Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Assis contre la pierre rugueuse, Syméon contemple le ciel.
Autour de lui, les habitants de Jérusalem vaquent à leurs occupations matinales. Les femmes, dans leurs voiles colorés traversent la ville comme autant de pétales dans le vent. L’air pétille du parfum piquant des épices que l’on vend au marché juste à côté.
Syméon, lui, attends. Il attend comme chaque jour depuis des semaines, des mois, des années. Tourné tout entier en dedans de lui-même, il écoute le silence de son cœur.
Seigneur, Seigneur, quand donc cela sera-t-il ? Tu m’as promis que je Le verrais, mais regarde Seigneur, mes cheveux sont blancs depuis bien longtemps, mes os sont devenus comme les branches noueuses d’un vieil olivier. J’ai vu mourir un à un tous ceux avec qui j’ai grandi, et toujours, je vis. Quand donc Seigneur, quand donc cela sera-t-il ?
Soudain, dans le silence de son cœur, Syméon perçoit comme un souffle léger : Va !Va ! lui dit le Souffle.
Tel un bateau poussé par le vent, Syméon se dirige vers le Temple. Il lui semble que ses pieds ne touchent pas terre, porté qu’il est par le Souffle. La foule habituelle a envahi le parvis du Temple : familles venues présenter leur enfant selon la Loi de Moïse, prêtres offrant l’encens, animaux menés au sacrifice, pèlerins et fidèles venus se purifier. La foule va et vient comme une mer agitée, aux multiples couleurs.
Au milieu de ces flots, Syméon le voit. Un enfant dans les bras de sa Mère. À ses côtés, un homme aux cheveux déjà blancs veille, légèrement en retrait, comme un gardien. Le bruit et l’agitation alentour se brise à leurs pieds comme les vagues sur la plage. Autour d’eux il n’y a que Paix. Silence.
Syméon sent son cœur se dilater sous la force d’une joie telle qu’il n’en a jamais connu. Il la sent enfler en lui comme un soleil, tout son être vibre sous sa musique. Son cœur va exploser, il ne peut plus contenir cette lumière qui continue à croître en lui. Un souffle s’échappe de ses lèvres : Seigneur, Seigneur c’est assez, je ne peux plus. Alors le feu fait place à une brise légère, douce comme l’aile d’un papillon, une brise qui murmure dans son cœur : C’est Lui.
Syméon recouvre ses mains d’un linge immaculé, n’osant toucher de ses mains nues Celui que depuis si longtemps il attendait. Il tend vers la Mère des mains qui tremblent un peu. Tremblement de crainte, tremblement de joie. L’enfant est déposé dans ses bras. Miracle de sa Présence. Il est bien là, lourd et tiède entre ses mains. Un instant Syméon a cru qu’il ne pesait rien. Mais il est bien réel, cet enfant de chair et de sang, la Consolation d’Israël. Et tandis que l’enfant repose dans ses bras, Syméon le sent soudain se nicher dans son cœur, présence aussi réelle et palpable que ce poids très doux dans ses mains.
Il est là dans ses mains. Il est là dans son cœur.
Un chant monte aux lèvres du vieil homme, juste et pieux : « Maintenant Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, car mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face de tous les peuples. Lumière qui doit se révéler aux nations, et Gloire de ton peuple Israël »1.
Les yeux de la Mère sont sur lui, profondeur insondable de ce regard qui s’étonne, mais qui accueille. Ainsi soit-il, semblent dire ses yeux.
Le Souffle passe sur la langue de Syméon et met dans sa bouche des mots de feu : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre »2.
Mystère des paroles de l’Esprit, qui pénètrent le cœur de la Mère et y demeurent.
Le silence qui les enveloppait se retire soudain, et les bruits du Temple parviennent de nouveau à leurs oreilles. Bêlement des bêtes qu’on apporte en sacrifice, piaillement des oiseaux, psalmodie des prêtres et cris des changeurs d’argent et des vendeurs de colombes.
Combien parmi ceux qui passent ici ont-ils entendu les paroles de Syméon ? Combien ont-ils vu l’Enfant dans ses bras ? Combien d’entre eux, pourtant si proches, sont restés ignorants du miracle qui se tenait là, juste à portée de leurs doigts ?
La Mère, l’Enfant et le Gardien se retirent. Bientôt, le temps viendra pour l’Enfant de revenir dans le Temple pour y faire résonner sa Parole. Bientôt …
Portés par l’Esprit-Saint, nous venons à l’Église comme Syméon est venu au Temple, pour recevoir le Christ. Que la foule et l’agitation de nos pensées ne nous rendent pas sourds et aveugles au miracle qui se déroule juste devant nos yeux, pendant la divine Liturgie.
Nous fêtons la sainte Rencontre de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus Christ, avec le vieillard Syméon dans le Temple de Jérusalem, le 2 février.
Élise Nicolaou
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