Ajouté le: 13 Juillet 2014 L'heure: 15:14

Le festival « Pour l’amour de la Beauté », IVème édition, 2014

Le festival patronné spirituellement par la Métropole roumaine de Paris s’est placé manifestement sous le primat de la beauté, comme l’exprime l’épigraphe tirée des paroles de l’écrivain roumain Paul Barbăneagră, un authentique credo artistique et un plaidoyer pour une esthétique de la vérité chrétienne: « La beauté est la voie royale ou impériale vers Dieu. La beauté mérite d’être respectée, d’être considérée comme la propriété suprême de la nature, de l’être (...), si par elle nous approchons de Dieu ».

Du 29 mai au 1er juin a eu lieu à Paris la IVème édition du festival d’art, de culture et de théologie « Pour l’amour de la Beauté », un évènement organisé par la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale, et son Département culturel, en collaboration avec l’Ambassade de Roumanie à Paris, l’Institut Culturel Roumain et la Maison Roumaine Européenne – Casa Românească Europeană – « Elena Văcărescu ».

Les manifetations liturgiques, culturelles et théologiques avaient pour foyer le thème catéchétique proposé par le Saint-Synode pour l’an du Salut 2014, année dédiée au sacrement eucharistique et à la mémoire des Brancovan. L’eucharistie et le martyre ont été abordés à partir de leur origine commune dans le Sacrifice, vaste thème présenté sous une multitude de perspectives (théologique, philosophique, anthropologique, ethnologique, artistique – théâtre, poésie, peinture, photographie, musique) que proposaient des invités de marque dont s’est honoré le festival philocalique.

La circonstance liturgique choisie pour ces manifestations, le temps compris entre la fête de l’Ascension et le dimanche après l’Ascension, inclut en lui-même des thèmes et des significations philocaliques capables de produire un flux de beauté, vitale pour le renouveau de la culture contemporaine. C’est pourquoi le Festival avait comme prologue et narthex la divine liturgie de l’Ascension du Seigneur, dans la Cathédrale métropolitaine des Saints-Archanges à Paris – occasion de communication spirituelle et de communion agapique à la table du Seigneur et au banquet fraternel des aliments transmis par les ancêtres. Après les agapes, Son Eminence notre Père le métropolite Joseph a officié l’ouverture solennelle du Festival, par une parole de bénédiction et l’invitation au débat. A celui-ci prirent part Jean-François Colosimo, directeur des éditions Cerf et professeur à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, et l’archiprêtre Marc-Antoine Costa de Beauregard, disciple bien connu de Père Stăniloae. « Jean-François Colosimo a présenté une radiographie de la réalité chrétienne dans le monde contemporain, en interpelant les Orthodoxes au sujet de leur rôle dans ce monde en mutation, et Père Marc-Antoine Costa de Beauregard a proposé quelques repères spirituels pour la vocation de l’Orthodoxie en Occident et pour répondre aux défis identifiés par cette radiographie » (Père Răzvan Ionescu, modérateur du débat et coordonateur de la direction Théologie et Science dans le cadre du Centre Dumitru Stăniloae). Le contenu du débat pourrait être merveilleusement résumé dans l’appel qu’a adressé J.-F. Colosimo aux fidèles présents, visiblement enchantés que la Métropole roumaine mise sur la culture comme véhicule de la foi, de ne pas rester de simples spectateurs passifs de la vie spirituelle.

L’après-midi de la première journée du Festival, les Pères Ioan Gînscă (Cluj) et Iulian Nistea (Paris) avaient préparé, à l’Institut Culturel Roumain, une exposition de photographie (« Héros de personne ») d’une qualité esthétique particulière. Le leitmotiv en était la beauté anonyme, cachée au regard quotidien trop rapide ou souillée par la vulgarité indifférente du siècle. L’exposition de photographie fut présentée par S.E. le métropolite Joseph, M. Caius Dobrescu, directeur de l’Institut Culturel Roumain et par les deux protagonistes, véritables experts en imagistique et dans une vision spirituelle qui traverse la grisaille quotidienne. L’essai médiatique « C’est beau dans mon quartier » réalisé par Père Ioan Gînscă, projeté à la fin du vernissage, est apparu, à l’égard du mauvais goût et du kitsch confortablement installés dans les quartiers de nos villes, comme un pamphlet réussi, saupoudré avec l’ironie finale d’une vision spectaculaire et apocalyptique. La première soirée fut couronnée dans la Salle byzantine de l’Ambassade de Roumanie à Paris, sous le signe de la musique et du théâtre, par un concert de musique classique donné par le saxophoniste Claude Delangle, accompagné par la pianiste Odile Delangle, et par le spectacle Constrastes, réalisé par Dana Cavaleru et Richard Bovnocski, membres de la compagnie Passpartout/Dan Puric.

