Ajouté le: 18 Octobre 2013 L'heure: 15:14

Un mois d’août plein de richesses…

« Pour des frères, qu’il est bon de vivre ensemble ! »dit le saint prophète David (Ps. 132, 1). La fraternité comme l’expression de « vivre ensemble » caractérisent beaucoup de communautés humaines ; mais, dans la Bible, la fraternité vient de la foi commune, de l’appartenance au même peuple de Dieu. Et, « vivre ensemble », « prier ensemble », « célébrer ensemble », sont des expressions qui dessinent le mode de vie biblique et chrétien, cette vie communautaire des baptisés, que l’on voit à la fois dans la famille, dans la paroisse ou le monastère, et dans des réunions ou toutes sortes d’assemblées de chrétiens.

En fait, c’est le mystère de l’Église, où les personnes humaines sont ensemble à l’image des personnes trinitaires. Cette profondeur est accessible dans le quotidien et dans le concret, comme nous avons été un bon nombre à en faire l’expérience cet été. Outre les camps pour les jeunes en Roumanie, à Tismana, à Busteni et à Neamts, étaient organisés un « camp familial » et l’Université d’été de la Métropole roumaine.

Le « camp familial »

Nous avons pu réaliser pour la première fois un vieux rêve : se retrouver entre parents chrétiens orthodoxes, avec les enfants, et avec des personnes qui nous nourrissent spirituellement – une sorte de mélange harmonieux entre l’esprit de vacances et l’approfondissement de la foi par l’expérience des autres personnes. Le Seigneur nous a accordé la réalisation de ce rêve. Du 22 au 28 août, grâce à Père Paul, Mireille et les paroissiens de Saint-Eutrope-et-Saint-Georges, nous nous sommes retrouvés, plus d’une quarantaine d’adultes, avec une trentaine d’enfants du premier âge à l’adolescence, dans la superbe région des Charentes maritimes : la ville de Saintes est une cité ancienne, bien ensoleillée, centrée sur l’église où repose saint Eutrope, le premier évêque de la ville. En sortant, ce sont des campagnes viticoles et, plus loin, pas très loin, la mer et des îles…

Ce camp, premier du genre, était organisé de façon à joindre « l’utile à l’agréable » ! Les matinées étaient consacrées au travail avec Mère Siluana. Les après-midi étaient laissées à l’initiative de chaque famille, qui en profitait pour aller avec les enfants jusqu’à la mer ou vers un autre but de promenade et de détente. Les soirées constituaient des moments de rencontre, de veillées agrémentées de chants accompagnés à la guitare, ou d’entretiens informels avec les évêques et Mère Siluana. Une belle excursion nous mena jusqu’à l’île Madame : Monseigneur Joseph y conduisit un office devant le grand tumulus en forme de croix où reposent des centaines de prêtres victimes de la Révolution. Il était bon de voir nos évêques si dévoués prendre un peu le temps de respirer l’air de la mer et de se promener tranquillement au milieu des parcs à huîtres !

Dans tout cela, il s’agissait d’aider les parents à formuler les questions qui se posent dans le cadre de l’éducation et des relations dans la famille, et à réfléchir à leur mission parentale,  en prenant conscience quelquefois de ce qui pouvait changer dans leurs méthodes. Les parents,  en effet, ne sont pas seulement des « procréateurs » ; ils sont également des parents spirituels, des « créateurs » avec Dieu, la grâce du couronnement leur étant donnée pour cultiver la grâce baptismale reçue par leurs enfants. Les séances quotidiennes de travail consistaient, non seulement dans l’enseignement donné par Mère Siluana sur la base de documents distribués à tous, mais également dans des études de cas (« scénarios de vie »), des questionnaires à compléter concernant les « attitudes existentielles », des ateliers d’analyse de soi, etc.

De notre point de vue, le grand intérêt de ces sessions était dans le fait que nous parvenions à faire le lien entre le plan psychologique (envisagé même de façon assez technique : injonctions, devises, comportements authentiques ou non, modèles de personnalité…), et le plan de la foi et de l’expérience intérieure. L’âme et l’esprit – ou l’Esprit – étaient envisagés dans leur coordination. C’est ainsi que l’un des thèmes était « offrons à Dieu toute notre vie en vue de la guérison et de la sanctification » ; un autre « tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas » (la fameuse formule de saint Silouane). Des entretiens personnels avec Mère Siluana étaient également possibles et plusieurs parents ont profité de cette grâce pour apprendre quelque chose sur eux-mêmes et amorcer ainsi un changement bénéfique.

