Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Ce texte a été écrit d’après l’ouvrage « Les Fêtes et les Icônes de la Mère de Dieu dans l’Église Russe », 1999, rédigé par la moniale Sofia. Distributeur : Librairie des éditions de l’Age d’Homme - Paris 6e.
L’icône de la Mère de Dieu du Signe fut glorifiée en Russie au XIIe siècle.
En 1170, les armées du saint et digne prince André Bogolioubsky (+ 1174, fêté le 4 juillet), (une alliance entre soixante-douze princes), conduites par son fils Mstislav, prince de Souzdal, viennent assiéger Novgorod dont ils espèrent la soumission. Les négociations furent infructueuses. Les Novgorodiens ne pouvaient plus espérer qu’en la miséricorde de Dieu. Jour et nuit, ils priaient et faisaient pénitence pour leurs péchés ; les cantiques d’église étaient mêlés de larmes. Les assiégeants décidèrent de prendre d’assaut la ville. Le saint hiérarque Jean, archevêque de Novgorod (+ 1186, fêté le 7 septembre), pria durant trois jours et trois nuits, sans interruption, dans le sanctuaire de la cathédrale Sainte-Sophie. La troisième nuit, durant la prière devant l’icône du Sauveur très Miséricordieux, il sentit soudain une sainte palpitation et entendit une voix : « Rends-toi à l’église de notre Seigneur Jésus-Christ, rue du prophète Élie, prends l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu qui se trouve dans cette église, dépose-la sur le mur de la ville et tu assisteras alors au salut de la ville ». Une paix merveilleuse combla le cœur du saint hiérarque.
Le matin du 25 février, l’archevêque envoya des clercs de la cathédrale Sainte Sophie de Novgorod chercher l’icône. On ne put pas la bouger de l’endroit où elle se trouvait. L’archevêque se rendit lui-même solennellement, dans une procession de la Croix, dans l’église du Sauveur. Il s’agenouilla, pria et pleura devant l’icône. Au moment de la sixième ode du canon du molébène (prière d’intercession), on chanta le kondak et l’icône se mit osciller. Le saint archevêque prit dans ses mains l’icône miraculeuse, la serra contre lui et la donna à porter à deux diacres. L’icône fut posée sur le mur de la ville, tournée vers les assaillants. Les combattants reprirent espoir. Les cœurs des attaquants ne s’adoucissaient pas. Des nuées de flèches volaient. L’une d’elles s’enfonça dans l’icône de la Très Pure. Alors un nouveau miracle eut lieu : l’icône elle-même se tourna vers la ville et des larmes coulèrent des yeux de la Mère de Dieu et tombèrent sur le vêtement de l’archevêque qui s’écria : « O miracle étonnant ! Comment des larmes se répandent-elles d’un bois sec ! Reine ! Tu nous donnes le SIGNE que par cette icône tu pries devant ton Fils et ton Dieu afin que la ville soit délivrée. »
Au même moment, la peur s’empara des assaillants : leur esprit et leur vue s’obscurcirent et ils se mirent à s’attaquer entre eux. Encouragés par le signe que la Mère de Dieu leur avait fait, les Novgorodiens ouvrirent les portes de la ville et se lancèrent sur leurs ennemis en les mettant en déroute. Dans sa fuite, l’armée du prince André se trouva dans la difficulté pour se nourrir, parce qu’elle avait procédé à une dévastation impitoyable avant d’assiéger la ville. Nombreux furent ceux qui moururent de faim et de maladie.
Le saint Prince André, conscient du miracle qui s’était produit en faveur des Novgorodiens, fit la paix avec eux. Et Novgorod décida de prendre pour prince saint André.
En mémoire de l’intercession miraculeuse de la Mère de Dieu, le saint archevêque Jean institua une fête en l’honneur de l’icône miraculeuse. Le 25 février – jour où le miracle avait eu lieu – tombant toujours dans la période du Grand Carême, la fête fut déplacée au 27 novembre. L’icône du Signe (« Znamiéniè » en slavon) fut représentée sur le sceau de l’archevêque de Novgorod.
La trace de la flèche au-dessus de l’œil gauche de la Mère de Dieu subsista sur l’ancienne icône miraculeuse du Signe de Novgorod. Sur quelques icônes du Signe de Novgorod, l’événement miraculeux de 1170 est représenté dans trois compartiments : en haut, le transfert de l’icône de l’église du Sauveur sur le mur d’enceinte de la ville, plus bas, les Novgorodiens entourés d’ennemis et plus bas encore, la bataille elle-même avec des anges aidant les habitants de Novgorod.
Après cet événement, l’icône fut gardée pendant cent quatre-vingt-six ans dans l’église de la Transfiguration du Sauveur, rue du prophète Élie, puis elle fut transférée dans l’église de l’icône de la Mère de Dieu du Signe, construite pour elle, en 1356, église qui devint une cathédrale en 1682-1688.
A plusieurs reprises, la Mère de Dieu sauva Novgorod par les prières de ses habitants contre des malheurs et opéra des miracles par l’icône.
L’icône ancienne a été gardée dans un musée pendant la période soviétique. Elle a été rendue aux fidèles en août 1991 et placée dans la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod.
L’icône de la Mère de Dieu du Signe est vénérée à travers toute la Russie. Plusieurs de ses copies, dont l’icône de la Mère de Dieu du Signe de la Racine de Koursk (devant laquelle guérit saint Séraphin de Sarov dans son enfance), l’icône de la Mère de Dieu du Signe d’Abalak, celle de Miroj… ont été glorifiées par des miracles.
L’iconographie de cette icône est caractéristique : la Mère de Dieu a les bras levés. De ce fait, l’icône appartient au type de l’Orante, mais avec le Christ contre sa poitrine. C’est l’une des images de la Vierge les plus vénérées. Ce geste des bras élevés dans la prière n’est pas spécifiquement chrétien. Dans le Christianisme il signifie la personnification de la Prière.
Sur les iconostases, cette icône de la Mère de Dieu du Signe est placée au milieu de la rangée des prophètes. Elle est l’icône centrale de l’Église vétérotestamentaire1 qui attend la Rédemption.
L’icône traduit la prophétie d’Isaïe sur l’Incarnation de Dieu : « C’est pourquoi le Seigneur Lui-même vous donnera un signe : voici, une vierge deviendra enceinte et enfantera un fils et Il sera appelé Emmanuel (Dieu avec nous) (Is 7,14).
L’image du Signe est celle de l’Incarnation. Léonide Ouspensky écrit que dans sa troisième Homélie, saint Basile le Grand dit que « la parole de vérité (…) dans l’Économie de l’Esprit (…) est à tel point brève et concise que par peu de choses elle en signifie beaucoup. » « De même, l’icône du Signe, dans sa simplicité hiératique, est l’une des icônes les plus complexes et les plus riches de la Vierge. »
L’icône miraculeuse de Novgorod est le « Signe » des promesses de l’Incarnation, mais aussi celui de la victoire.
L’icône de la Mère de Dieu du Signe est fêtée le 27 novembre / 10 décembre.
En grec, le nom de l’icône est « Platytera tôn ouranôn », ce qui veut dire : « Celle qui est plus vaste que les cieux », puisqu’elle contient en son sein Celui que les cieux ne peuvent contenir.
Kondak Ton 4 :
De Ton icône vénérée, très sainte Génitrice de Dieu, célébrant le miracle grâce auquel tu donnas à ta cité brillante victoire sur l’ennemi, nous ton peuple, nous te chantons avec foi : réjouis-toi, ô Vierge, fierté des chrétiens.
Moniale Sofia
1. Relatif à l'Ancien Testament.
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