Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Ou de la joie de rencontrer aussi des roumains honorables en France et de partager les saints mystères dans la langue où l’on apprend à prier, à pleurer, à espérer et même à mourir…
Avec la bénédiction du père métropolite Joseph, du 16 au 21 mai s’est déroulé à Paris la IIIe édition du Festival Pour l’amour de la Beauté, ayant comme organisateurs la Métropole Orthodoxe d’Europe Occidentale et Méridionale (MOREOM), l’Institut Culturel Roumain de Paris, l’Ambassade de Roumanie en France, le Musée du Paysan Roumain et l’Association « Art Ville-Vie ». Unique en son genre, le festival a comme but de mettre en valeur les différentes manifestations spirituelles qui se situent dans une recherche de la Beauté – comme un écho de la beauté divine et comme fruit des expériences créatives qui répètent l’acte créateur divin –, état d’esprit que l’on décèle dans les œuvres des musiciens, des gens de lettres ou des peintres roumains d’aujourd’hui. Et leurs créations témoignent d’une infatigable recherche du divin. Dans ce sens, l’édition de cette année du festival a accueilli chaleureusement à Paris et à Limours un florilège d’artistes, professeurs, critiques d’art, théologiens roumains et français de haute tenue intellectuelle.
Ensemble, les invités ont enrichi avec leur présence et leurs manifestations pleines d’inspiration le festival de cette année : Grigore Leşe, le rhapsode le plus authentique de nos jours, qui a quitté les « portes du ciel » pour rendre visite au cœur de Paris, l’acteur Dan Puric, le professeur Sanda Golopenţia, de l’Université Brown, des Etats-Unis, l’ethnologue Constantin Eretescu, le théologien Costion Nicolescu, et tant d’autres artistes, roumains et français, certains inconnus au grand public, mais qui ont fait une brillante carrière en France et à l’étranger en général ; auxquels se sont joint des personnalités importantes de l’Eglise Orthodoxe Roumaine de France, comme son Excellence Marc Nemţeanul et son Excellence Ignatie Mureşanul, évêque-vicaire pour l’Espagne et le Portugal, et le père Marc-Antoine Costa de Beauregard, archiprêtre du Doyenné de France.
Rien n’est plus louable dans le contexte actuel, où être roumain en France n’est pas toujours un honneur, que d’organiser un tel événement culturel où la beauté et l’amour divin, incarnés par des manifestations artistiques et spirituelles de haute tenue, placent l’identité nationale roumaine en haut lieu, montrant au monde occidental l’essence même de la foi orthodoxe dans son expression artistique. Les concerts de musique classique et religieuse, les chants religieux de Transylvanie, les pièces de théâtre et les représentations de pantomime, les expositions « eucharistiques » d’icônes et de photographie, les différentes conférences (sur des thèmes de sociolinguistique, ethnographie, anthropologie et théologie), les tables rondes, les films d’orientation chrétienne ont rempli le programme du festival.
Et pour donner une image complète de cette édition du festival, il faut souligner que tout l’esprit du festival gravite autour de la beauté et de la riche symbolique de la Croix,dans le contexte de la célébration de 1700 ans depuis que l’empereur Constantin a instauré la religion chrétienne comme religion officielle de l’Empire Romain, sous le signe de la Sainte Croix qui l’a aidé à triompher de ses ennemis. Le festival Pour l’amour de la Beauté met justement en avant la beauté des saints, la beauté de leurs œuvres et de leur pensée, qui trouvent leurs continuateurs à travers les siècles, dans les créations des artistes de nos jours ; mais le festival encourage surtout la beauté et la gloire d’être chrétien dans une société fortement laïcisée et dominée par une moralité toujours plus douteuse.
Une autre correspondance qui touche à la dimension historique de l’Edit de Milan consiste dans le fait qu’il n’est pas un hasard que le festival ait eu lieu dans la crypte de la cathédrale Saint Sulpice, où depuis plus d’une décennie fonctionne la paroisse roumaine « Sainte Parascève et Sainte Géneviève ». Comme on le sait bien, à cause des persécutions, le christianisme des premiers vivait dans le secret des catacombes; et la sortie vers la lumière du jour ne pouvait forcément relever que du divin. C’est donc aussi un miracle divin et non pas une ironie du sort, si aujourd’hui, au XXIe siècle, des catacombes de Paris jaillit une source de beauté et de spiritualité chrétienne roumaine, source nourrie par la force extraordinaire de la Sainte Croix, repère fondamental de cette existence qui nous ouvre l’accès au monde du ciel, à l’essence du monde et des choses.
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais l’information virtuelle doit être bien succincte pour atteindre son but, alors je me limiterai à ajouter quelques idées qui ont dominé l’agenda du festival. D’abord l’idée que la Bible est la source de poésie la plus riche au monde, réalité soutenue par les manifestations artistiques qui ont peuplé le festival ; ensuite que la Croix fait partie de notre vie, non pas comme un chapitre d’un livre de théologie, mais comme un problème vital, selon les belles paroles du père Dumitru Stăniloae. Au sein des différentes conférences, de nombreuses questions historiques, anthropologiques, théologiques et certes, artistiques, ont été soulevées, car la contemplation de la Beauté reste une source inépuisable pour l’art chrétien, qui cherche sans cesse le divin. Qu’ils se soient exprimés, comme Grigore Leşe, dans des sonorités mélancoliques, ou bien par une symbiose complète des arts, comme Dan Puric, tous les artistes du festival ont apporté au public le témoignage d’une vision profondément chrétienne de l’existence, car la force de la foi a entièrement inspiré et transfiguré leurs créations.
Je ne sais pas si ce festival sauvera la réputation entachée des roumains qui vivent en terre française en confirmant la prophétie de Dostoïevski, qui disait que « la beauté sauvera le monde », mais au moins il nous fait sortir du coin d’ombre où la presse française s’obstine à nous maintenir. Certes, ce n’est pas le seul mérite de cet événement, mais tout comme une hirondelle ne fait pas le printemps, nous ne pouvons pas changer notre réputation en un clin d’œil. Le festival Pour l’amour de la Beauté se propose donc (et à mon avis il réussit) de montrer à la société occidentale la beauté de l’art roumain et la spiritualité de ce peuple, née de ses relations profondes avec le Créateur même, Source de toute beauté, en ouvrant au monde entier des sentiers d’accès vers son âme et la clé pour comprendre sa spiritualité. Je crois vraiment que ce n’est qu’un début, qui portera ses fruits à partir du moment où nous aussi, les roumains, errant de par ce monde, nous saurons promouvoir nos vraies valeurs à travers cet Occident où nous avons choisi de vivre, sans nous laisser intimider ni par l’histoire du pays que nous habitons, ni par les idées reçues des autres.
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