Ajouté le: 14 Juillet 2013 L'heure: 15:14

Qui s’ elevera, sera abaisse, et qui s’abaissera, sera eleve (II) (Mt. 23,12)

« Tu dis : « Ma vie est pleine de souffrances. » Mais je te répondrai, ou plutôt c’est le Seigneur lui-même qui te dit : « Humilie-toi, et tu verras que tes épreuves se changeront en repos », à tel point que tu t’étonneras toi-même et que tu diras : « Pourquoi donc j’étais autrefois pareillement tourmenté et affligé ? » Maintenant tu es heureux parce que tu es devenu humble et que la grâce divine est venue. (…)

L’âme de l’homme humble est comme la mer : si l’on jette une pierre dans la mer, elle trouble un instant la surface des eaux, puis s’enfonce dans les profondeurs. Ainsi sont englouties les peines dans le cœur d’un homme humble, car la force du Seigneur est avec lui. (…) Le Seigneur ne se révèle pas à l’âme orgueilleuse. L’orgueilleux, quand bien même il étudierait tous les livres, ne connaîtra jamais le Seigneur. Car son orgueil ne laisse pas de place en lui pour la grâce du Saint Esprit, et Dieu n’est connu que par le Saint-Esprit »

(Saint Silouane – « Ecrits – De l’humilité »)

 

Le péché d’Adam et de sa femme est avant tout un péché d’orgueil, car ils ont mis leur propre volonté au-dessus de la volonté de Dieu et se sont laissés séduire par la promesse du serpent: « vous serez comme des dieux » (Ge. 3,5) : « L’orgueil est le principe du péché ; tous les aspects que peut revêtir le mal sont réunis en lui : présomption, vaine gloire, désir de puissance, froideur, cruauté, indifférence aux souffrances du prochain ; tendance de l’intellect à la rêverie, suractivité de l’imagination (…) ; angoisse, désespoir, haine ; envie, complexe d’infériorité, pour plusieurs ce peut être accès de concupiscence charnelle ; lancinante inquiétude intérieure, indocilité, crainte de la mort, ou au contraire, désir de mettre fin à ses jours et finalement, ce qui n’est pas rare, démence complète. Tels sont les signes distinctifs de la spiritualité démoniaque. » (St. Silouane – op. cit. « Epreuves spirituelles »). Les caractéristiques de l’esprit démoniaque énumérées ci-dessus sont aussi les traits distinctifs de l’humanité moderne qui reproduit le péché d’Adam à l’échelle collective et planétaire, si bien que nous ne faisions plus aucune différence entre l’homme déchu et l’homme tout court, et que le mot « péché » lui-même a été rayé du vocabulaire de l’homme moderne. Loin d’être redouté et combattu « le péché est devenu mode » (Père Païssios l’Agiorite), au point qu’il nous semble tout naturel de reproduire la transgression d’Adam à longueur de journée sans même nous en apercevoir. En effet, le péché d’orgueil est présent partout et à chaque instant dans notre vie de tous les jours. Toutes nos pensées, nos jugements, nos actes et en fin de compte toute notre existence, tournent comme des astéroïdes et des planètes autour de notre volonté propre qui occupe le centre de notre univers mental. Mon tribunal intérieur devient ainsi l’instance suprême qui impose sa loi, ses jugements et ses verdicts au monde entier, en fonction de mes idées, de mes goûts, de mes préférences, en un mot, en fonction de ce que j’aime et de ce que je n’aime pas. C’est ainsi que ma volonté personnelle se substitue et s’oppose à chaque instant à la volonté de Dieu, qui pour des raisons connues de Lui seul, a fait que les choses sont ce qu’elles sont, et pas toujours ce que je voudrais qu’elles soient. Chaque fois que je me révolte contre tel ou tel aspect de la vie, du monde ou de la société, qui me déplaît ou qui me semble injuste, je me révolte contre la volonté de Dieu et par cette opposition, j’affirme être plus sage et plus juste que Lui, autrement dit, je deviens mon propre dieu. Si bien qu’un homme qui juge toute chose et toute personne en fonction de ce qu’il approuve ou désapprouve, de ce qu’il aime ou il n’aime pas et nous sommes tous cet homme-là ,reproduit sans cesse le péché d’Adam, qui a voulu être l’égal de Dieu. Car toute volonté qui ne vient pas de Dieu est mauvaise, tout jugement qui se substitue au jugement de Dieu est faux, toutes les vérités et les certitudes de la raison humaine n’ont aucune substance réelle qui leur appartienne en propre, car le seul Etre réel de l’univers est Dieu et il n’y a aucune autre réalité en dehors de Lui.

