Ajouté le: 7 Novembre 2013 L'heure: 15:14

Le Congrès International Père Dumitru Stăniloae, Bucarest, 2-5 octobre 2013

Pour les 110 ans de sa naissance et le 20ème anniversaire de son repos en Dieu, Père Dumitru Stăniloae de bienheureuse mémoire a été honoré par le Congrès Théologique International organisé à Bucarest par le Patriarcat de Roumanie, avec la bénédiction de Sa Béatitude le patriarche Daniel. Du 2 au 5 octobre 2013, des moments festifs se sont succédés, d’abord au Palais du Patriarcat, puis au cimetière du monastère Cernica.

Reçus avec générosité au Centre Social et Culturel du Saint-apôtre-André, les participants étaient venus de plusieurs pays, principalement la France (deux invités du Centre Orthodoxe d’Études et de Recherche Dumitru-Stăniloae à Paris, dont son doyen, Père Jean Boboc), la Belgique, la Suisse, la Grèce, la Russie, l’Allemagne, et l’Amérique (avec notamment l’évêque serbe Mitrophane des États-Unis). Étaient représentées, souvent par leurs doyens, diverses facultés de théologie roumaines (Patriarche Justinien de Bucarest ; Dumitru Stăniloae de Iassy ; Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca ; André Şaguna de Sibiu ; Valahia de Târgoviste ; Ilarion V. Felea d’Arad ; Ovidius de Constanța), ainsi que l’Institut de théologie protestante de l’Université Lucian Blaga à Sibiu. Plusieurs langues se sont fait entendre à côté du roumain : le français, le grec, le russe, l’anglais et l’allemand, notamment. Des échanges très fructueux avaient lieu au moment des pauses et des repas (honneur à la gastronomie, à la « palinka » et aux vins roumains !) qui interrompaient agréablement les sessions de conférences… Madame Lidia Stăniloae-Ionescu, fille du Père Professeur Dumitru Stăniloae, a beaucoup enrichi le Congrès par les témoignages et les souvenirs personnels qu’elle a rapportés, dans son exposé et dans ses diverses interventions.

Le thème général  retenu par le Patriarcat était celui de La réception de l’œuvre de Père Dumitru Stăniloae aujourd’hui. Il s’agit d’une œuvre immense – traduction de la Philocalie augmentée de textes roumains, innombrables articles dans le Télégraphe roumain, études théologiques et anthropologiques, notamment dans la Théologie Dogmatique Orthodoxe et dans L’image immortelle de Dieu. « Réception » était le mot pour conduire une réflexion sur l’impact intellectuel, culturel et social de ces grands textes de la pensée universelle contemporaine. On s’est rendu compte que cette influence est très inégale suivant les régions du globe ; en Roumanie même, on continue à œuvrer pour que le témoignage du grand spirituel roumain soit bien connu et assimilé. Le patriarche Daniel, étant personnellement un disciple éminent du grand théologien mystique, agit beaucoup dans ce sens. En effet, il s’agit d’une pensée religieuse qui reformule pratiquement tous les grands thèmes de la vision chrétienne de Dieu, de l’être humain et du monde. Une telle réévaluation de la tradition des Pères, et la communication des textes de ceux-ci par la monumentale traduction roumaine, est un service inappréciable apporté à notre temps par le bienheureux Père Dumitru. Celui-ci a offert avec joie son existence entière en vue de ce témoignage qui constitue un des principaux instruments pour une réflexion spirituelle chrétienne en notre temps. Père Dumitru, ayant pour lui-même découvert avec enthousiasme l’enseignement des saints Pères, notamment saint Maxime le Confesseur et saint Grégoire Palamas, a voulu que tous les hommes aient part à sa joie : les croyants, pour approfondir leur foi ; ceux qui ne croient pas encore, pour découvrir que les sommets de la pensée humaine sont, non dans la science, mais dans la vision théologique du monde. Et cette pensée est de nature charismatique, parce qu’elle est continuellement irriguée par l’expérience hésychaste de la prière. Mais, encore faut-il que ce témoignage admirable soit accessible à tous, qu’il soit reçu, c’est-à-dire assimilé, restitué ou même reformulé à son tour dans ses prolongements les plus créateurs. Le vaste chantier de traduction française, ouvert aux éditions du Cerf avec la Théologie Dogmatique Orthodoxe, y contribue ; la Théologie ascétique et mystique de l’Église orthodoxe est déjà disponible depuis septembre 2011.

