pas de remplir mon vide intérieur, ni de m’aider à m’accomplir, ou de me porter, ou supporter, telle une béquille. Il est libre d’agir comme il veut. D’ailleurs, le plus important n’est pas l’attitude du prochain envers moi,  mais ce que je fais de cette attitude. C’est pour cela même que nous rendrons compte dans l’au-delà.

Dans ce contexte, Mère Rafaela attire l’attention sur les pensées. Nous sommes, ou nous devenons, ce que nous pensons. Tout part de la pensée. La pensée reçue devient émotion et crée un lien mystérieux et compliqué entre l’esprit et le corps, en édifiant ou anéantissant ce dernier. Le tissu de pensées produit une histoire, et le fait de laisser l’esprit immergé dans cette histoire peut m’ébranler. La clé de la joie est de garder l’esprit en état de veille, et de confier au Seigneur toute pensée qui me trouble. Pour cela, il faut être tout le temps conscient de ce qui m’arrive. Et vivre ma vie (pleine de gratitude pour chaque don, pour chaque consolation d’en Haut), sinon c’est la vie qui me vit, comme dit Mère Siluana.

En conclusion, les attentes au regard de l’autre sont de pures prétentions. Le renoncement à celles-ci constitue la sortie du labyrinthe de l’esclavage émotionnel et de la codépendance. 

Au bout du renoncement se trouve la liberté.

Je la goûte avidement de temps en temps… 

Andreea Ionescu

La thérapie spirituelle

La thérapie spirituelle que nous mettons en œuvre  au Centre, provient de la nécessité de répondre à ceux qui nous demandent de l’aide : des personnes issues de milieux divers, ayant différents problèmes émotionnels et relationnels, tout en parlant leur langage et en partant de leur propre « matériel ». Ainsi, nous avons réuni la science des Pères sur l’homme et les différentes techniques de connaissance de soi des sciences humaines, pour que chacun arrive à prendre conscience autant de l’appel à la joie promise par le Seigneur, que des causes de notre immobilité dans le malheur et notre inaccomplissement. Les méthodes des sciences humaines aident chacun à devenir conscient de ses limites, et les Sacrements de l’Église rendent le Christ présent en tant que Thaumaturge. Cette thérapie est nécessaire afin de prolonger la Liturgie de chaque dimanche, lorsque chacun d’entre nous retourne dans son milieu quotidien et se retrouve confronté à son impuissance à faire le bien qu’il souhaite faire, comme nous le dit le saint Apôtre Paul dans son épître aux Romains, ch. 7 : « Malheureux homme que je suis, car je ne fais pas le bien que je veux, mais je commets le mal que je ne veux pas ».

L’axe central de la thérapie dispensée par notre Centre est la Liturgie incessante, qui consiste à appeler le Seigneur dans chaque sensation, douleur, tourment, depuis le gouffre de notre impuissance à unir la « loi du corps » et la « loi de l’Esprit ».  

Mère Rafaela

Sur le pardon. Ou sur la rencontre

Toute l’histoire de l’humanité est placée sous le signe de la rencontre. Adam rencontre Ève, Ève rencontre le serpent, Dieu part dans le jardin pour rencontrer Adam, mais Il doit le chercher. Et là commence un jeu, une sorte de colin-maillard : Adam fuit Dieu, les responsabilités, Eve dit que c’est la faute au serpent et aucun des deux n’est (plus) prêt pour la rencontre. Ni avec Dieu, ni avec eux-mêmes, ni entre eux.

Le Christ vient pour nous apprendre à nous rencontrer. Il a commencé comme Dieu le Père, Il est parti à notre recherche. Il est parti à la rencontre des hommes. La bonne nouvelle qui est transmise tout au long de l’Évangile peut se résumer à un seul mot : la rencontre. Toutes les paraboles des Évangiles sont liées aux rencontres du Christ avec les gens. Aves les pêcheurs, qui sont devenus ses disciples. Avec la pécheresse, avec le publicain, avec le démoniaque, avec la samaritaine, la cananéenne, le centurion, la veuve, le pharisien, l’aveugle, le lépreux et ainsi de suite. Avec toutes les catégories sociales, tous les âges, avec toute personne qui vient au monde. Quelque soit sa place au sein de la société.

