Ajouté le: 9 Octobre 2012 L'heure: 15:14

Un jeune homme face à la mort

Un jeune homme face à la mort

L ’été est proche. Dans une église orthodoxe on célèbre le sacrement de l’Onction des malades. Parmi les fidèles qui participent, il y a un jeune homme âgé d’à peu près 35 ans. Il reste jusqu’à la fin. Il est peut‑être fatigué ou il ne va pas très bien, car il s’assoit de temps en temps sur un banc. Une fois les prières finies, tout le monde reçoit l’onction et le prêtre prend la parole. Son homélie porte sur la maladie et le péché. C’est le discours « classique »: la maladie est la punition pour les péchés qu’on a commis. Le regard au sol, le jeune homme se lève, se signe et sort de l’église.

Quelque temps après, j’allais apprendre que ce jeune homme souffrait d’un cancer en phase terminale. Qui sait ce qui se passait dans son âme, s’il était venu participer à l’office de l’Onction, avec l’espoir d’une guérison miraculeuse ou pour s’affermir spirituellement pour le combat contre la mort...

Quelques jours plus tard, il fut hospitalisé. Un jour, je suis allé lui rendre visite avec sa mère. Je ne savais pas quoi lui dire, quelle attitude adopter face à lui. Nous n’étions pas très proches. Sa mère connaissait bien la réalité, mais, comme toute mère, elle gardait toujours l’espoir dans sa voix et dans son regard. Elle était fort pieuse, lui aussi. Elle lui dit, pour l’encourager probablement: « On souffre, on souffre pour le Christ ! ». Les yeux presque fermés, il lui répondit tout doucement: « C’est facile... ». Puis, après un moment, il rajouta: « C’est facile à dire... ».

Eh bien, oui, peut‑être est‑il facile de prêcher sur la maladie et la souffrance lorsqu’on est bien portant. C’est probablement facile d’affirmer que la maladie serait une pédagogie divine, lorsque ses proches sont heureux et très contents... Mais je pense qu’on dit de tels mots pas parce qu’on les sent comme vrais, mais parce qu’ils nous semblent « adéquats ». On a tant de fois entendu ces mots que maintenant on le croit « appropriés ». On les dit même à nos proches en souffrance, pour remplir l’espace vide qu’il y a entre nous. De peur que si l’on se taisait et si on les regardait seulement, le chagrin ne jaillisse de nos âmes et ne nous fasse éclater en sanglots...

A l’hôpital, j’ai alors admiré cet homme pour sa sincérité et pour son courage peu communs.

« Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres »(Jean 8, 32). Je crois fortement que Dieu a reçu dans Ses bras ce jeune homme. D’abord, parce que – d’après ce qu’on dit dans l’office des obsèques – notre Dieu est « Dieu des esprits et de toute chair, Qui as triomphé de la mort et Qui as terrassé le diable pour donner la vie au monde ». Ensuite, parce que – d’après ce que le père Théophile disait – « Dieu n’oublie jamais personne ». Mais aussi parce que cet homme a fait ce que Notre Seigneur Jésus Christ a réalisé: il a vaincu le mal. Il ne s’est pas mis en colère et il ne s’est pas fâché contre ceux qui l’ont attentivement soigné au cours de ses derniers jours terrestres. Son visage ne trahissait aucune trace de jalousie envers ceux qui l’entouraient et qui jouissaient de la vie. Il n’a prononcé une seule mauvaise parole et – en dépit de ce que les autres pourraient croire depuis que sa maladie fut découverte – il a toujours été convaincu et il a toujours su que Dieu est bon et qu’Il aime les hommes, qu’Il ne punit pas, mais, qu’au contraire, Il pleure avec celui qui pleure et monte sur la croix à côté de celui qui souffre.

Sa famille, ses amis et ceux qui l’ont connu ressentent encore sa présence. Ils ont préparé la pannychide, avec amour et en toute simplicité. Avec la tristesse mêlée à la joie sainte de l’espérance qu’il est à la droite de Notre Seigneur Jésus Christ. Avec une larme qui, dès qu’on la remarquait, était vite effacée ou dissimulée sous un sourire. Avec des prières.

Il y a quelques mois, alors qu’il était déjà pris par la maladie, je l’ai vu marcher lentement vers sa maison. Il n’avait probablement pas remarqué qu’il y avait quelqu’un qui le regardait. Lorsqu’il fut arrivé devant une icône de la Mère de Dieu, il s’arrêta, se découvrit la tête et la baisa. Ce fut par un geste si naturel !... D’une manière toute aussi naturelle, nous espérons qu’il parlera à Dieu de nous tous...

Bogdan Grecu
(Traduit en français par Magda Coresciuc)

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