L’Université d’été

Celle-ci faisait suite,  presque sans rupture,  avec le Camp. Nous y avons retrouvé, du 29 août au 1er septembre, le métropolite Joseph, l’évêque Marc et Mère Siluana. Nous y avons retrouvé également les deux dimensions fondamentales de la vie dans l’Église : la fraternité, mais également la paternité. En fait, la première n’existe pas sans la seconde. Mère Siluana a montré un véritable charisme de maternité spirituelle ; et nos évêques ont été, comme dans les précédentes éditions de cette « université », les pasteurs et les pères spirituels disponibles dont nous avons tant besoin. La paternité ou la maternité spirituelle consistent essentiellement dans ce qu’elles aident le croyant à découvrir la place de la grâce divine dans sa lutte pour accomplir les commandements, c’est-à-dire pour être chrétien. Nos jeunes et nos enfants eux-mêmes se voyaient proposer régulièrement des rencontres, des travaux éducatifs, ou des jeux pour la détente. Un nombre important de personnes participait chaque jour, avec Hélène Séjournet, à l’atelier de mémorisation de l’Évangile – manducation de la Parole après la divine liturgie matinale…

Le terme d’ « université » correspondait bien au fait que nous étions là pour étudier, pour réfléchir, pour apprendre ce que nous ignorons, ou pour vérifier les connaissances ou les intuitions qui sont les nôtres. Après une introduction générale sur Orthodoxie et Occident, avec les prêtres Vasile Mihoc et Marc-Antoine Costa de Beauregard, ainsi que Mère Siluana, c’est une conférence sur La proclamation du kérygme évangélique dans le monde hellénique (P. Gérard Reynaud, Clermont-Ferrand) qui nous a vraiment mis au travail ! Cette présentation très documentée permettait de se rendre compte que les situations de mission qui sont les nôtres,  à notre époque,  ressemblent souvent à ce qu’ont connu les premières communautés chrétiennes. C’est vrai en particulier pour la confrontation de la foi chrétienne aux philosophies et aux idéologies courantes, avec l’effort à faire pour comprendre le point de vue des autres et pour traduire dans leur langage l’annonce (c’est le sens du mot « kérygme ») évangélique. Nous avons besoin de nous situer, en tant qu’Orthodoxes,  vivant en Occident, dans l’histoire de l’Église, en particulier l’histoire de l’Orthodoxie en France au 20ème siècle : c’est ce que proposait la conférence Un mouvement prophétique orthodoxe en Occident à la fin du deuxième millénaire : la Confrérie Saint-Photius (P. Noël Tanazacq, Paris). Il y était montré, en particulier, l’effort d’une jeune génération d’Orthodoxes émigrés pour connaître et faire connaître les racines anciennes de la tradition des saints Pères en Europe, notamment dans le domaine du culte.

Quels instruments missionnaires pour le 21ème siècle ? (P. Philippe Dautais) nous orientait vers la première et indispensable étape de la mission : l’évangélisation de soi-même ! Elle précède toute évangélisation des autres. C’est une expérience à la fois psychologique et spirituelle qui consiste dans la connaissance de soi et des articulations de la vie de l’âme par rapport à la parole de Dieu. Mère Siluana a enchaîné et renchéri sur ce thème en partant de sa propre expérience de philosophe convertie et de psychothérapeute. Elle disait, par exemple, que ce qui l’avait conduit à suivre le Christ, c’était la prise de conscience de la souffrance des autres : comment se satisfaire d’une contemplation spirituelle égoïste ? Et la conférence de Père Vasile Mihoc (Sibiu) allait dans le même sens. Elle présentait le programme missionnaire de saint Paul comme le dynamisme qui devrait nous pousser à ne pas garder pour nous-mêmes la connaissance que nous avons du Christ par la foi, et au contraire à la partager généreusement, quels que soient les obstacles quelquefois douloureux que nous pouvons rencontrer. Enfin, avec Les choix éthiques actuels : cultiver le discernement, Père Jean Boboc ne se contentait pas de revenir sur des thèmes déjà présentés par lui les années précédentes. Il montrait que, devant les défis contemporains, les chrétiens sont appelés à faire preuve de courage, certainement, mais également de sagesse. Par exemple, ce qu’une conscience chrétienne dénonce, ce n’est pas en elle-même la procréation assistée, mais le cas où celle-ci conduit à l’extermination d’embryons surnuméraires.

Dans toutes ces conférences, et dans les discussions intéressantes qu’elles engendraient, comme également dans les rencontres avec les évêques (par exemple les réunions du clergé) ou Mère Siluana, on se rendait compte que l’enjeu de la science ou de ses applications à notre époque est essentiellement la responsabilité paradisiaque à l’égard de la vie – de l’Arbre de la vie. Ces diverses interventions seront disponibles sur le site de la Métropole roumaine.

L’Université d’été, comme le Camp familial, constituait un temps, non seulement d’étude, mais également de rencontres, d’échanges fraternels et de prière, en fait l’expérience de l’Église. À Sainte-Foy-la-Grande comme à Saintes, la prière ponctuait les journées. Et l’Université s’est conclue, comme les années précédentes, par une magnifique célébration pontificale le dimanche matin 1er septembre, ouverture de l’année liturgique. Nous avons ainsi été envoyés dans nos paroisses avec un programme missionnaire, à l’égard de nous-mêmes, de nos jeunes, de nos frères dans la foi, et de ceux qui s’approchent de l’Église avec des questions formulées dans leur propre langage.

Que soient remerciés ici tous ceux qui ont contribué à la réussite de ces deux rencontres par leur dévouement, notamment à l’occasion des repas, leur disponibilité aux enfants, leur amour fraternel et leur sourire…

Synthèse rédigée par Prêtre Marc-Antoine Costa de Beauregard

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