La Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale a le privilège de veiller pastoralement sur une paroisse aux Antilles, très précisément à La Guadeloupe ! Bien sûr, c’est en France, et cette communauté très sympathique enrichit le Doyenné de France, au-delà des mers… La beauté des paysages à la riche végétation, l’eau limpide de la mer, la gentillesse des habitants – tout cela nourrit la louange qu’on tend à adresser au Créateur.

Récemment, l’évêque catholique de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, qui nous offrait déjà l’hospitalité à Pointe-à-Pitre, a proposé un lieu de culte beaucoup plus proche du domicile du Prêtre, à Mare-Gaillard. Un autre lieu – à Grambois – devrait être également disponible : bientôt nous serons débordés par le nombre d’églises et de chapelles ! En tout, cas, cette proximité permettra la célébration beaucoup plus régulière des offices liturgiques, pour l’édification spirituelle des fidèles.

La communauté que desservent, avec la bénédiction de S.E. le Métropolite Joseph, Père Michel Samé et son épouse Béatrice, se réunissait déjà deux fois par mois de façon régulière, le dimanche. L’église mise à disposition était chaque fois l’objet d’un intense travail d’installation, de façon à ce que l’espace liturgique soit celui qui convient au culte orthodoxe. Une grande iconostase mobile était chaque fois poussée sur ses roulettes, dépliée, de façon à assurer le lien symbolique de la nef et du sanctuaire. De nombreux saints y figurent à côté du Christ et de la Mère de Dieu, notamment le saint et victorieux martyr Georges, saint Moïse l’Éthiopien et le saint archevêque Jean de San Francisco.

On sait que ce dernier a été, à notre époque, l’apôtre charismatique du partage universel du trésor de l’Orthodoxie. La mission orthodoxe dans les pays nouveaux n’est pas un prosélytisme tendant à attirer les fidèles des autres confessions : elle est essentiellement l’annonce que le patrimoine de l’Orthodoxie est le bien commun de tous les chrétiens. Le témoignage orthodoxe dit de façon joyeuse que la tradition des saints Pères et l’héritage des sept Conciles œcuméniques sont à la disposition des croyants de toutes les nations, et n’est donc pas réservé à un Orient historique.

C’est ce qui se passe à La Guadeloupe grâce à la paroisse Saint-Georges-et-saint-Moïse-l’Éthiopien. La communauté est composée d’Antillais, comme le Prêtre et son épouse eux-mêmes – et leur gentil, dévoué et efficace garçon, Stéphane –, ou Armel et Jocelyne, ainsi que de fidèles venus d’autres origines : les plus nombreux sont des Roumains, notamment le diacre Alexandre Gheorghiu et son épouse Oana, interne à l’hôpital de Pointe-à-Pitre, ainsi que d’autres couples au service des malades d’une façon ou de l’autre ; il y a également des foyers d’origine slave, comme André et Elena. Les fidèles guadeloupéens sont particulièrement sensibles à la beauté des saintes icônes et à la richesse du culte qu’ils découvrent avec joie, grâce au témoignage de foi donné par Père Michel et Béatrice. La majorité d’entre eux est catholique-romaine ; il y en a également qui ont été attirés par des mouvements néo protestants ; d’autres enfin sont dans une démarche de recherche spirituelle qui peut les conduire à l’Orthodoxie.

La semaine des Myrophores de cette année a été bien remplie grâce à la bonne organisation de P Michel : rencontre très sympathique avec Monseigneur Riocreux, évêque de La Guadeloupe ; émission à la Radio sur l’apport du témoignage orthodoxe dans le dialogue avec les divers chrétiens ; catéchèse avec les fidèles sur le sujet de la vie paroissiale : responsabilité des fidèles par rapport à leur engagement, rôle du Prêtre, rôle de l’épouse du Prêtre, vigilante et de bon conseil. Une conférence publique avec pour thème « Pourquoi être orthodoxe ? » a réuni une cinquantaine de personnes de divers horizons : agnostiques, athées, Catholiques romains, Orthodoxes… C’était l’occasion d’expliquer l’attitude respectueuse des autres qui est celle de la communauté orthodoxe – missionnaire auprès de ses propres membres, accueillante pour les personnes en quête spirituelle, témoin de la joie de la Résurrection. On peut être Orthodoxe de naissance ; on peut l’être à la suite d’un appel personnel venant du saint Esprit : dans les deux cas, il existe un « choix d’orthodoxie », par amour pour la tradition des Pères et désir d’en témoigner par la vie et par la parole ; ce choix est à ratifier tous les jours !

La célébration de la divine liturgie le dimanche des Myrophores, dans l’église aménagée par une petite équipe, a été un vrai bonheur, y compris pour quelques personnes étrangères à la foi orthodoxe et qui avaient voulu assister à l’office. L’évangile du jour suggérait que, à l’image des saintes femmes venues au Tombeau pour embaumer le Seigneur, tout chrétien s’approche du Christ invisiblement présent en apportant, non seulement les offrandes habituelles – vin, pain, huile, argent… – mais encore l’offrande de la célébration elle-même par le chant, le geste et l’allégresse spirituelle ; l’offrande la plus agréable à Dieu est celle que nous lui faisons de nous-mêmes, par toute notre vie, et par l’amour que nous avons pour lui, pour sa Mère très pure et pour ses amis, les saints de tous les temps.

La divine liturgie avait également un écho cosmique, le souffle marin de l’île, où se rencontrent, à la Pointe des Châteaux, la mer des Caraïbes et l’Océan Atlantique…Elle avait une dimension sociale, par la préoccupation de ceux qui, dans la grande ville de Pointe-à-Pitre, vivent dans la souffrance et la pauvreté. À l’issue de la célébration, tous ont pu se réunir pour un moment d’agape très sympathique.

Que le Seigneur, l’Ami des hommes, protège, par les prières de sa Mère très pure, de saint Georges, saint Moïse, saint Jean de San Francisco, et du saint archange Michel, cette communauté paroissiale qui ne souhaite qu’expérimenter toujours mieux la tradition des saints Pères là où Dieu lui donne de vivre !