La deuxième journée du festival « Pour l’amour de la Beauté », fut ouverte, dans les catacombes de l’église Saint-Sulpice, par la conférence du professeur d’Université Ioan Taloș (Cologne, Cluj-Napoca) sur « La beauté archaïque. Le sacrifice par emmuration chez les peuples européens ». Cette intervention fut illustrée par la Chanson de Roland et la légende de Maître Manole, et suivie par la présentation du livre de M. Taloș, L’homme et le lion. Etude d’antrhopologie culturelle, publié aux éditions de l’Académie Roumaine en 2013, par MmeIoana Andreescu. Visiblement émue du voisinage avec le plus grand ethnologue roumain vivant, celle-ci a mis l’accent sur l’essentiel de l’analyse anthropologique et des rechercches du professeur Taloș; elle est partie de la chanson du lion, une initiation à la virtus romana et une preuve de plus de la latinité fondamentale du peuple roumain.

Dans ce même espace sacré, ennobli encore par les oeuvres graphiques d’Elena Murariu (une lecture iconologique de la vie et du martyre des Brâncovan, dans l’esprit même brancovan), a suivi la commémoration cuturelle de ces saints martyrs. Ce fut d’abord l’écrivain et théologien Costion Nicolescu quia parlé devant un public choisi et enthousiaste de « la Présence des Brâncovan dans les hymnes poétiques de Ioan Alexandru ». Il préfaçait ainsi avec une délicatesse et une sensibilité caractéristiques l’édition de ces hymnes en préparation aux éditions Doxologia de Iassy. Après la projection du documentaire Visage de lumière – l’archimandrite Ioan, abbé du monastère Hurezi, 1692-1726, réalisé par Iulian Mateescu, Mme le professeur Anca Vasiliu, spécialiste très réputée de l’art brâncovan, a commenté les repères culturels et théologiques de ce style de synthèse entre Orient et Ocident chrétien; ce thème fut illustré ensuite par la conférence de la moniale Atanasia Văetiși du monastère Stavropoleos, dédiée à l’art de l’époque brâncovane (« Tu as érigé depuis leurs fondations de nombreuses demeures divines »).

Père Emilian Marinescu, conseiller culturel et modérateur de l’évènement, a fait la synthèse des manifestations du Brâncovan du Festival: „Le prince Constantin Brâncovan a marqué une époque, il a fait le lien entre Byzance et l’Occident, en le valorisant par la sensibilité et la spécificité de l’esprit rural roumain et en l’élevant à un niveau culturel et ecclésiologique. En ce sens, l’affirmation de M. Costion Nicolescu – « la culture du paysan roumain est une culture théologique » – se conjugue avec les appréciations de Mme AncaVasiliu en ce qui concerne la dimension eschatologique du système culturel qui s’est formé à l’époque du saint martyr Constantin Brâncovan”.

Suivant la conception de Mme Alexandra Marinescu-Sav, gestionnaire et organisatrice de l’exposition festive, ont exposé, dans la crypte du Puits de l’église Saint-Sulpice, à côté d’Elena Murariu, Ioan Alexandru Antonescu (« Cierges »), Matei Lăzărescu (« Au-delà du temps et de l’espace », peinture, groupe Prolog), Valentin Scărlătescu (« Mur de sacrifice ») et Lavinia Georgiana Răican (installation video « Mémoires sacrées »). Dans les brèves interventions du métropolite Joseph, de Costion Nicolescu et de P. Jan Nicolae au vernissage de cette exposition de la catacombe, furent présentées les personnalités des artistes invités: ils exposaient ensemble, sous le signe de l’idée plastique de Sacrifice, rendue par leur propore stylisation artistique, dans l’image de la coupe du sacrifice non sanglant, eucharistique, ou du cierge exprimant par lui-même l’oblation de la lumière. Père Nicolae a rappelé que le repos du Prince Brâncovan sur le tombeau de Bucarest a été inscrit secrètement sur un tel cierge, et que l’icône Le Christ, vie eucharistique et martyre (peintre Ioan Popa) sur la couverture de son oeuvre, Iconographie de l’Eucharistie: le Christ, vie véritable et vin de la vérité, a été réalisée le jour même de la déposition dans la châsse des reliques du voievod martyr cette année.

