Ajouté le: 1 Juillet 2013 L'heure: 15:14

Réflexions à l’occasion de la Transfiguration de notre Seigneur

En plein procès de « défiguration » de l'homme et du monde, auquel nous ne pou­vons qu'assister en témoins impuissants, nous avons le 6 août le bonheur de célébrer la glo­rieuse fête de la Transfiguration, ou change­ment, transformation (gr. metamorphosis) du Seigneur sur le Mont Thabor.

En fait, le Christ Seigneur laisse transpa­raître, devant trois de ses disciples, Sa gloire divine, à travers Son apparence humaine, et Son visage se transforme et devient « comme le soleil », et Ses vêtements « blancs comme la lumière »... Plus précisément, c'est la grâce divine qui transparaît dans le visage humain du Sauveur, afin de nous montrer le prototy­pe ou le « modèle » de l'icône que nous som­mes appelés à devenir, chacun d'entre nous. Le visage brillant du Seigneur nous révèle Son humanité déifiée par l'union avec Sa divinité, selon la nature, pour nous ouvrir la voie de notre union à Lui, selon la grâce.

Mais la fête de la « Transfiguration », du « changement » du Visage du Seigneur, ne reste pas un simple fait du passé lointain, mais représente une occasion pour nous, les gens d'aujourd'hui, de communier, comme les trois disciples d'autrefois, à la lumière et la gloire du Seigneur, comme des êtres « appelés », par Sa grâce et par Son pouvoir, par lesquels Il nous a fait de grandes et admirables promes­ses, afin que par elles nous devenions co-participants à la nature divine, échappant à « la cor­ruption de la concupiscence du monde » (cf. 2 Pt. 1, 3-4). Cela représente, en fait, l'antidote au processus de « défiguration » auquel l'es­prit de ce monde nous soumet, en singeant les traits harmonieux que nous avons reçus lors­que nous sommes nés à nouveau « de l'eau et de l'Esprit », au Baptême. D'un côté, à la lu­mière du Visage de notre Seigneur qui brille sur nous, il nous est donné de voir les écorchu­res et les malformations qu'a subies « l'icô­ne » que le Saint-Esprit a établie en nous et a scellée lors du Baptême, une vision qui pour­rait tous simplement nous terrifier, s'il n'y avait pas, en contrepartie, la Grâce qui renou­velle et éclaire l'âme et qui est abondamment versée sur nous aujourd'hui. Ainsi, le premier effet de cette douce lumière que répand sur nous le Visage du Christ est de nous purifier, d'éveiller notre conscience, en nous montrant, par contraste, les souillures qui s'accumulent en nous, d'une manière subtile mais réelle et concrète. Ceci devient le fondement du vrai repentir, c'est-à-dire la reconsidération du don de l' « illumination » reçu au Baptême, et per­met de revenir, en sortant de soi-même et en tournant le dos au monde, vers la Source de la vraie Vie et de la vraie Lumière Qui nous a unis à Lui, en nous faisant participer à Son Corps et à Son Sang, par qui Il nous purifie de nos péchés et nous guérit de tout effet de la corruption.

La lumière « éternelle » du Seigneur brille aujourd'hui « sur nous, pécheurs », rendant la joie de voir nos propres manquements plus grande que la tristesse des blessures de nos péchés et de nos imperfections. La lumière qui surgit du visage de notre Seigneur nous purifie et nous renouvelle non seulement lors de la Fête de Sa Transfiguration sur le Mont Thabor, mais se répand sur nous avec toute sa douceur lors de chaque Divine Liturgie, lors­que, avant la lecture de l'Evangile, nous Le prions de « faire resplendir dans nos cœurs la pure lumière de la connaissance divine », par la parole qui nous est lue et qui est « la vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient dans le monde » (cf. Jn. 1). Et à la fin de la Di­vine Liturgie, après avoir communié au Corps et au Sang du Seigneur, nous chantons tous: « Nous avons vu la vraie lumière... », comme ceux qui ont contemplé avec les yeux du cœur Celui Qui pour nous a pris chair et Qui, mal­gré nos ténèbres, a daigné venir « nous sanc­tifier, nous », en Se faisant un avec nous, pour notre purification et notre renouvellement.

C'est à Lui que nous rendons grâce et c'est Lui que nous remercions de nous avoir don­né une « tunique lumineuse » et de S'être fait lumière pour nous et pour le monde, pour nous guider, par Sa parole et Son éternelle présence, dans les ténèbres où il nous est don­né de séjourner, vers l'éternelle participation à Son Jour sans crépuscule!

En la Fête de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus Christ, en l'an de grâce 2013.

† Evêque Silouane, de l'Evêché Orthodoxe Roumain d'Italie

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