C’est dans un livre du métropolite Antoine Bloom que j’ai entendu parler de cette rencontre. C’est ce passage qui m’est venu à l’esprit quand j’ai rencontré mère Rafaela pour la première fois. C’était l’été, dans la cour de l’Ambassade de Roumanie à Paris, lors du festival « Pour l’amour de la beauté ». J’ai fait quelques pas vers elle, et j’ai senti qu’elle aussi venait vers moi. Cette première rencontre a été si riche, les premières secondes où l’on s’est seulement regardées en silence ont été si pleines de sens, que les mots étaient inutiles. Mais… je suis un être humain et j’ai besoin de m’exprimer. De mettre des mots sur mes émotions. D’apprendre qui je suis en vérité.

Il y a deux-trois semaines j’ai appris que mère Rafaela venait à Paris pour quelques jours et qu’elle allait faire un atelier sur le pardon avec les jeunes. Quelle a été ma joie en l’apprenant ! Même si pour y participer j’ai du faire des allers-retours en train tous les jours la ville où j’habite... Qui donc n’a pas besoin de pardonner ? De se pardonner ? D’être pardonné ?

Nous étions environ douze à l’atelier qui a compté trois sessions vespérales : vendredi, lundi et mardi. Ces sessions ont été faites d’un temps de prière, ainsi que de discussions, de dessins, de lettres, de listes, de renoncements, de larmes, et encore de prière. Chaque session a commencé par une prière adressée au Saint Esprit, suivie d’un mot de chacun sur son état d’esprit du moment. Cela paraît simple ? Eh bien, pas du tout ! Au contraire. C’est très difficile. Certains participants ont avoué n’avoir jamais appris à se dévoiler de la sorte.

Le premier soir, outre ses émotions, chacun a exprimé ses attentes vis-à-vis de cet atelier. Les réponses étaient bien différentes les unes des autres : de « je veux me marier » à « je veux apprendre à rencontrer le Christ et, par Lui, je veux rencontrer mon prochain ». En écrivant ceci, je ne porte aucun jugement sur personne. Je veux seulement évoquer les ressentis des participants.

Nous avons aussi exprimé nos peurs. Car oui, il est important d’en prendre conscience. Ce que chacun a dit reste dans le cœur des autres, et je ne peux évoquer ici que ce qui pourrait être utile au lecteur, des aspects qui peuvent raviver le désir de mieux (re)connaître son passé pour pouvoir vivre serein et en paix. Car même si l’on veut faire croire aux autres que nous sommes des gens forts, bien ancrés dans la vie, guéris et ainsi de suite, on est toujours reliés par le cordon ombilical au passé, à nos parents, même si l’on est très loin de la maison paternelle. Nous sommes liés au passé car nous n'avons pas pu le vivre pleinement, car on n’a pas pu exprimer nos ressentis, puisque personne ne nous a appris à le faire.

Le cordon, c’est le fait qu’on reproduit fidèlement ce que l’on a appris à la maison. Nous sommes à l’image de nos parents, des deux ou bien d’un seul. En perpétuant ces comportements on peut faire du mal à nos proches. Si nous n’essayons pas de changer, on risque de reproduire à l’infini un scénario qui nous rend malheureux.

Le premier pas vers le pardon est de comprendre ce qui nous a blessés. Pour ce faire, on doit plonger dans les profondeurs de notre âme, comme Jonas dans le ventre de la baleine. Et puis, comme Pierre, demander de l’aide à Dieu pour aller vers Lui et ne pas sombrer.

Mère Rafaela nous a appris à commencer nos phrases par « je », et non pas par « tu ». A me focaliser sur ce que je ressens dans une situation donnée, et non pas sur ce que tu as fait. Elle nous a appris à faire attention à moi. A me comporter de manière saine. A vérifier mes perceptions. A agir, et non pas réagir. A renoncer à l’époux ou l’épouse idéal(e), car il ou elle n’existent que dans mes scénarios. Elle nous a encouragés à avoir une vraie relation avec Dieu, qui par amour a voulu que nous venions au monde et depuis lors attend qu’on Le rencontre, par amour. Cela ouvre la voie au pardon, qui seul peut nous mener à la guérison.

Ana-Maria Birta

Deux séminaires de Mère Rafaela (Paris - Limours, 24-28 octobre 2014)

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