La journée s’est conclue à l’Ambassade de Roumanie de Paris avec un concert de musique classique : Charlotte Coulaud (piano), Dana Ciocârclie (piano) et Julie Cherrier (soprano).

Le troisième jour du Festival a commencé par une conférence du prêtre et professeur Jan Nicolae d’Alba Iulia, consacrée d’abord à « L’iconographie eucharistique : le Christ, vie véritable », puis, en deuxième partie, à la dimension concrète du sacrifice liturgique: « La parole eucharistique du pain, du vin et de l’eau, de la Genèse à la nouvelle genèse ». Ces deux chapitres étant concentrés sur l’histoire eucharistique spécifique des Roumains, les représentants d’une Orthodoxie latine. Une merveilleuse symétrie était formée ensuite par  la conférence de Père Jean Boboc: « Eucharistie et christification dans la pensée de Père Stăniloae »; il a développé la façon dont l’Eucharistie agit par la grâce à l’égard du corps humain, fait miraculeux exprimé par les prières qui suivent la communion. Le triptyque théologique dédié à l’Eucharistie s’est conlu avec une dernière conférence de Père Jan Nicolae, « La divine eucharistie – au-delà de l’iconostase du VIIIème jour », axée sur la présentation de la dimension eschatologique du banquet eucharistique, qui culmine dans la communion des fidèles comme entrée au Ciel. Le dialogue des deux conférenciers avec le public fut suivi d’un moment très attendu, le témoignage du célèbre acteur Michael Lonsdale, « Jésus Christ dans la vie de l’acteur », que devait suivre la projection d’un fragment du film Des hommes et des dieux, premier prix du festival de Cannes en 2010. Le plaidoyer impressionnant de l’acteur du Nom de la Rose, devenu entre temps un octogénaire généreux, pour le naturel et le bonheur de croire, a culminé avec l’aveu d’une révélation : celle qu’il connut à l’occasion d’un spectacle dans lequel il jouait le rôle de saint Séraphim de Sarov et où il eut la bouleversante impression que celui-ci parlait par sa voix.

Le dernier jour du Festival s’est passé à Limours, sous le signe de la beauté liturgique et agapique, par la participation à la divine liturgie et la communion, par l’écoute des magnifiques paroles de la prière sacerdotale du Seigneur Jésus Christ adressée au Père : Il y demande que communient à sa gloire les disciples qu’Il a choisis dans le monde et ceux qui croiront grâce à l’oeuvre apostolique accomplie en son Nom. En participant à cette gloire du Pontife céleste nous avons part à la vraie beauté. Plus d’un millier de Roumains de l’étranger avec leurs hôtes ont pris part à la divine liturgie, à la fête champêtre et au concert de plein air dans le parc de la petite église du Maramuresh, dans la Résidence métropolitaine. Les chants religieux et traditionnels de Bucovine et de la région d’Oaş (délégationde la ville Negreşti-Oaş), unis au folklore authentique de l’Olténie par les chants anciens prononcés par Angelica Stoican, ont créé le cadre d’une manifestation roumaine conclue par des jeunes de Bessarabie, le tout sous la coordination de Gheorghe Cârciu. Le Festival a joui du début à la fin d’une bonne diffusion par les soins de l’équipe de la Télévision Roumaine, formée par Rafael Udrişte, Bogdan Pîrlea et Florin Adrian Miricioiu, travail passionant qui devait porter ses fruits ensuite dans une série de reportages et d’entretiens avec les invités présentés dans l’émission L’Univers de la foi. L’unicité du festival philocalique « Par amour de la Beauté » est venue cette fois encore de son format culturel divers et de la façon intelligente avec laquelle ont été articulés les évènements théologiques et les éléments culturels. Les participants ont bénéficié ainsi de la communion à la même coupe et de la beauté des mêmes valeurs en tant que membres de la même communauté porteuse de beauté éternelle, concrétisée dans la beauté des êtres humains, reflétant de multiple façons la beauté et la bienveillance divines.

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