Quand on sait que « la sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Cor. 3,19), l’humilité est la seule attitude possible, conforme à la raison et à la vérité : « Bienheureux l’homme qui connaît sa propre faiblesse. (…) Quand un homme a appris et senti sa propre faiblesse, il concentre son âme hors de la vanité qui enténèbre la connaissance et il garde en lui comme un trésor la vigilance. (…) Ne laisse pas s’enfler ton intelligence. Ne te confie pas en ta propre puissance, afin de n’être pas abandonné à la faiblesse de la nature. C’est ta chute alors qui t’apprendrait ta faiblesse. N’aie pas foi en ta connaissance, afin que l’ennemi n’en profite pas pour te prendre au piège de sa malice. (…) Ne te vante jamais de tes œuvres, afin de n’être pas confondu. Car Dieu accorde que change toute chose dont se vante l’homme, pour que celui-ci soit humble et apprenne l’humilité » (St. Isaac le Syrien – « Discours ascétiques »).

L’humilité est la seule manière de rétablir la communication entre l’homme et Dieu, car ce n’est qu’en reconnaissant notre propre néant et en renonçant à notre esprit humain et à notre volonté propre, que nous pourrons recevoir l’Esprit de Dieu et faire sa Volonté. « Renoncer » n’est d’ailleurs pas le terme approprié, car cela implique l’idée de perte, de sacrifice, attribuant une certaine valeur à la chose perdue, alors que celui qui retranche sa volonté propre n’a rien perdu d’autre que la cause de ses souffrances et de ses malheurs, semblable à un malade qui pour guérir doit « renoncer » à sa maladie. De même que le malade doit se soumettre entièrement à la volonté du médecin qui sait mieux que lui ce qu’il faut faire pour guérir, de la même façon, l’homme contaminé par le virus du péché doit se soumettre entièrement à la volonté de Dieu. C’est pourquoi, quelles que soient les épreuves et les souffrances qu’il nous faudra affronter, « nous devons croire avec fermeté qu’aucun chagrin, aucune souffrance ne peuvent nous atteindre – pas même un cheveu de notre tête ne peut tomber – sans la volonté de Dieu ». Car toutes nos épreuves « sont en fait des instruments dans la main de Dieu. Des instruments œuvrant en vue de notre salut » (Starets Macaire du monastère d’Optina – « Lettres à ses fils spirituels »). Ainsi, sachant que notre Seigneur « travaille jour et nuit pour notre salut, utilisant à cet effet aussi bien ce que nous appelons bonheur, que ce que nous appelons chagrin » (Starets Macaire, ibid .), nous devons nous confier entièrement à Dieu dans toutes les circonstances de notre existence : « Si tu renonces à être ton propre guide » et « si tu retranches entièrement ta volonté propre, tu ne connaîtras plus jamais les ténèbres de l’affliction » (Starets Léon d’Optina). Aussi notre attitude face aux épreuves et aux souffrances qu’il nous sera donné d’affronter, doit être semblable à celle du Christ au mont des Oliviers : « Père si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ma volonté, mais que la tienne soit faite. » (Luc 22, 42).

Se fier à sa volonté propre, qui vient du monde et nous attache à ce monde, c’est confier son existence à l’ennemi de l’homme, qui nous promet le royaume de ce monde si nous devenons ses serviteurs : « Le diable (…) lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai tout cela si tu te prosternes et m’adores » (Mt. 4, 8-9).

Se soumettre entièrement à la volonté de Dieu, sans juger ses décisions selon notre intelligence humaine et notre propre volonté, et sans douter de leur bien fondé, car tout ce que Dieu nous envoie ne peut être que juste et bon, c’est retrouver l’état d’innocence et de confiance totale en Dieu de l’homme avant la chute. L’humilité est par conséquent le seul moyen de rétablir un lien vivant et permanent avec Dieu et aussi le seul moyen de connaissance véritable, car fondé sur cette vérité suprême et éternelle : Dieu est tout et sans Lui nous ne sommes rien. Dès lors que nous aurons acquis l’humilité parfaite – qui n’est rien d’autre que la foi parfaite – nous n’avons plus aucune crainte, ni aucun souci, car nous aurons confié toute notre vie et toute notre personne à Dieu : « L’homme qui s’est abandonné à la volonté de Dieu ne craint rien : ni l’orage, ni les brigands, rien. Et quoi qu’il arrive, il se dit : Cela plaît à Dieu. (…) C’est ainsi que l’on garde la paix dans l’âme et dans le corps. (…) L’œuvre la meilleure, c’est de s’abandonner à la volonté de Dieu et de supporter les épreuves avec espérance » (St. Silouane – « Ecrits – De la volonté de Dieu et de la liberté »).

Toutes nos craintes, nos inquiétudes, nos soucis, nos chagrins, nos déceptions etc. sont une manifestation de notre volonté propre – et donc de notre orgueil – qui s’oppose à la volonté de Dieu. Et le remède de tous les maux de l’âme et de l’esprit, c’est l’humilité : « Tu as encore sombré dans la mélancolie et le désespoir. Tu as donc oublié que la même main qui punit, distribue aussi les plus grands dons ? (…) Lorsque nous sommes incapables d’atteindre les sommets de la vertu, tout ce qui nous reste à faire c’est de descendre dans l’abîme de l’humilité. L’humilité et le plus sûr moyen de communication entre l’homme et Dieu. Ce n’est que par l’humilité et par l’effort constant que le dernier sera le premier. Sois donc courageux ! » (Starets Macaire d’Optina, op. cit.).

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