Les conférences présentées à ce congrès (près de 35 en deux jours !) seront accessibles dans une publication très complète qui se prépare déjà. Toutes de haut niveau, elles abordaient des sujets allant de la réception de l’œuvre de P. Stăniloae dans la culture allemande, à une comparaison avec saint Nicolas Velimirovic ou à sa théologie de la musique liturgique, en passant par sa place dans le contexte œcuménique ! Les interventions elles-mêmes du ministre et du ministre délégué de l’Éducation Nationale, du président de l’Académie roumaine, du secrétaire d’État aux Affaires religieuses, sont significatives d’une civilisation où la tradition religieuse regarde toutes les catégories du pays, sans séparation artificielle entre la Religion et l’État – on y trouve des ministres et des universitaires qui s’intéressent à la théologie et à la religion ! Dans son allocution d’ouverture, S.B. le patriarche Daniel, dans la Grande Aula Patriarche Théoctiste, a présenté un texte – Père Stăniloae – créateur d’une synthèse néo patristique en théologie orthodoxe contemporaine – où il définit l’œuvre entière de Père Stăniloae comme « une synthèse néo patristique créatrice ». Toutefois, a précisé le Primat de l’Église roumaine, il s’agit pour notre temps, non seulement de reconnaître la valeur de cette œuvre, mais encore de poursuivre le travail commencé. Pour cette raison, au cours de l’année 2013, le Patriarcat a organisé un concours national sur « la vie et l’œuvre de Père Dumitru Stăniloae » ; il a, dans chaque édition du quotidien patriarcal, Lumina de Duminica (« Lumière dominicale »), publié une « parole théologique de Père Dumitru Stăniloae » ; il a produit des émissions de télévision (Radio TRINITAS et TRINITAS TV), etc. Cette ferveur a été suivie par un grand nombre d’évêques diocésains et d’instituts de théologie.

Pour illustrer les allocutions, une belle exposition de l’Œuvre de Père Stăniloae montrait, dans la salle Europa Christiana du Palais patriarcal, des éditions anciennes ainsi que des rééditions et la toute nouvelle édition monumentale des articles publiés dans le Telegraful Român. Et un film réalisé par TRINITAS TV rappelait les chapitres les plus importants de la vie du Prêtre et Théologien, avec notamment quelques vues impressionnantes de la prison où il fut retenu pendant cinq ans pour avoir dénoncé ce qui nuit à l’être humain. On comprenait bien, comme le rappelaient plusieurs exposés, que la sainteté de l’être humain se reconnaît, non seulement à l’indispensable confession de la vérité divine, mais encore à l’incontournable exemple d’une vie pure et toute dévouée au Seigneur et au prochain.

Samedi 5 octobre, jour du repos en Dieu de Père Dumitru, qui suit la fête des grands théologiens mystiques saint Denys l’Aréopagite et Hiérothée d’Athènes, tous les participants se sont retrouvés au monastère Cernica, non loin de Bucarest. On y célébra un office (« parastas ») dans l’église Saint-Nicolas et un autre sur la tombe-même où le saint prêtre et son épouse Maria attendent la résurrection de toute chair, avec l’assurance des justes. Le Créateur de tous les mondes nous offrait un beau soleil et la douce température de l’octobre roumain. De nombreux étudiants, des fidèles des paroisses, des gens de tous les milieux sociaux, étaient rassemblés dans la joie que procure la certitude de l’amour miséricordieux du Seigneur. Un volume d’hommages (Père Dumitru Stăniloae – témoignages et évocations), fraîchement sorti des Presses du Patriarcat, édition « La Parole de Vie », fut présenté à ce moment précis de l’évènement. L’ensemble du Congrès avait été organisé comme une grande festivité, et l’esprit festif culminait dans ce lieu du repos à l’harmonie paradisiaque chantée, non seulement par les hommes croyants, mais par la végétation, les fleurs et les rayons mêmes du soleil, image cosmique du Soleil de justice. L’agape, présidée par notre Père en Dieu le patriarche Daniel, était un délicat moment de communion fraternelle. Elle illustrait, par la vie, l’essentiel du témoignage théologique de Père Stăniloae : la théologie de la communion des personnes divines et des personnes créées.

Ce dernier thème est certainement celui qu’on a entendu comme un leitmotiv dans toutes les prises de parole : l’héritage du grand spirituel roumain, reconnu comme le plus grand théologien du 20ème siècle,  tant par Olivier Clément que par Monseigneur Kallistos Ware, va « de la théologie académique à la spiritualité monastique, de la culture roumaine laïque au contexte international, dépassant les frontières géographiques et les barrières linguistiques, pour intensifier la communion dans l’amour de la très sainte Trinité et développer la mission de l’Église du Christ dans le monde » (patriarche Daniel). En remerciant tout d’abord le Seigneur pour le don qu’Il a fait de ces journées bénies, nous rendons hommage ici à l’efficacité, à la disponibilité et à la générosité des organisateurs, à la compétence des membres du service d’accueil et de l’intendance ; nous remercions tous ceux qui ont contribué, par amour pour la sainte Roumanie et pour la foi orthodoxe universelle, à la beauté exceptionnelle de ces trois jours de festival spirituel.

A.p. Marc-Antoine Costa de Beauregard

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